mercredi 5 septembre 2018 - par Steph_Bardet

Ecologie, construction, subventions : les chiffres que l’industrie du bois vous cache

Subventions publiques massives, qualités écologiques discutables, importations majoritaires, bilan carbone alourdi par le transport et la transformation… L’usage du bois dans la construction n’est pas la panacée comme semble l’affirmer le discours dominant.

Selon un rapport de la Cour des Comptes publié en 2015, la filière bois reçoit au total 910 millions d’euros de subventions publiques par an. Des aides trop dispersées et trop peu cohérentes pour être réellement efficaces, notent les Sages, et qui s’accumulent au gré des plans gouvernementaux.

Empilement de subventions publiques

Le « programme national de la forêt et du bois 2016-2026 » prévoit ainsi d’augmenter la récolte de bois et l’usage de ce matériau dans la construction. Pour atteindre ces objectifs, le fonds stratégique de la forêt et du bois – 28 millions d’euros en 2017 – sera doté d’au minimum 100 millions d’euros en mobilisant divers financements en provenance des Régions, de l’Etat, de l’Europe et du secteur privé.

En 2017, le gouvernement a même signé une charte pour une « alliance nationale bois construction rénovation » avec les acteurs de la filière bois, l’Association des régions de France et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie). Objectif affiché : diffuser des informations sur l’intérêt du bois dans la construction, afin d’inciter les décideurs publics à privilégier ce matériau. La même année, toujours à l’invitation des acteurs de la filière, le gouvernement a également lancé le troisième « plan national bois construction », qui vise à « massifier l’usage du bois dans la construction ».

Egalement reconnu comme « filière d’avenir », le secteur du bois bénéficie aussi d’un « comité stratégique » depuis 2013 et d’un « contrat Etat-filière » depuis fin 2014, ainsi que d’un « plan national d’action pour l’avenir des industries de transformation du bois ». Sans compter qu’un chapitre du « plan de la Nouvelle France Industrielle » est consacré aux immeubles en bois de grande hauteur (IGH)...

Grâce à un lobbying intense et habile, la filière bois a donc réussi à obtenir un accompagnement assez unique de la part des pouvoirs publics. Dernier cadeau en date : 100 millions d’euros de fonds de prêt ont été promis aux scieries dans le cadre d’un plan d’investissement public à l’agriculture, dans la foulée du Salon de l’agriculture, en février 2018.

Un bilan carbone non négligeable

Le premier problème posé par ce soutien public massif, c’est qu’il ne bénéficie que marginalement à l’emploi local dans la mesure où 60 % des sciages utilisés pour la construction sont importés. Certains résineux, comme l’épicéa, matériau de base des bois lamellé-collé et lamellé-croisé, sont même importés à 90 %, principalement de Scandinavie.

Le développement de la construction bois va donc surtout profiter aux produits résineux d’importation, un domaine où les industries norvégienne et d’Europe centrale, en particulier, sont très compétitives… Alors qu’en France, la part restreinte de forêts facilement exploitables (seulement 58 %) et la répartition entre les différentes essences (deux tiers de feuillus et seulement un tiers de résineux, les plus demandés par le secteur de la construction) limitent les possibilités d’inverser la tendance.

Cette part importante des importations contribue également à augmenter les émissions de gaz à effet de serre générées par les transports. En moyenne, le bois parcourt en effet une distance de 100 km entre la forêt et la scierie et de 600 km entre la scierie et le chantier de mise en œuvre. Mais les distances sont souvent plus importantes. Selon l’Ademe, un camion de 40 tonnes émet 10 kg de CO2 par tonne pour un trajet de 100 km. Si le bois vient d’Allemagne (1 000 km), son transport émettra donc 100 kg de CO2 par tonne transportée… Mais s’il est issu de forêts finlandaises (2 500 km), on atteindra 250 kg de CO2 par tonne. Sans parler des bois en provenance du Canada, du Brésil ou d’Indonésie… Le bilan carbone du bois s’alourdit aussi avec les énergies fossiles utilisées pour sa transformation. Les émissions liées à la fabrication de CLT ou bois lamellé croisé (abattage, sciage, séchage, rabotage, assemblage, transports) s’élèvent ainsi à 360 kg de CO2 par tonne selon les Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES). Et pour la fabrication de panneaux de bois, le bilan monte à 520 kg CO2 par tonne.

De plus, lorsque l’on présente le bois comme un « puits de carbone », capable de capter le CO2 de l’atmosphère, puis de le stocker sous forme de carbone tout au long de sa durée de vie, on occulte la fin de vie du produit. Le transfert de carbone n’est en fait que temporaire : capté lors de la croissance de l’arbre, il sera finalement restitué à l’atmosphère lorsque le bois sera brûlé ou enfoui.

Des qualités écologiques discutables

Dans le cadre de la performance énergétique des bâtiments, le bois part également avec un handicap : sa faible inertie thermique, c’est-à-dire sa faible capacité à absorber de la chaleur en hiver ou de la fraîcheur en été, puis à la restituer progressivement. Des caractéristiques qui imposent aux maisons en bois l’usage de la climatisation en été, surtout dans le sud de la France, ainsi que la nécessité d’augmenter la consommation de chauffage en hiver. Deux contraintes qui ne vont pas dans le sens d’une diminution de la consommation d’énergie.

Le bilan écologique du bois est aussi terni par l’utilisation des nombreux traitements chimiques nécessaires à l’utilisation de ce matériau dans la construction : contre le feu, les champignons, les insectes, l’humidité… Des produits chimiques auxquels s’ajoutent les substances présentes dans les colles et les résines utilisées pour assembler les panneaux de bois, ainsi que dans les produits de finition (peintures, laques, vernis, etc.). Parmi ces différents produits chimiques, figurent en particulier des composés organiques volatils (COV), qui ont la capacité de se répandre dans l’air intérieur des habitations et peuvent avoir des effets néfastes sur la santé.

Enfin, en dépit des progrès réalisés en matière de résistance au feu – au prix de nouveaux traitements chimiques – le bois reste combustible : c’est un matériau qui nourrit le feu et entretient la combustion. Et s’il constitue lui-même la structure de l’habitation, le risque d’effondrement est réel. Un problème posé en particulier, selon plusieurs experts, pour les immeubles de grande hauteur.



15 réactions


  • BRémy BRémy 5 septembre 2018 19:07
    d’accord avec vous pour les soucis d’importation-concurrence
    et pour dénoncer les subventions à cette importation.

    pas d’accord avec votre explication sur l’inertie thermique de ce matériaux
    comme si c’était le seul paramètre à prendre en compte
    (je pense à la pierre, très prisée en Bretagne il y a quelques décennies)

    par ailleurs, le risque d’incendie est certes présent,
    il le sera bien moindre avec un choix de poutrelles plutôt que des fermettes
    (très bon marché) ainsi que d’une sélection de matériaux d’isolation bien cernée.

    enfin, une maison construite en douglas (bois local)
    n’a pas besoin de traitement chimique.

    cordialement

    • Ouam (Paria statutaire non vacciné) Ouam 5 septembre 2018 20:31
      @BRémy

      Bonjour BRemy

      Si pour l’inertie thermique il à totalement raison.

      Ou l’usage du bois est interessante, c’est dans des endroits ou il n’y à pas ou peu de fluctuations rapides.

      Vous désirez un exemple dinertie thermique par la pratique, cherchez « le puis canadien », c’est le principe typique de l’inetie thermique (via le sol cette fois)

      Un Autre, cette fois en apparent , les murs a pêches, autrefois a montreuil (dans le 93) on erigeais des petits murs tres épais en pierre mélangé avec du platre ou de la chaux.
      La journéee cette masse thermique accumulais du chaud pour le restituer la nuit avec la température plus fraiche.
       
      En Auvergne dans certains coins on construisais des batisses avec des murs ebn pierre d’une épaisseur d1m20 (vous avez bien lu 120cms d’épaiiseur), c’est un véritable bonheur de stabilité thermique

      Cela se nomme « linertie thermique » vous trouverez cela dans google ou autre.
       
      Le bois possède de nombreuses qualités, mais pas du tout celle de l’inertie thermique (ou si peu)
       
      Ouam,

      Ps Merci à l’auteur pour son texte instructif

    • BRémy BRémy 6 septembre 2018 00:35

      @Ouam

      je vous cite
      « Ou l’usage du bois est intéressante,
      c’est dans des endroits ou il n’y à pas ou peu de fluctuations rapides. »
      tout à fait d’accord avec vous, mais quand c’est froid, longtemps
      ben on ne peut se mettre le dos au mur (sans jeu de mots)
      je citais ce point comme un des paramètres de construction

      « Vous désirez un exemple d’inertie thermique par la pratique,
      cherchez « le puis canadien » »
      tout à fait, je connais bien le principe, cependant un peu cher.
      y’a vraiment pas de raison de se priver de ce mode si la surface est disponible

      « des murs en pierres d’une épaisseur d1m20 »
      ok, je veux bien y vivre en été.
      par contre, en automne-hiver non, hors de question, j’appréhende.
      j’ai bien peur que la pierre soit froide,
      qu’elle transmette la T° extérieure vers l’intérieur.
      il faudra chauffer, chauffer, chauffer tous les jours ...

      et j’aime pas faire du bois, encore moins des bûches smiley


    • Ouam (Paria statutaire non vacciné) Ouam 6 septembre 2018 01:45

      @BRémy

      on est d’accord sur les points un et deux, bien que le prix si on est un peu démerdard (et se louer un tomcat pendant un jour ou deux) ce n’est pas exessif.
      On peut faire son puis canadien avec ce que l’on récupere, j’adorerai pouvoir m’en construire un, helas je vis sur paname, mais j’ai bcp joué avec l’inertie thermique, mais de maniere moins performanten c’est neamoins bien plus performant que les plaques de béton < a 10cms des constructions de merde et meme que celles en bois.

      Pour les constructions tres épaisses, vous vous trompez (enfin a moitié)
      je m’’explique :
      la pierre est effectivement un tres mauvais isolant (on est d’accord)
      par contre si vous isolez par l’extérieur bien sur et que vous gardez le reste du corps en pierre qui vous sert de tampon thermique, meme en hiver c’est un chausson.
      Ma cuisine fonctionne comme cela (semi enterrrée) c’est juste du pur bonheur lorsque la canicule se présente, lorsque les autres onts 34 nou plus chez euxs, sans clim j’ai 26 au max et constant.
      en hiver si je part une semaine meme par grand friod, pas besoin de mettre le mode « hors gel » ca n’a jamais gelé..
      Le hic et il y en à un car les miracles n’existent pas...
      Une fois que c’est tombé a 10 ou 6 degrès la c’est la chienlit sévere pour tout « restabiliser »

      je donne les avantages ET les inconvénients de jouer avec la masse thermique dans les zones tempérées à ampleur climatique « vivable » (cad la france p ex)

      C’est sur qu’au groenland, j’applique votre stratégie derechef qui est bien sur la meilleure.

      C’est pour le wifi que la ca se corse (les tres gros murs) la effectiment c’est aussi un deuxieme inconvénient pour cles afficionados du wifi, d’ou le rj45 chez moi, alors que le bois pas de problèmes.

      tout est une histoire de compromis.


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 5 septembre 2018 19:44

    Pour la question écologique, voici ce qui doit vous intéresser :


    La crise et la constipation énergétique mondiales : Lisez cet article qui doit vous intéresser et intéresser tout le monde.

    « »DÉMISSION DE Nicolas HULOT : ÉCHEC DE L’IDÉOLOGIE DE L’ELYSÉE« » !


  • Ouam (Paria statutaire non vacciné) Ouam 5 septembre 2018 20:41
    @L’auteur
    Bonjour a toi,

    je suis en grande partie d’accord avec tes écrits, la preuve pour l’inertie thermique que je soutiens.
    Cd mon post a Bremy

    Y compris les traitements du bois et une bonne partie du reste.
    Ou je siis un peu en dessacord avec toi c’est pour cette phrase ci, je cite

    "Enfin, en dépit des progrès réalisés en matière de résistance au feu – au prix de nouveaux traitements chimiques – le bois reste combustible : c’est un matériau qui nourrit le feu et entretient la combustion. Et s’il constitue lui-même la structure de l’habitation, le risque d’effondrement est réel. Un problème posé en particulier, selon plusieurs experts, pour les immeubles de grande hauteur."

    C’est pas si simple, c’est plus complexe
    par exemple si tu à un incendie avec des ipm (metal) comme structure, vu que on est dans les incendies dans tes remarques, eh bien une structure IPM (Acier) + béton deumeure plus risquée sur un éffondrement que la meme structure beton et poutre en bois.

    Ls hautes temératures déformeront les IMP (metal) l’elongtion etc...
    mettant en rupture des pièces de maçonnerie et l’efondrement de l’édifice.

    C’est certes anectdotique mais cela à le mérite d’etre considéré et ceci sur des structure de faibles hauteurs (qq étages)

    A +

  • baldis30 6 septembre 2018 10:11

    haro sur le bois ! c’est nouveau ça vient de sortir !

    Que les traitements du bois soient peu écologiques qui en douterait ? Mais bien sûr la fabrication du silicium est elle parfaitement écologique ... , personne n’en doute à commencer par ceux qui y laisse la peau !

    Ensuite l’auteur a oublié que la majorité du reboisement français s’est faite après la guerre par le besoin de bois de mine , alors peu utilisable pour d’autres usages ... et d’un autre côté pour faire dans l’écolo avant la lettre on a favorisé dans certaines régions le reboisement naturel à partir du pin d’Alep, un produit remarquable pour son inflammabilité ...

    L’auteur oubli qu’après la guerre le cycle du chêne était d’environ 250 ans et que les travaux relatifs à la mycorhization l’ont ramené à un siècle de moins ... je pense que l’auteur de l’article doit connaître ces travaux ... et le labo qui les a menés ....

     Par contre ce qui est dur et n’est pas à la portée de tout le monde ( donc vive les cons ignares) c’est le calcul des ouvrages en bois, même lamellé-collé. Des modules d’élasticité hétérogènes, mais aussi des vertus sur les problèmes de flambement si on maîtrise ces caractéristiques, cela on n’en parle pas ! Ah oui  ! mais alors il faut payer des gens très spécialisés .... oulalalalalala !

    Evidemment le résineux le plus intéressant, hormis le laricio corse, est le pin sylvestre. On y a préféré l’Alep pour faire plus vert avant la lettre .... outre le problème du douglas qui dans certaines régions de FRANCE est à l’origine de sécheresses anthropiques graves sans pour autant jouer un quelconque rôle de protection contre les crues ...

    Ensuite il y a le problème de l’exploitation des forêts, à l’exception évidemment de grandes forêts à l’Ouest du pays : cherchez la main d’œuvre capable : cherchez ! Enfin la forêt vosgienne n’a toujours pas encaissé deux guerres mondiales et le problème des bois mitraillés peut se résoudre .. ; mais à quel prix pour ne pas coûter plus cher en destruction de matériel d’exploitation que ne rapporte la vente des produits !


    • JC_Lavau JC_Lavau 6 septembre 2018 10:26

      @baldis30. Tu as toujours un problème de rédaction submergée d’affectivité et de rancoeur. Tes allusions qui te sont évidentes à toi, sont incompréhensibles pour la quasi-totalité de des lecteurs.


      Tu n’explicites jamais sur quels critères tu prétends que tel reboisement est « le plus intéressant », ni pour qui.
      Prenons l’exemple des reboisement en Douglas, dont tu ne dis pas où (j’en ai vu en Bretagne, j’en ai vu dans les monts du Lyonnais...). Qui peut comprendre tes allusions à des sécheresses anthropiques ? Zéro bilan hydrique ni pédologique... 
      Le point de vue du forestier est différent de celui du scieur, qui diffère de celui du charpentier, etc.

    • baldis30 6 septembre 2018 18:57

      @JC_Lavau

      bonjour

      « Qui peut comprendre tes allusions à des sécheresses anthropiques »

       va voir à titre d’exemple le débit de la Dore et le reboisement de la zone d’Ambert / Lachaise Dieu/ Nord de Thiers .. ;

       Après on en reparle ..

      Même chose pour d’autres régions du Massif Central

       Le seul problème c’est la trajectoire des billes ... de la plantation à l’utilisation sans dégâts collatéraux ...


  • wawa wawa 6 septembre 2018 11:07

    Que le bois n’ai pas un impact écologique nul, OK.


    Il n’empêche que face a ces concurrents le béton et l’acier qui eux consomment beaucoup d’énergie dans leur fabrication et en demande encore plus pour le transport, amha ya pas photo.

    Le problème d’inertie thermique est facilement compensable par l’adjonction de masse thermique a l’intérieur.

    Le seul mode de construction moins demandeur de ressource que le bois, c’est amha les murs un pisé, quand toutefois le terrain est argileux.

    Bref un article qui fait du bruit pour rien.

  • wawa wawa 6 septembre 2018 11:11

    de plus article presque copié-collé sur un autre plus ancien :


  • CORH CORH 6 septembre 2018 11:35
    « capté lors de la croissance de l’arbre, il sera finalement restitué à l’atmosphère lorsque le bois sera brûlé ou enfoui. »
     Encore heureux !
    Vous vous adressez a qui ? A des élèves de primaire ?

    • Doume65 6 septembre 2018 18:24

      @CORH
      Eh bien, il y a longtemps que j’ai passé le primaire, mais je ne comprends pas pourquoi le CO2 d’un arbre enfoui va se retrouver automatiquement dans l’atmosphère. C’est complètement contraire à ce que dit la permaculture.


  • HELIOS HELIOS 6 septembre 2018 12:48

    ... le seul interet du bois dans la construction, c’est que l’edifice peut etre detruit rapidement par n’importe quelle décision administrative.

    Que du bonheur pour les magouilleurs d’immobiliers et autre requins....

  • zygzornifle zygzornifle 6 septembre 2018 13:39

    L’industrie du bois est en marche, il y a « un pognon de dingue » a se faire ....


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