Peugeot, en perte historique, charge la barque et… vire à tour de bras !
Comme attendu, Peugeot est dans un rouge infernal. Cinq milliards de pertes : du jamais vu chez la marque au Lion ! Mort ? non blessé seulement ! Car, en analysant les comptes, le constructeur ne va pas si mal et le trou abyssal annoncé va lui permettre d’avoir la main très ferme au niveau social.
« Sur les cinq milliards de pertes, il y a 4,7 milliards de dépréciation d’actifs. La perte opérationnelle n’est que de 576 millions d’euros : ce n’est pas mal dans un contexte européen de l’automobile aussi effroyable », m’explique un analyste financier spécialiste du secteur.
La Bourse a bien réagi et l’action Peugeot se reprenait significativement après l’annonce de ces résultats catastrophiques …
Et pour cause, les boursiers connaissent la chanson. « Quand un groupe choisit de passer un tel niveau de dépréciation d’actifs, c’est pour noircir le tableau et légitimer tout ce qu’il va faire ensuite », poursuit l’analyste.
Tant sur un plan stratégique, financier ou commercial, mais surtout sur un plan social. Et ça, cela ravît les financiers. Bien sûr.
Les cinq milliards d’euros de pertes sont relatifs. Il s’agit d’un « jeu d’écritures ». Même le directeur financier de Peugeot, Jean-Baptiste de Châtillon le reconnaît. En clair, le groupe, en accord avec lui-même, estime que ce qu’il possède a perdu de la valeur. Par exemple un immeuble, une filiale ou encore une marque.
SUBJECTIFS
Certes, ces nouvelles évaluations sont approuvées par des commissaires aux comptes mais ceux-ci ont toujours les mains plus ou moins liées par leur client. Surtout quand il s’agit d’un groupe aussi important. Et puis, les risques sont minimes : il ne s’agit pas de faux mais d’éléments …. Subjectifs !
Pourquoi se priver quand ces comptes vont conduire à se délier les mains, cette fois, sur le plan humain.
Les syndicats ne sont pas dupes et leur analyse rejoint, paradoxalement, celle des marchés. Ils pointent l’objectif de Peugeot de placer tranquillement son plan de restructurations et, sans doute d’alourdir la facture sociale. On peut, d’ailleurs, tout craindre du rapprochement avec l’américain General Motors …
Par ailleurs, PSA entend repositionner ses deux marques : Peugeot en haut de gamme (ce qui lui manque cruellement) et Citröen avec d’un côté les gammes C et de l’autre les DS. Le tout sans faire de « low cost », assure le président Philippe Varin.
Une vraie auberge espagnole qui, si elle servait à filialiser encore plus concrètement les entités concernées, conduirait à resserrer l’étau social.
Déjà, PSA Peugeot Citroën a annoncé un plan prévoyant 11.200 suppressions d’emplois entre 2011et 2014 sur un effectif global de 91.000 personnes. Le groupe va fermer son usine d’Aulnay-sous-Bois qui emploie 3.000 salariés. Il faut d’ailleurs, selon notre analyste, rajouter à ce titre 300 millions d’euros de provisions ce qui, avec les 4,7 milliards de dépréciations, constitue les cinq milliards d’euros de pertes pour 2012.
Avec ses coupes sombres dans la masse salariale, Peugeot prévoir (à ce jour) d’économiser 600 millions en année pleine. Il compte aussi épargner 100 millions d’euros grâce aux accords de flexibilité du travail qui attendent le feu vert des députés.
Le Lion est donc très confiant. Au point de se passer d’une nationalisation, dont personne ne veut entendre parler à Matignon et à l’Elysée.