vendredi 15 mai 2009 - par
En termes clairs : EDF a perdu 1 206 millions dans ses placements financiers "réservés [...] à la déconstruction des centrales nucléaire". Cela, du fait de la baisse des marchés financiers en actions. Excusez du peu.
Certes, les textes réglementaires permettent parfaitement qu’EDF place "en bourse" les montants correspondants aux charges futures de démantèlement. Mais cela est particulièrement imprudent s’il les place sous forme d’actions, ce qu’il a fait pour environ la moitié des montants. En effet, les montants à placer dans les actifs dédiés sont évalués sur la base d’un placement "de père de famille" dans des obligations d’entreprises ayant une bonne signature (classées de A à AA) : ces montants sont calculés de manière que, placés sur ce type de produits, les actifs permettent, à la date du démantèlement, d’avoir les fonds nécessaires.
Il est donc assez surprenant qu’EDF ait choisi de placer une bonne partie de ces sommes sur des placements en actions qui sont nettement plus risqués.
Plus étonnant encore, du fait de la crise sur les marchés financiers, EDF a décidé d’arrêter de placer des sommes sur les actifs dédiés. L’entreprise n’aura placé que 1 800 millions en 2008 contre 2 700 millions prévus : "compte tenu de cette baisse et de la forte volatilité des marchés, il a été décidé en septembre 2008 de suspendre les allocations aux portefeuilles d’actifs dédiés jusqu’à ce que les conditions du marché soient stabilisées".
Quand EDF joue en bourse avec l’argent du démantèlement des centrales nucléaires
Depuis plusieurs années, EDF place l’argent du démantèlement futur des centrales nucléaires sur des « actifs dédiés ». Cependant, au lieu de placer ces sommes sur des placements sécurisés, l’entreprise publique en a placé environ la moitié sous forme d’actions en bourse. Mais la crise est passée par là, et ces fonds ont perdu 1,2 milliard d’euros en un an. Le plus surprenant est qu’EDF prétexte de cette situation pour cesser tout versement sur les fonds dédiés (les versements seront inférieurs de 1,0 milliard par rapport à ce qui était prévu).
Sans doute EDF a-t-il besoin d’argent frais pour financer ses achats à tout va, mais en attendant il manque 2,2 milliards d’euros sur les actifs dédiés.
Un paragraphe du dernier "Document de Référence" d’EDF semble être passé inaperçu, il indique en termes très technocratiques que : "Pour sécuriser le financement des obligations de long terme, dans le cadre de l’ouverture progressive des marchés de l’électricité, EDF a mis en place progressivement un portefeuille d’actifs financiers réservés au financement des engagements nucléaires de long terme, et plus précisément à la déconstruction des centrales actuellement en activité et à la gestion à long terme des déchets radioactifs. [...] À fin décembre 2008, la juste valeur de ce portefeuille s’élève à 8 658 millions d’euros (8 604 millions d’euros à fin décembre 2007). Il intègre (1 206) millions d’euros de pertes latentes nettes liées au contexte de crise des marchés financiers enregistrées en capitaux propres."
En termes clairs : EDF a perdu 1 206 millions dans ses placements financiers "réservés [...] à la déconstruction des centrales nucléaire". Cela, du fait de la baisse des marchés financiers en actions. Excusez du peu.
Certes, les textes réglementaires permettent parfaitement qu’EDF place "en bourse" les montants correspondants aux charges futures de démantèlement. Mais cela est particulièrement imprudent s’il les place sous forme d’actions, ce qu’il a fait pour environ la moitié des montants. En effet, les montants à placer dans les actifs dédiés sont évalués sur la base d’un placement "de père de famille" dans des obligations d’entreprises ayant une bonne signature (classées de A à AA) : ces montants sont calculés de manière que, placés sur ce type de produits, les actifs permettent, à la date du démantèlement, d’avoir les fonds nécessaires.
Il est donc assez surprenant qu’EDF ait choisi de placer une bonne partie de ces sommes sur des placements en actions qui sont nettement plus risqués.
Surprenant, imprudent, et perdant.
Plus étonnant encore, du fait de la crise sur les marchés financiers, EDF a décidé d’arrêter de placer des sommes sur les actifs dédiés. L’entreprise n’aura placé que 1 800 millions en 2008 contre 2 700 millions prévus : "compte tenu de cette baisse et de la forte volatilité des marchés, il a été décidé en septembre 2008 de suspendre les allocations aux portefeuilles d’actifs dédiés jusqu’à ce que les conditions du marché soient stabilisées".
C’est surprenant : la raison aurait voulu qu’EDF sécurisât ses placements (en les transférant sur des obligations, par exemple) mais surtout pas qu’il arrêtât d’épargner.
Mais EDF avait sans doute un besoin urgent d’argent frais pour financer ses aventures nucléaires anglo-saxonnes.