vendredi 1er mai 2009 - par Michel Santi

Sale temps pour l’Europe

L’atmosphère sociale en Allemagne est explosive, le risque d’émeutes étant à prendre au sérieux si le Gouvernement n’adoptait pas des mesures radicales. L’économie Allemande devrait en effet se contracter de 6% en 2009 et le taux du chômage atteindre le chiffre record de 4’700’000 demandeurs d’emplois d’ici 2010 dans de qui constituera les statistiques les plus mauvaises depuis 1931.

 

Pire encore : Alors que les autorités Allemandes ont très tardivement opté pour la solution de la "mauvaise Banque " censée absorber les créances toxiques afin de stabiliser le système financier, le cauchemar risque de continuer - voire de s’amplifier - car un second tsunami secouera très probablement les Banques Allemandes. Après avoir dû affronter des pertes colossales du fait des titrisations subprimes, elles devront dans un très proche avenir en encaisser d’autres sur le marché de la dette traditionnelle.

Un "stress test" mondial englobant 17 institutions bancaires à travers le monde a effectivement dévoilé que les établissements Européens se trouvaient toujours dans une zone de fortes turbulences. Au demeurant, les réserves d’établissements comme le Crédit Agricole, Royal Bank of Scottland mais surtout de la Deutsche Bank se situent très nettement en-deçà des réserves de Banques Américaines comme Citigroup ou JP Morgan. De fait, tandis que les Américains ont au moins eu le bon sens de réagir face à la crise en y mettant les grands moyens, les Européens velléitaires doivent faire face à la fois à leur exposition vis-à-vis de la chute des prix de l’immobilier aux Etats-Unis et à l’implosion annoncée des pays de l’Est Européen et de l’Espagne...

En réalité, la quasi totalité des Banques Espagnoles étant virtuellement en faillite, leur Gouvernement devra tôt ou tard passer à la caisse afin de les sauver de la banqueroute, le reste des établissements bancaires Européens étant à peine mieux lotis car, selon le F.M.I., ils auraient à ce jour provisionné seulement 17% des créances douteuses, soit 154 milliards de dollars sur les 900 estimés ! Les réactions rapides et énergiques des Banques Américaines ont certes donné un temps l’impression que leurs consoeurs Européennes étaient plus confortables mais le fait est que les institutions US ont provisionné à ce jour 510 milliards de dollars de créances douteuses, soit 48% du montant global estimé. Les établissements Anglo-Saxons ayant été fortement investis dans les titrisations subprimes et autres instruments liés au crédit, ils ont en effet été contraints - pour survivre et sous la pression - de réagir en ré évaluant progressivement ces papiers valeurs selon les prix du marché.

Très clairement, l’Europe risque de subir le même cataclysme que le Japon des années 90 où la reprise de la croissance avait été sempiternellement ajournée du fait de Banques ayant caché leurs pertes. Le marché immobilier US, un marché du crédit extrêmement fragilisé combinés à un très haut niveau d’endettement de ses entreprises constituent autant de démons que l’Europe se doit d’exorciser urgemment, le prochain déluge risquant de s’abattre elle étant un défaut de paiement massif sur prêts traditionnels survenant systématiquement en bout du cycle de crise, en guise de coup de grâce...

Dans un tel contexte dramatique accentué par une récession féroce, un certain nombre d’Etats Européens ont de plus en plus de mal à financer leur endettement et à assurer leur train de vie. Impossible en effet de faire fonctionner la planche à billets ou de procéder à des dévaluations compétitives, tout aussi impossible ( pour l’Europe de l’Est ) de trouver des âmes charitables désireuses de souscrire à des emprunts d’Etat...tant et si bien que des rumeurs insistantes et dignes de confiance font état de certains pays Européens qui souscrivent eux-mêmes à leurs propres émissions afin de faire illusion ! Ainsi, selon la Commerzbank, chaque émission de Bons d’Etats Européens est une "aventure risquée" pour le pays émetteur.

Il semblerait que l’Europe soit à l’orée du plus grand mouvement de restructurations et de faillites depuis 1934. Dans un contexte de déni pathétique. 
 


12 réactions


  • herbe herbe 1er mai 2009 22:16

    Deni ou comment bien faire l’autruche !

    Il faut aussi garder en tête la théorie du cygne noir...

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_cygne_noir


  • John Lloyds John Lloyds 2 mai 2009 00:15

    Tout cela au moment où une pandémie s’installe. Quel concours de circonstances ! 


    • plancherDesVaches 2 mai 2009 19:52

      Indépendamment de cela, John.

      Mr Santi, dans cet article, ne cite aucune source vérifiable, ne tient pas compte de la situation du Royaume-Uni, bien pire car non protégée par l’inertie de l’Euro.....

      EST-CE sérieux... ????????????????????


  • Internaute Internaute 2 mai 2009 09:47

    Il faut surtout mettre en faillite les banques et faire supporter les pertes par les créanciers. Ce n’est tout de même pas au petit peuple de supporter les pertes d’investisseurs qui ont misé sur le mauvais cheval. Il y aura de la casse, par exemple les assurances qui ne pourront plus payer les dégâts aux particuliers, mais au moins elle sera répartie. Au lieu de cela la modification des règles comptables pour masquer les pertes des banques les met en bénéfice grâce à des récupérations de provision et les dirigeant encaissent denouveau des bonus millionaires, basés sur du vent.

    Quand au stress test, là encore on est entrain de gruger tout le monde. Les commissaires aux comptes reçoivent chaque année des dizaines de millions d’euros (30 dans le cas de la BNP) pour auditer les comtpes des banques avec comme seul objectif d’en vérifier la véracité afin de défendre les intérêts des actionnaires. Pourquoi donc faudrait-il maintenant faire une étude supplémentaire des bilans des banques ? Si c’est le cas, que Price-WaterHouse, Peat-Marwick et les autres soient trainés devant les tribunaux pour incompétence, malversation, faux en écriture et abus de confiance. On ne va quand-même pas payer deux fois la même chose ?

    A notre niveau, le seul moyen de résister au plumage collectif est de voter contre les députés jusqu’à ce qu’ils nous proposent une politique honnête.


    • EXPAT456 4 mai 2009 16:23

      Vous dites : « Il faut surtout mettre en faillite les banques et faire supporter les pertes par les créanciers. »
      Voici un discours un peu hatif !
      1- Faillite de banque = panique generalisee (cf. Lehman Brothers)
      2- Les créanciers sont les déposants des banques (vous et moi ...)

      Je pense que vous confondez créanciers et « actionnaires », qui eux pourraient bien etre spollies de leurs investissements en cas de nationalisation ...


  • Fergus fergus 2 mai 2009 11:58

    Excellent et... inquiétant article.

    Il semble pourtant exact que les banques européennes continuent, parfois avec la complicité plus ou moins volontaire des gouvernements (France par exemple), de masquer leurs actifs toxiques, tout ce beau monde crisant les doigts dans l’espoir d’un illusoire salut.

    Illsuoire car, comme l’a souligné l’auteur, les émeutes menacent (et pas seulement en Allemagne). L’automne risque à cet égard d’être chaud car c’est à ce moment que nous entrerons véritablement dans le dur des dépô^ts de bilan et de la crise sociale...


  • patroc 2 mai 2009 15:52

     Article efficace !.. Certains pensent que la monnaie américaine, dans sa chute brutale, va obliger l’hyperinflation mondiale entraînant une crise définitive et la ruine de tous les pays.. Bref, le pire est à venir.. Qu’en pensez-vous ?..


    • Michel Santi Michel Santi 2 mai 2009 16:06

      Qu’est-ce qui vous faire dire que le dollar va s’effondrer ? Personnellement, je le vois baisser à court terme seulement et pas très substantiellement.


  • Kobayachi Kobayachi 2 mai 2009 18:39

    Merci, à l’auteur.
    Cependant, vous auriez pu nous communiquer vos source ou quelques chiffres pour cet info.
    Nous nous rappelons tous des rumeurs largement éxageré sur les pertes énormes des banques européenne sur leur investissement dans les pays de l’est avant les sommet du G20 (qui ne fut que simple tactique de destabilisation).
    j’ais fait quelques recherche, et je n’est rien trouver pour confirmer vos propos.
    Essayez vous de lancer une nouvelle rumeur ? pouvez vous nous éclairer sur vos sources ?


  • EXPAT456 4 mai 2009 16:34

    Tout a fait d’accord avec Mr Santi sur la question des pays de l’est europeen.
    Ils sont au bord de l’explosion sous le triple effet de retraits massifs d’investissements etrangers (on parle de 300 milliards d’euros T1 2009) , de leur endettement en devises (alors que les monnaies locales se devaluent) et de la situation des banques qui portent un volume d’actifs sans valeur tel que leur faillite ou leur nationalisation est ineluctable.
    Les PECO sont une veritable bombe a retardement et leur explosion entrainera des dommages collateraux terribles, en particulier pour les banques d’europe de l’ouest, actionnaires et preteurs en dernier ressort ...


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