lundi 1er mars 2010 - par Michel Santi

Ne m’appelez plus jamais Europe !

Ces manipulations comptables, pénalement répréhensibles dès lors qu’elles émanent d’une entreprise quelconque, auraient ainsi été appliquées par les Etats dans le but de satisfaire aux critères du Pacte de Stabilité en termes de déficits et d’objectifs d’endettement. Ce pêché originel Européen inadmissible et scandaleux hantera l’Union assurément pendant encore de longues années car la Grèce - qui a escamoté certaines dépenses publiques - ou le Portugal - qui a fait passer des dépenses pour des investissements - n’ont fait que suivre l’exemple des "grandes nations" leur ayant montré le chemin.
 
Ces artifices et ces tromperies comptables ne sont en définitive que la résultante de machinations politiciennes de dirigeants (de l’époque) ne reculant devant aucun mensonge pour intégrer certains pays dans l’Union dans le seul but de favoriser certains lobbies capitalistes ayant misé sur des concentrations et des regroupements d’entreprises au niveau Européen ! 
 
Mais alors : pourquoi s’acharner contre la finance si la politique elle-même, dévoyée de sa noble mission de servir l’intérêt public, déguise sciemment la réalité afin de parvenir à ses fins ? La crise des années 2007-2009 a-t-elle été provoquée par la gourmandise du milieu financier, par les bonus inacceptables de certains banquiers ou traders ou par une politique qui, une fois de plus, s’est faite - le coeur léger - instrument et bras armé du système financier et capitaliste ? La vérité est que la politique n’est plus qu’une excroissance de la finance, trop contente de lui rendre service à la moindre occasion.
 
Les déboires grecs ne sont pas plus la conséquence logique de la crise financière, les malheurs de la Grèce ne sont pas à la base provoqués par un laxisme financier même si ses déficits et ses tricheries comptables sont bien-sûr frontalement responsables de cette perte de confiance des marchés. Aux sources de la crise grecque se trouve la corruption politique de Gouvernements successifs ayant permis aux riches citoyens de ce pays de ne payer pratiquement aucun impôt sur le revenu ou sur la fortune : Ou quand la Grèce devient un paradis fiscal pour les riches grecs ... puisque seuls 3 à 4’000 contribuables grecs s’acquitteraient de l’impôt sur le revenu !
 
Ou quand l’Union Européenne encourage ce type de comportements Gouvernementaux indignes de l’appellation de "démocrates" : L’intégration de la Grèce au sein de l’Union n’y a-t-elle pas effectivement généré une croissance totalement artificielle, résultante bêtement mathématique d’une bulle spéculative redevable à une capacité virtuellement illimitée de l’Etat grec à pouvoir s’endetter en Euros dès son entrée dans le club très privé et très prisé Européen ? 
 
Aujourd’hui, la bulle ayant implosé, le rêve étant devenu réalité, la facture se doit donc d’être payée par le citoyen grec moyen qui devra seul assumer le relèvement brutal de la TVA ou le relèvement de l’âge de la retraite. Comment en effet relever le taux d’imposition des plus nantis alors que les riches n’ont jamais participé à l’effort national ? N’est-il pas effectivement plus pratique de relever une taxe payée invariablement par l’ensemble des grecs ? 
 
Une détérioration des conditions économiques Européennes, qui semble aujourd’hui inévitable, fera franchir à cette crise ayant démarré en 2007 un nouveau palier dangereux car c’est les Etats eux-mêmes, leur crédibilité et leur aptitude à nous diriger sainement qui sera progressivement remise en question. Après la déconfiture confirmée ou prévisible de petits pays Européens - Grèce, Portugal, Irlande -, il conviendra de scruter avec la plus grande attention les développement au sein des "grandes nations" comme la France ou l’Allemagne.
 
L’Europe est aujourd’hui devenue le maillon faible de l’économie globale. 
 
 


26 réactions


  • plancherDesVaches 1er mars 2010 11:25

    Bonjour Monsieur Santi.

    Il me semble, au contraire, que l’Europe a toujours accéléré sa construction lorsqu’il y avait un « pépin » de parcours.
    Dans le cas présent, le pépin est économique en plus d’être politique. Mais bon, au sein de cette joyeuse crise financière, ce gros mastodonte économique va devoir faire comme tout le monde : s’autoriser à faire tourner la planche à billet comme les anglo-saxons.
    La règle sautera.
    Une de plus au vu de toutes les déréglementations qui ont eu lieu depuis le début de la crise.


  • plancherDesVaches 1er mars 2010 11:31

    Tiens, puisqu’on en est à parler économie.

    Je lance un sondage :
    - croyez-vous que le FMI réussira à vendre son idée de DTS à tous les états de la terre.. ??

    o OUI (car il permettra de créer une nouvelle bulle de dette et le FMI sera obliger de sauver un peu « moins » d’états de la faillite.)

    o NON (car les US perdraient le statut de réserve de leur monnaie et la Chine en a marre de se faire dominer par les Ricains.)


    • Triodus Triodus 1er mars 2010 11:42

      Salut Plancher,

      Euh.. juste pour ma gouverne : Tu dis « croyez-vous que le FMI réussira à vendre son idée de DTS »

      Or, sur le site du FMI, je vois (extrait)

      "premièrement, sur la base d’accords d’échange librement consentis entre pays membres ; deuxièmement, lorsque le FMI désigne les pays membres dont la position extérieure est forte pour acquérir des DTS de pays membres dont la position extérieure est faible."

      Il y aura donc des désignés volontaires ?

      Cordialement,
      T.


    • plancherDesVaches 1er mars 2010 14:00

      Lol, Triodus. Juste remarque.

      Sais-tu qu’il y a eu des guerres pour moins que ça... ??


    • Triodus Triodus 1er mars 2010 14:47

      Il me semble, Plancher D.V, que nous y sommes depuis un bon moment.

      Toute atteinte à la souveraineté d’un état, que ce soit par la force militaire ou sur le terrain économique reste un acte de guerre !

      L’avantage pour le plus fort d’avoir des « alliés », c’est qu’il peut les faire plier sans combattre..

      Cordialement,
      T.


  • Thierry LEITZ 1er mars 2010 11:34
    Michel,

    J’aime lire vos articles, clairs et documentés, venant du milieu...
    Mais là, vous êtes dans une défense du genre « ç’est lui qui a commencé ! » en désignant les politiques comme fautif « de premier rang ».

    Cà fait un peu cour de récré. Mais bon, les responsabilités sont ici ET là, dans le business comme la politique. Qui est le plus « méchant » ? le plus « fautif » ? Difficile à dire.

    Par leur mandat électif, les politiques sont les plus responsables.
    Par leur expertise, les milieux d’affaires sont les plus responsables.
    Par leur influence, les médias sont les plus responsables. (ajout perso)

    Un haut niveau de responsabilité en tout cas, pour ces deux, business et politiques qui coopèrent, mais à quelle fins ?

    S’enrichir toujours plus semble être leur plus petit dénominateur commun.
    Un troc pouvoir-argent avec aller et retours entre gens de la haute.
    Etre réélus, toucher salaires et retraites sans lien avec leur effort réel.
    Mettre leurs rejetons à l’abri, une fois pour toutes.
    Se congratuler, champagne en main, d’être les « maîtres du monde »

    Vanité, quand tu nous tiens... Et dire qu’on élit des gens qui se précipitent au Fouquet’s avec le gotha du business le soir d’une élection ! Donc encore un responsable : nous.

    « Ces artifices et ces tromperies comptables ne sont en définitive que la résultante de machinations politiciennes de dirigeants (de l’époque) ne reculant devant aucun mensonge pour intégrer certains pays dans l’Union dans le seul but de favoriser certains lobbies capitalistes ayant misé sur des concentrations et des regroupements d’entreprises au niveau Européen !  » dites vous.

    Donc, ces lobbies capitalistes seraient les instigateurs des dérives politiciennes... J’ai tendance à penser que le savoir, l’expertise confèrent le plus de responsabilité. Mais çà se joue à peu, et les uns comme les autres ont trompé les peuples, joué sur leurs égoïsmes, abusé de leurs incuries pour finalement détruire leur avenir.

    Des millions d’irresponsables et d’innocents paieront le prix fort...

  • Thierry LEITZ 1er mars 2010 11:41

    Oups, pardon, mauvaise manip. Je termine.

    ...Donc, ces lobbies capitalistes seraient les instigateurs des dérives politiciennes. J’ai tendance à penser que le savoir, l’expertise et la capacité d’anticiper confèrent un surcroît de responsabilité. Mais cela se joue à peu. Quand on est au niveau supérieur -et qu’on s’en vante- la moindre des chose est D’ASSUMER !

    Or, qui va assumer ? Nous, et nous seuls comme c’est parti. Mer-veil-leux !


    • plancherDesVaches 1er mars 2010 14:09

      Assumer... vous voulez rire...

      Ils assument. COMPLETEMENT.

      Au point qu’aux US, les milliardaires sont des demi-dieux-vivants...

      Bon, c’est vrai, partout ailleurs, ils sont obligés de se trainer des armées de mercenaires pour se protéger. Mais le principe reste le même : il faut utiliser l’autre quitte à le faire crever.


  • zelectron zelectron 1er mars 2010 11:48

    Les hommes politiques européens sujets à la prévarication galopante ? non ! ce sont de saints hommes dévoués à la chose publique, n’ayant jamais trempés dans des affaires louches, voyons, surtout pas avec le monde financier, ça se saurait...


  • le naif le naif 1er mars 2010 12:52

    Encore un « article » digne de Slate.fr
    L’herbe est tellement plus verte de l’autre coté de l’Atlantique....

    Nous devrions tous être Américains.... n’est-ce pas M. Santi


    • Michel Santi Michel Santi 1er mars 2010 14:09

      avant de réagir à vide et dans le vide, lisez mes précédents articles où vous trouverez d’innombrables critiques vis-à-vis des USA 


    • le naif le naif 1er mars 2010 16:02

      @ Michel Santi michel-santi" title= »Michel Santi">

      "avant de réagir à vide et dans le vide, lisez mes précédents articles où vous trouverez d’innombrables critiques vis-à-vis des USA "

      Il y a longtemps que je vous lis et si vous regardez les commentaires de vos précédents articles, vous y trouverez les miens, entre autres. Je suis même allé sur votre site....... c’est dire !!!

      J’ai effectivement réagi dans le vide dans la mesure où habituellement vous ne daignez pas répondre à vos lecteurs et engager le dialogue (rôle d’un forum). Raison pour laquelle je n’ai pas juger utile de poster un commentaire construit aujourd’hui, mais de vous livrer mon humeur à la lecture. Ma vacuité étant symétrique à la vacuité de ce billet qui n’est pas sans rappeler ceux de Slate.

      Mais vous avez raison c’était un commentaire inutile, à l’avenir je m’abstiendrais de vous lire ainsi je ne serais pas tenté de réagir.

      Salutations


  • Branck2012 1er mars 2010 13:06

    « L’Europe est aujourd’hui devenue le maillon faible de l’économie globale.  »

    Et le capitalisme néo-libéral le maillon faible de la pensée économique....


  • fifilafiloche fifilafiloche 1er mars 2010 14:29

    Il y a quelque chose que je ne comprend pas dans l Union Européenne.


    C est avec un argument de solidarité que l intégration de la Grèce, l Italie et l Espagne dans la monnaie européenne a été effectué. De même, la même solidarité a été mise en avant, pour l entrée des ex pays communistes dans l Union.

    Or, dans les faits, la solidarité (qui en effet induit un déresponsabilisation, comme toutes les solidarités), ,n’est pas organisée institutionellement. Quelle a donc été la raison réelle pour intégrer des Etats plus fragiles à l Union Economique et Financière ? oO

  • BA 1er mars 2010 15:42

    Dimanche 28 février 2010 :

    Angela Merkel exclut toute aide financière allemande à la Grèce.

    La chancelière allemande Angela Merkel a exclu dimanche toute aide financière de son pays à la Grèce, tout en se félicitant des mesures prises par Athènes pour résorber son large déficit budgétaire.

    La chancelière a également rejeté l’idée d’un soutien bancaire à la Grèce, obtenu par des garanties d’Etat, estimant que cela reviendrait au même qu’une aide étatique directe à la Grèce.

     

    http://www.romandie.com/infos/news2/100228185040.mt9ss045.asp


  • plancherDesVaches 1er mars 2010 17:43

    Monsieur Santi.

    Je crois qu’il est plus que temps de nous faire une petite constation sur la chute assez incroyable de la Livre avec toutes les conséquences d’une augmentation de part de pib « produit » par la city au détriment de l’économie réelle.

    Histoire que la france d’en bas comprenne bien pourquoi ils vont craquer.


  • xray 1er mars 2010 21:22


    Aujourd’hui on nous parle d’un problème avec la Grèce. 

    Hier on n’a oublié de nous parler du boulet Polonais. À peine intégrée à l’Europe, la Pologne a utilisé la dote européenne pour acheter des avions militaires américains. 

    Demain on ne nous dira pas que la Turquie dispose actuellement d’une quinzaine d’ogives nucléaires gracieusement offertes par les étasuniens dans le cadre de l’OTAN. 

    L’EUROPE 

    Le problème n’est plus de « construire » l’Europe. Le problème est : « Comment se débarrasser de cette saloperie ? » 

    Les
    Français sont revenus à la situation du début des « années 40 ». 
    Ils sont soumis à : 

    - Une monnaie d’occupation ; 

    - Des journalistes d’occupation ; 

    - Des mœurs judiciaires dignes du nazisme ; 

    - Des collabos financés et au service de qui ? L’Europe,  les Américains, ou le Vatican ? 

    Néanmoins, dans les moyens mis en œuvre par l’Europe pour asservir les foules on reconnaît les méthodes de curés : 

    - « Générer l’incompréhension, les désordres, la délinquance, la criminalité, l’injustice,  la misère, les maladies, les épidémies, les conflits,  les guerres, les famines, etc. » 
    Le tout reposant sur l’ignorance permanente et des flots de mensonges sous lesquels les médias noient les individus. 

    L’EUROPE des curés
    http://mondehypocrite.midiblogs.com/archive/2009/06/22/l-europe.html 

    Le bourbier européen 
    http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2009/05/09/le-bourbier-europeen.html 

    Il fallait voter NON ! 
    http://mondehypocrite.midiblogs.com/files/Il_fallait_voter_NON_.doc 



    • titi titi 2 mars 2010 08:05

      «  Des journalistes d’occupation ; 

       Des mœurs judiciaires dignes du nazisme ; 

       Des collabos financés et au service de qui ? L’Europe, les Américains, ou le Vatican ? »

      Et des marmottes qui mettent le chocolat dans le papier alu.

      N’étalez pas votre ignorance des ses périodes en faisant des parallèles scabreux.


  • fifilafiloche fifilafiloche 1er mars 2010 21:24

    Au fait, qu’en est il de l’état de l’économie slovaque, dernier entrant dans l’union monétaire européenne ? oO


  • Abdu Abdu 2 mars 2010 08:50

    Ma mémoire manque de précision, mais je suis absolument certain, lorsque la Grèce entrait dans l’Europe, d’avoir entendu à la radio que les comptes étaient bidonnés et que la question de la méthode de calcul du déficit public se posait déjà pour plus d’un pays de l’UE...


  • BA 2 mars 2010 10:14

    Angela Merkel exclut toute aide financière allemande à la Grèce.

    La chancelière allemande Angela Merkel a exclu dimanche toute aide financière de son pays à la Grèce, tout en se félicitant des mesures prises par Athènes pour résorber son large déficit budgétaire.

    Interrogée lors d’une interview à la chaîne de télévision publique ARD sur l’éventualité d’un soutien financier allemand, Mme Merkel a affirmé qu« il n’en est absolument pas question ».

    « Nous avons un traité européen aux termes duquel il n’existe pas de possibilités de payer pour dépanner des Etats en difficulté », a affirmé Mme Merkel.

    Le gouvernement allemand a déjà démenti à plusieurs reprises envisager une aide des pays de la zone euro à la Grèce.

    « Nous pouvons aider la Grèce en ce moment en affirmant clairement qu’il lui faut remplir ses devoirs » avec la mise en place d’un programme d’économies, a ajouté la chancelière qui recevra vendredi son homologue grec George Papandréou.

    Il s’agit pour la Grèce, qui se montre « très courageuse », de « résorber le déficit public » et de restaurer sa « crédibilité perdue », a-t-elle ajouté.

    La Grèce a annoncé qu’elle entendait économiser 4 % de son PIB, et il s’agit à présent de « mettre cette décision en route », après quoi « j’espère que les marchés feront confiance aux efforts déployés par la Grèce », a ajouté Mme Merkel.

    La chancelière a également rejeté l’idée d’un soutien bancaire à la Grèce, obtenu par des garanties d’Etat, estimant que cela reviendrait au même qu’une aide étatique directe à la Grèce.

    Selon le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, Athènes doit encore diminuer ses dépenses, les contribuables européens n’étant pas enclins à payer pour les mauvaises gestions des anciens gouvernements grecs.

    « La Grèce doit intensifier ses efforts pour limiter son déficit public », a-t-il affirmé au journal grec Eleftherotypia.

    « La Grèce doit comprendre que les contribuables allemands, belges, ou luxembourgeois ne sont pas prêts à faire les frais des mauvaises politiques budgétaires grecques », a-t-il ajouté.

    M. Papandréou a appelé vendredi les Grecs à prendre leurs responsabilités pour sortir de la crise économique, soulignant qu’« aucun autre pays ne paiera » pour eux.

     

    http://www.romandie.com/infos/news2/100228185040.mt9ss045.asp


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