jeudi 14 avril 2016 - par Laurent Herblay

Nouvelle alerte à l’excès de profits !

Dans cette époque décidément bien compliquée politiquement, il ne faut plus s’attendre de la part de ce que l’on appelait pourtant la gauche, au moindre questionnement sur le niveau des profits des multinationales ou de leur capacité à voler légalement le fisc. Comme il y a déjà quatre ans, c’est la bible des élites globalisées, The Economist, qui dénonce « les problèmes avec les profits  ».

 
Un capitalisme de plus en plus oligarchique
 
Quel paradoxe a priori incroyable à voir un journal ultralibéral dénoncer un niveau excessif de profits quand un gouvernement supposément de gauche baisse les impôts des entreprises de plus de 50 milliards, puis travaille sur une réforme du code du travail allant également dans le sens du patronat  ! Pour The Economist « l’Amérique était une terre d’opportunité et d’optimisme. Maintenant, l’opportunité semble être réservée à l’élite : deux tiers des étasuniens croient que l’économie est pipée en faveur d’intérêts particuliers (…) le retour sur investissement des entreprises est 40% plus élevé à domicile qu’à l’étranger (…) L’Amérique est supposée être le temps de la libre-entreprise. Elle ne l’est pas  ». Il note qu’une entreprise très profitable a 80% de chance de l’être 10 ans après, contre 50% 20 ans avant.

Pour The Economist, le problème vient d’un manque de concurrence, du fait d’une vague de 10 000 milliards de dollars de fusions, donnant un pouvoir excessif à des oligopoles sur le marché. Il note aussi que « les grandes plateformes techniques comme Google et Facebook doivent être étudiées de près : elles peuvent bien ne pas être encore des monopoles en recherche de rentes, mais les investisseurs les valorisent comme si elles allaient le devenir un jour  », et accuse certains actionnaires d’entreprises concurrentes de pousser à des formes d’entente. Suit un dossier rappelant le niveau record des profits et la concentration grandissante de bien des marchés. Le journal pointe aussi l’anomalie du maintien d’un tel niveau de profits, quand, dans l’histoire, les pics étaient rapidement suivis d’une forte chute.
 
Fidèle à son credo ultralibéral, The Economist en appelle à plus de concurrence et moins de règles, mais ce faisant, il ne se rend pas compte que c’est ce dernier point qui nous a amené à cette situation. Les pistes qui pourraient remettre en cause cet excès de profits sont une intervention publique pour casser les oligopoles, et donc moins de laisser-faire car ce dernier est aussi celui des actionnaires qui défendent leurs intérêts en poussant à ces mêmes fusions et qui poussent leurs entreprises à déserter le fisc. Enfin, le jugement sur les géants technologiques est extraordinairement naïf : il est bien évident que les dirigeants de ces entreprises et leurs actionnaires cherchent très rapidement des rentes de situation, au cœur des modèles d’affaires des géants technologiques, de Microsoft à Uber, en passant par Google.
 
Néanmoins, merci à The Economist de démontrer les carences de cette époque où les actionnaires font la loi, par le biais de multinationales oligopolisitiques. Mais il ne suffit pas d’appeler à plus de concurrence. Il faut bien plus que les Etats reprennent notre destin collectif en main, en mettant un frein à ce laisser-passer et ce laisser-faire dont le produit est ce capitalisme actionnarial oligarchique. 
 


17 réactions


  • Alpo47 Alpo47 14 avril 2016 09:46

    Rassurez vous , personne n’attend plus rien de cette « gôôôche » là ...Trahison, mensonges, félonies, lâchetés ... sont ses seules pratiques. Je crois que tout le monde l’a compris.

    Effectivement, il y a encore 25 ans, les profits des entreprises étaient mieux répartis : réinvestissement, embauches, participation et dividendes. Aujourd’hui, notamment pour les grosses entreprises, presque tout part en dividendes pour les actionnaires.
    C’est le triomphe de la cupidité de quelques uns, les actionnaires, qui veulent le plus possible et tout de suite. C’est facile pour eux, leurs capitaux peuvent se déplacer très facilement vers une autre société plus rentable ou ... à dépecer.

     En fait, ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis.


    • Clark Kent M de Sourcessure 14 avril 2016 10:02

      @Alpo47

      Ils sont déjà assis sur une autre branche, et ils continueront à scier celle-là jusqu’à ce qu’elle tombe et rejoigne toutes celles que leurs ancêtres on sciées avant eux.

      Seulement ils ne savent pas plus que nous combien l’arbre a de branches.

    • aimable 14 avril 2016 13:08

      @M de Sourcessure
      d’ ailleurs les ancêtres de leurs ancêtres opéraient dans le Sahara, région forestière a l’époque
      mais comme ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez , ils continuent de scier


    • Rankox (---.---.39.18) 14 avril 2016 17:22

      @M de Sourcessure : Tellement vrai ! Sauf que lorsqu’ils s’apercevront qu’ils sont assis sur la derniere branche, ils n’auront plus qu’á changer d’arbre.


  • Daniel Roux Daniel Roux 14 avril 2016 10:29

    Il est paradoxal qu’un média libéral critique la concentration capitalistique, c’est à dire la liberté des actionnaires à décider de leurs biens ?

    Il y a donc bien une limite à la liberté d’entreprendre et de s’organiser, et cette limite, c’est l’intérêt général.

    Nous le savons bien avec l’expérience que confère l’Histoire, plus un pays devient puissant militairement, plus la politique des dirigeants qui l’ont engagé sur cette voie, devient agressive et impérialiste.

    Exemples : L’ancienne Russie puis l’URSS, Les USA, l’ancienne Chine et bientôt, la nouvelle, et tant d’autres, hélas

    Cela finit mal en général à plus ou moins long terme.

    De la même façon, plus une entreprise est puissante, plus elle a les moyens, par le chantage et la corruption de maintenir son avantage concurrentiel, c’est à dire sa domination. Les hommes politiques, corrompus ou pragmatiques, conforteront son monopole en éditant des lois et des normes, celle de l’entreprise, qui fausseront la concurrence.

    Ces entreprises deviennent plus puissantes que de nombreux états et sont en mesure d’empêcher l’émergence d’alternatives technologiques plus avancées qui nuiraient à leur monopole.

    Exemples : En France, la résistance étatique aux nouvelles technologies énergétiques face au nucléaire. Aux USA, le complexe militaro-industriel, qui pousse sans cesse à de nouvelles guerres bien destructrice, ce qui rejoint le premier chapitre.

    Si la segmentation des empires échappe à la volonté humaine, celle des entreprises ’trop grosse pour faire faillite", non.

    C’est à quoi nos hommes politiques devraient s’atteler, s’ils étaient moins corrompus.


    • julius 1ER 16 avril 2016 09:44

      @Daniel Roux

      il y a longtemps que les multinationales sont « le problème » déjà à l’orée des années 70 ...GM représentait le PIB du Bénélux ... 
      certains sont en train de découvrir l’eau chaude !!!

      c’est sûr que le phénomène s’est aggravé depuis,..... le mouvement de concentration monopoliste est inhérent au Capitalisme c’est pourquoi les anciens avaient créé des Lois anti-trusts la, première dîte Loi Sherman date de 1890, renouvelée sous la présidence de Théodore Roosevelt en 1914 
      puis en 1936 sous FD Roosevelt .... 

      c’est dire si la volonté Libérale était grande à ces différentes époques car c’est le principe de base du Libéralisme "ce que l’on appelle la libre-concurrence ...

      on peut constater qu’aujourdhui nos glorieux libéraux ou ses avatars ne sont plus dans ce postulat de base et pour cause.... les monopoles privés sont des rentes de situation !!!!!!!!!


  • Jo.Di Jo.Di 14 avril 2016 11:08

    « La crise va révéler la nature profonde de ce système : l’austérité (la répression économique sur les travailleurs, essentiellement la classe ouvrière) a comme corollaire non seulement le maintien, mais l’expansion de la consommation « libertaire » social-démocrate. C’est en pleine période de crise qu’est née l’idéologie de l’informatisation de la société au service de la convivialité. À mesure que l’austérité s’aggrave, le chiffre d’affaires de l’industrie du loisir, du tourisme, du plaisir augmente. Les deux semblent être en raison inverse. La jouissance “libertaire” social-démocrate a comme condition le productivisme, l’inflation, le chômage, etc. »
     
    Clouscard 1981 décrit le bobo chanel de gôôôche, la Ploutocratie Sexialiste et ses valets rabatteurs négriers du Capital qui mendient leur subvention et leurs postes de caste crasse.
     
    « Arrêter l’immigration, produire français »
    Marchais, le dernier vrai socialiste.


    • jaja jaja 14 avril 2016 11:34

      @Jo.Di

      Marchais...le dernier socialiste smiley C’est pour rire ? C’est le réac Clouscard du PCF marchaisien qui a dit ça ?

      Ces gens sont plutôt les derniers staliniens qui ont porté un coup terrible au socialisme...


    • Jo.Di Jo.Di 14 avril 2016 13:19

      @jaja
      Oui le PC négrier du Capital, qui va changer l’UE libérale, pour le multi_acculturel, sans-frontièriste Sorosiste, pour les mosquées révolutionnaires à BHL, pour le halal et les tapis de prières dans les entreprises « communistes », fait tellement des scores mirobolants ... que c’est probablement son chgmt de cap anti-stalinien uropéiste négrier pédérastique et islamiste qui est l’origine de cette gloire, baisé par le libéral-libertaire trotskyste (qui lui finit dans les htes sphères à l’UE et des médias)
       
      Mais c’est génial ! Marx a changé de camp ... Reste au PCanal+ Rokhaya Diallo ...
       
      « Cet égalitarisme de la différence autorise un autre système de hiérarchies. Alors qu’il prétend dépasser les hiérarchies de classes, il les renforce par les hiérarchies mondaines. À chaque moment, un signe signifie barrière et niveau. Cascade des différences, cascade des mépris, cascade des snobismes. » Clouscard
       

       

       


    • jaja jaja 14 avril 2016 14:21

      @Jo.Di

      Si vous êtes libre un dimanche je vous invite à manger parmi mes amis... Je sens qu’on va bien s’amuser même si vous ne mettez pas de nez rouge smiley...


    • Jo.Di Jo.Di 14 avril 2016 16:50

      @jaja
      ça ne collera pas ...
       
      je suis pour le merlin pneumatique
      qui enfonce un pieu de 10cm dans les têtes de veaux gaulliens et ne les fait pas souffrir, pas pour le lent égorgement halal à vif ... par le barbu tourné vers le Bobostan ...
       
       
      De même je préfère la vie du taureau de corrida,
      qui se tape des vaches, vit 3 ans en plein air, et meurt en combattant, au veau halal bobo, qui vit 6 mois dans le noir en box, et fini égorgé par un imam grand remplaciste du Capital ...
       
      Bref je suis un passéiste ... qui ne mange pas le MacDo halal, ce grand apport culturel.
       
      « Notre devise doit être donc de réformer la conscience, non pas des dogmes [...] Nous verrons qu’il ne s’agit pas d’un grand trait d’union entre le passé et le futur, mais la réalisation des idées du passé »  Marx Annales franco-allemandes 1844


  • JDCONSEIL 14 avril 2016 15:24

    Le but de tout concurrent est de « tuer » les autres concurrents, donc le comble de la concurrence est l’absence de concurrence... Il faut réguler drastiquement les rachats et regroupements d’entreprises qui aboutissent aux oligopoles....Les américains découvrent les limites de l’économie de marché où tout repose sur la régulation par la concurrence...Il temps que le vent tourne et que les vents dominants viennent de nouveau de l’est et non plus de l’ouest ce qui est le cas depuis le plan marshall de 1947.


  • nemo3637 nemo3637 14 avril 2016 18:55

    C’est toujours bon d’obtenir ainsi des informations « économiques » en français car la presse francophone est particulièrement indigente pour ce qui est des analyses sérieuses, comparativement à la presse anglo-saxonne ou allemande qui ne s’embarrassent pas de circonvolutions.
    En France la tendance est de s’en remettre au gouvernement, à l’Etat. Or celui-ci n’est que la conjonction des intérêts dominants, ceux des puissants. Ce n’est pas une entité neutre qui serait une sorte d’arbitre impartiale. Et Il ne peut agir à l’encontre de la Finance parce que sans le dire ouvertement, il la soutient.
    Cette confusion se retrouve dans la conclusion de cet intéressant article.


  • Marc Chinal Marc Chinal 15 avril 2016 10:58

    Le but dans un système monétaire, c’est de faire des profits, avoir plus de recettes que de charges.
    Et pour cela, les humains exploitent toute leur intelligence pour écraser l’autre.
    Normal : pour augmenter son chiffre d’affaire, il faut le prendre à l’autre.
    .
    Alors vouloir soigner un tel système, le rendre « équilibré », n’est-ce pas complètement idiot ?
    Tout le monde est prêt à partager son temps de travail, mais personne n’est prêt à partager son salaire. C’est la survie qui veut ça dans un système monétaire.
    .
    Passons à autre chose : AM


  • ajbrado (---.---.179.130) 15 avril 2016 12:43

    Malheureusement, le capitalisme allié à une politique libérale durera tant que le dernier arbre ne sera coupé, la dernière rivière ne sera polluée, le dernier poisson ne sera pêché : alors on comprendra que l’argent ne se mange pas ! Inspiré d’un dicton Inuit.

    Mais aussi parce que la cupidité est une vertu pour une grande majorité de la population. Pour en sortir, il faudrait la traiter comme une addiction voire une maladie.


  • roby roby 15 avril 2016 19:45
    L’être humain moyen est devenu une sorte de fourmi ouvrière hyper consommatrice dont l’existence est programmée du début à la fin dans une illusion de liberté. 
    Son libre arbitre, son temps, son salaire sont quasi confisqués au plus grand profit d’une infime minorité d’individus qui, contrairement au monde subtil de la fourmilière, sont grandement parasitaires et inutiles (voir spéculateurs).
    Les médias généraux dit d’information, sont actuellement d’une telle médiocrité, que les journalistes, (plutôt les journaleux,) ne reflètent que la pensée homogénéisée unique de quelques trusts d’agences propriétés de gros financiers. La manipulation des faits, les mensonges sont la norme à presque tous niveaux journalistiques comme politiques.


  • Robert Bibeau Robert Bibeau 18 avril 2016 10:59

    Nous voici au cœur de la thématique favorite de bobo-le petit-bourgeois branleur- avide de justice - d’équité - d’égalité.

    Quand le capitalisme est justement le règne absolu de l’iniquité - l’inégalité - l’injustice et le vol légalisé.

    NON, contrairement à ce que prétend l’auteur de l’article les ACTIONNAIRES ne font pas la loi du capitalisme.

    NON L’État bourgeois qui a dérèglementer quand c’était requis et qui va demain RÈGLEMENTER parce que la réglementation sera requise pour assurer la consolidation des nouveaux géants monopolistiques multinationaux.... Ce qui est le véritable appel lancé par THE ECONOMIST qui ne s’offusque pas des profits mirobolants encaissés - contrairement à ce que dit l’auteur - mais THE ECONOMIST s’interroge sur la validité-solidité réelle de ces données. 

    L’économie américaine est en récession depuis 2008 et les profits montent de façon vertigineuse - d’où vient cet argent de pacotille - ces profits sur papier - profits comptables qui s’évaporeront comme neige au soleil lors du prochain crash boursier.

    THE ECONOMISTE se comporte en lanceur d’alerte en disant EXPRESSÉMENT que le modèle d’affaire étatsunien actuel est en train d’engendrer quelques monstres virtuels - que le journal identifie précisément - et il met en garde cette fumisterie éclatera au prochain crash boursier.

    Les prolétaires de la terre n’ont que faire de ces alertes sinon d’en rendre note - comme signe avant coureur de la DÉFLATION qui Précèdera LA GRANDE DÉPRESSION
     
    ROBERT BIBEAU PRODUCTEUR HTP ://WWW.LES7DUQUEBEC.COM


Réagir