mardi 18 janvier 2011 - par Robert GIL

Marx, la dette publique et la bancocratie

La dette publique marque de son empreinte le capitalisme. La seule partie de la prétendue richesse nationale qui entre réellement dans la propriété collective des peuples modernes, c’est leur dette publique. Il n’y a donc pas à s’étonner de l’idée que pour la classe dominante, plus un peuple s’endette, plus il s’enrichit. Le crédit, voila le credo du capitalisme !

La dette publique devient un des leviers les plus puissants de l’accumulation du capital. Par un coup de baguette magique, elle dote l’argent par nature improductif et le convertit ainsi en capital : sans qu’il ait à subir les risques inséparables de sa transformation éventuelle en marchandise.

Les acheteurs de dettes publiques font une bonne affaire car leur argent métamorphosé en bons du Trésor faciles à vendre, continue généralement à fonctionner entre leurs mains comme autant d’argent liquide. Pour les intermédiaires financiers entre le gouvernement et les capitalistes ces sommes sont un capital tombé du ciel. La dette publique alimente, les marchés financiers, la spéculation, et le système bancaire moderne.

Dès leur naissance, les grandes banques affublées du nom de banques publiques ou nationales, n’étaient que des associations de spéculateurs privés s’établissant à côté des gouvernements et, grâce aux privilèges qu’ils en obtenaient, prêtaient l’argent du public. L’accumulation de dettes publiques a pour mesure infaillible le volume et le cours des emprunts d’État émis par ces banques.

Comme la dette publique est assise sur le revenu public, qui doit en payer le remboursement et les intérêts, le système moderne des impôts est le corollaire obligé des emprunts et donc des dettes publiques. Les emprunts permettent aux gouvernements de faire face aux dépenses extraordinaires sans que les contribuables s’en ressentent immédiatement mais ils entraînent à leur suite une augmentation des impôts.

La fiscalité moderne, dont les impôts indirects sur les objets de première nécessité forment le pivot, renferme donc en soi un germe de progression automatique. L’influence délétère qu’il exerce sur la situation des salariés s’est accompagnée historiquement de l’expropriation massive et forcée des paysans, des artisans, et des autres éléments de la petite classe moyenne. C’est la cause première de la misère des peuples modernes.

Dettes publiques, exactions fiscales, régime colonial, protectionnisme, guerres commerciales, etc. Ces rejetons de la fin du xviie siècle prennent un développement gigantesque lors de la naissance de la grande industrie au xixe siècle. Voilà ce qu’il en a coûté pour dégager les « lois naturelles et éternelles » du capitalisme. Ne dirait-on pas que l’humanité est un séjour de damnés ? C’est avec des taches de sang sur une de ses faces que l’argent est venu au monde. Le capitalisme vient au monde en transpirant de la tête aux pieds, la sueur et le sang.

Publié dans la catégorie"dette et finance" sur http://2ccr.unblog.fr



15 réactions


  • Alpo47 Alpo47 18 janvier 2011 13:02

    Je partage largement cette analyse, même si je trouve qu’elle ne met pas suffisamment en évidence le fait que l’emprunt est surtout UN NOUVEAU TRANSFERT DE RICHESSE DES CLASSES MOYENNES VERS LES NANTIS QUI Y ONT SOUSCRIT ;

    Deux possibilités pour financer l’Etat : les impôts ou l’emprunt. L’option choisie actuellement nous montre très clairement quels intérêts sont prioritaires pour le Pouvoir.
    Evidemment, pour que l’impôt joue pleinement son rôle, il faut que celui ci soit vraiment proportionnel, qu’il n’offre pas la possibilité de multiples exonérations ou à l’évasion fiscale, comme c’est le cas actuellement.

    Tout à changer, finalement ...


    • Croa Croa 18 janvier 2011 22:02

      Non, il existe une troisième possibilité. Enfin, normalement... c’est à dire pour toutes nations souveraines et indépendantes.

      Les pays de l’Union Européenne, ayant perdu toute souveraineté, n’ont effectivement que les deux possibilités cités par Alpo47. Toutefois jusqu’au début des années 70 le trésor public pouvait (France donc) allonger les « liquidités » nécessaire au déficit (raisonnable car cela générait une petite inflation.) Cette solution, qui n’existe hélas plus, présentait l’avantage énorme de ne pas hypothéquer l’avenir.

       smiley C’est bien de le rappeler bien fort ! smiley


    • Tassathée Tassathée 20 janvier 2011 00:38

      Vous y croyez vraiment ?
      La nature de l’homme semble être malheureusement le fond du problème, 2000 ans d’existence et rien de plus profond que des voitures, des avions et des ipad... Avouez qu’il n’y a plus grand chose à attendre de nos sociétés, nous sommes même en phase de régression sur bien des points.
      Campagne, famille, amis et autarcie, voilà qui m’ira bien.


  • ALIS ALIS 18 janvier 2011 13:04

    Le pouvoir financier pousse à l’endettement de la collectivité, fait du lobbying agressif, fait de l’entrisme politique, loi Pompidou-Rotschild-Giscard prise en 1973 pour créer un endettemnt artificiel mais bien réel de la France. Et après cela on se retrouve dans la phase actuelle de notre pays qui brade le patrimoine public pour le plus grand bonheur des grands rentiers qui sont le plus souvent issus des grandes familles de la finance (grands noms des dynasties familiales). 
    Ce même pouvoir financier pousse à la consommation, inculque des valeurs matérialistes pour pousser les gens à prendre des crédits.


  • rastapopulo rastapopulo 18 janvier 2011 15:22

    beaucoup de choses fausses et un beau farta idéologique (d’office avec Marx le rentier subversif hébergé à Londres, pauvre petit Marx qui s’est accaparé les idées de son temps en des thermes prophétiques si attachant des juifs).

    Alors d’abord il y a plusieurs type de banques publiques dites nationales. Celles de culture anglosaxonne est uniquement celle qui correspond à vos dires. Pourquoi oubliez les autres ? Celle des pionniers du Massachusetts s’est opposé frontalement à l’empire britannique en garantissant une monnaie sous contrôle publique. C’est ce qui inspirera Hamilton et Lincoln (greenback qui permettront de battre le sud esclavagiste soutenue par l’empire britanique) au point que dans la constitution US, il y a interdictions qu’un établissement privé comme la FED gère la monnaie national !!!! Les magouilles des banques+ leeur université qui forme une élite US pro-anglosaxonne à l’opposé des origines passerons outre.

    Enfin, l’or et l’argent de l’électrum de la rivière Pactole a permit à l’homme d’améliorer les échanges. A moins de vouloir revenir à la cueillette (impossible en période glaciaire) et à la chasse, empêcher les vols de valeurs dans les échanges est primordial pour la justice. Le Solidus a tenu 800 ans en soutenant l’empire romain parce que tout le monde veut une valeur sur dans les échanges. C’est du délire d’être contre la justice d’une valeur sûre, ce que devrait être l’argent, sous prétextes que les anglosaxons la détruise, donc c’est mal.  


  • zelectron zelectron 18 janvier 2011 16:27

    Le présupposé de Marx est l’honnêteté (c’est un comble pour ce voyou ! ), c’est pour cela que toutes, absolument toutes les « expériences » tournant autour de sa « philosophie politique » ont été, sont et seront des fiascos pour ne pas dire des horreurs pour certaines d’entre elles. Il cependant bon de conserver cette œuvre utopiste pour retrouver les raisons de ne surtout pas recommencer. Le plus ahurissant  : ce sont les capitalistes qui se servent de certaines de ses idées pour encore mieux piller les richesses d’autrui, c’est un comble !


    • Jiache 18 janvier 2011 17:55

      >> toutes les « expériences » tournant autour de sa « philosophie politique » ont été, sont et seront des fiascos

      De quelles expériences parlez vous ? Si vous voulez parler de l’URSS (entre autre), je ne vois pas bien rapport avec Marx. Le Marxisme est une théorie, au même titre que le « Keynésianisme », qui n’a jamais été appliquée, puisque, comme toute théorie, elle n’est pas applicable.
      En reprenant votre phrase, on pourrait aussi dire : toutes les expériences se réclamant (désolé mais tourner autour dans ce cas ne veut rien dire) du keynésianisme (donc la notre) sont un fiasco, pour preuve la situation économique actuelle.


    • gimo 18 janvier 2011 19:46

      auteur

       copie -colle bien     C Marx            pas trop fatigué !!!!! bonhomme


  • Robert GIL ROBERT GIL 18 janvier 2011 20:03

    pas de probleme, c’est Marx, si tu va sur http://2ccr.unblog.fr/ tu a la totalité des sources.


  • BA 18 janvier 2011 23:11

    Jusqu’au 3 janvier 1973, l’Etat empruntait des milliards de francs à la Banque de France.

    Problème : les banques privées voyaient ces emprunts leur échapper.

    Après le départ de Charles de Gaulle, les banques privées ont fait ce qu’elles n’auraient jamais osé lui demander. Elles ont demandé aux hommes politiques français de leur accorder un privilège  :

    les banques privées ont demandé le privilège de financer l’Etat.

    Pendant les années 1970, 1971, 1972, elles ont exercé des pressions sur les hommes politiques français.

    Le 3 janvier 1973, les banques privées ont réussi à obtenir ce privilège. Les hommes politiques français ont cédé à leur demande.

    Le président Georges Pompidou (déjà très malade) et surtout son ministre des Finances Valéry Giscard d’Estaing font voter la loi du 3 janvier 1973, et notamment l’article 25 :

    « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France. »

    http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19730104&pageDebut=00165&pageFin=&pageCourante=00166

    En clair : l’Etat n’a plus le droit de demander un prêt à la Banque de France.

    Conséquence : l’Etat doit emprunter sur les marchés internationaux. L’Etat doit emprunter à des banques privées, à des prêteurs privés, à des investisseurs privés.

    Aujourd’hui, avec le recul, nous pouvons constater que cette décision du couple Pompidou-Valéry Giscard d’Estaing était un suicide.


  • Le péripate Le péripate 19 janvier 2011 07:21

    En 1971, l’économiste Jacques Rueff écrivait « Le péché monétaire de l’occident ».

    Le système financier des pays capitalistes est dans le même état de naufrage que naguère le système industriel et économique des pays socialistes et pour les mêmes raisons.

    La monnaie est l’affaire de la société, c’est à dire des individus, et non de l’État qui en fait effectivement le plus bel instrument de spoliation massive jamais inventé.


    • Francis, agnotologue JL 19 janvier 2011 08:24

      « La monnaie est l’affaire de la société, c’est à dire des individus, et non de l’État » (péripate)

      C’est ce qui s’appelle jeter le bébé avec l’eau du bain ! Plutôt que d’améliorer l’Etat - c’est à ça que sert la démocratie, non ? - il propose de supprimer l’Etat ! sinon ses fonctions régaliennes !

      La monnaie c’est une fonction régalienne de l’Etat, parce que l’Etat c’est l’instance suprême de la société. Comment la société peut-elle géréer la monnaie sans une instance supérieure : Etat ou substitut non privé d’Etat. Mais péripate ignore ce qu’est une aporie : l’aporie, péripate, est le propre des imbéciles et des puissants, lesquels, comme l’on sait, ne changent jamais d’avis.

      - Les apories des imbéciles sont la conséquence de leur incapacité à penser ; en disant mal les choses ils ajoutent aux malheurs du monde.

      - Les apories des puissants résultent de ce qu’ils veulent impérieusement le beurre et l’argent du beurre ; en imposant les conséquences de leurs apories aux autres ils agissent en psychopathes dangereux.


    • Francis, agnotologue JL 19 janvier 2011 08:30

      lire : Comment la société peut-elle géréer la monnaie sans une instance supérieure : Etat ou substitut privé d’Etat, non démocratique !


    • Le péripate Le péripate 19 janvier 2011 17:40

      La monnaie n’est qu’une marchandise parmi d’autres. Point à la ligne. Ce que l’État impose n’est qu’un substitut de monnaie, sans valeur parce que sans autre contrepartie que la force de la violence.


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