Macron, où comment faire du neuf avec du vieux
Ce qui restera de Macron, outre les reportages people dans Paris Match, c’est bien sûr la libéralisation des transports par autocar qui n’est rien d’autre que l’exacerbation de la concurrence entre les modes de transports, la concentration, à terme de l’activité du transport par route et la paupérisation du service public.
Inutile de dire que dans quelques temps les trajets à 10, 20 ou 30 euros, deux ou trois fois moins chers que le transport SCNF auront vécu et que le voyageur et le contribuable n’auront plus que leurs yeux pour pleurer.
Les transports : des transferts au sens propre et au sens figuré
Comment se rendre d’un point A à un point B au moindre coût ?
Jusqu’à présent on avait le choix entre la SNCF, les lignes intérieures aériennes low cost, le véhicule personnel ou bien le covoiturage. Pour certain de ces modes, le manque de souplesse (horaires, trajets, correspondances obligées), et le prix faisaient que l’on s’orientait souvent vers le transport individuel.
L’ambition du transport Macron est justement de remédier à ces handicaps était de répondre aux besoins de toute une catégorie de voyageurs aux moyens modestes désireux de voyager dans de bonnes conditions.
Jusqu’à présent, cet objectif était atteint.
La face cachée des transports Macron
Passé l’objectif louable de faire voyager à moindre coût, on constate qu’il y a un perdant potentiel, à savoir la SNCF, qui voit fuir une partie de sa clientèle vers les autocars, d’où accroissement du déficit de cette entreprise publique qui se traduira par des suppressions de lignes et d’emplois ou bien des subventions régionales en augmentation, c’est-à-dire des impôts supplémentaires ou des diminutions de budgets dans d’autres secteurs.
Autre élément de taille, l’opportunisme des transporteurs routiers de voyageurs, trop heureux de tailler des croupières à la SNCF qui se traduit dans un premier temps par des prix d’appels très faibles pour attirer le chaland, prix qui vont bien entendu s’envoler une fois la clientèle devenue captive.
Le modèle économique est donc actuellement le suivant : les compagnies de transport routier travaillent quasiment à perte sur ces nouvelles lignes mais se rattrapent en essorant les sous-traitants ou en équilibrant leurs comptes avec d’autres contrats avec les collectivités locales.
Mention particulière pour les transports Ouibus, filiale de la SNCF qui, par ce biais lance une contre-attaque envers les compagnies de transport routier.
Les transports routiers de voyageurs, un enjeu important
La tendance à la concentration est évidente et ceci depuis une trentaine d’année. A cette époque, le transport essentiellement scolaire, payé par les Conseils généraux (depuis 1984) était assuré par beaucoup de petites entreprises familiales. L’activité était très rentable, car assurée avec du matériel le plus souvent hors d’âge payé au prix fort. Cela permettait aux entreprises de casser les prix sur l’activité tourisme pour laquelle les entreprises investissaient dans du matériel haut de gamme. Tout le monde était content, surtout les groupes du troisième âge qui se baladaient à peu de frais. Les choses ont peu à peu changé, mais le système qui consistait à financer une activité par une autre (le tourisme par le scolaire ou bien par des contrats avec des collectivités territoriales) est toujours le même et la concentration de l’activité entre quatre ou cinq opérateurs majeurs, avec des sous-traitants aux ordres pérennise le système.
Cela signifie que le manque de rentabilité de cette nouvelle activité de transport de voyageurs est financée grâce aux contrats sur les réseaux urbains ou interurbains ou le transport scolaire, le tout étant payé par l’usager et le contribuable.
Les groupes de transport ne sont pas des philanthropes
Le modèle économique qui consiste à ce que chaque activité soit rentable pour l’entreprise et donc les actionnaires va inévitablement entraîner des hausses de tarifs sur les « cars Macron » et au final cette « libéralisation du transport » est juste un jeu de bonneteau, le consommateur final payant soit son ticket un peu plus cher (on parle d’alignement sur le prix du billet SNCF, hors TGV !), soit le même, mais cette fois ci en tant que contribuable (mais l’un n’excluant pas l’autre) participant à payer l’augmentation des subventions d’équilibre pour les transports urbains ou interurbains.
Ce qui restera réellement de M. Macron…
…Des traces de pneus d’autocars sur les ronds-points, une contribution évidente à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère et une capacité évidente à prendre les gens pour des cons.