samedi 4 mai 2019 - par Laurent Herblay

Perfusion monétaire permanente et conséquences

Fin décembre, les marchés étaient en chute libre. Le CAC 40 avait perdu 1000 points en trois mois, près de 20%, comme le Dow Jones, en recul de 5000 points. Mais cette déprime n’a finalement duré que trois mois, les bourses mondiales étant revenues aujourd’hui à leur plus haut de l’automne dernier, du fait des résultats des entreprises, mais aussi des politiques des banques centrales.

Ces bulles qui gonflent, qui gonflent…

Le niveau très élevé des bourses n’est pas totalement artificiel. Après tout, jamais les profits des entreprises n’ont été aussi élevés, comme le montrent les résultats du premier trimestre des multinationales, largement orientés à la hausse, des banques étasuniennes, JP Morgan dépassant les 9 milliards de profits en trois mois, aux grandes entreprises françaises du luxe. Cela explique en partie la vive remontée des actions, le Dow Jones s’approchant de ses records historiques, près de deux fois plus hauts qu’à la veille du krach de 2008, et le CAC 40 s’approchant d’un plus haut de dix ans. Mais les seuls résultats des entreprises ne sont pas les seuls responsables de la remontée des marchés.

Les marchés bénéficient aussi largement du changement d’attitude des banques centrales, qui, devant la déroute de l’automne, ont décidé de prendre une autre route. La Fed a décidé de renoncer aux remontées de taux prévues en 2019, et de ralentir la réduction de son bilan. La BCE a également annoncé être prête à soutenir une économie européenne moins dynamique. En clair, les politiques monétaires ont été ajustées dans un sens plus favorable aux marchés financiers, poussant les taux à la baisse, alors qu’ils étaient bas. Cette politique n’est pas neutre, à plusieurs titres. D’abord, elle facilite le financement des entreprises, dont le coût est presque nul, y compris pour racheter ses actions.

Cela facilite également les opérations de croissance externe, en réduisant les intérêts de la dette souscrite pour le faire. Mais surtout, les banques centrales continuent à distordre l’offre et la demande de tous les actifs financiers. En pesant à la baisse sur le rendement des obligations monétaires et des dettes souveraines, elles réduisent leur demande et orientent la demande vers les actions, qui offrent souvent des rendements plus importants, avec leurs simples dividendes. Et plus généralement, le niveau très faible des taux soutient l’augmentation des dettes, favorisant la création de bulles de dettes dont l’histoire nous dit pourtant qu’elles ont tendance à souvent mal finir

Les signes avant-coureurs du prochain krach se multiplient. Les prix de l’immobilier s’envolent presque partout, les actions sont au plus haut. Et pour couronner le tout, les bulles se multiplient. Celle du Bitcoin a explosé l’an dernier, avec une baisse de 80% sur le plus haut. Mais rien ne semble arrêter les marchés, qui sont repartis à la hausse sur le Bitcoin et qui investissent des sommes faramineuses sur des licornes incapables de gagner de l’argent, au point d’en inquiéter The Economist qui a fait sa une récemment. Il est totalement extravagant que Uber puisse valoir 90 milliards avec des pertes de 1,8 milliards pour 11 milliards de revenus en 2018, et encore d’un milliard au premier trimestre.

D’ailleurs, la bulle Tesla s’est sérieusement dégonflée depuis décembre, avec un recul de plus de 35% du cours de l’action, avec les résultats désastreux du premier trimestre, soldé par un recul de 37% du chiffre d’affaires et des pertes trimestrielles de 700 millions. Finalement, une faillite de Tesla ne pourrait-elle pas être le facteur déclenchant de la prochaine crise boursière



8 réactions


  • Gisyl 4 mai 2019 13:47

    Cela fait longtemps que la bulle boursière aurait dû éclater. Si le krach n’a pas eu lieu, c’est qu’il y a aussi des capitaux qui ont intérêt à s’investir dans cette pyramide de Ponzi continuelle. Ainsi il s’est trouvé des qataris pour investir dans la Deutsche Bank au moment où elle allait faire faillite. Où iraient les pétrodollars si ce n’est justement pour sauver les économies occidentales ? De même le statut du dollar comme monnaie universelle restera indétrônable tant qu’il y aura des bases US partout dans le monde et peu importe les déficits publics américains. Il y a ainsi un « équilibre du déséquilibre » qui peut s’écrouler demain... ou continuer encore fort longtemps.

    De même pour Uber : ceux qui ont investi dans Amazon ont du attendre une dizaine d’années avant que ce soit rentable. Cependant, c’est le jackpot aujourd’hui.


    • Julot_Fr 5 mai 2019 11:17

      @Gisyl
      Le cycle bulle / crise financiere est parfaitement organise par nos maitres a travers la creation de monnaie par leurs banques / banques centrales.. Le crash se produit donc quand ils le souhaitent avec quelque contraintes. La question est donc de savoir quand souhaitent-ils ce crash. On voit une campagne mediatique suggerant qu’ils souhaitent un crash limite (comme c’est le cas en demcembre janvier dernier ou ils ont etes contraint de remettre ca a plus tard).. juste de quoi avoir une excuse pour amener une ou 2 nouvelles regulations.. probablement promouvoir les monnaies electroniques.


  • Crisispreparado 4 mai 2019 15:30

    ¨Les bourses mondiales étant revenues aujourd´hui à leurs plus haut du fait des résultats des entreprises¨ , là, j´ai failli m´étrangler avec mon café, heureusement, j´ai tout de même pu continuer à lire ¨mais aussi des politiques des banques centrales¨, j´ai pu reprendre ma respiration, cela m´a sauvé de l´étouffement, merci !

    https://crisispreparado.yolasite.com/


  • Julot_Fr 4 mai 2019 15:49

    La propagande mediatique est en branle pour nous dire qu un crash se prepare.. tout comme ils l ont fait en decembre / janvier dernier.. interrompus par l annonce de retrait des usa de syrie et d une critique journaliere de la fed par trump. Que signifie cette campagne renouvelee ? Ils ont besoin de notre pessimisme pour cracher les marches ? Et pour quels raisons un crash ? Eclipser l investigation de la campagne d espionage de Trump en 2016 ou juste business as usual ?


  • Eric F Eric F 4 mai 2019 18:42

    En effet, le rebond boursier après la baisse amorcée cet automne (laquelle baisse avait été annoncée) avait de quoi surprendre. Mais les banques centrales continuent à alimenter la machine, alors qu’on s’attendait à ce qu’elles l’interrompent, encore quelques semaines ou mois de gonflette. Mais atteindre un « plus haut » alors que l’activité économique mondiale se tasse, une correction est inéluctable. Gaffe, les banques vont chercher à refourguer les nanars aux petits porteurs.

    On voit la perversion du système financier mondial, qui au lieu d’alimenter l’économie vraie et le pouvoir d’achat, se concentre sur les marchés boursier et dérivés.


  • axiaman 4 mai 2019 20:02

    Vous oubliez le plus important : l’endettement mondial record qui oblige les banques centrales à garder les taux artificiellement bas, ce qui contribue à une forte augmentation de la monnaie en circulation.

    Du coup, l’intérêt du Bitcoin comme monnaie apolitique vous échappe complètement.


  • L'apostilleur L’apostilleur 5 mai 2019 09:08

    Mai 2017 :

    « ..Les professionnels de la finance saluent dans leur unanimité l’élection d’Emmanuel Macron, qui permet d’éviter une nouvelle crise de la zone euro dommageable aux actions et aux obligations. »

    https://www.lerevenu.com/bourse/victoire-de-macron-que-faire-en-bourse-et-quelles-actions-acheter

    Pendant qu’on nous annonce la prochaine crise, les actions montent, montent...


  • BA 5 mai 2019 11:53

    En Europe et aux Etats-Unis, la dette publique atteint des niveaux inimaginables.


    Europe : sept pays européens sont en faillite.


    1- Médaille d’or : Grèce : dette publique de 334 milliards d’euros, soit 181,1 % du PIB.


    2- Médaille d’argent : Italie : dette publique de 2321 milliards d’euros, soit 132,2 % du PIB.


    3- Médaille de bronze : Portugal : dette publique de 244 milliards d’euros, soit 121,5 % du PIB.


    4- Chypre : dette publique de 21 milliards d’euros, soit 102,5 % du PIB.


    5- Belgique : dette publique de 459 milliards d’euros, soit 102 % du PIB.


    6- France : dette publique de 2315 milliards d’euros, soit 98,4 % du PIB.


    7- Espagne : dette publique de 1173 milliards d’euros, soit 97,1 % du PIB.


    Et aux Etats-Unis ?


    Les Etats-Unis sont en faillite.


    De janvier 2019 à avril 2019, les Etats-Unis ont payé 221 milliards de dollars, RIEN QUE POUR PAYER LES INTERETS DE LA DETTE PUBLIQUE !


    Pour l’année 2019, les Etats-Unis vont payer 591 milliards de dollars, RIEN QUE POUR PAYER LES INTERETS DE LA DETTE PUBLIQUE !


    2024, l’année de tous les dangers pour la dette américaine ?


    Le département du Trésor américain a publié un nouveau rapport sur la situation budgétaire du pays. Selon le document, la première puissance mondiale pourrait bientôt consacrer l’intégralité de ses emprunts aux seuls « intérêts » de sa dette.


    Jusqu’à présent les Etats-Unis ont « maîtrisé » leur dette. Grâce au dollar et à leur capacité à emprunter à des taux inférieurs à 3 %, la première puissance mondiale ne s’est jamais retrouvée dans une position insurmontable. Mais cette situation pourrait changer.


    Selon le dernier rapport du Trésor américain, le niveau de la dette américaine ne cesse d’augmenter. En 2018, elle a dépassé les 22.000 milliards de dollars, après un déficit de 779 milliards de dollars. Un record depuis 2012.


    Conséquence directe, les intérêts de la dette se sont envolés : sur les quatre premiers mois de 2019, ils ont atteint 221 milliards de dollars, soit une hausse de plus de 10 % par rapport à la même période sur 2018.


    Selon le Trésor, à ce rythme, le montant des intérêts de la dette américaine pourrait atteindre en 2019 un nouveau record, à près de 600 milliards de dollars (591 milliards de dollars précisément).


    Pour couvrir les dépenses (administration, éducation, armées) non financées, les Etats empruntent sur les marchés. Tant que le montant des intérêts de la dette ne dépasse pas le déficit, un gouvernement a encore des marges de manoeuvre.


    Mais si ce montant est supérieur, alors l’intégralité des emprunts va dans le remboursement des intérêts de la dette. Et le pays se trouve totalement dépendant de l’évolution des taux d’intérêt.


    Or selon le Trésor américain, les intérêts de la dette américaine pourraient dépasser les 700 milliards de dollars en 2024. Le rapport évoque même, en cas de scénario noir, le chiffre de… 1.200 milliards de dollars. Un montant qui serait alors insoutenable.


    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/2024-lannee-de-tous-les-dangers-pour-la-dette-americaine-1016224


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