mercredi 22 juillet 2009 - par ÇaDérange

Biocarburants : le blé c’est plus ce que c’était !

La profession agricole s’était lancée rapidement et sur une vaste échelle dans la fourniture de biocarburants pour inclusion dans nos carburants de tous les jours. Pour l’essence ou le super il s’agissait d’éthanol à partir de céréales de divers types, maïs et blé ou de betterave pour la France et pour les diesels dans des esters ou ethers produits à partir d’oléagineux type colza ou tournesol.

Dans l’enthousiasme de ce nouveau débouché pour leurs cultures, la profession s’est lancée dans des investissements lourds avec de véritables raffineries érigées dans nos campagnes. Par exemple celle de la coopérative Cohèsis près de Reims fait travailler 340 personnes et fait un chiffre d’affaire de 330 millions d’euros en utilisant 10 millions de tonnes de blé en provenance des 2000 adhérents de la coopérative. Quelques années plus tard, la situation a bien évolué côté éthanol et blé ou maïs, car les prix internationaux pour ces céréales ont fortement évolués. Des 90/95 euros la tonne auxquels se négociaient la tonne de blé il y a 5 ans, nous en sommes à 140 euros désormais sur les marchés internationaux.

En sens inverse le baril de pétrole s’est totalement écroulé des 150 dollars le baril aux 50/60 auxquels il se traîne aujourd’hui. En principe, ça ne change rien aux besoins des pétroliers en biocarburants d’appoint mais ça pèse sur les prix car les pétroliers n’acceptent pas de payer plus cher que leur propre production. Le prix des biocarburants est donc déprimé et il devient moins intéressant pour le producteur de blé d’approvisionner la raffinerie à éthanol que de vendre directement son blé sur le marché !

Conclusions de certains producteurs qui se retrouvent piégés à devoir fournir des tonnes de blés qu’ils pourraient vendre plus cher sur le marché : Messieurs les raffineurs, allez plutôt taper à la porte des producteurs de betteraves ! Et effectivement les betteraviers voient leur marché traditionnel, le sucre, disparaitre entre la moindre appétence du consommateur pour ce produit et l’ouverture du marché aux producteurs de sucre à partir de canne à sucre.

Ceci dit les céréaliers vivent les incertitudes des pétroliers lorsqu’ils investissent dans une raffinerie. On ne peut jamais compter, dans le monde d’aujourd’hui, sur des prix de ventes stables qui rémunèrent les investissements au moins sur le moyen terme. Et il faut être à la fois producteur de la matière première, brut ou blé, et raffineur du produit fini pour équilibrer les risques, la hausse des cours de la matière première venant compenser la baisse des marges du raffineur et vice versa.

On ne peut gagner sur tous les tableaux...
 
 
 


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