mercredi 13 février 2013 - par Denis Thomas

Peugeot, en perte historique, charge la barque et… vire à tour de bras !

Comme attendu, Peugeot est dans un rouge infernal. Cinq milliards de pertes : du jamais vu chez la marque au Lion ! Mort ? non blessé seulement ! Car, en analysant les comptes, le constructeur ne va pas si mal et le trou abyssal annoncé va lui permettre d’avoir la main très ferme au niveau social.

« Sur les cinq milliards de pertes, il y a 4,7 milliards de dépréciation d’actifs. La perte opérationnelle n’est que de 576 millions d’euros : ce n’est pas mal dans un contexte européen de l’automobile aussi effroyable », m’explique un analyste financier spécialiste du secteur.

La Bourse a bien réagi et l’action Peugeot se reprenait significativement après l’annonce de ces résultats catastrophiques …

Et pour cause, les boursiers connaissent la chanson. « Quand un groupe choisit de passer un tel niveau de dépréciation d’actifs, c’est pour noircir le tableau et légitimer tout ce qu’il va faire ensuite », poursuit l’analyste.

Tant sur un plan stratégique, financier ou commercial, mais surtout sur un plan social. Et ça, cela ravît les financiers. Bien sûr.

Les cinq milliards d’euros de pertes sont relatifs. Il s’agit d’un « jeu d’écritures ». Même le directeur financier de Peugeot, Jean-Baptiste de Châtillon le reconnaît. En clair, le groupe, en accord avec lui-même, estime que ce qu’il possède a perdu de la valeur. Par exemple un immeuble, une filiale ou encore une marque.

 

SUBJECTIFS

Certes, ces nouvelles évaluations sont approuvées par des commissaires aux comptes mais ceux-ci ont toujours les mains plus ou moins liées par leur client. Surtout quand il s’agit d’un groupe aussi important. Et puis, les risques sont minimes : il ne s’agit pas de faux mais d’éléments …. Subjectifs !

Pourquoi se priver quand ces comptes vont conduire à se délier les mains, cette fois, sur le plan humain.

Les syndicats ne sont pas dupes et leur analyse rejoint, paradoxalement, celle des marchés. Ils pointent l’objectif de Peugeot de placer tranquillement son plan de restructurations et, sans doute d’alourdir la facture sociale. On peut, d’ailleurs, tout craindre du rapprochement avec l’américain General Motors …

Par ailleurs, PSA entend repositionner ses deux marques : Peugeot en haut de gamme (ce qui lui manque cruellement) et Citröen avec d’un côté les gammes C et de l’autre les DS. Le tout sans faire de « low cost », assure le président Philippe Varin.

Une vraie auberge espagnole qui, si elle servait à filialiser encore plus concrètement les entités concernées, conduirait à resserrer l’étau social.

Déjà, PSA Peugeot Citroën a annoncé un plan prévoyant 11.200 suppressions d’emplois entre 2011et 2014 sur un effectif global de 91.000 personnes. Le groupe va fermer son usine d’Aulnay-sous-Bois qui emploie 3.000 salariés. Il faut d’ailleurs, selon notre analyste, rajouter à ce titre 300 millions d’euros de provisions ce qui, avec les 4,7 milliards de dépréciations, constitue les cinq milliards d’euros de pertes pour 2012.

Avec ses coupes sombres dans la masse salariale, Peugeot prévoir (à ce jour) d’économiser 600 millions en année pleine. Il compte aussi épargner 100 millions d’euros grâce aux accords de flexibilité du travail qui attendent le feu vert des députés.

Le Lion est donc très confiant. Au point de se passer d’une nationalisation, dont personne ne veut entendre parler à Matignon et à l’Elysée.



17 réactions


  • Detoxinfo.fr Detoxinfo.fr 13 février 2013 15:55

    Sans compter le milliard six cent millions que lui a déjà refilé la France ! C’est du ni ni ou on s’y tromperait !!


  • Fergus Fergus 13 février 2013 16:10

    Bonjour, Denis.

    Le pire dans cette affaire est la manière dont l’ont traitée la plupart des médias. Relayant l’information brute, très peu de journalistes ont souligné que cette somme colossale était essentiellement constituée de « dépréciation d’actifs » comme vous l’avez souligné à juste titre. Résultat : une communication alarmiste destinée à faire le buzz pour servir en sous-main les intérêts des actionnaires de Peugeot en justifiant les mesures de réduction d’effectif. En réalité, il suffirait d’une reprise, même modeste, des commandes pour que les actifs de Peugeot s’apprécient immédiatement dans des proportions équivalentes. Tout cela relève d’une grande comédie destinée à duper les naïfs que nous sommes censés être !


  • Denis Thomas Denis Thomas 13 février 2013 16:15

    Bonjour !
    Je vous jure que ne suis pas journaliste à l’Huma ! Même si c’est une très bonne école !
    Ce procédé de dépréciation d’actifs est vieux comme le monde (du travail et de l’actionnariat) !!!
    Ce qui m’étonne c’est qu’il arrive encore à tromper....


    • mario mario 14 février 2013 13:42

      agent orange@

      tres bien vu, bravo ! parce que les medias ne le dirons jamais . les sanctions contre l’iran ce sont de fait des sanction contre nous !

      tiens a propos, pourquoi ceux qui nous ont demandés de sanctionner l’iran n’on pas pu faire de meme avec la russie et la chine ? quand je vous dit que nous sommes devenue une colonie....


    • agent orange agent orange 14 février 2013 14:06

      @ mario

      Oui les médias passent sous silence ce genre d’info, quoique dans ce cas, paradoxalement l’info émane d’un média institutionnel...
      Oui il est grand temps que la France retrouve sa souveraineté pour défendre ses intérêts.


  • tchoo 13 février 2013 16:34

    Il me semble que le PDG de Peugeot à parler de 3,9 Mdsd’€ de dépréciation d’actif,

    ça ne change pas grand chose, parce qu’il doit y avoir aussi des provisions

    il a annoncé aussi un doublement de la production d’ici 5 ans, tout en réduisant le nombre de salariés de plus de 10%

    ou comment justifier l’envoi au chomage des milliers de personnes avec prise en charge par la nation, que l’on fustigera après pour soi-disant être trop dispendieuse.
    Nous sommes en guerre, peu, trop peu l’ont compris (Vals s’y prépare lui !)


  • Scual 13 février 2013 17:15

    Une dépréciation d’actif, ça veut dire qu’ils ont raconté ce qu’ils avaient envie.

    C’est du même niveau que les entreprises pas rentables... en calculant la rentabilité après avoir vidé les caisses en dividendes pour les actionnaires.

    Bref il s’agit d’un mensonge. Ils auraient pu revaloriser les mèmes actifs et annoncer des milliards de bénéfices sans aucun changement dans le monde réel si ce n’est des chiffres sur du papier.

    Bref l’ampleur du foutage de gueule va je l’espère encourager les grévistes a demander en plus de la conservation de leur emploi, une belle revalorisation salariale et une Peugeot gratuite pour tout le monde, ça leur fera du boulot comme ça.


    • titi titi 17 février 2013 23:17

      « C’est du même niveau que les entreprises pas rentables... en calculant la rentabilité après avoir vidé les caisses en dividendes pour les actionnaires. »

      Euh... vous résumez ici votre ignorance.

      Les dividendes n’entrent pas dans le calcul de la rentabilité. Ils ne constituent pas une charge.


  • Robert GIL ROBERT GIL 13 février 2013 22:16

    Évidemment il n’est aucunement question de remettre en cause les avantages financiers, les salaires exorbitants, ni le patrimoine immobilier des dirigeants de PSA, seuls les employé payeront les pots cassés ! Évidemment on se garde bien de dire que ce qui coute cher ce n’est pas le travail salarié, mais les dividendes que l’on distribue aux actionnaires.........

    voir : PSA, ET APRES ?


  • olfe olfe 14 février 2013 09:27

    C’est comme dans ma boite (une entreprise de chemin de fer créée en 1938 pour éponger les dettes des anciennes compagnies privées), on nous balance depuis quelques années des pseudos déficits sous la forme de dépréciation d’actifs (rames TGV vieillissantes par exemple), une moyenne d’environ 1 milliard d’euros par ans.
    ça permet d’avoir une bonne excuse pour ne pas donner les augmentations de salaires qui compenseraient simplement la hausse du coût de la vie.
    Les salaires des cheminots de base baissent comme ça !!!
    Ceux des cadres dirigeants, par contre, augmentent environ de 10% l’an... cherchez l’erreur !!!


    • 1871-paris 1871-paris 14 février 2013 16:54

      exact toi ta meme pas 20 ou 30 euros d augmentation mensuel, mais tes superieurs eux ont des primes de 3000 a 6000 euros annuel !

      dans le prive !

  • jymb 14 février 2013 14:30

    Amusant ces articles dans différents médias qui cherchent des explications fumeuses à l’effondrement de ces industries.
    Qui a encore le désir d’acheter une auto en France ?
    L’autophobie haineuse, miltante, a imposé partout des contingences intenables.
    Le moindre trajet est devenu une pénible et coûteuse épreuve : sur-limitations absurdes, bouchonnage organisé, pénurie juteuse de stationnement, fabrications en masse de pseudo infractions, casses voitures sur lesquels il faut racler ses bas de caisse...
    Je suis le premier à ne plus vouloir changer de véhicule et dépenser des sommes majeures pour payer la tondeuse que l’on me passe sur le dos !
    Les salariés de Peugeot le savent, l’ennemi de leur emploi est à Rennes, dans un centre bourré d’informatique Big Brother !


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