jeudi 25 juillet 2019 - par C’est Nabum

Copeaux ou bien paille ?

L’eau en moins.

Chantre de la scatologie et de tout ce qui a un rapport avec le trône, je prends une nouvelle fois la plume pour me plonger dans les profondeurs de nos pratiques plus cachées que honteuses. C’est au hasard d’une festivité estivale sur une plage de Loire que je fis la rencontre d’un couple qui a consacré son existence à une noble cause.

Bien sûr, dans pareil cas, le quidam ordinaire ne se pose jamais la question du pourquoi ou du comment préférant évacuer les questions fondamentales au profit de la quête incessante des gourmandises et autres réserves de bouche. Comme si ces nécessités vitales n’étaient jamais suivies de besoins naturels, souvent fort délicats à satisfaire dans de telles circonstances.

Justement ces deux-là permettaient à tous cette satisfaction de la plus agréable manière tout en permettant pour qui veut s’en donner la peine de réfléchir sur une meilleure gestion de nos ressources naturelles. Ils sont responsables d’une société Madom qui fournit et entretient des toilettes sèches durant les animations extérieures.

Je devine des sourires en coin, comme si ce sujet ne méritait pas un papier. C’est faire peu de cas des enjeux considérables qui se cachent derrière ce dossier. Notre Planète ne peut continuer de la sorte à gaspiller l’eau potable pour un usage qui de plus est à fond perdu. L’évacuation de nos excréments nécessitant alors tout un réseau complexe qualifié d’eaux vannes qui posent de tels problèmes d’assainissement qu’ils ne sont jamais résolus tout à fait ce qui participe grandement à la pollution des eaux fluviales.

Les toilettes sèches résolvent ce scandaleux gaspillage. L’eau n’a nulle vocation à servir de repoussoir à ce que notre organisme rejette et que la nature pourrait très bien utiliser comme engrais en dépit de l’état désastreux de notre alimentation et de la composition de nos selles. Notre organisme est à ce point souillé par les produits pharmaceutiques et phytosanitaires que nous constituons, dans ce registre également, une lourde menace pour la biodiversité.

Nos amis sont en mesure de fournir quinze cabines avec réserves de copeaux et 11 urinoirs fonctionnant sur le même principe. La paille agirait selon eux de la même manière. Ces deux matériaux, fortement carbonés, ont le pouvoir de transformer l’azote que nous évacuons sans laisser s’échapper d’odeurs désagréables. La paille ne donnant par contre pas toute satisfaction pour la transformation des reliefs en compost. Avec elle, un apport de rejets de la tonte s’avère nécessaire pour que la décomposition soit optimum.

Dans les deux cas, la composition de nos rejets implique une décomposition de 3 années afin de laisser le temps aux bactéries de venir à bout de tous les éléments parasites qu’une société dite moderne a installé dans notre organisme. C’est malgré tout une belle occasion qui nous serait donnée d’apporter notre pierre à la grande chaîne naturelle si nous avions tous l’intention de remettre la nature en selle.

La société Madom fait du prosélitysme dans les espaces culturels. Il n’est pas de sots métiers et bien au contraire, ces deux-là ont le double souci d’offrir un service de qualité avec des cabines régulièrement nettoyées et vidées tout en transmettant un message qui s’avère vital pour l’avenir de notre planète.

En les interrogeant tandis que sur scène, les artistes et les techniciens effectuaient la balance, j’ai pensé mettre tout mon poids pour leur donner l’occasion de mettre en avant ce qui le plus souvent reste en arrière-plan. Pour me convaincre si besoin était qu’ils apportaient une véritable réponse d’avenir, ils me dirent non sans fierté qu’ils venaient d’installer deux toilettes sèches sur les quais d’Orléans, là où se presse l’été, une foule considérable.

Je m’empressai de noter cette information qui pour symbolique qu’elle soit, démontre que l’ère des tinettes comme elles firent à l’époque la gloire de Bréhémont, est désormais révolue. Nos rivières ne peuvent rester éternellement le déversoir de nos excréments qu’ils soient naturels ou bien artificiels et désastreux comme le sont mégots, canettes et autres bouteilles et papiers gras.

Merci aux deux responsables de Madom de m’avoir ainsi accordé un peu d’attention alors que j’allais me refugier quelques instants dans l’une de leurs élégantes cabines. Nul endroit ne doit échapper aux nécessaires interrogations. C’est ce qui me poussa à approfondir le sujet afin de vous le livrer en exclusivité. J’en éprouvais le besoin, veuillez m’excuser d’un éventuel dérangement intestin.

Sèchement leur.

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