jeudi 23 février 2006 - par Patrice Bloch

Transparence financière et gouvernance d’entreprise

Réaction à l’article de Monsieur le professeur de philosophie Alain Etchegoyen, intitulé « Outrances d’Outreau », publié le 21/02/06, Les Echos, qui fait un parallèle avec la gouvernance d’entreprise.

Consécutivement à l’affaire d’Outreau, l’article précité semble dénoncer les pratiques des hommes politiques à l’égard du juge Burgaud.

Selon l’auteur, l’apparente transparence affichée serait destinée à pallier le manque de courage législatif de ces mêmes politiques. Il établit un parallèle avec la transparence financière appliquée à la gouvernance d’entreprise.

Je me permettrai de réagir sur ce dernier point, en rappelant en premier lieu que : " Dans une acception large, la gouvernance d’entreprise ou corporate gouvernance représente l’organisation du contrôle et de la gestion de l’entreprise. De façon plus étroite, le terme de gouvernance d’entreprise est utilisé pour désigner l’articulation entre l’actionnaire et la direction de la société, et donc principalement le fonctionnement du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de surveillance." La Lettre Vernimmen Lexique de Finance. (http://www.vernimmen.net/html/glossaire/definition_gouvernance_d’entreprise.html)

De façon simplifiée, et afin d’éviter une maladroite démonstration, nous dirons que la gouvernance d’entreprise met en avant trois principaux acteurs (nous ne citerons pas volontairement les autres stakeholders -parties prenantes-) : l’actionnaire, le conseil d’administration et le dirigeant. Le dirigeant rend des comptes sur la gestion de la firme auprès du conseil d’administration et des actionnaires.

Critiquer la transparence financière pourrait être outrageant à l’égard de ces trois acteurs :

Le dirigeant : on ne peut lui reprocher de rendre compte le plus clairement possible du mandat qui lui a été confié. Le critiquer sur ce point reviendrait à anéantir tous les efforts réels réalisés depuis la mise en place de nouvelles pratiques de gouvernance (cf. affaire Enron).

L’administrateur : on ne peut lui reprocher d’accomplir sa tâche, à savoir contrôler l’action du dirigeant en lui demandant la plus grande transparence. L’administrateur valide les informations financières présentées et porte une lourde responsabilité (dont il n’est pas toujours conscient).

L’actionnaire : on ne peut lui reprocher de s’assurer que ses fonds sont gérés sans aucune dérive au travers de la transparence financière.

La transparence financière représente un réel contrepoids aux lacunes législatives et une ouverture pour les autres acteurs (salariés, syndicats, investisseurs...). La critiquer reviendrait à renvoyer l’entreprise à des pratiques de management d’un autre temps.

Le problème de fond consiste en la sincérité des détenteurs de l’information financière.

L’information présentée au conseil d’administration et aux actionnaires est-elle fiable et complète ?

Ne remettons surtout pas en cause la transparence financière. Seules sa mise en application et ses pratiques doivent faire l’objet d’une réelle et sincère ambition.



1 réactions


  • ALBERTO (---.---.30.126) 24 février 2006 09:28

    Je suis bien d’accord avec vous mais les bienfaits de la transparence ne valent pas seulement pour la gouvernance d’entreprise : ne doit-on pas considérer comme suspect ce qui est caché ? Pouquoi cache-t-on les choses sinon pour « rouler » ceux à qui on les cache ? Sauf peut-être en matière de « secret défense » (encore que dans bien des cas celui-ci sert à autre chose que la défense !) où la célèbre formule « pour l’usage de ceux qui ont à en connaître » est aux limites de la démocratie.


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