samedi 21 avril 2012 - par Rcoutouly

Crise écologique : les candidats au banc d’essai

A quelques heures du premier tour de la Présidentielle, examinons les programmes des différents candidats à la lumière de l'écologie et plus précisement de la crise écologique.

Le concept de crise écologique est défendu inlassablement par l'auteur de cet article. De quoi s'agit-il ? La crise écologique est une autre explication des crises économiques et de l'explosion des dettes. Elle ne s'oppose pas aux analyses traditionnelles mais les complète.

Le ralentissement économique, que nous vivons depuis 2008, s'explique parce que nous atteignons le plafond de verre des ressources par rapport à la planète et ses habitants. Terres cultivables, foncier pour construire, pétrole, minerais, alimentations, eau potable, ... : partout et pour tout, nous aboutissons à l'asymptote de nos possibilités par rapport à notre population.

La crise de la dette a la même explication. Pour relancer la machine économique, les gouvernements des pays occidentaux vivent depuis 30 ans au-dessus de leurs moyens. A chaque fois, ils parient sur un accroissement de la croissance économique, croissance toujours décevante par rapport à leurs objectifs. Or, cette reprise économique est toujours contrecarrée par l'augmentation des prix et des coûts de ressources de plus en plus rares.

Les candidats à l'élection présidentielle ont-ils conscience de ce phénomène ? Ont-ils, dans leur programme, quelques éléments de réponse à cette grille d'analyse ? Commençons notre tour d'horizon.

Marine Le Pen est la plus extrémiste en ce domaine. Elle nie le réchauffement climatique et annonce la mesure la plus démagogique et la plus irréaliste qui soit sur ce sujet : faire immédiatement baisser le prix de l'essence de 20%. C'est faire la politique de l'autruche et croire encore naïvement en la société d'abondance.

Nathalie Artaud et Nicolas Dupont-Aignan, pourtant de bord opposé, ont la même approche : la crise est monocausale. Pour la première, la bourgeoise et le capital sont seuls responsables, pour l'autre, c'est la finance et l'Europe. Le manichéisme simplificateur ne permet pas de comprendre que, si l'Europe est en crise depuis 30 ans, c'est qu'elle affronte aussi les inconvénients d'être un vieux continent aux ressources limitées. 

François Bayrou et Jacques Cheminade ont des analyses voisines. L'écologie et le développement durable sont un simple paragraphe de leur programme. La résolution de la crise est leur principal problème mais ils n'ont pas compris le lien qui existent entre crise et écologie. On devine pourtant que, pour eux, l'écologie a un coût qui s'oppose à la relance économique. Cela doit donc rester secondaire.

Jean-Luc Mélanchon et Philippe Poutou ont des vues similaires. L'écologie prend une place importante dans leur programme et le lien entre la crise et l'écologie est esquissé. Malheureusement, leur vision d'une planification écologique, dirigiste et donc autoritaire, semble bien naïve. Croire que l'on va modifier les comportements des citoyens et des consommateurs par l'injonction et la réglementation, procède d'une méconnaissance des processus d'évolution des mentalités.

Eva Joly semble être la candidate rêvée pour comprendre la crise écologique. Mais sa vision, certes franche et lucide de la situation, souffre d'un manque de volontarisme. Elle peine à relier la crise et l'idéal écologique qu'elle défend. 

A contrario, Nicolas Sarkozy veut donner l'image du candidat volontaire par essence. Mais le président en exercice est confronté à son bilan. Aprés le démarrage prometteur du Grenelle de l'environnement, il a, lui aussi, perçu l'écologie comme un obstacle dans son combat contre la crise. Incapable de faire le lien entre les deux, il a arbitré en défaveur de l'écologie à chaque prise de décision. De plus, son soutien à l'industrie mono-nucléaire française a handicapé la nécessaire conversion aux énergies renouvelables. 

François Hollande semble avoir des atouts intéressants pour affronter la crise écologique. Il possède des conseillers de qualité, qui ont commencé à faire des analyses dans ce sens. Mais sa vision du monde souffre encore du coeur de l'idéal socialiste : croire que la relance se fera par des politiques keynésiennes s'oppose à l'analyse de la situation par la crise écologique. La croissance, conséquence positive et nécessaire du keynésianisme, ne se fera pas car la limitation des ressources de la planète empêche cet ancien modèle économique de fonctionner encore. 

Le favori des sondages doit le comprendre. Il risque en effet de nous faire revivre le tournant de la rigueur de 1983, décidé par Mitterrand après l'échec de la politique de la relance initiée après la victoire de 1981. Le mur de la réalité des dettes et du plafond de verre des ressources risque d'être rapidement atteint. 

La seule relance économique possible doit impérativement mettre au coeur les politiques durables, le recyclage des ressources et les énergies renouvelables. Faute de le comprendre, le vainqueur de la présidentielle, dans quinze jours, risque de nous faire sombrer encore un peu plus.

sources de l'image : wikipédia et solution recyclage



9 réactions


  • Abou Antoun Abou Antoun 21 avril 2012 11:40

    Un des rares articles parfaitement lucides qu’il nous est donné de lire sur ce forum.
    Bravo l’auteur, mon soutien total.
    Nous ne vivons pas une crise, nous sommes dans la phase terminale d’une très longue maladie.
    Le ralentissement économique, que nous vivons depuis 2008, s’explique parce que nous atteignons le plafond de verre des ressources par rapport à la planète et ses habitants.
    Oui !
    La crise de la dette a la même explication. Pour relancer la machine économique, les gouvernements des pays occidentaux vivent depuis 30 ans au-dessus de leurs moyens. A chaque fois, ils parient sur un accroissement de la croissance économique, croissance toujours décevante par rapport à leurs objectifs. Or, cette reprise économique est toujours contrecarrée par l’augmentation des prix et des coûts de ressources de plus en plus rares.
    Absolument !
    D’accord également avec toutes vos analyses concernant les ’programmes’ des candidats en matière d’écologie. Partout c’est un mélange d’angélisme et de délire.
    J’ignore si nos candidats sont assez bêtes pour ignorer toutes les questions que vous soulevez ou s’ils sont assez malhonnêtes pour les passer sous silence.
    Il doit y avoir un peu des deux.
    Pour moi cette élection n’a AUCUN intérêt, si ce n’est de mettre en relief l’ignorance de nos dirigeants ou de nos aspirants dirigeants.
    MERCI et BRAVO pour votre article.


    • Redrogers 21 avril 2012 12:49

      « Pour moi cette élection n’a AUCUN intérêt, si ce n’est de mettre en relief l’ignorance de nos dirigeants ou de nos aspirants dirigeants. »


      Si seulement vous aviez tort...

  • Robert GIL ROBERT GIL 21 avril 2012 12:07

    la Terre n’a pas besoin qu’on s’occupe d’elle et les humains seraient bien inspirés de concentrer leur énergie sur leurs propres problèmes de survie énergétique et alimentaire pour les décennies à venir, afin de garantir leurs deux besoins fondamentaux, à savoir : se nourrir et se chauffer. Et ceci est loin d’être gagné d’avance .....................
    http://2ccr.unblog.fr/2012/04/17/la-planete-rigole/


    • amipb amipb 21 avril 2012 15:49

      Jusqu’à preuve du contraire, nous vivons sur la Terre.

      C’est une illusion de croire que l’homme est un élément externe à l’environnement.


  • Abou Antoun Abou Antoun 21 avril 2012 12:10

    la Terre n’a pas besoin qu’on s’occupe d’elle et les humains seraient bien inspirés de concentrer leur énergie sur leurs propres problèmes de survie énergétique et alimentaire pour les décennies à venir, afin de garantir leurs deux besoins fondamentaux, à savoir : se nourrir et se chauffer.
    Cette simple phrase est une contradiction en elle-même. D’où tirons nous nos ressources pour nous nourrir et nous chauffer ???


    • Robert GIL ROBERT GIL 21 avril 2012 12:58

      ce que je veux dire c’est que la terre s’en fout de nos conneries, elle continuera sa route d’une façon ou d’une autre, ce qui risque de disparaitre c’est l’homme.....pas le terre !


    • Abou Antoun Abou Antoun 21 avril 2012 13:42

      ce que je veux dire c’est que la terre s’en fout de nos conneries, elle continuera sa route d’une façon ou d’une autre, ce qui risque de disparaitre c’est l’homme.....pas le terre !
      Si ! Lla terre disparaîtra aussi à son tour, plus tard. Mais effectivement elle peut continuer à tourner sans nous (ce qu’elle a déjà fait la plupart de son temps), et la nature ayant horreur du vide, notre espèce sera remplacée par une autre aussi conquérante ou plus.


  • Redrogers 21 avril 2012 12:46

    Ce que je retire de votre analyse, c’est que ce n’est pas gagné !

    Cette semaine, j’ai parcouru les prospectus des 10 candidats en cherchant un seul mot clé : biodiversité (question perpétuellement oubliée et surtout incomprise). Et bien, il n’y a que 2 candidats qui écrivent ce mot : Eva Joly (encore heureux...) et François Bayrou (qui est le seul a rappeler qu’il a signé, il y a 5 ans, le pacte écologique et que sa signature reste valable 5 ans après...).

  • Roberton 21 avril 2012 17:53

    La seule relance économique passe par trois points qui à eux seuls font tout un programme de gouvernement par leurs conséquences.

    • l´emploi

    • les déficits internes et externes.

    Au lieu du grand Paris à 60 Milliards d´euros, obligeons Renault et PSA à fabriquer une 2 CV moderne de 500Kgs et 1,5l/100Km. 6 millions de véhicules à changer en Ile de France avec prime à la casse de 1000 €. L´emploi augmente, nos importations de pétrole diminuent, on compense la perte de la TIPP. Résultat le même coût pour le consommateur et diminution des importations et moins de pollutions.

    Nucléaire, ne pas détruire un patrimoine (centrales nucléaires) de 75 Milliards d´euros, Nous importons par an 8000 t de minerai d´uranium à un coût de 600 Millions d´euros. Le remplacement par de l´éolien + gaz ou charbon, augmenterait nos importations en 20 milliards d´euros en produits fossiles, sans parler de l´investissement initial. Regardez le surcoût des énergies fossiles en Espagne avec ses 15000MW d´éoliens.

    Une éolienne de 5 MW, c´est 1000t de béton, 250t d´acier, 600kg de cuivre et beaucoup de dérivés du pétrole (plastiques, résines, huiles pour les circuits électriques ainsi que les pales, lubrifiants etc...). Une tranche de nucléaire c´est 1000 éoliennes (20% de rendement moyen) donc 1000000t de béton (60 à 120 litres d´équivalent pétrole/tonne) etc... Quantité négligeable ?

    L´AIE chiffre une quantité croissante d´énergie nécessaire mais aussi un manque de 20Mb/jour de pétrole en 2020. Bien avant 2050 la production de pétrole sera dans un déclin accéléré, les minerais de fer, de bauxite, de cuivre, de nickel.... pour ne parler que des plus importants, nous viennent d´Amérique du sud, de l´Australie, de la Nouvelle Calédonie etc... Comment ferons nous pour les transporter et les transformer ? N´oublions pas que les mines produisant l´antimoine, l´hafnium, l´indium, le platine, l´argent, le tantale et le zinc serons presque épuisées dans les 30/40 ans qui viennent.

    Ce qui me fait dire que 30 ans après le pic de production de pétrole nous serons en panne de transports et d´électricité.

    N´oublions pas l´agriculture complètement pétro-dépendante dont la production mondiale a été multipliée par 7 au XXe siècle et dont les rendements plafonnent.

    Retour à la terre, moins d´emploi dans les bureaux.

    Vers 2050 nous retournerons en 1800 avec de 2 à 3 milliards d´habitants au maximum, puisque toutes les énergies utilisables et futures sont dépendantes du pétrole pour leurs construction et maintenance.

    Un bon conseil, achetez un terrain de 5 ha, plantez, faites votre biogaz, vous en aurez besoin plus vite que vous ne le pensez.


Réagir