jeudi 23 mars 2023 - par Agence 1erePlace

Quels sont les derniers chiffres de la création d’entreprises en France ?

En 2021, l’Insee avait annoncé 995 900 immatriculations supplémentaires. Or, l’institut ayant révisé ses modes de calcul, c’est en réalité 1 050 000 entreprises qui ont été créées, soit 17% de plus qu’en 2020. Un record ! En 2021, de nombreux Français avaient développé leur activité indépendante en dépit de la crise Covid, de ses incertitudes et des multiples contraintes sanitaires.

Qu’en est-il pour 2022 avec la crise politique et économique causée par la guerre en Ukraine et l’inflation galopante résultant de la combinaison de différents facteurs (conflit Ukrainien, sécheresses, réacteurs nucléaires à l’arrêt en France …) ? C’est encore un record  ! En effet, selon les chiffres de l’Insee, 1 071 900 million d’entreprises ont été immatriculées sur l’année, soit 2,1% de plus par rapport à 2021.

  • Quel est le type de forme juridique la plus plébiscitée ?
  • Quels secteurs tirent leur épingle du jeu ?
  • Côté défaillances d’entreprise, où en est-on en 2022 ?

1- Nombre d’entreprises créées en 2022

 

1 071 900 million d’entreprises ont été immatriculées sur l’année 2022, soit 21 400 de plus que l’année précédente. Si c’est encore une année record, le rythme de l’augmentation ralentit. En effet, on constatait une hausse de 17,4% de la création d’entreprise entre 2020 et 2021, contre seulement 2,1% en 2022.

Toutefois, l’année 2022 vient consacrer sept années consécutives de hausse au cours desquelles la création d’entreprise a explosé.

En moyenne, le nombre de nouvelles entreprises immatriculées entre 2010 et 2017 était de 560 000 par an. Or en 2022, l’Insee constate une augmentation de 94 % par rapport à cette période. Il faut dire qu’il existe une vraie volonté politique de développer l’entrepreneuriat. Le relèvement des seuils de chiffres d’affaires permettant de bénéficier du régime micro-social en 2017 a notamment boosté la création de micro-entreprises.

En dépit d’un repli de la création d’entreprises sur le mois de décembre (-3,4% tous types d’entreprises confondues), la tendance se confirmait donc : 2022 est une nouvelle année record pour la création d’entreprise.

2- Création d’entreprise par régime juridique

Certaines formes juridiques d’entreprise sont largement privilégiées par rapport à d’autres. En effet, la majorité des entreprises immatriculées en France sont des micro-entreprises, toutefois c’est le nombre d’immatriculation de sociétés qui a le plus augmenté en 2022. Même si le montant du SMIC a été revu à la hausse à plusieurs reprises en 2022, s’immatriculer en micro-entreprise, peut apporter un complément de revenu, ce qui est important pour les petites rémunérations.

Faisons le tour des créations d’entreprises selon leur forme juridique.

Création de micro-entreprises 2022

656 400 micro-entreprises ont été immatriculées (contre 641 543 en 2021). Ces entreprises individuelles au régime simplifié représentent 61% du total des entreprises créées. Toutefois, leur poids dans la création d’entreprise a légèrement reculé puisqu’elles représentaient 64,4 % du total en 2021. Leur nombre n’a augmenté que de 2,8% sur un an (contre de 17% en 2021).

Création d’entreprises individuelles classiques 2022

Il s’agit des entreprises individuelles (EI) en dehors de la micro-entreprise. Des trois, c’est cette forme juridique qui connaît le moins d’engouement en 2022. En effet, 122 100 entreprises individuelles ont été immatriculées sur l’année , soit un recul de 7 % par rapport à 2021 et leur plus bas niveau depuis 2016. Ces entreprises représentent 11% des immatriculations en 2022 (contre 13 % en 2021). 

Création de sociétés en 2022

 293 400 entreprises ont été créées sous forme sociétaire. La part de sociétés tous types confondus (SAS, SARL, SA, SASU, EURL etc.) immatriculées sur 2022 reste stable à 27%. Leur nombre a augmenté de 5% sur un an (218 054 en 2020).

La SASU est la forme juridique plébiscitée par les créateurs d’entreprise. Cependant, si sa création est aisée, la SAS oblige le mandataire social à disposer d’une fiche de paie en bonne et due forme lorsqu’il se rémunère.

Alors que la SARL était initialement la forme juridique de société la plus répandue, on observe depuis 10 ans une dégringolade de la part des immatriculations de sociétés à responsabilité limitée : de 73 % en 2012 à 28 % en 2022.

Ce sont donc les sociétés par actions simplifiée (SAS) qui en profitent puisqu’elles représentent désormais 65 % des immatriculations de sociétés. Leur flexibilité de fonctionnement et leur liberté statutaire séduit les entrepreneurs, notamment les créateurs de start-ups, même si la rémunération du dirigeant est conditionnée au formalisme du bulletin de paie.

3- Création d’entreprise par secteur d’activité

Sur l’année 2022, les secteurs qui enregistrent la plus forte dynamique entrepreneuriale sont les suivants :

  • Arts, spectacles et activités récréatives : + 24,5 %
  • Activités de services administratifs et de soutien  : +23%
  • Industrie : +18 %
  • Activités spécialisées, scientifiques et techniques : +15,4 %
  • Autres services aux ménages : +14,8
  • Information et communication : +14 %

S’il n’est pas le secteur qui connaît la plus forte croissance, il est tout de même le premier en terme de nombre de créations d’entreprises avec 187 600 nouvelles immatriculations. Il s’agit du secteur « Activités spécialisées, scientifiques et techniques » qui concentre 17% de l’ensemble des nouvelles entreprises 2022. Ce secteur rassemble les activités de conseil de gestion, conseil en relations publiques et communication ou encore de design. Ce secteur compte une large part de « freelances » exerçant en micro-entreprise (71% des entreprises créées dans ce secteur).

En revanche, alors que le secteur « Transports et entreposage » connaissait une très forte hausse en 2021 (+24,9%) du fait de la création d’entreprise dans le domaine de la livraison à domicile pour répondre aux contraintes sanitaires, c’est celui qui chute le plus fortement en 2022, soit un recul de 34,5 % par rapport à 2021.

La création d’entreprise continue de battre des records mais qu’en est-il des défaillances d’entreprises ?

4- Défaillances d’entreprise en 2022 : ou en est-on ?

En 2020 et 2021, la défaillance d’entreprise, c’est-à-dire le nombre d’ouverture de procédures collectives, connaissait un taux historiquement bas. En effet, on observait un recul des défaillances de 46,6% entre fin décembre 2019 et fin décembre 2021.

Le nombre de défaillances d’entreprise

Qu’en est-il en 2022 ?

La hausse du nombre de défaillances qui s’était amorcée fin 2021 s’est poursuivie en 2022. D’après le suivi des défaillances effectué par la Banque de France, on dénombre ainsi 42 640 défaillances entre février 2022 et Janvier 2023 contre 28 124 un an plus tôt, soit une augmentation de près de 50%.

En 2022, le nombre de défaillances reste à un niveau inférieur de près de 17% à celui enregistré en 2019, soit le niveau d’avant crise Covid-10 mais le rattrapage s’accélère très fortement.

D’après les estimations du groupe Altares, les aides de l’État pour aider les entreprises à faire face à la crise sanitaire puis à la hausse des prix de l’énergie ont évité environ 60 000 défaillances.

Les raisons de l’augmentation du nombre de défaillances d’entreprise

Nous observons donc un point de rupture en 2022 par rapport aux chiffres 2021, avec le rebond des défaillances d’entreprise. Ce que l’on craignait, à savoir une explosion des faillites, est en train d’arriver. A cela, plusieurs raisons :

La fin du « quoi qu’il en coûte »

 

Certaines entreprises n’auraient tout simplement pas survécu sans la crise sanitaire ! En effet, des affaires peu rentables ont été maintenues sous perfusion des aides gouvernementales. La fin des aides publiques sonnent le glas de ces entreprises.

De plus, la fin des aides et le retour à la normale en 2022 a contraint de nombreuses entreprises à rembourser les prêts garantis par l’État (PGE) et à honorer le recouvrement des charges sociales qui avaient été reportés. Or, certaines entreprises ont du ouvrir une procédure collective car elles ne disposaient pas de la trésorerie nécessaire pour faire face.

Le nombre de défaillances augmente considérablement pour les PME de 10 à 100 salariés. Dans les entreprises du secteur S1, notamment la restauration et l’hôtellerie, qui ont particulièrement bénéficié des aides gouvernementales et du report de charges sociales, les défaillances ont augmenté de 105 % en 2022.

Inflation et hausse du prix de l’énergie

Ce sont les jeunes entreprises qui peinent le plus. En effet, les défaillances concernant des entreprises créées moins de 3 ans auparavant ont presque doublé (+ 94% d’augmentation en 2022).

La croissance économique n’a atteint que 2,6% en 2022, un niveau donc moins fort qu’espéré du fait des tensions géopolitiques et de la forte des hausses des prix, notamment de l’énergie. Pourtant, selon certains analystes la dynamique du tissu économique Français n’est pas en cause. Au contraire, de nombreuses entreprises font part, au contraire, de leur difficulté à honorer leur carnet de commandes au vu des difficultés d'approvisionnement, de l'explosion des coûts des matériaux ainsi que des problèmes de recrutement.

La hausse des prix des matières premières et de l’énergie rendent la vie difficile à de nombreux entrepreneurs, notamment les artisans qui ne parviennent plus à régler leurs factures. La répercussion du coût de l’énergie et des matières premières sur le client final ayant ses limites. Ce sont également les pénuries qui empêchent certains de travailler. Pour prendre un exemple il est très difficile de trouver des tuiles actuellement, ce qui limite les activités de certains couvreurs.

La situation ne s’améliore pas sur le premier trimestre 2023. Les prévisions tablent sur 55 000 faillites au cours de l’année, ce qui nous ferait retrouver le niveau de 2017.

Pour résumer, un record en termes de création d’entreprise a encore été battu en 2022, bien que le rythme ralentisse. Tandis que les défaillances d’entreprise sont significativement reparties à la hausse.

Sources :