Quand le paritarisme en vigueur étouffe le progrès social
Nous voici bel et bien au fond de l’impasse d’une politique de relations sociales dispendieuse et à bout de souffle lancée dans les années 1980 puisque le fonctionnement du paritarisme s’appuie sur des prélèvements obligatoires dont l’assiette - la masse salariale - touche 100% des salariés et entreprises, alors que les organisations concernées n’en représentent pas 10 % !
Alors que le chômage touche désormais moins de 10% de la
population, on se rapproche d’une difficulté structurelle grave, prévisible et
prévue, à recruter dans bien des qualifications où les besoins sont pourtant
officiellement connus :
§ Ce niveau reste préoccupant, car la situation (qu’esquissait
déjà Georges Pompidou), tient tout autant à l’économie mondialisée qu’à notre démographie
propre : elle est donc prévisible depuis longtemps et laisse profondément
troublé devant l’impéritie actuelle
§ Le problème se pose en termes de qualifications nécessaires... et
introuvables : donc en termes de formation. Dans un temps où des
revendications, forcément coûteuses, seront une fois de plus portées par les
syndicats alors qu’on voit mal, évidemment, dans quelles marges financières les
entreprises pourront en trouver les ressources.
Analysant ainsi depuis quelques années les données
officielles disponibles (CERES-DARES), quelle n’est pas la surprise lorsqu’on
découvre tout à la fois :
1. l’ampleur de la dépense formation des entrepris vers les organismes paritaires agréés
2. le nombre d’heures de formation qui y sont produites, singulièrement affecté par une baisse concomitante à la RTT, qui laisse moins de temps au travail et moins encore à la formation
3. à un coût horaire apparemment double - et bientôt triple -
du coût horaire des stages organisés directement par les entreprises, ce qui
est éloquent.
C’est bien en centaines de millions d’euros que se chiffrent
ces dérives : c’est peut-être là le prix du paritarisme et de la paix sociale... et
c’est autant de « piraté » sur le budget des entreprises, qui ne pourront donc
pas le consacrer au progrès des revenus et des qualifications sans lequel il
n’y a ni équilibre social ni emploi durable.
Ces sujets ont été soulevés naguère avec netteté dans un
rapport (trop confidentiel) du Service central de prévention de la corruption,
qui a sensibilisé utilement, quoiqu’inégalement, la représentation nationale
sur des risques qui ne sont pas sans remède et dont les grands axes restent :
* la dérive immobilière, via des sociétés immobilières du type SCI, comme celle dont, dès 1993-94, une commission d’enquête parlementaire a pu s’inquiéter, notamment à travers la destination finale de crédits de stages non consommés de la politique de l’emploi impulsée à l’époque
* les emplois
fictifs, dont le financement peut impliquer plus ou moins volontairement le
champ social, où la rémunération de permanents syndicaux, toutes couleurs
confondues, gagnerait certainement à être supportée directement par la centrale
qui bénéficie de leur travail, de leurs convictions et de leur dévouement à plein
temps.
Nous voici bel et bien au fond de l’impasse d’une politique
de relations sociales dispendieuse et à bout de souffle lancée dans les années 1980, puisque le fonctionnement du paritarisme s’appuie sur des prélèvements
obligatoires dont l’assiette - la masse salariale - touche 100% des salariés et
entreprises, alors que les organisations concernées n’en représentent pas 10 %
!
Les défenseurs des « acquis sociaux » de 1945 sont ceux-là mêmes
qui les étranglent et, si on laisse faire, le paritarisme achèvera (tout en
s’en défendant !) de tuer une expression syndicale dont le pays a pourtant
besoin.