jeudi 7 avril 2011 - par Georges Kaplan

“Too Big To Fail”

Comment Oncle Sam a permit aux banques de jouer avec l’argent des autres.

L’annonce, un beau matin du 15 septembre 2008, de la faillite de Lehman Brothers – une des plus anciennes banques de Wall Street – va provoquer un véritable séisme financier et déclencher une des plus formidables pannes du système bancaire international qu’on ait jamais vu. Pourtant, les difficultés de Lehman Brothers n’avaient rien de nouveau. Comme beaucoup de firmes de Wall Street la banque dirigée par le très antipathique Richard Fuld était notoirement endettée et s’était joyeusement vautrée dans un nombre incalculable d’activités affreusement risquées et rémunératrices au regard desquelles un bête investissement dans une titrisation de crédit subprime (a.k.a. actif toxique) faisait office de stratégie de bon père de famille. Tout cela était de notoriété publique. Non, ce qu’il se passe de vraiment nouveau ce matin là et va provoquer une telle panique c’est qu’Oncle Sam n’a pas sauvé Lehman Brothers. Et ça, pour le coup, c’est vraiment nouveau.

Entendons-nous bien : quand je dis qu’Oncle Sam n’a pas sauvé Lehman, je ne vous parle pas des actionnaires de Lehman. Eux, de toute manière, ils y seraient passé et c’est bien la moindre des choses. Je vous parle des créanciers de Lehman : les gens qui ont prêté l’argent à la banque c'est-à-dire, en premier lieu, les gens qui ont déposé de l’argent sur un de ses comptes. Or, il se trouve que depuis la dernière grandes crise bancaire aux États-Unis – la crise des Saving & Loans dans les années 70 et 80 – le gouvernement fédéral n’avait jamais laissé tomber les créanciers d’une banque et avait toujours fait en sorte qu’ils récupèrent leurs billes jusqu’au dernier cent… jusqu’au matin du 15 septembre 2008. On peut conjecturer à l’infini sur les motifs de cette décision – est-ce la personnalité de Fuld, le refus de Lehman Brothers de participer au tour de table qui a permit de résoudre la crise LTCM… - après tout peu importe : le fait est que Lehman Brothers est en faillite et que beaucoup de gens vont perdre beaucoup d’argent à la plus grande surprise d’à peu près tout le monde.
 
Si la stupeur que va provoquer cette décision peut sembler étrange, c’est que vous ne savez peut être pas dans quel genre de monde nous vivons vraiment et qu’une petite analogie empruntée à l’excellent professeur Russel Roberts devrait vous éclairer sur le mécanisme subtil grâce auquel les banques, dans le monde entier, jouent avec notre argent grâce aux bons soins de nos gouvernements.
 
Alea moral autour d’une table de poker
 
Imaginez que Patrick [1], joueur de poker de vos connaissances, vienne vous emprunter de l’argent pour la partie de ce soir. Si vous êtes relativement confiant sur la santé financière et le talent de Patrick, vous accepterez probablement de lui prêter la somme dont il a besoin à un taux d’intérêt raisonnable. Mais imaginez maintenant que vous appreniez que Patrick a emprunté la même somme à dix autres personnes et, qu’en plus, il prend des risques considérables durant ses parties en bluffant comme un laquais. Vous seriez tenté de ne plus lui prêter d’argent ou, du moins, de réclamer un taux plus élevé… C’est avec votre argent que Patrick prend de tels risques après tout. Du coup, si Patrick veut continuer à vous emprunter de l’argent à un taux raisonnable, il est obligé de réduire ses mises ou de prendre moins de risques.
 
Mais maintenant, imaginons que la salle de poker soit dirigée par un très riche patron – Oncle Sam – qui, depuis des années, vient systématiquement au secours des joueurs en difficulté en honorant leurs dettes à leur place. Ça modifie votre jugement n’est-ce pas ? Même si Oncle Sam ne vous a donné aucune garantie de sauver Patrick en cas de problème, vous êtes fondé à penser qu’un prêt à Patrick est beaucoup moins risqué avec Oncle Sam dans les parages que sans lui. Ça s’appelle un “alea moral” : vous acceptez de prêter de l’argent à Patrick tout en sachant qu’il prend énormément de risques parce que vous pensez, vous êtes convaincu qu’Oncle Sam viendra éponger ses dettes si besoin est.
 
La conséquence de cet aléa moral c’est que Patrick et ses semblables peuvent jouer et gagner des sommes colossales en mettant un minimum d’argent de leurs propres poches et que c’est Oncle Sam qui est considéré par tous comme le garant du système. Remplaçons maintenant les joueurs de poker par des banques et le patron de la salle par un gouvernement et sa banque centrale et nous obtenons ce que Walter Bagehot, le premier éditorialiste de The Economist, qualifiait dès 1873 [2] comme un “arrangement malsain”.
 
L’alea moral est consubstantiel à l'existence même des banques centrales
 
Il y a, dans un premier temps, deux mécanismes intrinsèquement liés au monopole monétaire : primo, le rôle de “préteur en dernier ressort” qui garanti que, quoi qu’il arrive, une banque en difficulté pourra toujours emprunter de l’argent frais à sa banque centrale et, secundo, le fait qu’en cas de crise systémique tout le monde sait que la banque centrale inondera le système de liquidité (à tel point que le phénomène a un nom, le “Bernanke put”, du patronyme de l’actuel patron de la Fed [3]).
 
Ces deux mécanismes ont permit aux banques, qui n’étaient désormais plus contraintes par la rareté de l’épargne et bénéficiaient du soutien de la banque centrale, d’accroître massivement le volume de crédit qu’elles accordent à l’économie tout en prenant toujours plus de risques. Peu après la création de la Fed en 1913, les faillites bancaires se multiplient à tel point qu’en 1934, le gouvernement fédéral créé le Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) pour garantir les dépôts des clients des banques américaines... et renforce encore un peu l’aléa moral qui permet aux banques de grossir encore.
 
Aux fil des années, l’industrie bancaire américaine prend de telles proportions que quand la crise des Saving & Loans frappe au cours des années 70 et 80, les banques sont si gigantesques qu’elles deviennent - dans l’esprit de tout le monde à commencer par Oncle Sam - “Too Big To Fail”. On est alors dans un situation où la faillite d’une banque aurait de telles conséquences qu’elle en devient tout simplement politiquement inacceptable. Le gouvernement fédéral, à partir de cette époque, honorera donc les dettes de toutes les banques défaillantes. Toutes, sauf Lehman Brothers.
 
Cet arrangement malsain va permettre au gouvernement fédéral d’instrumentaliser à loisir l’industrie bancaire américaine pour mettre en oeuvre sa politique monétaire et pousser le peuple étasunien à s’endetter toujours plus pour “soutenir la croissance”. Les banquiers, qui jouent désormais non seulement avec l’argent de leurs actionnaires mais aussi celui des contribuables, vont gagner des fortunes indécentes : une étude publiée récemment [4] estime à quelques 2.6 milliards de dollars les sommes empochées par les dirigeants des 14 principales firmes de Wall Street entre 2000 et 2008.
 
Cet arrangement malsain était connu de tous et - en premier lieu - du gouvernement fédéral qui en était l’instigateur et l’architecte. Quand, ce beau matin du 15 septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite, c’est cette première fissure de l’édifice qui entraîne une panique bancaire mondiale et la récession qui suivra. Depuis, la Fed a injecté des milliards de dollars pour recapitaliser l’industrie bancaire, le FDIC a sauvé 336 banques à l’heure où j’écris ces lignes et le gouvernement fédéral à dûment sauvé toutes les autres firmes de Wall Street en difficulté. 

---
[1] par exemple...
[2] dans son Lombard Street.
[3] Autrefois le “Greenspan put”, du nom de son prédécesseur.
[4] “Bank Executive Compensation And Capital Requirements Reform” de Sanjai Bhagat et Brian Bolton


20 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 7 avril 2011 09:44

    Nous ne pouvons pas continuer à transférer la richesse de la nation à ceux qui sont au sommet de la pyramide économique - ce que nous avons fait depuis environ trente ans - tout en espérant qu’un jour, peut-être, les avantages de ce transfert se manifesteront sous la forme d’emplois stables et d’une amélioration des conditions de vie de millions de familles qui luttent pour y arriver chaque jour.....
    http://2ccr.unblog.fr/2010/10/20/les-riches-nous-coutent-trop-cher/


    • Kalki Kalki 7 avril 2011 10:07

      Le comment ce n’est pas marrant, ca serait comme dire que le système est une machie qui roule out seule, qu’il n’y a pas de dirigeant d’oligarque....

      Non le POURQUOI

      Le mobile

      ...

      Pourquoi : un crash en 1929 pour un micro empire ( les usa avec ses oligarques ) derrière l’allemagne, et la france

      fais un crash dans un système qui était déjà mondialisé

      ...

      Pourquoi finance t’on hitler et son parti ( les anglais, et les américains ? ), ou des économistes pourri en france ?


    • Kalki Kalki 7 avril 2011 10:12

      Parceque l’économie est un moyen pas une fin

      L’économie est le pouvoir

      jusqu’a ce qu’on ( ou plutot ils : car vous ne faites pas partie du pouvoir ) passe a l’après économie


  • Ferdinand_Pecora 7 avril 2011 09:45

    Comme le cite François Morin, professeur d’Economie à Toulouse, dans son dernier livre « Un monde sans Wall Street », c’est Jacques Cheminade qui a vu juste depuis le début en promouvant la réinstauration du standard Glass-Steagall pour en finir avec les « Too Big To Fail ».

    A propos du Rapport Angelides


    • robin 7 avril 2011 10:02

      Et qui d’après vous va se charger de réinstaurer le Glass - Steagall" ?

      - des élites politico-économico-médiatiques pourries jusqu’à la moelle par les banksters ?

      - les banksters eux mêmes ? n’y pensons même pas,

      - les peuples déboussolés, abrutis sous les conditionnements et sous les ennuis créés artificiellement par les 2 premiers ? HA HA HA !!!


    • Ferdinand_Pecora 7 avril 2011 10:22

      @ Robin

      Jamais un cartésien ne pourra gagner cette guerre.

      Ceux qui dans le monde font progresser le processus qui mènera au Glass-Steagall, ont une action que les intérêts impérialistes que vous dénoncez à juste titre forcent à être indirecte, discrète, à s’appuyer sur le potentiel de situation et à induire des "transformations silencieuses« , sans éclat ni même événement.

      La réalité n’est pas dans les faits, mais dans les processus qui les font naître. Après, faut agir, pas seulement se plaindre ni vouloir un »résultat visible et immédiat", comme notre culture nous y a habitués.


  • robin 7 avril 2011 10:00

    « Aléa moral »....MDR !

    La morale renvoie à l’humanité, et même à ce qu’il y a de plus noble dans l’humanité, qui a dit que les banquiers étaient des êtres humains ? Ils en ont l’apparence à beaucoup de points de vue mais ça s’arrête là.


  • Alpo47 Alpo47 7 avril 2011 10:23

    Ce que l’on appelle de manière plus synthétique : Privatiser les profits et mutualiser les pertes.

    Et c’est une des plus grandes tromperies et ignominies du capitalo-libéralisme. Les peuples ne sont pas encore totalement et complètement conscients ce processus. Ils n’en ont pas saisi toutes les implications : Ils seront TOUJOURS bernés, réduits en esclavage si nécessaire pour permettre à une « élite » de rester en place.

    Mais, de plus en plus d’yeux s’ouvrent ... la suite, vite ...


  • Aldous Romios 7 avril 2011 12:35

    Article très clair et didactique qui me rappelles le propos du film d’Oliver Stone « Wall Street » en ce qu’il n’égratigne que la surface du système.

    Or depuis la crise de 2008 déclenchée par la faillite de Lehmann Brothers une faille bien plus grave fait ressortir la faiblesse ultime du montage.

    C’est le syndrome : « Too Big To Rescue ».

    En effet les actions urgentes sans précédent historiques décidées par les puissances publiques occidentales auraient dues soulever des interrogations sur la capacité des états, déjà en crise, à prendre en charge des renflouement aussi colossaux ou, s’il y parviennent, à recommencer un tel renflouement à l’avenir si une nouvelle défaillance d’un « Too Big To Fail » se reproduit.

    Une telle éventualité n’a jamais été envisagée, tout le monde, politiques et experts, s’accordant pour faire l’autruche et avaler sans aucun esprit critique la fable gentillette d’un monde financier « assaini » par les discours et les mesurettes accompagnant le renflouement de ce Titanic financier.

    Depuis, le buisness financier a repris « as usual » cependant que les voyants des dettes souveraines passent tous au rouge des deux cotés de l’atlantique.

    Les USA ne trouvent plus preneurs pour leurs bons du trésor et en sont réduis à multiplier les Quantitative Easing ce qui signifie que l’Oncle Sam n’est plus en mesure de jouer le rôle de garant ultimes en cas de nouvelle secousse financière.

    Il est intéressant de noter que les USA ont proclamé il y a presque 10 ans l’état d’urgence (National Emergencies Act signépar G. W. Bush le 14 septembre 2001 et prolongé depuis par Obama).

    Que l’état d’urgence a activé des dispositions permettant a certains organes d’état (Renseignement, Armée, FEMA) deprendre le controle de la puissance publique en cas de crise naturelle, terroriste, sanitaire ou... économique.

    Ce dernier point devrait tout de meme alerter les esprits.

    Pourquoi une crise économique devrait elle etre gérée par le pentagone ?

    En quoi les militaires serait-ils plus qualifiés que le congrès et l’executif pour contrer une attaque sur le dollar ou un cessation de payement de la part de l’état fédéral ?

    Il faut lire les décréts présidentiels qui définissent ce que l’agence fédérale de gestion des crises (FEMA) est autorisée à faire pour le comprendre.

    Ces décrets s’appelent des « executive orders » et ont commencé à étre signés par Richard Nixon, puis par Carter, Reagan et enfin Bush père & fils sous l’inspiration de l’inoxydable Kissinger et de son équipe (Sheney, Rumsfeld...)

    La liste en est interminable mais en voici quelques exemples édifiants :

    EO 10990 autorise le gouvernement à prendre le controle de toutes les infrastructures de transports des autoroutes et des ports.

    EO 10995 autorise le gouvernement à saisir et prendre le controle des medias de communication. (les TV et radios sont obligée d’étre équipées d’un systeme de prise de controle à distance permettant la difusion des messages gouvernementaux)

    EO 10997 autorise le gouvernement à prendre le controle de toutes les centrales electriques, de l’essence, du pétrole, du gas, et des minerais.

    EO10998 autorise le gouvernement à prendre le controle de tous les moyens de transports, y compris véhicules personnels, camions.

    EO 10999 autorise le gouvernement à saisir la nourriture et les fermes.

    EO 11000 autorise le gouvernement à mobiliser les civils en brigades de travail sous son controle.

    EO 11001 autorise le gouvernement à prendre le controle des fonctions de santé, d’éducation et de salubrité.

    EO 11002 designe un « Postmaster General » chargé de procéder l’enregistrement national de tous les individus.

    EO 11004 Autorise la « Housing and Finance Authority » à déplacer des communautés, constrire des batiments, designer des zones devant étre évacuées par la population et désiger les nouveles zones d’établissement des populations.

    EO 11051 met en responssabilité l’Office of Emergency Planning pour le déclanchement et l’application des Executive Orders en temps de tension internationale accrue et de crise economique ou financiaire.

    EO 11921 Autorise la Federal Emergency Preparedness Agency à développer des plans pour prendre le controle de tous les moyens de production, de distribution, de production d’energie, de réminération, de salaires, de crédits, et de liquidités dans les institutions financières en cas d’urgence nationale indeterminée. Autorise le President à déclarer l’état d’urgence, Retire au congrès la possibilité de révoquer l’état d’urgence au bout de six mois. Donne les pleins pouvoirs à la Federal Emergency Management Agency (FEMA).

    Il faut avoir à l’esprit que ca situation d’état d’urgence n’est pas une hypothèse.

    C’est le mode de fonctionnement des USA depuis 10 ans déjà.

    Le Congrès n’y peut rien car l’EO 11921 l met hors jeu. Autant dire que la constitution est supendue.

    Tout ce qui reste pour que les plans mis en place par l’Office of Emergency Planning est expliqué dans l’EO 11051 :

    Une tension internationale accrue en conjonction avec une crise economique ou financiaire.

    La tention sur le $ va entrer dans un phase de crise cet été avec le Quantitative Easing 3 que prépare la FED.

    Si le $ dévisse et que la Chine, la Russie et l’Inde ne sont pas d’accord pour la mise en place d’une nouvelle monnaie mondiale les excluant (et la Chine a déjà dit non), les conditions de l’EO 1151 seront réunies et l’Emergency Planning sera déclanché sousl’autorité de la FEAM c’est à dire des militaires.
     


    • Leo Le Sage 8 avril 2011 18:05

      Par Romios (xxx.xxx.xxx.209) 7 avril 12:35
      0/ « Wall Street » très bon film dans le genre.

      1/
      "Les USA ne trouvent plus preneurs pour leurs bons du trésor et en sont réduis à multiplier les Quantitative Easing ce qui signifie que l’Oncle Sam n’est plus en mesure de jouer le rôle de garant ultimes en cas de nouvelle secousse financière"
      Je ne pense pas que l’affirmation les USA ne trouvent plus preneur soit tout à fait exact.
      Les USA trouveront toujours preneur bien plus que l’Europe.
      Ils ont moins de demandeur je veux bien.

      Non, le problème des USA c’est que la Chine a tellement acheté de bons américains que cela aura un impact négatif sur le long terme.

      Les chinois ont très bien compris que vendre aux USA sera de plus en plus difficile...
      Donc ils essayent de développer le marché intérieur chinois...

      Les USA ont compris que racheter les dettes notamment ceux détenues par la Chine est important.
      Donc, on fait descendre la valeur du dollar pour faciliter le remboursement des dettes libellées en dollar !
      Les Américains ont été encore plus intelligents puisqu’ils se sont empressés de racheter leur dettes, il paraît.
      C’est une pratique courante d’entreprises qui veut être crédible devant les futurs investisseurs/prêteurs.

      Le vrai perdant c’est l’Europe car les USA entretemps font monter indirectement le prix du pétrole...
      Imaginez que le dollar remonte brusquement ?

      Si j’étais à la place des USA je ne remonterais pas le dollar tant que le pays a des dettes trop importantes...


  • robin 7 avril 2011 13:28
    “Too Big To Fail”

    C’est la formule magique inventée par les banksters pour continuer à justifier la tonte des moutons que nous sommes....lol !

  • Jean Lasson 7 avril 2011 13:35

    L’abandon de Lehman Brothers, avec la peur qui s’en est suivie, a permis de faire passer comme une lettre à la poste le sauvetage de toutes les autres banques aux frais des contribuables.

    De plus, les vrais maîtres du jeu, Goldman Sachs et JP Morgan, se sont ainsi débarrassés d’un concurrent.
     


    • Leo Le Sage 8 avril 2011 18:04

      Par Jean Lasson (xxx.xxx.xxx.163) 7 avril 13:35
      « L’abandon de Lehman Brothers, avec la peur qui s’en est suivie, a permis de faire passer comme une lettre à la poste le sauvetage de toutes les autres banques aux frais des contribuables. »
      Aux USA ils savent même inventer la vérité donc je ne suis pas aussi catégorique que vous.
      Si ma mémoire est bonne il y a eu d’autres faillites retentissantes mais ils n’ont pas bougé le moindre petit doigt.
      Ils savaient que la faillite aurait lieu que le sauvetage aurait lieu et beaucoup d’américains ont quand même compris cela.
      Ils attendaient que Lehmans tombe et seulement après ils sont venus à la rescousse des autres.


  • tchoo 7 avril 2011 14:15

    Oncle Sam n’a pas sauvé Lehmman Brother, mais a sauver les autres
    Oncle Nico a fait de même
    et qui dire des banques françaises (et autres) qui prêtent de l’argent (qu’elles fabriquent) à la Grèce à des taux usuraires, sachant qu’elles enfoncent encore plus le pays dans la misère !
    Elles savent juste qu’il a toujours de la laine à se faire sur le dos des moutons de contribuables !


  • Ferdinand_Pecora 7 avril 2011 14:22
    Après Angelides, Barofsky condamne le renflouement

    Dans une tribune intitulée « Là où le renflouement a foiré » publiée dans le New York Times du 29 mars, l’inspecteur général du plan de renflouement américain TARP Neil Barofsky [*], constate l’échec patent de la politique publique de sauvetage de Wall Street et des banques européennes. Barofsky rejoint ainsi les rangs de ces gens du système, à l’image de Phil Angelides aux Etats-Unis ou Jean Paul Delevoye en france, fustigeant un système condamné.

    Le texte de Barofsky met en accusation le secrétaire au Trésor Tim Geithner et l’administration Obama. Si, à l’image de George W. Bush Jr. sur la Guerre en Irak, « le gouvernement [Obama] a déclaré sa mission accomplie (…) j’ai le regret de dire que je ne suis pas d’accord » . Le renflouement n’a fait que profiter aux banques géantes « qui jouissent désormais de bénéfices records et d’un avantage compétitif qui semble permanent pour celles que l’on considère ’trop grosses pour faire faillite’ ». De surcroît, le plan TARP a failli dans tous ses objectifs envers la population – « Main Street » – alors que ces mesures avaient permis son adoption par le Congrès.

    « L’emphase du projet de loi sur le sauvetage des propriétaires de logement fut particulièrement vital pour son adoption. On a dit au Congrès que le TARP servirait à acheter 700 milliards de dollars d’hypothèques, et pour obtenir les votes nécessaires, le Trésor a promis qu’il modifierait ces hypothèques pour aider les propriétaires en difficulté. En effet, la loi mandate expressément le département du Trésor pour faire cela. Mais il n’a fait que bien peu pour se conformer à ce compromis législatif. Quasi-immédiatement, tel que permis par le langage vague de la loi, le plan du Trésor est passé du rachat d’hypothèques à l’infusion de centaines de milliards de dollars dans les grands établissements financiers du pays ; ce changement a été opéré en promettant expressément que cela permettrait de rétablir le crédit.

    « Cependant, le Trésor a versé l’argent aux banques sans politique effective ou de volonté pour les obliger à prêter de nouveau. Il n’y avait aucune contrainte : pas de condition ou d’incitation à accroître les prêts aux acquéreurs de logement, et même, contre nos propres recommandations, pas d’exigence que les banques rendent compte de leur utilisation des fonds du TARP. Ce n’est qu’en avril 2010, en réponse à nos recommandations, que le Trésor a demandé aux banques de fournir ces informations, bien après que les principales banques aient remboursé leurs emprunts. Il n’est donc pas surprenant que le crédit n’ait pas repris et même poursuivi son déclin pendant la reprise.

    « Dans le même temps, l’objectif d’aider les propriétaires de logement en difficulté a été suspendu jusqu’en février 2009, au lancement du Home Affordable Modification Program qui devait aider 4 millions de familles a rééchelonner leurs hypothèques. Ce programme s’est avéré un échec colossal puisque le déjà faible nombre de modifications permanentes (540 000) a été moindre que celles ayant raté ou été annulées (plus de 800 000). C’est le bilan souvent évoqué d’un programme lancé en toute hâte, dont les défaillances tiennent à sa conception, (…) et du refus de tenir pour responsables les fournisseurs d’hypothèques aux performances abyssales pour leur indifférence vis-à-vis des directives du plan. Alors que le programme piétine, les saisies immobilières poursuivent leur ascension avec une prévision de 8 à 13 millions de dossiers sur la durée de vie du TARP.

    « Le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, a reconnu que le programme ne remplirait pas, et de loin, ses objectifs initiaux (…) mais ses représentants refusent toujours d’agir sur ces insuffisances. Au lieu de cela, ils continuent de soutenir avec entêtement que le plan est un succès et qu’aucun changement n’est nécessaire, assurant ainsi que les engagements envers Main Street ne seront pas honorés.

    « Au final, on avait assuré au pays que la réforme de la régulation se concentrerait sur la menace que pose à notre système financier ces grandes banques qui jouissent d’une garantie effective du gouvernement, quelle que soit la dangerosité de leur comportement. Cette promesse aussi semble s’être envolée. Les plus grosses banques sont 20% plus grandes qu’avant la crise et exercent un contrôle sur une part sans précédent de notre économie. Elles supposent raisonnablement que le gouvernement leur viendra à nouveau en aide si besoin. En effet, les agences de notation incorporent les futures renflouements publics dans leurs évaluations des grosses banques, éxagérant ainsi les distorsions du marché qui leur donne un avantage injuste sur les établissements plus modestes qui continuent à se battre pour leur survie.

    « Pire, le Trésor a apparemment décidé d’ignorer plutôt que de soutenir les efforts réels de réforme, tel que ceux fournis par Sheila Bair, la présidente de l’Agence fédérale de garantie des dépôts (FDIC), en vue de rétrécir les établissements financiers les plus complexes. »

    Cette politique, c’est le Glass-Steagall de Franklin Roosevelt dont la réinstauration équivaudrait à une mise en liquidation judiciaire des spéculateurs. Les responsables politiques qui ne le comprennent pas, ou pire, qui ne le veulent pas, contribuent à nous précipiter dans le mur. Machine arrière toute !


  • rastapopulo rastapopulo 7 avril 2011 17:32

    C’est pas l’honnêté intellectuelle qui étouffe l’auteur...

    En bon anti-nation primaire, il passe sous silence que certains politiques ont toujours été contre les banques de risque universelles et non à géométrie variable comme ceux qui maintenant font la moral aux états sans parler de la dérégulation anglosaxonne qui a contaminé l’UE !!!!

    Ne même pas citer Roosevelt, son Glass Steagall, son procés contre Morgan,... adopté par la moitié de l’Europe qui vivra les 30 glorieuses avec une finance muselé (accesoirement Roosevelt empêchera aussi un coup d’état facsiste en 1935 alors que des associés des banques avait visités l’Europe et Morgan finançait déjà Mussolini, je le vous rappele puisque tout les média en parlent).

    Rigolo comme c’est gens traînaient dans la boue ceux (Cheminade, Larouche,...) qui prévenaient d’un cancer financier depuis des dizaines d’année, allant jusqu’à les traiter d’antisémite pour oser critiquer les banques de risques universelles alors que c’est elles qui avaient déjà provoqué 29 !!!

    Mais non faut absolument éviter de reconnaître ses tord et servir une analyse qui omet ses propres contradictions.

    Vive les anti-nations qui reconnaissent qu’ils ont tord sur certains points. Les autres comme les nationalistes primaires ou les communistes primaires ne servent à rien.


  • Leo Le Sage 7 avril 2011 18:59

    Juste pour le titre :
    En effet, les plus grosses on tente de les sauver, mais par contre pour la Lehmans, Paulson, son concurrent voulait le couler...


  • Popov Popov 7 avril 2011 20:49

    On recule pour mieux sauter en ce moment,

    47% de la dépense au budget de la France va directement dans la poche de ses créanciers !

    FMI et Fonds européens (alimentes entre autres.. par des etats qui s’endettent pour payer leurs dettes...) font des prêts aux autres états encore plus endettes. Eux sont aussi too big too fail, et ou va les interets des dettes ? aux banksters en dernier ressort et oui, ces fonds sont finances par les états qui sont finances par les marches..... pfff (c’est vrai le travailleur chinois et les pays pétroliers non seulement me donne mon ordinateur mais en plus me financent )

    Quand va t on séparer les banques nécessaire au commun des mortels et aux entreprises bases sur l’épargne et l’emprunt des banques de marches (collusion de tous les systemes y compris des agences de notations) ? Meme les banques communale creees par nos grands grands parents sont sur les marches... natixis etc... Meme le credit cooperatif appartient au groupe BPCE... Tout pourrit de plus en plus, meme Obama n’a pas reussi a faire changer Wall Street, rien n’a change depuis 2008, c’est meme pire, a la fois plus de liquidite et plus de dettes,
    Le marche n’a pas de conscience OK c’est connu mais il n’a pas non plus d’instinct de survie, il faut reguler tout cela et commencer par proteger nos epargnes de ces truands qui s’en servent pour asservir non seulement le monde du travail hier et aujourd’hui mais maintenant les etats et leur redistribution dans le collectif et le social. Le capitalisme cupide actuel se tue de lui même devant tout les yeux de tous, ouvrons les. Sinon il n’y a qu’a espérer que la tempête qui emportera le système nous laisse assez de brique pour reconstruire.

    Hier too big too fail aujourd’hui, too big to not pat Bonus en 2 ans ?? ou est le Hic ??

    Ce n’est plus une finance adapte a nos besoins, prenons les choses en main et changeons cela, que proposez vous pour adapter le système a nos besoins ? 2012 c’est bientôt, proposez et imposez par vos votes.


  • Popov Popov 7 avril 2011 22:34

    euh pardon je change :
    FMI et Fonds européens (alimentes entre autres.. par des etats qui s’endettent pour payer leurs dettes...)

    07/04/11 ! 22h :  !!!!!!!!
    WASHINGTON (AFP) - Le Fonds monétaire international a demandé à ses Etats membres d’examiner la possibilité qu’il emprunte directement sur les marchés financiers en cas de crise aiguë, selon un document présenté au conseil d’administration qu’il a publié jeudi.


  • Leo Le Sage 8 avril 2011 18:03

    @Georges Kaplan

    J’ai aimé l’allusion au joueur de poker : en fait c’était presque du poker ! smiley

    J’ai peut-être mal lu, il faut dire que ce sujet nécessite un peu de réflexion notamment parce qu’il concerne la finance internationale et pas seulement les USA.
    Comme je l’ai dit, Paulson ne voulait pas suaver la Lehmans Brothers parce que c’est un concurrent direct de City Group, sa banque.

    Vous dites qu’en gros, les banques pouvaient se permettre d’augmenter les crédit à souhait.
    Les ratios prudentielles ne permettent pas d’aller si loin.

    Pour pouvoir faire crédit il faut quand même un minimum de règles, notamment que le client consente avec un minimum de garanties...
    Le problème c’est que la banque peut très bien donner des garanties bidons, ce qui en pratique va l’autoriser à faire le prêt.

    Je n’ai pas vérifié les informations mais si je ne me trompe pas les « sub primes » ont pu exister parce qu’on considérait que l’emprunteur même difficilement solvable pourrait peut-être un jour se renflouer.
    Son salaire est une garantie, certe partielle, mais suffisante...

    Donc au final, je doute qu’une banque puisse emprunter indéfiniment, même avec la bénédiction d’un Président américain. smiley
    Cependant, les banques savaient que s’il prenaient des risques l’état va venir à leur rescousse, sauf pour la banque Lehmans qui a toujours eu des relations plus que difficiles avec Paulson...

    Sur ce plan là je vous donne raison... smiley


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