Volkswagen : déshabiller Pierre pour habiller Paul
Volkswagen a négocié avec le syndicat IG Metall un accord d’entreprise qui lui permette d’améliorer la compétitivité de ses installations de production en Allemagne.
Pour ce faire, la logique de base, parfaitement comprise par les syndicats allemands et que ceux qui lisent ce blog reconnaîtront comme celle que je defends également, consiste à diminuer les coûts en augmentant les horaires de travail à salaire égal. Le contraire de la politique des 35 heures à la française...
En 2006, la constructeur allemand a donc négocié l’augmentation des horaires de travail, très faibles chez Volkswagen à 29 heures en moyenne, sans aucune augmentation de salaire. Par contre, il accepta une contrepartie demandée par IG Metall pour "faire passer" l’accord à ses adhérents, celle de s’engager sur le maintien des effectifs en Allemagne au besoin en y rapatriant certaines fabrications effectuées sur des sites étrangers.
Le résultat en a été une relocalisation vers Wolfsburg de fabrication de différents véhicules dont essentiellement des Golf. Les perdants de cette opération "déshabillons Pierre pour habiller Paul" ont été l’usine de Bruxelles et, plus récemment, celle de Uitenhage en Afrique du Sud (6 600 salariés) en attendant peut-être celle du Portugal (2 900 salariés) et du Mexique (13 500). Les postes sauvegardés sur le site de Wolfsbourg ont été estimés à 1 000 à 1 100 emplois. Par contre sur le plan économique et compte tenu des différences de salaires entre ces différents pays et l’Allemagne, il n’est pas évident que Volkswagen n’y perde pas, d’autant plus que les fabrications rapatriées étaient destinées à l’Asie du Sud-Est.
La mondialisation se traduit dans certains cas par le repli sur soi et la réémergence du protectionisme. Force est de constater que ce protectionisme peut avoir des effets pervers...