La santé de l’humanité est malade. Doit-on la guérir avec des médicaments génériques

 ? La première étape vers toute guérison est de poser le bon diagnostic. Le médecin en chacun de nous a tendance à diagnostiquer un problème de déni du droit à la santé. Certes il y a déni de droit, mais le diagnostic, tel l’arbre qui cache la forêt, peut nous empêcher d’aller au-delà de l’évidence. Par exemple, s’offusquer trop vite que l’Inde recule sur les médicaments génériques.

Personne, à part un être borné, niera que de sérieux dénis de droits perpétuent dans les pays dits sous-développés des maladies que l’on pourrait prévenir et ramener à un taux de prévalence beaucoup plus faible.

Personne, à part un être borné, niera que des choix économiques, politiques, sociaux ou culturels imposés engendrent de la misère, que cette misère grandit au sein de millions d’êtres humains au point de devenir maladies physiques ou mentales, souvent les deux.

Personne, à part un être borné, niera que toute déclaration, traité, convention reconnaissant des droits humains ne vaux rien si elle ne s’accompagne de devoirs et de responsabilités d’humanité, que ces devoirs d’humanité ne sont pas tenus dans trop de régions du monde parce que la communauté internationale se ferme les yeux, se bouche les oreilles et parle dans le vide.

Dans le cas des médicaments, à moins d’être borné, reconnaissons que les considérations commerciales des pays riches priment nettement sur leurs devoirs et responsabilités d’humanité.

«  Chaque année, les secteurs public et privé dépensent globalement au moins 70 milliards $US pour la recherche en santé, bien que moins de 10 % soient attribués aux conditions et maladies qui représentent 90 % du fardeau des maladies dans le monde », affirme Louis Currat, secrétaire exécutif du Forum mondial pour la recherche en santé.

John Eberlee, magazine électronique Explore du Centre de recherches pour le développement international.

Même chose dite autrement : « Les peuples (du 90%) sont pauvres, n’ont pas de pouvoir d’achat et par conséquent ne sont pas un marché lucratif. »

Avec cette perspective, bien que nous ne soyons pas bornés, cher lectorat, malgré notre envi de condamner le Parlement fédéral de l’Inde, de l’accuser de laisser tomber les plus pauvres parmi les pauvres, reconnaissons que l’on ne devrait pas faire reposer le fardeau de devoirs et responsabilités d’humanité sur un pays moins nanti, si grand soit-il, s’il devait ainsi renoncer à ce à quoi nous ne renonçons pas nous-mêmes.

C’est pourtant ce que Médecins sans frontières demande à l’Inde.

J’ai beaucoup de respect pour Médecins sans frontières, mais je crois que l’organisation fait erreur.

Sans l’excuser totalement, l’Inde n’est pas plus à blâmer que tous ces autres pays où la santé souffre de l’égonomie.