mercredi 14 décembre 2011 - par scripta manent

« Tous les économistes sérieux vous le diront... »

Afin de sanctionner comme il se doit la performance médiatique des inconditionnels du libre-échange, nous proposons la création d’un prix Diafoirus (section « économie »), avec remise symbolique et graduée d’un clystère d’étain, d’argent ou d’or.

« Seul le libre-échange est crédible. Le protectionnisme est ringard, illusoire et dépassé ». Tel est le message que nous serine la majorité des « experts » auxquels les médias confient le soin d’éclairer de leurs lumières les ténèbres économiques dans lesquelles nous tâtonnons depuis maintenant de longs mois.

Et beaucoup d’entre eux portent l’estocade en ajoutant « Tous les économistes sérieux vous le diront ».

On ne sait pas très bien qui sont ces économistes sérieux. On aimerait que l’on nous expose la méthodologie de recensement de cette corporation. On pressent cependant qu’un économiste sérieux, ce doit être quelqu’un qui professe les mêmes opinions que nos experts.

Pourquoi ces « experts » battent-ils ainsi le rappel d’une cohorte d’alliés, à la fois anonyme et douteuse ? Serait-ce qu’ils ne se sentent pas de taille à soutenir à eux seuls un édifice de pensée dont ils pressentiraient les failles ?

D’ailleurs, certains n’osent pas le « tous » et se replient sur un « 80 % des économistes sérieux … », ou quelque chose d’approchant. Ceux qui renoncent ainsi à la vérité absolue, incontestable et universelle filent un mauvais coton car 80 % d’un dogme, cela ne fait plus un dogme.

De façon générale cependant, rien n’attaque leur moral. Les crises à répétition, la dissipation du mirage de l’autorégulation n’entament pas chez eux une conviction que l’on sent plus de l’ordre de la foi que de la raison.

Certains concèdent que quelques réformes pourraient être nécessaires afin de calmer un peu le sabbat financier et d’éviter qu’une surpression du chaudron mette fin à la fête. A ces timorés, on préférera les jusqu’au-boutistes, qui sont beaucoup plus réjouissants. Ceux-là en redemandent : si cela n’a pas marché, c’est parce qu’il y encore trop de régulation. C’est l’Etat, ce fâcheux, cet empêcheur de tourner en rond, qui est encore trop présent, cette vieille lune de « Res publica » qui s’obstine à jeter des rayons. La condescendance est un de leurs attributs : ils sourient gentiment lorsqu’un contradicteur se présente et lui font comprendre que l’on est … entre gens sérieux, qui se font un devoir de prêcher la rigueur et l’expiation aux masses laborieuses.

La vérité est que ces Diafoirus, aussi pétris de certitudes et arrogants soient-ils, se trompent de diagnostic et de remède. 

Leur credo sur les vertus du libre-échange relève de la propagande.

Pour leur répondre, nous pourrions user de leur procédé et nous contenter de soutenir une opinion contraire, en revendiquant le support de quelques économistes (sérieux s’il est possible).

Laissons plutôt parler les faits, qui sont têtus.

Depuis le début de l’ère industrielle, les périodes de protectionnisme ont été la règle et le libre-échange l’exception, selon une proportion de l’ordre de 80 % / 20 %. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale, que l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (« GATT »), signé en octobre 1947 par 23 pays, a ouvert une série de cycles de négociation visant à réduire méthodiquement les droits de douane et autres obstacles au commerce. Cependant, pendant les « 30 glorieuses », soit jusque dans les années 70, la plupart des pays ont maintenu un contrôle des mouvements de marchandises et de capitaux. La France quant à elle a traversé cette période dans le cadre d’une économie « mixte », encadrée et planifiée par l’Etat. C’est à l’issue du dernier cycle de négociation (« Uruguay Round »), soit en 1994 que le libre-échange a été étendu à la quasi-totalité des activités commerciales et financières et adopté par la majorité des pays.

Que constate-t-on ? Nous nous contenterons de quelques chiffres relatifs à la croissance, non qu’ils suffisent à qualifier l’évolution de nos sociétés mais parce cet indicateur est constamment mis en avant par les propagandistes du libre-échange.

Les périodes de protectionnisme n’ont pas empêché un développement extrêmement rapide des activités économiques et, souvent aussi, du bien-être matériel des populations. A contrario, depuis qu’il s’est généralisé, le libre-échange a été concomitant d’un fort ralentissement de la croissance. Selon les statistiques de l’OCDE, le PIB mondial a triplé en volume entre 1950 et 1975 et n’a plus que doublé entre 1975 et 2000. En France, les taux de croissance annuelle, qui s’inscrivaient dans une fourchette de 3 à 7 % entre 1945 et 1975, n’ont plus été que de 0 à 3 % depuis lors.

Afin de sanctionner comme il se doit la performance médiatique des inconditionnels du libre-échange, nous proposons la création d’un prix Diafoirus (section « économie »), avec remise symbolique et graduée d’un clystère d’étain, d’argent ou d’or.

Merci d’avance à ceux qui identifieront des candidats possibles et qui nous en communiqueront les noms, accompagnés des preuves de leurs mérites !

Que ceux qui souhaitent concourir n’hésitent pas à nous envoyer eux-mêmes leur candidature !

A bientôt

www.citoyensunisdeurope.eu



38 réactions


  • miska 14 décembre 2011 11:22

    C’est vrai que revoir le film de Verneuil, « mille milliards de dollars » explique bien les choses.

    la mondialisation est avant tout faite par les multinationales, pour les multinationales. et ceux qui sont à la tête des Etats en sont les meilleurs ambassadeurs. Là encore, Verneuil, dans son film « Le Président » le souligne. Alors naturellement, rien ne sert de pisser contre le vent sous peine de se mouiller les cuisses. Autant attendre que la météo change.

  • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 11:26

    Bonjour scripta manent,

    Le libre échangisme n’est qu’un aspect parmi d’autres, de la mondialisation néolibérale, non ?

    Ceci dit : le néolibéralisme admet que l’envahisseur utilise les armes de son choix pour conquérir un marché mais refuse ce droit aux « envahis » quand ceux-ci veulent se protéger. De fait, le libre-échange c’est le droit d’ingérence économique imposé aux Etats les plus faibles via le bras armé des puissants qu’est l’OMC, et donc par définition, du protectionnisme déguisé au profit des plus forts : le plus vil, le plus abject protectionnisme qui soit !

    Cet impensé inique justifie à lui seul, en effet, la création d’un prix Diafoirus.

    Mais pourquoi réserver aux inconditionnels du libre échange, ce prestigieux prix Diafoirus ?

    Permettez moi de rappeler ici ce mot fameux de Castoriadis :  » la doctrine néolibérale, cette « non-pensée intégrale » ">


    • scripta manent scripta manent 14 décembre 2011 11:53

      Bonjour JL1

      Vous avez raison : le libre-échange inconditionnel n’est que l’un des aspects de « l’ultralibéralisme » et il n’y a guère de raison d’en faire l’unique critère d’attribution du prix Diafoirus.
      Mais cela va faire du monde !
      Je me permets de compter sur vous pour alimenter la rubrique. 


    • scripta manent scripta manent 14 décembre 2011 14:53

      Eh non, je ne risquais pas d’évoquer une chute du PIB entre 1940 et 1945, notamment parce que ... le PIB n’a été chiffré en France qu’à partir de 1945 !
      L’un des signes de reconnaissance d’un Diafoirus, c’est qu’il est aussi approximatif que péremptoire.


  • Jason Jason 14 décembre 2011 15:21


    Il semblerait que les trouvailles des économistes ne soient que des boîtes à outils dans lesquelles les affairistes (il faurait dire les affaireux) et les politiques puisent à leur guise, les uns pour profiter, les autres pour endormir.

    Je suis favorable à la création d’un prix Diafoirus. Mais il faudrait remettre au goût du jour la vieille pratique qui faisait renifler aux médecins les selles du patient pour établir un diagnostic. Les lauréats auront pour tâche d’aller renifler les selles des banquiers pour prédire l’avenir. 

    P.S. les théories du libre-échange ont été formulées dès le XIXème, avec les théories des avantages comparatifs de Ricardo. Et les dangers de la suppression des frontières commerciales par List, lors de l’unification progressive de l’Allemagne sous la houlette de la Prusse et le Zollverein, ou union douanière.

    Tout a déjà été dit, mais on réinvente la roue, encore, et encore.


    • scripta manent scripta manent 14 décembre 2011 18:29

      Bonjour Jason,
      Je dois dire que je n’avais pas songé à soumettre les lauréats à la petite épreuve que vous évoquez. Ne craignez-vous pas que cette formalité tarisse le flux des candidatures ?
      A propos de candidat, n’hésitez pas à proposer des noms. Nous avons besoin de la collaboration de tous les partisans du prix Diafoirus.


    • Jason Jason 14 décembre 2011 20:50

      Bonjour Scripta,

      Comme candidat, il serait possible d’aller chercher un des gourous de l’école de Chicago. Et de lui éviter l’épreuve du pot de chambre (bien qu’ils le méritent). Toutefois, les pires sont déjà morts, mais pas leurs idées, hélas.


    • pidgin 15 décembre 2011 18:46

      A Jason,

      Oui, les représentants de l’école monétariste de Chicago, qui ont revisité et radicalisé les thèses libérales, auraient été des candidats de choix, avec en tête de file Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976. Mais ne faut-il pas se restreindre aux candidats susceptibles de jouir du Diafoirus de leur vivant ?

      Incidemment, on peut noter que Maurice Allais qui défendait des théories opposées, a également reçu le Prix Nobel, en 1988, en plein triomphe des thèses de Milton Friedman. Ceci confirme, s’il en était besoin, que l’économie, si elle se prête parfois à une modélisation raisonnable, n’est pas pour autant une science exacte.
      Après avoir noirci des milliers de pages, Milton Friedman a déclaré : « Ce qui est extraordinaire avec la science économique, c’est que toutes ses lois tiennent réellement en une page, mais leur simplicité n’a jamais été acceptée par la plupart des gens ».
      Dommage que le grand maître de l’école de Chicago n’ait jamais livré cette fameuse page, cela nous aurait fait passer un bon moment.

      Curieusement, Milton Friedman, peu suspect d’être favorable à l’interventionnisme étatique, était opposé à l’indépendance des banques centrales. Il ira jusqu’à paraphraser Georges Clemenceau sur ce point : « La monnaie est une chose trop sérieuse pour la laisser aux banquiers centraux ». ! Il était donc plus nuancé que ses disciples.






  • Jason Jason 14 décembre 2011 16:54


    @ Alain Colignon,

    Entièrement d’accord. Les théories de Ricardo ont eu leur heure de gloire. Quant à celles de List, elles indiquaient déjà les ravages possibles lors de l’ouverture incontrôlée des frontières.


  • Le péripate Le péripate 14 décembre 2011 18:14

    L’échange est libre, ou il n’est pas. Les autres termes sont le vol et le don. Un peu de cohérence s’il vous plait.
    D’ailleurs, qui paye le droit de douane ? A première vue l’importateur. A première vue seulement. Car qui va lui rembourser en lui achetant ses produits ? Hein ?

    La vérité est que celui qui est protégé, c’est l’industriel, le Capitaliste qui aura su avoir l’oreille du Pouvoir. Accessoirement ses Employés pourront en profiter. Mais ses employés à lui, pas les autres, qui payerons plus cher sans en avoir les avantages.
    C’est comme ça que Syndicat, Patronat et Pouvoir s’entendent, appelant Protectionnisme ce qui est en effet un contraire de l’échange, un Vol.


    • scripta manent scripta manent 14 décembre 2011 18:41

      Ah oui, j’oubliais !
      Il y a une variante aux économistes « sérieux », ce sont les économistes « cohérents ».


    • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 19:21

      « L’échange est libre, ou il n’est pas. Les autres termes sont le vol et le don » (péripate)

      L’échange est libre, ça c’est de la langue de bois qui suppose que les deux acteurs sont à égalité de décision : le plus souvent, les rapports sont déséquilibrés et l’un des deux est en position en force, de domination, ou l’autre en position de faiblesse, de contrainte.

      Et c’est bisounours que d’ignorer ce fait. Mais péripate est coutumier des « raccourcis bisounours » en économie. C’est très dérangeant pour un libéral de remettre en cause ses certitudes.


    • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 19:22

      Je suppose que Péripate ne refuserait pas le prix Diafoirus ?

      La gloire !

       smiley


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 14 décembre 2011 19:47

      @ JL

      Quand vous achetez un bien : Une automobile, ou une baguette de pain, vous avez la liberté soit de ne pas l’acheter et de vous débrouiller par d’autres moyens, soit de choisir parmi les différentes offres du marché.

      Où est le déséquilibre ?

      L’échange est parfaitement équilibré, et les deux parties sont gagnantes : Vous n’auriez jamais pu fabriquer vous même l’automobile que vous achetez, l’investissement serait colossal : Technologie + matières première + mains d’œuvre. Dix vie n’y suffirait pas.

      Pourtant, avec six mois de salaires, vous pouvez vous acheter un tel véhicule.

      En revanche, vous avez raison de parler de déséquilibre et de loi du plus fort lorsqu’on se trouve devant un achat forcé :
      Votre assurance santé est une vente forcé de la Sécurité Sociale.
      L’éducation de votre enfant est une vente forcée de l’Éducation National.
      Jusqu’il y a peu, vous étiez obligé à n’acheter votre énergie qu’auprès d’un seul producteur (EDF) qui fabrique cette énergie avec une technologie (le nucléaire) que vous désapprouvez peut-être.

      Si on ferme les frontière aux produits concurrents, nous nous retrouverons devant un achat forcé, et donc déséquilibré. Vous ne ferez individuellement pas le poids devant un opérateur national et unique.

      Mais quand il y a concurrence, cela renforce le pouvoir individuel face au producteur. C’est à ce dernier de se plier à votre demande, et non l’inverse.


    • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 20:15

      Ouioui, on sait !

      Les agriculteurs bretons ont le choix de ne pas acheter de nitrates et de pesticides.

      J’ai le choix d’acheter des tomates made in « à coté de chez » moi à 4 euros le kg, ou bien des tomates venues d’Espagne à 3 euros parce que subventionnées avec mon argent.

      Les éleveurs ont le choix de vendre le lait de leurs vaches à un prix en dessous du prix de revient, ou de le jeter dans les égouts. Ou de rejoindre l’armée des demandeurs d’emploi ?

      Cuba a le choix de refuser d’intégrer l’empire ou de subir un blocus,

      etc etc ...

      Je crois que, plutôt que le prix Diafoirus du libre-échangisme, il faudrait commencer par faire l’inventaire de toutes les transactions aussi pourris qu’obligées.

      Mais cette liste serait interminable.

      Pfff !!! Pauvre homme qui se dit libre et ne voit pas plus loin que le bout de son nez !


    • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 20:17

      Je n’avais pas lu ce petit bijou : « L’éducation de votre enfant est une vente forcée de l’Éducation Nationale (avec un »e« , c’est mieux) »

      Je propose un accessit pour hommelibre !

       smiley


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 14 décembre 2011 20:24

      « Les agriculteurs bretons ont le choix de ne pas acheter de nitrates et de pesticides. »

      ça s’appelle des produits bio, je crois ?

      « J’ai le choix d’acheter des tomates made in »à coté de chez" moi à 4 euros le kg, ou bien des tomates venues d’Espagne à 3 euros parce que subventionnées avec mon argent."

      Si vous critiquez les subventions, c’est que vous commencer à comprendre. C’est bien !

      "Les éleveurs ont le choix de vendre le lait de leurs vaches à un prix en dessous du prix de revient, ou de le jeter dans les égouts. Ou de rejoindre l’armée des demandeurs d’emploi ?"

      Même réponse que la précédente. Avec une agriculture entièrement arbitrée par la PAC, cela ne peut que déboucher sur : soit le gaspillage, soit la pénurie, mais toujours au détriment des agriculteurs et des contribuables.

      « Cuba a le choix de refuser d’intégrer l’empire ou de subir un blocus. »

      Quelle différence faites-vous entre blocus et protectionnisme. L’un est imposé à celui qui le subit, l’autre est une décision libre. Dans les deux cas, c’est une calamité. L’ouverture est toujours le meilleur choix.


    • Jason Jason 14 décembre 2011 20:25


      Je vote pour le péripate. Mais, dans mon infinie mansuétude je ne lui imposerai pas d’aller renifler dans certains endroits.

      P.S. pour que l’échange soit équilibré, l’information sur le produit doit être équilibrée et entière elle aussi. Voir la théorie de l’asymétrie de l’info. développée dans les années ’70 par ? Le nom m’échappe.


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 14 décembre 2011 20:28

      Vous avez raison.

      C’est bien là un des rôle de l’état. De faire appliquer la justice, et de juger s’il n’y a pas tromperie, et donc s’il l’information donnée est correcte.


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 14 décembre 2011 20:35

      Peut-être ne vous sentez-vous pas capable de choisir l’éducation qui convient le mieux à votre enfant, et qui est le mieux capable de la lui donner.

      Dans ce cas, êtes vous capable de choisir votre médecin ? Votre automobile (avec les risques mortels qu’un mauvais choix dans l’un de ces domaines vous ferait courir). Votre nourriture ? Votre assureur ? Votre architecte ?

      J’imagine aussi que vous êtes aussi, en toute logique, incapable de choisir pour qui voter. Quelle responsabilité ! Il vaut mieux que d’autres pensent pour vous.

      Vous n’êtes pas d’accord ?

      Non ... Alors, il faut être cohérent jusqu’au bout !


    • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 20:40

      hommechose,

      vous parlez de subventions ? Mais je croyais qu’on parlait de libre échange !

      Voulez vous dire que le libre échangisme n’existe pas ? Que l’auteur ici se trompe de cible ?

      Mais non mon vieux, c’est votre problème si vous estimez que le libre échangisme actuel est à votre libre échangisme de bisounours ce qu’était l’URSS aux théories de Marx !

      Si vous estimez que le libre échangisme est perverti, je vous ferai remarquer que c’est ce que j’ai commencé à dire. Mais votre aveuglement qui n’a ici d’égal que celui de Péripate, ne vous permet pas de comprendre vos contradictions.


    • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 20:42

      « c’est ce que j’ai commencé à dire » cf. mon post de 11H26 !


    • scripta manent scripta manent 15 décembre 2011 19:19

      A l’homme libre

      « Si on ferme les frontière aux produits concurrents, nous nous retrouverons devant un achat forcé, et donc déséquilibré. Vous ne ferez individuellement pas le poids devant un opérateur national et unique » .

      Il ne s’agit pas de fermer les frontières, il s’agit de ne pas les ouvrir à tous les vents et sans condition.
      En quoi une telle politique conduirait-elle à se retrouver devant un opérateur national et unique ? Le protectionnisme qui a prévalu dans la plupart des pays européens au cours des deux siècles derniers n’a nullement empêché le développement de la concurrence entre de multiples entreprises. Ne confondez-vous pas économie libérale régulée et économie totalitaire ?

      « Mais quand il y a concurrence, cela renforce le pouvoir individuel face au producteur. C’est à ce dernier de se plier à votre demande, et non l’inverse ».

      Oui, la concurrence a des aspects positifs. De là à prétendre que, au royaume de l’ultralibéralisme, le client est roi, il y a de la marge ... En réalité, il est de plus en plus souvent manipulé, désinformé et abruti de slogans imbéciles.


  • Guy Liguili Guy Liguili 14 décembre 2011 18:25

    Pour le Prix Diafoirus de Politique je propose François Bayrou avec son plan d’austérité de 100 milliards d’Euros dont 50 pour la Sécurité Sociale.


  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 14 décembre 2011 19:35

    C’est bien beau ces grandes théories, mais citez un seul pays protectionniste qui se soit enrichi ?

    La Corée du Nord, serait, d’après votre discours, le pays le plus développé, puisque le plus protectionniste.
    Quant à la révolution industrielle, qui est née de l’ouverture des marchés en Grande Bretagne, elle n’a d’après vous, créée aucune richesse, et nous vivons actuellement dans les même conditions qu’au XVIII siècle.

    Comme le dit Bastiat, « Si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront ».

    Enfin, vous sembler l’ignorer, mais l’économie est une science, et comme toute science, elle s’appuie sur des faits, et est prédictive.

    Donc les économistes sérieux, ceux qui étudient cette science, s’appuient sur des faits, et annoncent depuis très longtemps, par exemple, le risque de crise que nous traversons actuellement. Mais comme les politiques, totalement ignares en économie, et gonflés dans leur ego, et en bons démagogues, continuent d’en ignorer les règles, nous subissons les conséquences de cet aveuglement.

    Quand un état s’endette, en élargissant son pouvoir et son domaine d’intervention de plus en plus, il fini par ruiner le pays. C’est un fait. Têtu et bête comme le sont les faits.

    Et comme le dit justement le Péripate, fermer les frontière ne fait que créer un privilège pour celui qui fabrique le bien jusque là concurrencé, au détriment des consommateurs. Et comme il n’a plus de concurrence, il n’a pas besoin de s’améliorer et de baisser ses prix. Ses produits coutent de plus en plus cher. Ils sont de moins en moins bon. Et ils sont totalement in-exportables. D’où l’appauvrissement général occasionné.

    Je vous conseille de lire « La pétition des fabricants de chandelles ».


    • Jason Jason 14 décembre 2011 20:32

      Je vous conseille de lire « La pétition des fabricants de chandelles ».

      Je peux vous en prêter une pour éclairer votre lanterne.

      L’économie n’est pas une science exacte au sens où le sont les mathématiques, la physique ou encore la biologie. C’est tout au plus à classer dans les « sciences molles » telles la sociologie.

      Il ne s’agit pas de fermer les frontières hermétiquement, mais de contrôler les flux de produits. Différence. Seuls les bateleurs et les charlatans éludent le sujet. C’est cette analyse qui a manqué à l’Europe hypnotisée et forcée à des accords désastreux.


    • samagace69 15 décembre 2011 00:59

      Vous n’êtes pas sans savoir qu’il existe une multitude de théories sur les sciences de l’économie.

      Il en ressort que malgré certains champs d’étude très formalisés,c’est avant tout une science non-prédictive sur le moyen et le long terme.Elle est sujette à de multiples interprétations. Il semblerait à vous lire, que vous vous êtes arrêté sur l’étude classique du XIX siècle et que l’analyse des théories contemporaines vous échappe quelque peu. Normal vu la complexité et la multiplicité des théories. 
      D’autre part la macro-économie est aussi une étude de champ politique.
      Bref un peu de modestie et moins de certitudes conviendraient sur ce sujet.
      Jacques Sapir,Paul Jorion, François Leclerc, le cercle des économistes « attérés » etc ...proposent des alternatives au courant de l’école Friedmann , néolibéral comme vous le savez sans doute.

    • scripta manent scripta manent 15 décembre 2011 21:08

      Quelques réponses à l’homme libre :

      « C’est bien beau ces grandes théories, mais citez un seul pays protectionniste qui se soit enrichi ? »

      TOUS les pays qui se sont enrichis pendant les XIXème et XXème siècles ont été protectionnistes pendant la plus grande partie de cette période et en ont bien profité.

      « La Corée du Nord, serait, d’après votre discours, le pays le plus développé, puisque le plus protectionniste. »

      Il n’y a pas que l’économie dans la vie. Il y a aussi la politique. La Corée du Nord n’est pas un modèle sur ce plan.
      Le libre-échange ne nuit pas nécessairement à un pays, s’il a la capacité de dominer les autres. De même, le protectionnisme ne suffit pas à garantir le développement, si le régime est par ailleurs défaillant. De plus, il doit être intelligemment dosé ; il ne s’agit pas de fermer hermétiquement ses frontières.

      « Quant à la révolution industrielle, qui est née de l’ouverture des marchés en Grande Bretagne, elle n’a d’après vous, créée aucune richesse, et nous vivons actuellement dans les même conditions qu’au XVIII siècle. »

      Belle illustration de ce qui a été répondu ci-dessus : la Grande-Bretagne s’est protégée chaque fois qu’elle l’a jugé nécessaire ; son « libre-échange », lorsqu’il a existé, était puissamment soutenu par la 1ère flotte de guerre du monde et par l’exploitation d’un immense empire colonial. On peut être « libre-échangiste » lorsqu’on dicte ses conditions !

      « Comme le dit Bastiat, »Si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront« . »

      Elles les accompagnent très souvent !

      « Enfin, vous sembler l’ignorer, mais l’économie est une science, et comme toute science, elle s’appuie sur des faits, et est prédictive. Donc les économistes sérieux, ceux qui étudient cette science, s’appuient sur des faits, et annoncent depuis très longtemps, par exemple, le risque de crise que nous traversons actuellement. »

      Faux. La plupart des économistes n’aiment pas trop se frotter aux faits. Ils préfèrent leurs grimoires et l’illusoire mise en équation de la société. Dommage que cette science « prédictive » n’ait pas prévu les crises pour nous en prémunir.

      « Je vous conseille de lire »La pétition des fabricants de chandelles" .

      Merci, je connais et j’ai bien ri


  • Francis, agnotologue JL1 14 décembre 2011 20:18

    La pétition des fabricants de chandelles !? Cette boutade ? Vous voulez rire, j’espère ?


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 14 décembre 2011 20:26

      L’avez-vous lue ?

      C’est vrai que c’est dit sur un ton humoristique. Mais quelle clairvoyance, quelle lucidité, quelle rempart à la bêtise.

      Flaubert disait que si une seule personne dans chaque commune avait lu Bastiat, la France serait sauvée.


  • Ramsos 14 décembre 2011 23:44

    Je tenais à vous remercier, jesuisunhommelibre, pour le divertissement que m’a apporté l’étalage de votre catéchisme néo-ricardien. Pour reprendre un économiste obscur du nom de John Meynard Keynes, « la concurrence libre et non faussée n’existe pas ». Les théories d’Adam Smith et de Ricardo ont depuis longtemps montrer leurs limites.  Elles sont au mieux un outil commode pour avoir une vision très simplifiée de l’économie mais, au risque de vous apprendre quelque chose, de nombreux économistes de talents sont nés depuis et ils ont fait énormément avancer la science économique.
    Je vous invite à une petit jeu de réflexion :
    - un pays pratique un libre-échangisme pur et total avec le votre
    - vous êtes un travailleur libre dans votre pays et vous touchez un salaire pour votre travail
    - dans cet autre pays, un travailleur existe qui réalise exactement le même travail que vous
    - dans ce pays, ce travailleur est un esclave et n’a aucun salaire
    Accepteriez de renoncez à votre salaire et à votre liberté afin d’être compétitif avec cet autre pays ?
     


  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 15 décembre 2011 10:00

    Vous avez raison sur un point les théorie d’Adam Smith et de Ricardo ont été dépassées. En particulier par Frédéric Bastiat, qui est le père de la science économique.

    Depuis Hayeck, Von Mises, Friedman, Rueff, Salin ... Ont largement montré le désastre des théories Keynésiennes (c’est cette démonstration qui à valu à Friedman son prix Nobel d’économie) : Pas besoin de chercher très loin : Au infos ce matin, nous apprenons que le marché français de l’automobile s’est effondré de 30% !!!

    La relance par la prime à la casse, application des théories keynésiennes, à encore frappée.

    Enfin, votre petit jeu montre clairement votre incompréhension de l’économie. Nous ne vivons pas dans un monde statique, ou il y aurait un nombre d’emplois définis à l’avance. Nous sommes dans la vraie vie, faite d’adaptation perpétuelle. Adaptation d’autant plus dynamique, qu’elle n’est pas entravée.

    Vous n’avez donc pas compris (ou pas lu ?) le texte de Bastiat sur « la pétition des marchands de chandelles », si non, vous auriez déjà la réponse.


    • Ramsos 15 décembre 2011 13:36

      Je ne crois pas que vous ayez bien compris mon message puisque vous répondez à côté. Le petit jeu est une illustration du paradoxe du modèle du libre échangisme pur qui pour fonctionner suppose justement un monde statique. Dans la « vrai vie » comme vous dites, on n’est évidemment pas dans des cas si extrêmes mais il suffit de regarder le phénomène bien connu de dumping social pour comprendre le principe. 
      Les théories de Keynes traitent justement des flux économiques et c’est par cette approche qu’il a réussi à mettre en évidence les influences réciproques entre les différents acteurs de l’économie. De fait, vous oubliez (ou méconnaissez) les postulats de bases qui servent à faire fonctionner le modèle keynésien : il faut être une économie en circuit le plus fermé possible et donc, comme cela était le cas lors de la politique du New Deal dans les années 30, pratiquer un protectionnisme important afin que les flux aillent bien au sein de l’économie locale et ne soient pas captés par des acteurs extérieurs (d’où l’échec des politiques néo-keynésiennes actuelles).
      Bref et pour finir, je n’aime pas la manière quasi religieuse dont vous parlez des économistes et notamment de la foi (il n’y a pas d’autre mot) que vous mettez dans leurs théories. Comme s’il existait une solution miracle capable de nous rendre tous libres et heureux !
      Vous oubliez que ce ne sont que des théories et des modèles, bref des outils ni plus ni moins, et comme tout les outils, ils s’utilisent sous certaines conditions et le plus souvent conjointement. C’est ce que j’essayais peut être un peu trop finement de vous montrer à travers mon message précédent.


  • pidgin 15 décembre 2011 10:14

    Oui Jason, « l’information doit être équilibrée et entière » ou du moins devrait-on tendre vers cela.

    J’ajouterai que les prix sont manipulés car la concurrence entre entreprises qui veut aussi que les gros essayent d’étouffer les petits pour absorber leurs parts de marché.

    A chacun de voir, telle une goutte d’eau qui peut faire une grande rivière, à quel sorte de système de producteurs et fournisseurs il veut consacrer le micro-pouvoir de son porte-monnaie.


    • Jason Jason 15 décembre 2011 10:57


      Bonjour Pidgin,

      « Les Américains George A. Akerloff (et Arrow en 1963), A. Michael Spence et Joseph E. Stiglitz ont reçu conjointement le Prix Nobel d’économie le 11 octobre dernier (année ?). L’Académie royale de Suède a voulu récompenser les travaux  »sur les marchés avec asymétrie d’information« , qui permettent d’envisager comment certains agents détiennent plus d’information que d’autres, et les conséquence de cette situation. »

      C’est de cela qu’il faut parler quand les économistes postulent que les échanges sont équilibrés.

      Délivrez-nous du despotisme républcain et nous réinventerons la démocratie. République qui impose des carcans juridiques en faveur des puissants, sans que les consommateurs puissent agir.

      Mais quel homme politique, quel parti s’en soucient ? Aucun !


    • pidgin 15 décembre 2011 17:16

      Nous sommes d’accord Jason mais je ne jetterais pas la République avec l’eau du bain et je ne crois pas que tous les politiques soient à mettre dans le même sac.


  • Jason Jason 15 décembre 2011 17:46

    Pidgin,

    Je précise. La République actuelle, dans son organisation bi-camérale reposant sur le suffrage universel, servie par une administration pléthorique et sourde, ne se soucie pas assez des grandes questions de la consommation. Il s’agit d’une autorité exercée préservant le statu quo et ne reconnaissant pas les évolutions de pratiques économiques, commerciales quasi-délictueuses. L’asymétrie de l’information est la clé de voûte de ces pratiques.

    Ce sont ces questions (entre autres) qui n’intéressent aucun élu. Trop préoccupés de questions macro-économiques, et de « grands principes » politiques, ils en oublient les administrés.

    Tourner le dos aux électeurs, les berner avec des considérations générales ou des slogans infantiles, c’est une des caractéristiques du despotisme ou autorité méprisante.


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