29. Retraites : les affirmations du rapport MOREAU concernant les taux de remplacement sont totalement biaisées
Le rapport complet « Nos retraites demain : équilibre financier et justice » ainsi que le dossier de presse (10 fiches en 40 pages) sont téléchargeables sur http://ses.ens-lyon.fr/rapport-nos-retraites-demain-equilibre-financier-et-justice-juin-2013—198384.kjsp
Les pages 28 à 31 du rapport MOREAU (197 pages) traitent des taux de remplacement.
Le paragraphe 2.2. est intitulé « Les taux de remplacement sont globalement restés stables ». Les sous-paragraphes 2.2.1. et 2.2.2 sont respectivement intitulés « Une baisse des taux de remplacement des salariés du secteur privé devait résulter de la réforme de 1993 » et « Les résultats sur données constatées montrent un maintien des taux de remplacement, qui résulte de plusieurs facteurs ».
A la page 12 du dossier de presse on peut lire : « En conséquence, le taux de remplacement des fonctionnaires civils (75,2%) est finalement très proche de celui des salariés du secteur privé (74,5%) ». La plupart des lecteurs déduiront d’une telle affirmation que la quasi-totalité des retraités partent, encore de nos jours, avec un niveau de retraite représentant environ les ¾ de leur dernier salaire.
Les affirmations sont claires, sauf qu’elles sont totalement biaisées et ne correspondent plus du tout aux réalités de 2013. Explications :
Les affirmations du rapport MOREAU sont basées uniquement sur l’évolution du taux de remplacement entre les générations 1934 et 1942, c’est-à-dire entre les générations de salariés dont la très grande majorité ont liquidé leur retraite entre 1994 et 2002 !
S’arrêter à la génération 1942 est malhonnête pour au moins 2 raisons :
- La génération 1942 prise en considération par le rapport Moreau avait encore très peu subi les conséquences de la réforme Balladur de 1993. Puisque le nombre des meilleures années prises en compte est passé de 10 à 25 ans, mais sur une période transitoire étalée de 1993 à 2008. Et que le nouveau mode de revalorisation des salaires portés au compte, comme les prix et non plus comme le salaire moyen, a concerné la génération 1942 seulement pour un quart de leur carrière.
- Il existe plusieurs études beaucoup plus récentes qui donnent des taux de remplacement 2013 totalement différents, ainsi que les évaluations pour les années à venir.
L’étude la plus intéressante est celle d’Henri Sterdyniak de l’OFCE d’avril 2010 « Simulation de l’évolution du taux de remplacement net des salaires pour 4 cas-type, nés en 1960, selon les réformes du système de retraite, à l’horizon 2020 » que l’on trouve sur http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf-articles/2010/monde120410.pdf . Les 4 cas-type sont étudiés en fonction des 5 hypothèses de réformes envisagées au printemps 2010. C’est l’hypothèse R1a qui est la plus proche de la réalité d’aujourd’hui. Les TR net sont les suivants :
- Le cas du salarié non cadre dans le secteur privé : 69,8
- Le cas du salarié cadre dans le secteur privé : 52,6
- Le cas de la femme cadre dans le secteur privé : 61,8
- Le cas de la femme à carrière chahutée : 68,9
Cette étude montre que les taux de remplacement nets sont en chute libre par rapport à ceux indiqués dans le rapport MOREAU, en particulier sur le graphique VII de la page 31.
Une autre étude, celle du COR du 26 février 2013 « Projections de taux de remplacement pour les générations 1950 à 1990 sur la base de cas types » que l’on trouve sur http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1898.pdf
Ces 2 études concordantes montrent que les affirmations du rapport MOREAU concernant les taux de remplacement sont totalement biaisées.
Article complet sur http://www.retraites-enjeux-debats.org/spip.php?article1035