mercredi 9 mai 2007 - par Jimd

Mais à quoi servent les systèmes financiers ?

Souvent critiqués, accusés d’être des casinos où l’on peut beaucoup perde et où certains privilégiés gagnent énormément, à quoi servent les systèmes financiers, quel est leur rôle ? Ils sont développés, complexes, structurés, mondialisés. Des milliards sont échangés chaque jour. Est ce uniquement pour enrichir un petit groupe de personnes ou bien jouent-t-ils un rôle dans l’économie et la croissance ?

En premier lieu, comment définir un système financier. Il Inclut les marchés financiers, les places boursières, les banques, les fonds de pension, les fonds d’investissement, les assurances, les régulateurs nationaux, les banques centrales et les institutions multinationales (FMI, Banque Mondiale). On peut parler de systèmes financiers nationaux ou d’un système financier international tant les systèmes nationaux sont imbriqués. Voyons maintenant les rôles remplis par un système financier dans une économie.

Moyens de paiement

Un premier rôle est de fournir des moyens de paiement. Qu’il s’agisse d’argent liquide, de cartes de crédit, de cheques ou virements, le système financier assure la disponibilité de moyens de paiement nécessaire aux échanges économiques.

Offre et demande

Il existe différent type d’acteurs dans un système financier. À la base, une distinction peut se faire entre ceux qui sont offreurs de crédit et d’autres demandeurs. Notons qu’il est possible pour un acteur d’avoir les deux positions car on peut par exemple avoir un crédit pour sa maison (demandeur de crédit) tout en constituant une épargne sous forme de livret ou autre (offreur de crédit). Le système financier permet à cette offre et à cette demande de se rencontrer. Il serait très difficile de trouver un moyen de financement ou de placer son argent si les différents intermédiaires ou marchés n’existaient pas.

Liquidité

Les offreurs ont parfois de petites sommes à placer tandis que un demandeur peut avoir besoin d’une somme élevée. Cette rencontre de l’offre et de la demande permet aussi de réunir plusieurs agents offreurs pour satisfaire le besoin d’un demandeur ce qui aurait été très difficile à réaliser pour le demandeur. Une entreprise ayant un besoin de financement peut se tourner vers une ou plusieurs banques ou choisir d’émettre des obligations souscrites par de nombreux offreurs des agents à la recherche de placement. Le système financier en permettant une rencontre de l’offre et de la demande permet une certaine liquidité afin de fluidifier les échanges financiers. L’offre trouvera une demande de façon assez rapide et efficace.

Transformation de terme, de maturité

Derrière ce terme se cache une différence de besoin entre les offreurs et les demandeurs. Les offreurs sont souvent dans une position de disposer d’argent à plus ou moins court terme et de vouloir avoir la possibilité de retirer cet argent assez rapidement si besoin est. Au contraire les demandeurs qui ont besoin de crédit ont une notion du terme plus longue, ils souhaitent souvent emprunter non pas sur du court terme mais plutôt du moyen ou long terme. Le système financier permet de résoudre cette inadéquation entre les deux intérêts parfois divergents. Ils permettent à certains de placer de l’argent à court ou moyen terme dans des placements assez liquides (dont on peut se retirer facilement) tout en permettant aux emprunteurs de disposer de temps pour rembourser sans que l’on vienne brusquement demander re-paiement des sommes empruntées

Transfert à travers le temps

J’ai décrit deux type d’acteurs : les offreurs et les demandeurs. Il est intéressant de voir que, dans une vie, on peut jouer les deux rôles à différents moments. Le revenu de chacun fluctue au cours de la vie et l’on peut avoir besoin de financement au début de la vie pour étudier, ou démarrer son activité de financement. Inversement certains seront en situation d’épargner et seront offreurs. Le système financier, autorise ce transfert dans le temps, permettant de lisser le revenu au cours d’une vie.

Partage et atténuation du risque

Imaginons que pour construire une maison un emprunteur trouve un prêteur (sans passer par l’intermédiation financière) qui dispose de la somme d’argent dont vous avez besoin, que le terme convienne au prêteur et a l’emprunteur. Nous avons vu dans les points précédents, que cette situation est facilitée par le système financier. Mais regardons le risque que prend le prêteur. Il est très important car il n’y a pas de diversification. Ce rôle de diversification, de partage des risques afin de les atténuer pour chaque agent, est joué par le système financier. Ceci est un élément important car le risque joue un rôle central et son partage renforce le nombre d’offreurs, renforce la liquidité.

Croissance, développement économique

La croissance et le développement économique ne pourraient se faire sans la présence d’un système financier et le développement du système financier est corrélé à la croissance et au développement. Il rend possible l’investissement et la création pour les raisons que nous avons précisées ci-dessus. Ceci est valable pour les particuliers et pour les entreprises qui bénéficient des services offerts par ce système. Le fonctionnement de l’économie et son développement sont donc intimement liés a la présence et au développement d’un système financier. La mondialisation de l’économie s’est accompagnée ou a été précédée par une unification, une mise en communication des différents systèmes financiers nationaux.

Le but de cet article n’est pas une apologie des systèmes financiers. Je ne rentre pas dans le détail des acteurs, les modes d’organisation, le degré de concurrence existant... Toutes ces considérations sont bien sûr importantes et doivent être discutée. Par exemple le micro-crédit est extrêmement intéressant, permettant le développement dans des zones très pauvres et représente une alternative plus adaptée dans ces situations que les modes de financement traditionnels. Le propos est de démontrer que l’existence d’un système financier est essentielle au développement économique et au fonctionnement de nos économies. Les systèmes financiers sont complexes et difficiles à appréhender, mais leur rôle est central, essentiel. Cette complexité ainsi que certains abus rendent parfois la critique aisée et la caricature facile. On trouve parfois des rejets en bloc du système. Je pense qu’il faut se pencher sur les bases et le rôle essentiel du système financier pour permettre une analyse et, bien sûr, une critique constructive. Nous ne sommes pas en face d’un casino géant qui vie au dépend de l’économie, la phagocytant, et ou les plus riches gagnent à tous les coups. Nous sommes face à un outil, sûrement imparfait, mais central et essentiel au fonctionnement de nos économies.

http://jimdi.blogspot.com



41 réactions


  • Forest Ent Forest Ent 9 mai 2007 12:37

    C’est un bon résumé d’un poly de première année. Mais en quoi est-ce une info ? smiley


    • Jimd Jimd 9 mai 2007 15:30

      @Forest Ent Il est vrai que c’est un peu ’scolaire’. La sphère financière est très caricaturale et sa critique, souvent simpliste a l’extrême, rejette fréquemment l’ensemble sans vraiment comprendre les enjeux. Je souhaitais informer simplement sur certaines bases sous-tendant le monde financier tout en évitant l’apologie et l’excès inverse.


    • Forest Ent Forest Ent 9 mai 2007 19:45

      « La sphère financière est très caricaturale »

      Pour une fois, ce n’est pas moi qui l’ai dit. :)


  • Guilhem 9 mai 2007 14:42

    Une seule info compte qui imprime les billets et ces billets reflètent-ils des biens réels ?

     smiley


    • Jimd Jimd 9 mai 2007 15:39

      @ Guilhem

      Ah les billets !.... smiley En fait ils ne représentent qu’une infime partie de la masse monétaire. Les banques créent la monnaie, et l’état imprime les billets. La masse monétaire est contrôlée par la Banque Centrale afin de maîtriser l’inflation et ne pas entraver la demande et les échanges.


    • Guilhem 9 mai 2007 16:48

      Appelons ça liquidités si vous préférez mais c’est un fait la BCE a dans ses coffres des Dollars la monnaie étalon est le dollar à qui appartient la réserve fédérale ?

      N’avons nous pas actuellement un trop plein de liquidité qui rend la (les) monnaies largement déconnectées de l’économie réelle ?

      Info : lorsque la Banque d’Angleterre a essayé de mesurer la croissance des liquidités dans le monde, récemment, elle s’est aperçue qu’elles avaient doublé ces quatre dernières années.

       smiley


    • Jimd Jimd 9 mai 2007 17:47

      @Guilhem

      La BCE et les Banques centrales des états membre de ‘union monétaire ont des dollars du Yen en réserves. Mais pas sous forme de billets. Ces fonds sont gérés, investis pour la plupart en obligations ou en dépots a cours terme. Ils peuvent servir a des interventions sur le marche des changes même si cela ne se fait plus guère. Ils permettent egalement la mise en place de la politique monétaire.

      Ces banques disposent aussi d’or.

      Le dollar n’est pas une monnaie étalon. La plupart des monnaies ont libres de fluctuer sur l’énorme marche des changes.

      Un trop plein de liquidité...Au niveau mondial je ne sais pas. .Je ne pense pas que l’on puisse dire ça, en tout cas au niveau européen. Si la masse monétaire croissait de façon trop rapide nous irions vers une inflation. Pas assez de liquidité, ou une politique monétaire trop restrictive peut être également dangereux. La dépression des années 30 peut être attribué à une politique monétaire trop restrictive de la Réserve Fédérale qui a étranglé la demande et l’activité.

      L’évolution des liquidités, de la masse monétaire doit être lié a la croissance économique, pas assez et ça n’avance pas, trop et ça s’emballe, pour schématiser.

      Merci de vos commentaires.


    • Guilhem 9 mai 2007 18:24

      Le dollar n’est pas la monnaie étalon c’est pour cela que tout les échanges internationaux et en particulier le pétrole se paye en dollar...

      Et quand un pays a le malheur de vouloir vendre son pétrole en Euro que se passe t-il ?

      C’est pratique car tout le monde veut du pétrole et donc des dollars (même si depuis peu il y a une partie négligeable qui se fait en Euro).

      Pouvez vous me dire pourquoi la Fed ne publie plus L’indice M3 permettant de calculer la masse monétaire en circulation depuis le printemps dernier ?

      Qui sont les actionnaires de la Fed ?

      Pour répondre à votre question : Mais à quoi servent les systèmes financiers ?

      Je pense que pour les actionnaires de la Fed ça leur sert à prendre le pouvoir grâce au dollar.

      En achetant avec une monnaie largement surévaluée des biens dans le monde entier (la mondialisation heureuse)avant que les gogos (nous) ne s’aperçoivent qu’ils n’ont que du papier dans les mains (ou des bit si vous préférez)...

      Pour l’instant tout va bien..

       smiley


    • Guilhem 9 mai 2007 20:54

      Mais que fait l’auteur pourquoi ne m’éclaire t-il pas ?

      Quid de l’indice M3 ? Quid des actionnaires de la Fed ?

       smiley


    • Jimd Jimd 9 mai 2007 21:58

      Pardon pour le delai, des enfants a baigner et nourrir ! smiley

      Alors, pour ce qui des actionnaires. la Fed n’est la propriete de personne, elle n’est pas privee. c’est une entite gouvernementale qui derive son authorite du congres. Elle est consideree comme independante car ces decisions ne sont ratifiee ni par le president ni par les branches executives ou legislatives du gouvernement. il y a douze reserves regionales etablies par le congres et ont un actionnariat ce qui peut prete a confusion. La Fed emet des actions mais detenir une action de la Fed n’est pas comparable a detenir une action d’une societe privee. Les Feds ne sont pas geree pour le profit, les actions ne peuvent etre vendues ou echangees ou servir de collateral dans un pret, les dividendes sont fixe a 6% par an de facon legale. C’est un systeme d’organisation des Fed regionales par rapport a la Fed centrale.

      pour M3. la fed a juge que M2 etait un meilleur element de mesure de la masse monetaire et a donc decide de ne plus suivre M3.


    • Guilhem 9 mai 2007 23:07

      Disons que quand le M3 dépasse les 10 000 Milliard de dollars ce n’est plus un indicateur fiable (avant on le publiait juste pour le fun).

      http://members.aol.com/gparrishjr/image999.gif

      En gros je casse le thermomètre et il ne fait plus chaud...

      Pourtant le M3 reste valable dans toues les autres monnaies sauf le dollar smiley

      L’or flambe mais c’est surement un hasard (il faut dire qu’il est plus difficile d’imprimer de l’or)...

      Il n’y a pas que le M3 qui a disparu des stats mais aussi le montant des EuroDollars, les cessions en pension, les dépôts à terme de grands montants.

      Pour ce qui est des proprios de la Fed connaissez vous Jekyll Island ?

      L’intérêt de la Fed ne réside pas dans les bénéfs mais dans le pouvoir que vous avez de créer des liquidités à partir de...rien. LE pouvoir.

       smiley


    • Guilhem 10 mai 2007 10:38

      Pas de réponse, donc tout va pour le mieux dans le meilleur des monde.

      Pas de danger à l’horizon suite aux surplus de liquidités...

      Merci de m’avoir rassuré Jimd, perso j’ai quand même acheté de l’or l’année dernière au cas ou il augmenterait jusqu’à 2000 à 5000$ l’once...

       smiley


    • Jimd Jimd 10 mai 2007 10:59

      bonjour guilhem.

      en fait le systeme etalon or a existe et n’est plus d’actualite.

      oui, si nous allons en masse retirer notre argent tout s’ecroule.

      je ne ferais pas un pronostic sur le cours de l’or. je souhaite bien sur que ca te profite. c’est rentrer en quelque sorte dans le systeme financier.


    • Guilhem 10 mai 2007 11:16

      Merci j’étais au courant pour l’étalon or, c’est bien pour cela que l’on peut imprimer du dollar à tout va.

      Bizarrement les banques centrales commencent à s’y reinterresser...

      La différence entre l’or et les liquidités c’est que l’or est une ressource finie contrairement aux monnaies.

       smiley


  • ZEN zen 9 mai 2007 15:20

    On a fait mieux sur AV...


  • Sébastien Marchi 9 mai 2007 16:21

    Merci pour ces quelques notions. J’ai l’habitude de régulièrement fustiger ces systèmes, je suis donc tout à fait disposé à en apprendre autant que possible dessus. Si cela semble trivial pour certains lecteurs, ça peut-être très utile pour d’autres. Après cette intro, j’attend avec impatience les approfondissements et bien sûr les commentaires qui suivront...


  • Francis, agnotologue JL 9 mai 2007 18:58

    Agoravox semble devenir de plus en plus un organe où les étudiants en économie viennent faire des TP.

    Il n’est que de voir ce type d’affirmation de notre jeune auteur : «  »Les banques créent la monnaie, et l’état imprime les billets. La masse monétaire est contrôlée par la Banque Centrale afin de maîtriser l’inflation et ne pas entraver la demande et les échanges«  » pour s’apercevopir que ce n’est pas là qu’on apprendra quelque chose.

    Si c’est pour nous (re)débiter leurs cours ou ce qu’ils en ont compris, que ces braves jeunes gens interviennent ici, il faudrait prévenir : par exemple, quand j’écoute la radio ou allume la télé aux heures d’infos, je sais que c’est le libéralisme qui me parle.

    Sur AV, j’aimerais savoir d’où parle et qui est celui qui est édité là. Un peu. J’ai l’habitude de juger un texte sur son contenu plutôt que sur sa signature, mais non plus, je n’aime pas perdre mon temps.


    • Jimd Jimd 9 mai 2007 19:29

      @JL

      je ne suis plus depuis longtemps helas, etudiant. j’ai ete prof en universite pendant quelques annees.

      je suis desole si vous avez perdu votre temps. J’ai essayer de transmettre quelques idees et j’esperer creer une reaction un debat car je sais le sujet delicat et ouvert a la polemique.

      merci en tout cas de reagir et j’espere que la prochaine fois cous ne perdrez pas votre temps en me lisant.


    • Jimd Jimd 9 mai 2007 19:48

      une question quand meme. pourquoi me penser vous jeune ? c’est flatteur d’un cote. ma femme me trouvait trop plein de cheveux et poils sur la photo peut etre que ca vient de la.


    • Francis, agnotologue JL 10 mai 2007 12:03

      J’apprécie votre modération. Je vous trouve jeune, mais c’est moi qui suis vieux. Enfin, bien moins jeune que vous.


  • Dominique Larchey-Wendling 9 mai 2007 19:01

    A lire : « Et la vertu sauvera le monde » de Frédéric Lordon.

    Les marchés financiers servent à enrichir les actionnaires. Point.


    • Dominique Larchey-Wendling 9 mai 2007 19:04

      Et le contrôle de la monnaie est pour les propriétaires des banques le moyen de s’enrichir et de contrôler les peuples en contrôlant leurs gouvernements. Voir « America : From Freedom to Fascism » de Aaron Russo pour le cas de la Réserve Fédérale Américaine.


    • Jimd Jimd 9 mai 2007 19:35

      @ dominique

      je ne suis , bien sur pas d’accord, car votre commentaire est reducteur.

      oui il y a enrichissement de certains.

      par contre si vous avez un credit, pour votre voiture ou votre maison, ou bien une carte de paiement ou alors une epargne salariale ou encore une codevi voir un placement en action ou en fond quelquonque vous pouvez sentir que les marches financiers vous touchent directement.

      C’est une vision tres chretienne de voir un cote nefaste dans le profit venant de l’argent. pourtant il s’agit d’un service comme un autre qui est remunere.

      je suis tout a fait d’accord pour critiquer les banques qui peuvent etrangler les emprunteurs en dictant leurs conditions, les sytemes de frais opaques, la non concurrence dans ce secteurs donnant des profits disproportionnes.

      merci tout de meme pour votre commentaire.


    • ZEN zen 9 mai 2007 20:26

      @Dominique Larchey-Wendling

      Un excellent petit livre que celui-là ! de même que « Fonds de pension, pièges à con », du même auteur....


    • Dominique Larchey-Wendling 9 mai 2007 23:51

      « C’est une vision tres chretienne de voir un cote nefaste dans le profit venant de l’argent. »

      Je ne suis ni chrétien ni croyant. Ma critique ne porte pas sur la morale mais sur l’efficacité économique prétendue des marchés financiers. Je veux bien que prêt d’argent mérite rémunération, encore faut-il que le prêteur ne prenne pas l’emprunteur en otage (voir par exemple le dernier livre de J. Stiglitz) Ce que démontre F. Lordon dans son petit livre, c’est que les marchés financiers n’ont plus du tout pour fonction de stimuler l’activité par le prêt de liquidité, ce qui constitue leur justification économique.

      Ils agissent comme de gigantesque presse-citron. Par la mécanique des fusions et des restructurations & rationalisations, ils extraient la valeur intrinsèque des entreprises en les rendant exsangues et ingérables puis les revendent et elles coulent oubien demandent aux Etats de sauver les emplois qui restent. C’est le capitalisme prédateur qui écrase tout. Je n’invente rien, demandez à l’auteur du « capitalisme total ».

      L’économie n’a pas pour but d’enrichir les riches au dépends des pauvres mais de fournir un moyen de subsistance et de progrès social au plus grand nombre. Bien-sûr, si nous tous ne pouvons pas nous mettre d’accord sur cet idéal, alors le capitalisme nous conduira nécessairement à la guerre. Mais peut-être est-ce là sa nature profonde : le Keynessianisme militaire.


    • Jimd Jimd 10 mai 2007 10:14

      @Dominique Je suis d’accord, le prêteur ne doit pas prendre l’emprunteur en otage. Si c’est le cas alors la concurrence ne fonctionne pas et il a exploitation par un monopole. Le capitalisme prédateur des equity funds est parfois critiquable car le taux de rendement demande peut-être exagéré. Mon expérience personnelle a été positive et mon emploi, ma société a ete sauve par un fond d’investissement.

      Quant au rôle de l’économie. Je dirais qu’il s’agit de gérer une allocation extrêmement complexe de ressources multiples afin de produire des biens et services. La ou elle ne fonctionne pas ou mal alors l’état intervient afin de pallier a ces incapacités ou insuffisance.

      Je voudrais bien sur d’un monde sans exploitation. Mais comment s’organiser ? Par quoi remplace t on les système en place. J’avoue ne pas connaître F. Lordon, j’ai fait un rapide tour de sa bibliographie sur internet et peut être apporte il des réponses, une alternative concrète. Merci pour votre temps, même si nous ne sommes pas d’accord.


    • Guilhem 10 mai 2007 10:42

      ’Je suis d’accord, le prêteur ne doit pas prendre l’emprunteur en otage. Si c’est le cas alors la concurrence ne fonctionne pas et il a exploitation par un monopole’

      C’est sûr grosse concurrence dans la finance internationale, c’est surement pour cela que les richesses ne cessent de se concentrer...

       smiley


    • Jimd Jimd 10 mai 2007 11:05

      je comprends l’ironie du message.

      je travaille dans ce domaine et la concurrence est tres rude entre les banques, banques d’investissements, les courtiers. Parfois le rapport de force est du cote de l’offreur, si il passe peu d’orde ou parfois il est du cote du demandeur si sa taille est importante.

      mais je ne souhaitais pas uniquement parler de finance internationale, je voullais aussi souligner que, pour peu que nous ayons un compte bancaire, une carte de credit, un pret, un placement, nous beneficions de ces services. ce n’est jamais une situation parfaite et elle doit etre critiquee de facon constructive.


    • Dominique Larchey-Wendling 11 mai 2007 09:33

      En ce qui concerne F. Lordon, je vous conseille la lecture de son article dans le Monde Diplomatique sur le SLAM :

      http://www.monde-diplomatique.fr/2007/02/LORDON/14458

      En gros, il s’agit d’une mesure visant à restreindre les rendements des actions à un pourcentage maximal (en taxant la totalité du surplus) ce qui aurait pour effet d’obliger les entreprises à réinvestir ce surplus dans la production ou dans les salaires etc ... afin d’éviter de tout donner à l’Etat. Une mesure qui me semble bien intéressante. Bien-sûr, après ça, la bourse ne sera plus un gigantesque casino ...

      A bientôt pour un autre message sur la banque mondiale, le FMI et les politiques néo-libérales.


    • Jimd Jimd 11 mai 2007 13:33

      Merci pour la référence j’ai lu l’article du monde diplomatique.

      Je vous remercie de m’avoir donner ces liens car je veux essayer de comprendre d’autres manières de penser et d’aborder ces sujet, car toute vision, même si on n’y adhère pas est enrichissante permettant d’éclairer ses propres idées et de faire apparaître ses propres zones d’ombres.

      Je n’adhère pas à cette vision que je trouve simplifiée et manichéenne. En effet je trouve que tout dans son vocabulaire indique une haine d’une entité difficilement définissable qu’est le capital actionarial. C’est un discours assez démagogique et où l’on retrouve des accents de théorie du complot. On désigne un coupable qui aurait une entité et une capacité à influencer pour son propre compte une sorte de démon central assoiffe de profit obtenu sur la sueur des travailleurs. Je ne peut donc pas souscrire a cette vision. Tout en respectant bien sur l’auteur, son parcours et son métier ainsi que vous qui le suivez. Je crains en écrivant cela de me faire taxer de salaud lobotomise la solde des puissants et ignorant les souffrances des peuples. Je ne crois pas être cela. Je continuerais a écrire pour soutenir ma vision et je souhaite que vous continuiez a me répondre et a essayer de m’ouvrir les yeux. Je vous lirez aussi afin d’essayer de m’enrichir...intellectuellement smiley


    • Dominique Larchey-Wendling 11 mai 2007 17:25

      « C’est un discours assez démagogique et où l’on retrouve des accents de théorie du complot. »

      Je n’aime pas ce genre d’arguments ... dès qu’on critique un système ou ses acteurs, qui bien sûr, agissent tous de concert pour le bien de l’humanité et absolument pas dans la recherche de leur intérêt individuel, on est accusé de mettre en avant telle ou telle théorie du complot. J’espère que vous n’allez pas insister dans cette direction.

      Donc je voulais vous parlez d’un livre très intéressant sur le détournement qui a été fait par les Etats-Unis du fonctionnement d’institutions sensées promouvoir le développement des pays pauvres : le FMI et la banque mondiale. Le livre s’appelle « Confession of an Economic Hitman » de John Perkins. C’est une autobiographie.

      JP était un « tueur à gage économique ». Je décris rapidement son rôle dans une machinerie visant à la l’exploitation économique, telle que je l’ai compris à la lecture de son livre.

      JP est un économiste, un planificateur, un calculateur de taux de croissance à venir. Employé par une firme contrôlée par la CIA, son rôle consiste à rendre visite aux pays en voix de développement et calculer des prévisions de croissance et de développement pour ces pays. Mêmes si elles sont argumentées, ces prévisions sont intentionnellement exagérées. Par exemple plus de 15% par an de croissance. Bien-sûr, pour arriver à de telles performances, il est nécessaire de construire les infrastructures qui les autorisent : centrales électriques, routes, voies navigables etc ... Et pour construire ces infrastructures, il faut de l’argent qu’évidemment, le pays n’a pas.

      Son rôle consiste alors à convaincre les dirigeants du pays de s’endetter auprès du FMI et de la BM. Si les dirigeants acceptent (un peu de corruption peut les aider à sauter le pas, et si ça ne fonctionne pas, on peut très bien lancer une campagne anti-communiste), le pays est pris au piège.

      L’argent prêté à ces institutions américaines l’est en général à condition qu’il soit investi auprès de firmes américaines de construction, par exemple Bechtel. Ces firmes construisent les infrastructures avec de l’argent américain et c’est le pays en voix de développement qui doit payer les dettes, ou comment faire vivre des travailleurs américains avec l’argent des pays pauvres. Bien-sûr, la croissance économique n’est pas au rendez-vous des investissements et le pays est alors dans l’incapacité de rembourser jusqu’au intérêts des dettes qu’il a contracté.

      C’est alors que notre économiste revient à la charge pour expliquer aux dirigeants du pays endetté que la seule solution à leurs problèmes de dettes est d’appliquer une doctrine de rigueur économique (destruction des infrastructures sociales qui « coutent » cher) et la libéralisation, comprendre ouvrir les marchés intérieurs aux prédateurs économiques souvent américains. Si les dirigeants acceptent, le pillage commence et ça va de plus en plus mal pour le pays.

      S’ils refusent, toute une chaine de contraintes se met en place. D’abord on tente à nouveau de corrompre les dirigeants de diverses manières. Parfois, comme ils ont été élus démocratiquement, ils refusent quand même les doctrines du FMI et de la BM car leur électorat n’en veut pas et ils ont encore conscience de la notion de souveraineté. Alors on tente de les déstabiliser politiquement (coups d’états/chasse aux rouges/assassinats). C’est la mission de la CIA et de ses « jackals ». Si ça ne fonctionne toujours pas, alors on étrangle le pays par un blocus économique. Et si rien n’a fonctionné, on lui fait la guerre, on l’envahit et on met en place un gouvernement fantoche.

      Je n’ai volontairement pas instancié sur des pays particulier. Mais vous trouverez pleins d’exemples en Amérique Latine, en Asie et au Moyen-Orient dans le livre de Perkins.

      Voilà ce qu’est le néo-libéralisme : c’est de l’impérialisme économique déguisé en aide au développement. Je vous laisse à de nouvelles réflexions.


    • Jimd Jimd 11 mai 2007 17:38

      merci Dominique

      j’apprecie vos commentaires et votre temps. Pardon si mes mots etaient un peu binaires. je vous remercie de cet exemple et nous pourrions discuter de la dette des pays du tiers monde. je suis contre les exces du neo liberalisme et surtout bien sur si des pays pauvres sont touches. je ne sais pas si ces institutions abritent des crapules. c’est possible. je ne veux pas cautionner les actes que vous decrivez qui sont amoraux et criminimels.


    • Dominique Larchey-Wendling 11 mai 2007 17:58

      Je ne sais pas trop comment prendre votre remarque. Vous semblez vous indigner de la « l’immoralité » de certains capitalistes. Je vous invite fortement à lire le livre de F. Lordon. Le capitalisme, et particulièrement sous sa forme néo-libérale actuelle, est un pouvoir. Un pouvoir occupe naturellement tout l’espace qui lui est laissé. Toute la morale que vous y mettrez n’y changera rien à moins que vous lui opposiez le pouvoir de la religion, ce qui n’est pas forcément mieux. Mais là, ce n’est pas la morale, c’est la foi.

      La seule façon de limiter les effets néfastes du capitalisme sur les hommes, c’est du lui opposer un autre pouvoir, celui des peuples et des nations qui s’exprime dans la souveraineté des Etats. Or que veulent nos « libéraux » actuels, affaiblir les Etats au maximum et étendre encore le champs marchand, jusqu’au savoir, la santé, la sécurité, y compris l’armée. Si vous lisez le dernier livre d’Attali, vous y trouverez aussi ce genre de description.

      Le capitalisme recherche la liberté absolue et ceci ne peut se faire qu’au prix de la liberté des hommes, des peuples et des nations. Il doit être soumis à des règles, pas à la morale.


    • Jimd Jimd 12 mai 2007 08:56

      Je jugeais un comportement individuel qui est immoral. Par contre le ne pense pas le capitalisme comme un pouvoir. Pour moi son essence est décentralisée et il émane des peuples. il est un outil. Il est endogène a notre organisation. Je suis d’accord pour certaines règles (mais je pense que nous en avons une vision très différente) et aussi d’accord pour le point sur la morale. Le comportement que vous décrivez n’est pas une faille du capitalisme mais une faille de l’humain.


    • Dominique Larchey-Wendling 14 mai 2007 12:46

      Je suis un peu étonné par la définition que vous donnez du capitalisme. Il serait une espèce de système collaboratif endogène des sociétés humaines ? Je pense que les hommes ont oublié les leçons du 19ième siècle, du capitalisme et de la mondialisation qui s’est développée à cette époque.

      Le libéralisme est un « idéal » dont personne ne veut. Pour être plus précis, tout le monde souhaite libéraliser les marchés de ses voisins/concurrents et protéger ses propres marchés : c’est l’attitude des USA, de la Chine, de la Russie, mais aussi celle que notre nouveau président appelle de ses voeux pour l’UE. Les gros marchés de l’énergie, de la sécurité et de la guerre sont tous des marchés fortement contrôlés par les Etats, au prix de guerres s’il le faut.

      Croire que l’économie peut exister indépendamment des travers des hommes et d’une naïveté confondante. Enfin, peut-être que je vous comprends mal.


    • Luigi Chiavarini Luigi Chiavarini 15 mai 2007 08:53

      Votre analyse défend avec ortodoxie la pensée unique , votre status d’enseignant pourrait justifier votre position, mais si nous prenons un autre point de vue , moins « politiquement correct » voici ce qui pourrait en resortir :

      Le capitalisme c’est l’exploitation du travail collectif(production de valeur ajoutée) à des fins d’enrichissement personnel , sous l’allibi de la propriété des moyens de production (le capital). La finance c’est la promesse de transférer le capital dans le temps en le faisant croître en ayant pour seul garant la confiance des acteurs dans le systéme (financier). Le neo libélarisme est la doctrine politique qui favorise l’existence des deux réalités précédentes avec pour objectif de les développer à l’exces voire jusqu’au suicide environemental et social. Il découle de ces deux définitions que les trois pilliers du temple libéral sont Capital, Croissance, Confiance si l’un d’entre eux vient à faillir : l’édifice tombe.


    • Francis, agnotologue JL 11 mai 2007 12:24

      Oui, cet article de Frédéric Lordon est très intéressant. On y relève notamment ceci :

      « Tous calculs faits, il est apparu que dans le cas des Etats-Unis, paradis de la finance s’il en est, les prélèvements de dividendes et de rachats d’actions sont devenus supérieurs aux injections de capitaux frais, de sorte que la contribution nette des marchés d’actions au financement des entreprises est maintenant... négative ! »

      Cette remarque est à rapprocher des propositions d’Arlette Laguillier : en effet, pourquoi devrions nous craindre de voir les détenteurs de capitaux « investir ailleurs » dès lors que ces détenteurs ne sont plus que des prédateurs ?

      nb. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, FL propose un outil de taxation des profits : le SLAM.


  • Webes Webes 11 mai 2007 12:26

    Il ne faut pas non plus oublier que la finance est aussi un secteur important dans la creation d emploi !


    • Webes Webes 12 mai 2007 09:41

      Tu as raison Phil. le systeme a des effets perverts sur la gestion de l entreprise, en lui faisant souvent favoriser le dividende a l investissement. Mais accepterais tu que ton epargne placee en produits financiers ait une rentabilite de seulement 1 ou 2 % ?


  • Luigi Chiavarini Luigi Chiavarini 15 mai 2007 08:19

    Votre approche didactique vous honnores, mais il ne faut pas , par souci de simplification, cacher la vraie finalité de la finance : La promesse de transférer le capital dans le temps en le faisant croître en ayant pour meilleur allié la confiance des acteurs.(et une promesse n’engage que ceux qui y croient) Le probléme est que ce systéme financier est excessif à en devenir paranoïa : Une des raisons majeure de la démesure de l’exploitation des ressources de production humaine et naturelle est la cupidité aveugle et non régulée des détenteurs du capital. Le reflexe absurde qui implique que ce qui est exceptionnel aujourd’hui devienne la règle demain entraîne la financiarisation de l’économie qui exige, « légitimement », des retours sur investissement irraisonnable. Lorsque le capital était encore industriel (détenu par le propriétaire entrepreneur de l’entreprise) un retour sur investissement de 3 à 6 % était considéré comme honorable, aujourd’hui le capital étant devenu essentiellement financier (détenu par les fonds de pension ou autres intermédiaire financier banque-assurance) un taux de 15,20 voire 30% est considéré comme "minimum olympique”. Il est dès lors évident que cette pression à pour effet d’obliger les patrons d’entreprises (à la solde des actionnaires par l’entremise des stocks option, golden parachute ou prime de licenciement honteuse) de mettre sous tensions leurs ressources, jusqu’à des degrés de maltraitance comparable à celle subie par les contemporains de « germinal » ; la solidarité en moins.... Ceci étant posé, l’avidité non normée étant la cause des excès suicidaires de cette oligarchie actionnariale, ne pensez vous pas qu’il serait souhaitable, pour le bien du plus grand nombre, de légiférer sur l’application d’une marge actionnariale limitée, plafonnant le retour sur investissement à un pourcentage soutenable (5-6% par exemple : taux intérêt placement sans risque 3%+ prime de risque 2-3%) ? Tout surplus pourrait être versé au trésor public afin de financer des opérations d’utilité sociale (barrière à la paupérisation, logement pour tous, caisse maladie, éducation, recherche, retraite, rémunération des mères ou pères désœuvré éduquant leurs enfants..) et environnementale (piège à CO², énergie renouvelable, stockage énergie thermonucléaire...). Pourriez vous défendre cette façon de concevoir les politiques nationales dans le long terme permettant de solutionner à court terme les problèmes de précarisation de nos concitoyens et d’envisager la viabilité de l’humanité comme étant possible à l’horizon de ce siècle ?


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