Un contre-État
C'est l’heure d’appliquer enfin une concurrence libre et non faussée.
Il est difficile de ne pas percevoir que ces derniers temps, la machine qui gouverne a tendance à imposer de plus en plus d’ordres à des citoyens qui n’en demandent pas tant. Que fait-on quand une machine ne donne plus satisfaction dans un monde où la concurrence est la règle, sur un continent où la concurrence même est inscrite dans sa Constitution ? On en change, on en produit une autre, on en consomme une autre.
Je propose donc l’instauration d’un contre-État, voire de plusieurs, sur le modèle pétitionnaire, regroupant les citoyens qui ne se reconnaissent plus dans l’organisation présente et prêts à en fonder une autre, voire des autres. Il ne s’agit pas de remplacer l’État existant par un procédé révolutionnaire mais de le laisser fonctionner tout seul de son côté avec les personnes que cela intéresse encore. De la même manière que les avions de plusieurs compagnies peuvent atterrir sur le même aéroport ou que les mêmes lignes d’électricité délivrent la même énergie à des clients d’entreprises différentes, il est donc techniquement possible que les citoyens d’un(e) même nation/territoire puissent adhérer à l’État de leur choix. L’État actuel devra s’effacer et laisser le libre marché faire son œuvre. S’il connaît la désaffection de ses clients, il devra adapter son offre, au risque de mettre la clef sous la porte.
Le contre-État que je propose instruirait ses propres enfants, enterrerait ses propres défunts, battrait sa propre monnaie, délivrerait ses propres cartes d’identité et passeports, choisirait les membres de sa propre Assemblée, voterait ses propres lois, concevrait ses propres assurances, aurait sa propre police, établirait ses propres bâtiments abritant ses propres institutions. Il pourrait garder la même devise et le même hymne, ces éléments sont évidemment passés dans le domaine public. Et le tout sur le territoire actuellement délimité selon les traités internationaux et reconnu comme la France. Oui, tout ceci s’appliquerait également à Clipperton. Si d’autres citoyens d’autres nations souhaitent y adhérer, il faudra penser à assurer un travail de traduction suffisant. Pour le moment, je me contente de penser en français.
Dans mon optique, la première des assurances prises pour ses citoyens serait de ne pas leur demander patte blanche à chaque visite dans tel ou tel endroit en montrant une preuve de leur prétendue santé. Je connais beaucoup de gens enrhumés et ils sont pourtant capables de courir comme des lièvres. La seconde serait de permettre à tous celles et ceux intéressé(e)s par l’exercice du pouvoir de l’exercer selon une logique de tirage au sort, le tirage au sort décidant aussi de la durée de l’exercice pour un temps calendaire défini entre 1 an et 5 ans, que le poste soit national, régional, département ou local, ou à tout autre échelon qui s'imposera. Pour le reste, c’est à débattre, je ne comprends rien à la politique.
Car ceci est d’abord une question économique. L’environnement faisant naître dans chaque humain son désir et les moyens de l’exprimer, il n’y a pas de raison que le domaine de la politique échappe à ces suggestions de la Nature. Autrement dit, la loi de Say s’applique également aux systèmes politiques, et il n’y a pas de raison que la dictature et la démocratie ne puissent pas cohabiter sur un marché ouvert. Tout le monde sait d’ailleurs que la frontière entre un « territoire occupé » et un autre « non occupé » est fine comme du papier à cigarette.
Au nom du libre échange, créons donc un contre-État. Cela demande, comme pour toute association ou entreprise, un investissement et une signature. Il n’y a qu’un registre à ouvrir.