mardi 5 mai 2009 - par Didier Cozin

Sociétés cigales ou entreprises fourmis

Notre pays est confronté depuis des années à des tensions et forces contradictoires. D’un côté l’inertie et l’attentisme d’une société encore marquée par ses origines rurales et qui aime à laisser « du temps au temps » et de l’autre une économie globalisée, nerveuse et rapide qui exige d’excellents reflex et des prises de décision rapide et expertes.

Il en est ainsi de la formation professionnelle. Si la nécessité de déployer largement la formation pour tous les travailleurs (qui doivent assumer leur entrée dans la société de la connaissance et de l’information) fait consensus (partenaires sociaux, pouvoirs publics, professionnels de la formation), cette entrée dès lors qu’il faut la rendre effective et assurer le réel déploiement d’une politique formation bienveillante et généralisée, cette volonté pose problème à toutes les organisations (entreprises comme administrations)

Déchirées entre leur volonté de préserver leurs habitudes tout en comprimant leurs coûts (la crise est là) les grandes organisations, qu’elles soient privées comme publiques, ne parviennent pas à préparer l’avenir, à investir dans les activités innovantes qui leur permettront de rebondir tout en préservant savoir faire et compétences.  Innover c’est tout à la fois investir, accepter de déployer certains budgets mais aussi arbitrer entre le court terme (forcement envahissant) et le long terme (forcement lointain). Ne plus se contenter de gérer le quotidien semble hors de force pour nombre d’organisations.

Lors des précédentes crises (et il y a une mémoire de la crise) elles avaient tendance à comprimer sur 3 postes qui étaient devenaient élastiques et pouvaient tenir lieu de soupapes :  

- La formation (car former les personnes ne se voient pas tout de suite)

- La communication (pourquoi communiquer sur quoi communiquer quant tout va mal)

- La maintenance (pourquoi prévenir alors qu’on a plus les budgets ?)

En gros on arme un paquebot mais on ne l’entretient pas, on lui retire ses moyens de communication  et on met à la barre un total débutant qui devra naviguer au mieux entre les récifs et les épaves de navires coulés (les concurrents).

Ces « économies » pouvaient sans doute être envisagées lors des crises précédentes quand il s’agissait de se mettre à l’abri, de faire le gros dos en attendant la reprise normale du cours des affaires. Mais la crise que nous vivons n’est pas conjoncturelle, elle va durablement affecter nos modes de vies, nos façons de produire, nos manières de consommer. Les organisations qui ne préparent pas ces changements (il faudra peut être oublier un siècle d’industrialisation et de modèle taylorien) ne pourront rebondir, innover et inventer les nouveaux services et produits que réclameront les marchés en 2010 ou plus tard quand la crise aura été digérée.

Maintenir coûte que coûte (et à crédit) notre statu quo économique et d’apprentissage est devenu très dangereux et il va bien falloir que nous sortions de nos conformismes afin d’aider les travailleurs à comprendre et à se reconstruire pour survivre économiquement à cette crise.

 

Didier Cozin auteur des ouvrages "histoire de DIF" et Reflex DIF publiés aux éditions Arnaud Franel



4 réactions


  • plancherDesVaches 5 mai 2009 18:25

    « nous sortions de nos conformismes afin d’aider les travailleurs à comprendre et à se reconstruire pour survivre économiquement à cette crise »

    Pardon.. ???
    Les aider à comprendre que la porte est juste à coté car il y en a 30 qui attendent dehors.. ???
    Les aider à comprendre qu’on les a bien préssurer mais que ce n’était pas assez pour faire vivre le système... ????
    Et qui doit survivre, là-dedans... ???

    Le jour où il sera valorisant d’investir son travail dans une bonne entreprise qui vous reconnait, présentez-la moi.


  • xray 5 mai 2009 18:41

     

    On court après la croissance. 
    On se garde bien d’expliquer ce qu’est véritablement cette fumeuse croissance  : 

    Multiplier la misère et les malades pour générer du PIB. 
    Quand le PIB augmente, c’est de la croissance. La croissance, c’est le pays qui s’enrichit. Quand le pays s’enrichit, c’est de l’argent pour ceux qui en ont besoins. Va sans dire, de l’argent pour les riches. Pour être pauvre, on n’a pas besoin d’argent. 

    La misère est le fondement de la société de l’argent ! 
    (Le malade, l’industrie première.) 

    HYPOCRISIE du SYSTÈME, L’emploi, et le chômage face à la productivité.
    http://echofrance36.wordpress.com/2008/10/30/hypocrisie-du-systeme/ 

    Faire courir les petites fourmis humaines le plus vite possible, le plus dans tous les sens possible et le plus … inutilement possible. 


  • thomy03 5 mai 2009 22:15

    Depuis 30 ans nos nations et nos entreprises se sont enrichies grâce à des gains de productivités considérables. Ce que nous avons réalisé en l’espace d’un quart de siècle est équivalent à ce que nous avons pu faire depuis plus de 2 siècles. Pourtant ces gains de productivité et de richesse produites n’ont jamais été équitablement redistribués.
    On a alors permis à l’ensemble de la population de s’endetter et de pouvoir continuer à consommer sans en avoir en réalité les ressources. Tout cela pour le plus grand bien de nos entreprises. Ce système tout à fait scandaleux et amoral a conduit ainsi à creuser toujours plus des inégalités sociales.
    Ainsi cette crise financière n’est que le symptôme d’un mal plus profond. Toutefois des solutions existent :
    Répartir équitablement les gains de productivité par une relance par la consommation
    Une réduction du temps de travail est envisageable grâce aux gains de productivité et le progrès technique.
    Enfin pour aller plus loin, l’établissement d’un revenu d’existence (ou de base) autre qu’un revenu lié à son activité est une solution alternative. Comment dans une société comme la notre pouvons nous laisser des individus sans ressource ? En effet le mythe du plein n’étant qu’une utopie...


  • thomy03 5 mai 2009 22:17

    le mythe du plein emploi


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