jeudi 8 juillet 2010 - par Prometheus

Une crise contrôlée ?

Imaginons que la main invisible du marché ne soit qu’un fantasme. Serait-il possible de créer les conditions propices à une crise économique ? On nous apprend tous qu’il n’y a aucun contrôle possible des marchés mais si tout cela était faux ? Cet article a pour seul but de créer une discussion, un échange autour de cette hypothèse. Sommes nous en mesure de contrôler notre économie ?

Partons du principe que la Grande Crise de 2008 était avant tout une crise du crédit, due à une pénurie de l’argent. Les ménages ont besoin d’argent, les marchés financiers leur en donnent pour consommer. En posant ce principe, on peut dire que l’argent est une matière première. Une matière dont on a besoin pour fonctionner dans la vie courante au même titre que le pétrole pour faire fonctionner nos voitures !
 
Le pétrole justement ! Prenons comme exemple des pays producteurs de pétrole. Ces pays, appelons les pays de l’OPEP ; ils produisent plusieurs milliards de milliards de litres de pétrole par jour, ils en produisent des quantités astronomiques. Le monde se gave de pétrole, roule en pétrole, s’habille en pétrole, respire du pétrole, fait l’amour avec du pétrole o_O.... Bref le pétrole est une nécessité !
 
Et soudain ces pays de l’OPEP se réunissent, et décident en secret d’arrêter la production. Bien sûr ils ne disent pas nous arrêtons la production parce qu’Israël nous ennuie... Non ils sont plus malins, plus vicieux, ils inventent un écran de fumée. Cette écran de fumée fictif sert à faire croire à l’urgence de la situation, au tragique, ils ne veulent pas qu’on les prenne pour des voleurs, mais pour de victimes ! Ils inventent donc une histoire ou le responsable est difficilement identifiable. Pour eux la chute de la production est due à un mouvement de plaques dans la croute terrestre qui a brisé les tuyaux des puits, bref une histoire complexe très difficile à comprendre, que d’ailleurs personne ne comprend, et que donc peu de personnes peuvent contester sans être ridicule, et nuire à sa réputation !
 
Et ensuite, dans leur grande malice ces pays réclament une aide, un plan de plusieurs milliards de dollars pour reconstruire l’intégralité de leurs puits. Ces milliards ne sont pas une option, mais une nécessité absolue pour subvenir à cette économie qui ne marche qu’au pétrole ! Les pays consommateurs acceptent tous avec empressement malgré leurs dettes, il faut que le pétrole revienne ! L’économie s’embrase, les gens perdent leur emploi, les usines, les transports, tout s’arrête ! Les déficits se creusent à cause du manque de croissance ! Il faut que le pétrole revienne !
 
Les pays de l’OPEP se frottent les mains, effectivement pendant la pseudo crise qu’ils ont créé, il n’y a eu aucune rentrée d’argent, ils ont perdu des milliards en dollars. Mais le bénéfice de cet argent prêté à des taux ridicules, et les obligations achetées aux pays consommateurs leur ont remplit les poches, sans compter qu’ils continuent à vendre leur pétrole avec des marges encore plus grandes. Ben oui, les puits n’étaient pas vraiment cassés, et on a investi dans de nouveaux puits....
 
Maintenant revenons à notre argent. Cet exemple avait pour but de montrer que la crise de 2008 est une crise de matière première. L’argent a manqué ! Les marchés financiers plombaient par des défauts de paiement n’avaient plus assez d’argent, ils ont du coupé les vannes et la panique s’est installée ! Et un autre chapitre de cette comédie a commencé.
 
Tout d’abord le 11 Septembre obligea la FED a réinjecté dans l’économie des milliards de dollars afin de prévenir une crise économique ! Le monde se gava avec ces milliards, on devenait millionnaires puis milliardaires, des projets pharaoniques voyaient le jour, en Espagne, à Dubaï. L’argent coulait à flot, les marchés financiers se permettaient même de prêter de l’argent avec des risques plus élevés. Les gens s’achetaient des maisons, les revendaient, en rachetaient une plus grosse. Bref, c’était la joie.......
 
La FED créée par l’état, et dont certains dirigeants se sont retrouvés au ministère de l’économie américain est sensée être indépendante.... Je rajouterai donc que l’état américain a également favorisé l’accès aux crédits pour les ménages les plus modestes de manière unilatéral, et sans aucune concertation avec la FED, indépendance totale je vous dis !!!
 
Puis aller savoir pourquoi la FED, le plus gros producteur d’argent de la planète, a décidé de fermer les robinets. C’était en 2006, tout va bien encore, de toute façon y avait encore tellement d’argent qu’on voyait rien venir... MAIS en 2007, hausse des défauts de paiement, le crédit argent ou l’argent crédit commençait à manquer.... Bizarrement cela ne semblait pas choquer la FED qui conserva ces taux directeurs au-dessus de 4% jusqu’en 2008. Ce qui a eu pour seul conséquence de vider les caisses des établissements financiers les uns après les autres. Les producteurs se lamentaient ! Les sous sols étaient vides, c’est la faute à la titiri,... euuuh, à la titrasisa, EUUUUH... attendez, la titra, la tritzi, la titririsation,... Bref de la crise des prêts hypothécaires à risque (en anglais ca donne mieux, la subprime mortgage). Personne ne savait ce qui se passait, c’était la faute à personne. Le truc inimaginable, à l’insu de son plein gré ! La France pensait en plus faire une croissance à 2.5%, Nicolas l’avait dit !
Bref c’était vraiment la faute à pas de chance !
 
Et là tout de suite, la comédie se met en place, en pleine élection américaine,
 
John Mc Cain (pas comme les frites) vole à la maison blanche, Obama vole mais avec plus de classe à la maison Blanche aussi ! Bref c’est l’angoisse, on va tous mourir ! On met en place un Plan Freedom French Fries à la recherche des armes de destruction massive, euuh pardon un plan Paulson de plusieurs centaines de milliards de dollars....
 
La chambre des représentants américains refusent pourtant de voter le plan ? Etonnant... Bon on leur en rajoute une couche, finalement ca passe....
 
Et c’est ainsi que des milliers de dollars s’envolent en un instant dans des institutions qui étonnement se relèvent en quelques mois de cette crise, en quelques mois la crise est oubliée, les bourses redécollent, des bénéfices records sont enregistrés, et tout le monde se félicitent parce que "Ouf, on a eu chaud". Les plans de régulations, les taxations bancaires afin de récupérer une partie de l’argent donné sont oubliées.
 
Bref en un instant le plus gros casse de l’humanité a été fait, personne n’a rien vu, et personne ne verra jamais rien de toute manière....
 
Quant à la matière argent, elle coule de nouveaux à flot, et les marges sont énormes. Le taux directeur de la FED est aujourd’hui à 0.25% ; celui de la BCE à 1%. Imaginez les profits des organismes de crédit à chaque mensualité, pour un prêt à la consommation de 6%, ou un prêt immobilier de 25 ans à 4%.... 
 
Enfin "L’argent est la seule puissance qu’on ne discute jamais", qu’en pensez vous ?


6 réactions


  • le naif le naif 8 juillet 2010 11:52

    @ L’auteur

    Vous oubliez quelques éléments essentiels dans la crise des Subprimes

    Frédéric Lordon explique très bien que cette situation a été crée par un glissement de 10% de la part de bénéfice du travail, vers le capital, dès lors pour maintenir la consommation, une seule solution : ouvrir les vannes du crédit.

    La base du problème, c’est le fait d’accorder un crédit à quelqu’un dont on sait dès le départ qu’il ne pourra pas l’honorer.

    Ceci est rendu possible grâce à la titrisation, c’est à dire que celui qui a accordé le crédit au départ va pouvoir revendre cette dette pourrie à quelqu’un d’autre, c’est le jeu du pouilleux.... malheur à celui qui se retrouve avec l’as de pique à la fin.

    D’autre part pour avoir le temps de refourguer cette merde, le Subprime a ceci de particulier que c’est un crédit à taux fixe avec des traites très basses pendant deux ans (afin que le débiteur puisse rembourser les premières traites), puis il se transforme en crédit à taux variable ( et là, le débiteur est étranglé)

    Enfin c’est un crédit hypothécaire, ce qui permet tant que le marché de l’immobilier monte à l’emprunteur de réemprunter sur la plus value latente de son bien, las, lorsque le marché se retourne, il est mort.....

    Rajouter là dessus les CDS qui permettent pour les banques de bénéficier d’un effet de levier fantastique et le tableau est complet.
     
    Je dirais pour ma part, qu’il s’agit d’une escroquerie à grande échelle, soigneusement planifiée dont les grands gagnant sont : Goldman Sachs, Morgan Stanley et consorts, les fameuses banques too big too faill.

    nota : Plusieurs historiens attribuent le crack d’octobre 1929 aux grands financiers de l’époque ( Rockffeler, JP Morgan, Kennedy, etc....) qui se sont retirés discrètement du marché au plus haut dès juillet/août 1929 ils n’ont eu ensuite qu’à racheter à vil prix ....

    Cordialement


  • foufouille foufouille 8 juillet 2010 12:27

    tres realiste
    ca a aussi permis de couler les petites banques US


  • paul mohad dhib 8 juillet 2010 13:10

    conclusion : supprimer la monnaie...serait ce suffisant ? non pourquoi ?
    ceux qui utilisent le collectif pour leur profits sont toujours la, et il leur reste la violence pure pour continuer comme avant...comme dans le bon temps de l’esclavage.....argent=violence...
    d’où vient cette névrose de posséder, d’utiliser les autres ? quelle en est l’origine ? la première origine,l’origine ultime ?
    2000 ans après vient une timide réponse : on ne sait pas.....on y a pas réfléchi en fait...monsieur !
    voila a peu de choses près notre degré de réflexion, ce n’est pas parce que on sait conduire une voiture, allumer la télé et imprimer a partir de l’ordi que l’on SAIT...


  • fifilafiloche fifilafiloche 8 juillet 2010 14:49

    Si il y a une théorie du complot à chercher, elle n’est pas dans des « pouvoirs ocultes » mais dans le fonctionnement des démocraties.


    Pour se faire élire, il faut créer du bonheur. Le bonheur est lié au pouvoir d’achat dans nos sociétés marchandes. Nos politiques doivent donc arroser toujours plus de liquidités pour remporter leur ’marché politique’.

    Les sociétés occidentales, autrefois appelées pays industrialisés, se sont desindustrialisés au profit des pays asiatiques. Elle ne peut donc plus créer ces liquidités à partir du travail, il leur faut donc les créer par le capital.

    Le moyen de plus efficace de créer ces liquidités est de garder les taux d’intérêts à zéro en termes réels. Le problème, c’est que ces taux d’intérêts sont uniformes qu’ils soient destinés à la consommation ou à l’investissement. L’affflux de liquidités sur les marchés mobiliers et immobiliers créent des bulles qui profitent aux possédants (ancienne génération) mais rendent l’accès à la propriété impossible pour les jeunes générations. De plus, dans un monde fini, la demande de matière première induite par ces liquidités crée des tensions sur le marché des matières première. On arrive alors à la limite de la politique keynesiennes, l’inflation par la demande venant assécher les liquidités et la demande sur l’immobilier se tarit. Les prix, dans un marché libre, chutent et les liquidités disparaissent, laissant les individus et les banques insolvables.

    C’est là qu’intervient la théorie du complot. Le politicien ne peut être élu sur un programme de rigueur. Le père fouettard n’est pas des plus sympathiques. Il faut donc, pour garder le pouvoir, sauver l’effet richesse du capital et intervenir par des mesures fiscales incitatricces pour garder les valorisations mobilières et immobilières au dessus de leur prix d’équilibre.

    Système injuste puisqu’il rigidifie la structure des classes possédantes. Les populations les plus âgées prospèrent de ces bulles alors que les plus jeunes doivent payer une rente de plus en plus lourde avec des opportunités de plus en plus rares.

    Mais dans des sociétés vieillissantes, favoriser les rentes assure un rente politique, puisque la majorité vit de son travail passé (capital).

    Voilà pourquoi nos hommes politiques ont le regard fixé sur les courbes des prix immobiliers et des marchés actions. Leur pérennité dépend entièrement de la bonne santé des ces marchés. Il faut sans cesse créer plus de richesse capitalistique à défaut de pouvoir la créer par le travail.



  • Ecométa Ecométa 9 juillet 2010 09:35

    Il y a belle lurette que nous ne cherchons plus réellement à comprendre les chose, la nature des choses,  mais, que, et esprit scientifique oblige ( la science est manipulatrice dans l’âme en ce qui concerne la Nature et les états de nature) :  nous manipulons tout ! Il y a que la science économique, que les économistes, n’étudient pas réellement l’économie mais qu’elle, et qu’ils la manipulent dans de grandes largeurs !

    Le problème soulevé ici, comme d’ailleurs la plupart de nos difficultés, est avant tout de nature fondamentale ! Il n’y a pas réellement de théorie du complot, juste de la complicité, de la connivence dogmatico systémique ; c’est le dogme qui mène l’économie mondiale et même les systèmes économiques nationaux, et non une vraie réflexion économique de bon sens : de sens commun sans tomber dans le communisme qui est tout sauf du bon sens !

    Le capital, moyen de l’économie,  est utile à l’économie ; mais comment peut-on lui réduire un système économique tellement complexe ! Comment peut réduire un système complexe à un des moyens, même d’un sous-moyen, qui le compose ? Comment sinon par pur dogmatisme, par une réflexion extrêmement limitée intellectuellement, totalement sclérosée, réductrice au simplisme, spécialisée au spécieux !

    Il ne s’agit pas d’être contre le capital, moyen combien utile et nécessaire à l’économie, mais contre le capitalisme usage paroxysme, dogmatique, du capital qui réduit l’économie à un de ses moyens que certains, les capitalistes, considèrent comme essentiel et fondamental !

    Au même titre que le communisme, usage paroxysmique de la communauté, négation de l’individu, négation de l’individualité, le capitalisme est un usage paroxysmique du capital ! La société doit tenir compte de l’individu mais sans tombé dans l’individualisme usage paroxysmique de l’individualité et négation du concept même de société. De même, l’économie doit composer avec le capital mais sans l’y réduire !


    La logique économique (règle d’ensemble), est une logique fantastique car toute dépense à un endroit est une recette ailleurs ; ce qui, pour autant, ne doit pas exonérer d’une bonne gestion ! Faire des économies n’est pas faire de l’économie ; il convient de faire des économies que s’il y a eu des abus pour rétablir les équilibres… le problème est que dans le capitalisme tout est abusif. Par sa nature paroxysmique le capitalisme est forcément « crisique » !

    Nous ne faisons pas réellement de l’économie mais exclusivement du capitalisme ! Cessons de faire du capitalisme et faisons réellement de l’économie, de la logique d’ensemble et non de la logique particulière, particulièrement dogmatique… et bien des problèmes s’arrangeront d’eux-mêmes !


  • robin robin 9 juillet 2010 19:06

    @ l’auteur

    Un peu simpliste votre raisonnement.

    En réalité il s’agit de prêts fait aux mortgages les plus risqués, c’est à dire aux emprunteurs qui ont le plus de chance au premier coup de vent économique (récession), de ne plus pouvoir rembourser... et c’est exactement ce qui c’est passé.

    La titrisation n’est que la formule mathématique prétendument miraculeuse, permettant de faire croire qu’il n’y a pas de risque, en groupant l’actif pourri avec d’autres moins pourri, via des formules mathématiques incompréhensibles... une illusion qui nous a mené droit dans le mur...

    Ensuite, concernant l’économie et son « management » par les politiques, tout les problèmes sont dus, à mon avis et particulièrement en France, au fait que les mandats des politiques sont à court terme et exigent donc des résultats positifs économiques à court terme (5 ans) d’où la préférence dans les démocratie pour une politique Keynésienne, c’est à dire un feu de paille qui donne l’illusion d’une relance économique à court terme et donc incite les électeurs à revoter pour l’homme politique en place, mais qui, en réalité, accroit le déficit des balances commerciales et l’endettement des pays développés, puisque, dans leurs grandes majorités, ils n’ont pas ou plus (sauf cas particulier de l’Allemagne), les outils de productions des biens demandés par les consommateurs.

    Enfin, en ce qui concerne la stratégie des pays tels que l’Arabie Saoudite, là vous faite une grave erreur géopolitique car ces pays craignent un Iran (problème Chiites et Sunnites) trop puissant, comme auparavant ils craignaient leur voisin Irakien et préfèrent avoir au milieu un pays comme Israël pour équilibrer les forces...
    Par ailleurs, ils n’ont aucun intérêt à ce que nos économies occidentales disparaissent puisque ce sont eux qui financent en grande partie notre dette et en encaisse les intérêts...

    A mon avis, la seule et unique solution c’est de revenir à un capitalisme d’entrepreneur innovant, au sens de Schumpeter, sur le long terme, pour reconstruire des outils de production adaptés aux besoins futur des consommateurs.

    Et c’est seulement après avoir rebattit ces outils de production du futur que l’on pourra effectivement faire une relance par la demande de type Keynésienne pour faire tourner les outils de production industrielle locaux.

    Ce retour au capitalisme innovant prend forme aux USA sur le long terme dans la silicon valley (clean tech, green tech, energy tech) et ne peut venir que de l’initiative privée mise en condition favorable par une politique d’Etat adaptée.

    Simultanément, il faudrait abandonner totalement la financiarisation de l’économie au profit de ce capitalisme d’entrepreneur innovant mais comment peut-on faire pour stopper des traders accros, shootés, camés, aux jeux de casinos à très court terme ???

    Cela passe obligatoirement par des décisions politiques de gens n’ayant pas les mêmes intérêts dans tous les pays à commencer par la séparation de la banque de dépôt et de la banque d’affaire.

    Je ne pense pas qu’ils arrivent à se mettre d’accord là-dessus si les USA ne sont pas les initiateurs d’un tel processus. Or Obama a reculé sur cette question...

    On va donc aller dans une succession de crises et de sursauts... jusqu’à l’explosion économique finale ?


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