samedi 28 septembre 2013 - par Laurent Herblay

Pour JP Morgan, la justice a un prix : 11 milliards !

Après avoir proposé trois milliards de dollars aux autorités étasuniennes pour régler les poursuites engagées contre la banque dans le cadre des subprimes, la banque a essuyé un refus pour une offre pourtant remontée à onze milliards. Ce qui en dit long sur les pratiques des banksters.

Rebondissements judiciaires
 
On ne compte plus les affaires judiciaires dans les lesquelles les banques sont impliquées et pour lesquelles elles paient des amendes colossales. Depuis quelques mois, le scandale de la fixation du LIBOR alimente une chronique judiciaire sans fin, où les banques, les unes après les autres, finissent par accepter de payer des sommes extravagantes pour éviter d’être poursuivies. On peut également évoquer le cas de Goldman Sachs avec son fonds Abacus, où la banque vendait à ses clients des produits qui lui faisaient gagner de l’argent quand ces mêmes clients en perdaient !
 
Après avoir écopé de plus de 900 millions d’amende pour l’affaire dite de la baleine et 400 millions pour avoir manipulé les marchés de l’énergie en Californie, JP Morgan est empêtré dans une demi-douzaine d’affaires relatives à la crise des subprimes et aux fameux prêts hypothécaires qui ont déclenché la crise de 2008. En début de semaine, la banque a proposé trois milliards pour régler le cas. Puis, après une entrevue entre son patron et les autorités étasuniennes, elle a remonté son offre à la bagatelle de onze milliards dont sept pénalités. Mais les autorités semblent réclamer plus  !
 
Ce que cela dit des banksters
 

Cette négociation surréaliste a le mérite d’en dire long sur les pratiques des banques ces dernières années. Tout d’abord, pour que JP Morgan soit prête à débourser onze milliards de dollars (la moitié des profits d’une année) plutôt que d’aller en justice, c’est que les faits qui lui sont reprochés doivent être sacrément moches et les preuves de ses comportements délictueux totalement accablantes. En effet, nul innocent ne céderait autant de la sorte. Qui plus est, le fait que la banque soit capable de quadrupler la somme qu’elle propose en quelques jours en dit long sur ses moyens et sur ses craintes !

 
Mais cela pose une question bizaremment assez peu évoquée : le montant d’une amende ne vaut qu’en comparaison de ce que le comportement délictueux a rapporté. Ici, même si la rapidité avec laquelle JP Morgan a remonté son offre a sans doute à voir avec les immenses profits de la banque, il est difficile de ne pas penser que cela a aussi à voir avec les immenses profits qu’elle a réalisés par ces comportements délictueux. Car une amende de 11 milliards n’est pas un problème si elle a gagné le double de la sorte. Il est dommage que ce facteur ne semble pas davantage pris en compte.

Ces péripéties judiciaires démontrent les méthodes de voyoux et de gangsters du monde bancaire actuel. Cela montre également un profond disfonctionnement de la justice puisqu’il est difficile de croire que les amendes sont assez lourdes par rapport aux délits commis.



8 réactions


  • lambda 28 septembre 2013 14:09

    Dans l’article il n’est pas fait état du rôle de Blythe Masters la banquière de JP Morgan qui a inventé les armes financières de destructions massives


    Elle a aussi joué un rôle destructeur dans la spéculation sur les matières premières

    JP Morgan a évidemment été grand bénéficiaire de cette gigantesque arnaque et 11 milliards de pénalités est ridicule au regard de ce qui a été amassé


    • Luc le Raz Luc le Raz 28 septembre 2013 17:25

      Bonjour Démosthène,

      Bof, JPMorgan va bien trouver 3 traders genre Kerviel , à assigner, et leur faire payer une « amende » de même niveau et le tour est joué. smiley

      Et en France, on ne fait rien ? Oups, c’est vrai pas de « Class action ».

      [O.T.] C’est marrant mais dès qu’il s’agit d’un secteur économique d’une certaine importance, il suffit de creuser un peu et on trouve, bien caché parfois, l’actionnaire, tireur de ficelles.
      Un actionnaire c’est à dire un homme bénéficiant de l’action des autres ( - Robert Sabatier- )


  • popov 28 septembre 2013 15:26

    Il faut nationaliser ces banques avec perte sèches pour les actionnaires qui n’ont pas été capables de contrôler les agissements mafieux de l’entreprise...et pendre les responsables.


  • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 28 septembre 2013 17:47

    Renflouer une banque sans lui demander des comptes ou mieux : la mettre sous tutelle (à défaut de nationaliser ?), c’est ce que Sarkozy a fait. Au moins au US il semblent qu’elles aient quelques comptes à rendre, malgré la manière assez... locale, décrite dans cet instructif article (cette culbute de $3 à $11 Milliards est bien révélatrice d’une part des bénéfs engrangés par les banques et d’autre part de la plaine conscience de leur responsabilité dans cette crise qu’elles font payer à d’autres...a Sarkozy l’a fait... il sait bien faire ça... faire payer les autres.
    Mais pas les banques, pourquoi ?


  • baldis30 28 septembre 2013 22:44

    Il y a ce cas mais il y a aussi les cas plus petits . Selon un article récent de « l’Espresso », en Italie un bon quart des sociétés de l’indice boursier milanais font l’objet d’une enquête judiciaire .

     le cas de JP Morgan est important par son volume et l’impact qu’il a eu sur l’économie mondiale par effet « domino » , mais il n’est pas le seul !

     Quelque chose m’est resté en travers de la gorge en 2008 lorsque barroso déclara que les seules liquidités pouvant être mobilisées venaient de l’économie souterraine , alias mafieuse. Et cela m’incite à me demander, et à poser la question, de certains financements et en retour de bénéfices énormes.
    Je prends un seul exemple, très récent, celui de 1,2 tonnes de cocaïne ayant voyagé dans les soutes d’un avion d’ Air-France .
     Qui a financé et bénéficie des transactions qui selon la presse atteignent les 3 ou 400 millions d’euro ? c’est pas le petit trafic de quartier .... avec la caisse d’épargne du coin de la rue .....

     La première chose à faire c’est de contrôler les banques, les structures n’ont pas à être réformées, cela ne sert à rien car comme le disait le général de Gaulle
    « les structures valent ce que valent les hommes qui les animent ».
     
    Il faut s’en prendre aux hommes, parce que ceux qui sont en place dans les structures actuelles trouveront leur place dans les nouvelles structures , surtout s’ils sont associés à ces réformes , et tout redeviendra comme avant .

    par principe je n’irai surtout pas jusqu’à l’extrémité donnée par popov ( pendaison) , mais les sanctions doivent être à la hauteur des fraudes et de l’implication des fraudes dans la vie de la collectivité !
     


    • popov 29 septembre 2013 10:13
      @baldis30

      par principe je n’irai surtout pas jusqu’à l’extrémité donnée par popov ( pendaison) , mais les sanctions doivent être à la hauteur des fraudes et de l’implication des fraudes dans la vie de la collectivité !

      Et pourtant...Ces gens ont ruiné un grand nombre de petits investisseurs (un peu naïfs me direz-vous) en mettant sur le marché des produits financiers pourris. Ils savaient que le prix de ces produits allaient chuter et ils ont pratiqué le short selling sur ces produit à l’insu de leurs investisseurs.

      Combien d’années de prison pour ruiner frauduleusement une personne ? Multipliez par le nombre de personnes ruinées et vous arrivez à une peine ridiculement longue.

      En Chine, ils recevrait une balle dans la tête et la facture de la balle serait envoyée à leur famille.

  • Klisthène 2017 Kxyz 1er octobre 2013 09:44

    écoutez cette émission sur la monnaie..

    http://www.franceinter.fr/emission-3d-le-journal

    au delà des banksters c est ce système qu il faut abolir..


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