« Tous les économistes sérieux vous le diront... »
Afin de sanctionner comme il se doit la performance médiatique des inconditionnels du libre-échange, nous proposons la création d’un prix Diafoirus (section « économie »), avec remise symbolique et graduée d’un clystère d’étain, d’argent ou d’or.
« Seul le libre-échange est crédible. Le protectionnisme est ringard, illusoire et dépassé ». Tel est le message que nous serine la majorité des « experts » auxquels les médias confient le soin d’éclairer de leurs lumières les ténèbres économiques dans lesquelles nous tâtonnons depuis maintenant de longs mois.
Et beaucoup d’entre eux portent l’estocade en ajoutant « Tous les économistes sérieux vous le diront ».
On ne sait pas très bien qui sont ces économistes sérieux. On aimerait que l’on nous expose la méthodologie de recensement de cette corporation. On pressent cependant qu’un économiste sérieux, ce doit être quelqu’un qui professe les mêmes opinions que nos experts.
Pourquoi ces « experts » battent-ils ainsi le rappel d’une cohorte d’alliés, à la fois anonyme et douteuse ? Serait-ce qu’ils ne se sentent pas de taille à soutenir à eux seuls un édifice de pensée dont ils pressentiraient les failles ?
D’ailleurs, certains n’osent pas le « tous » et se replient sur un « 80 % des économistes sérieux … », ou quelque chose d’approchant. Ceux qui renoncent ainsi à la vérité absolue, incontestable et universelle filent un mauvais coton car 80 % d’un dogme, cela ne fait plus un dogme.
De façon générale cependant, rien n’attaque leur moral. Les crises à répétition, la dissipation du mirage de l’autorégulation n’entament pas chez eux une conviction que l’on sent plus de l’ordre de la foi que de la raison.
Certains concèdent que quelques réformes pourraient être nécessaires afin de calmer un peu le sabbat financier et d’éviter qu’une surpression du chaudron mette fin à
La vérité est que ces Diafoirus, aussi pétris de certitudes et arrogants soient-ils, se trompent de diagnostic et de remède.
Leur credo sur les vertus du libre-échange relève de la propagande.
Pour leur répondre, nous pourrions user de leur procédé et nous contenter de soutenir une opinion contraire, en revendiquant le support de quelques économistes (sérieux s’il est possible).
Laissons plutôt parler les faits, qui sont têtus.
Depuis le début de l’ère industrielle, les périodes de protectionnisme ont été la règle et le libre-échange l’exception, selon une proportion de l’ordre de 80 % / 20 %. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale, que l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (« GATT »), signé en octobre 1947 par 23 pays, a ouvert une série de cycles de négociation visant à réduire méthodiquement les droits de douane et autres obstacles au commerce. Cependant, pendant les « 30 glorieuses », soit jusque dans les années 70, la plupart des pays ont maintenu un contrôle des mouvements de marchandises et de capitaux. La France quant à elle a traversé cette période dans le cadre d’une économie « mixte », encadrée et planifiée par l’Etat. C’est à l’issue du dernier cycle de négociation (« Uruguay Round »), soit en 1994 que le libre-échange a été étendu à la quasi-totalité des activités commerciales et financières et adopté par la majorité des pays.
Que constate-t-on ? Nous nous contenterons de quelques chiffres relatifs à la croissance, non qu’ils suffisent à qualifier l’évolution de nos sociétés mais parce cet indicateur est constamment mis en avant par les propagandistes du libre-échange.
Les périodes de protectionnisme n’ont pas empêché un développement extrêmement rapide des activités économiques et, souvent aussi, du bien-être matériel des populations. A contrario, depuis qu’il s’est généralisé, le libre-échange a été concomitant d’un fort ralentissement de
Afin de sanctionner comme il se doit la performance médiatique des inconditionnels du libre-échange, nous proposons la création d’un prix Diafoirus (section « économie »), avec remise symbolique et graduée d’un clystère d’étain, d’argent ou d’or.
Merci d’avance à ceux qui identifieront des candidats possibles et qui nous en communiqueront les noms, accompagnés des preuves de leurs mérites !
Que ceux qui souhaitent concourir n’hésitent pas à nous envoyer eux-mêmes leur candidature !
A bientôt