Ecologie et coopération, un même projet.
Plus la peine de se faire mal au cou en regardant vers Copenhague pendant des mois et des semaines, les sommets et hiérarchies sont tellement décevants que nous voilà motivés pour faire un tour chez le voisin paysan, boire un coup, refaire le monde... et pourquoi pas bientôt donner un coup de main.
Dans
Sans tape à l’œil
Nous sommes là dans une recherche de qualité avec des gens qui ressentent un besoin de changement, le besoin d’un autre monde. Nous reconnaissons la modestie dans ce qui est entrepris « sans tape à l’œil ». J’ai glané quelques impressions : « Il y a ici quelque chose qui s’ancre sur quelque chose de vrai ». Isabelle Peloux, l’enseignante qui s’occupe de l’école fait un travail qui donne pleine satisfaction aux parents : « des enfants qui se sentaient mal dans l’école classique, s’épanouissent, ce qu’ils ne faisaient pas ». Les Amanins sont situés à quelques dizaines de kilomètres de Montélimar, en arrivant par la petite route, nous sommes invités à laisser notre voiture à plus de 100m de la ferme dans les bois ou dans un champ. Par un sentier dans la prairie, nous passons à côté de 2 Mérens au noir luisant et d’un superbe cheval de labour, très caressés au passage des visiteurs. Dans la cour à l’ombre de la tonnelle, sous le mûrier, ça déjeune et ça discute, quelques stands dont celui de la distribution de repas et de café, l’Age de faire, Terre et Humanisme, Maurice Wellhoff qui glissera un peu de Loubatas. La conférence a lieu en plein air, un podium avec sono d’un côté et bottes de paille faisant office de bancs de l’autre, voilà la tribune, voilà la salle. Le soleil est de la partie. Heureusement, il y aura distribution de casquettes.
Un lien entre la capacité de résistance et la capacité d’émerveillement
Le thème de la journée tourne autour d’écologie et coopération. Deux enfants ouvriront les propos en nous racontant que le colibri qui porte de l’eau pour éteindre l’incendie de forêt dit à celui qui se moque de lui qu’il « fait sa part » ! C’est une évidence pour tout le monde, le colibri a raison, c’est celui qui se moque qui se trompe. Jean-Marie Pelt dira : « dans la nature il y a compétition et coopération, pas qu’un seul pôle ». Patrick Viveret qui réhabilite le mot « métier » et ça fait du bien, nous invite à faire des « œuvres de nos journées » et de nos vies. Il dira en conclusion qu’« il y a un lien entre la capacité de résistance et la capacité d’émerveillement ». Déborah Marrek parle des forums ouverts, lieu de démocratie et de co-construction. « Quand on est en cercle, on est équivalent, on peut tous offrir notre parole au centre ». Ça vaut le coup de donner les 4 principes du forum ouvert : 1. Ça commence quand ça commence, la créativité ne démarre pas à heure fixe. 2. Ça finit quand ça finit ! 3. Ce qui est arrivé est ce qui pouvait arriver. 4. Les personnes qui sont là sont les bonnes personnes. Règles simples qui parleront certainement à ceux qui connaissent les groupes et leur fonctionnement. Il y a aussi la loi de mobilité ou loi des deux pieds : « quand on ne contribue pas ou qu’on n’apprend pas, on peut partir ».
Germes d’une civilisation nouvelle
Pierre Rabhi parle du monde « de plus en plus laid », il dit que « la beauté est indispensable à l’évolution », « c’est la beauté qui créera les plus belles relations ». Edgar Morin parlera en parallèle des deux problèmes, le problème écologique d’une part et le problème de la « destruction des solidarités » entre les personnes d’autre part, il abordera l’importance d’enseigner la compréhension dont il parle dans les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur qu’il a fait pour l’UNESCO il y a maintenant quelques années. Il dit qu’on a à travailler sur « le rapport avec la nature » et sur la « coopération ». Il parle des « germes d’une civilisation nouvelle ». Des propos, c’est clair, qui mettent en confiance quand on est impliqué dans l’action pour la transformation sociale. Edgar Morin parlera aussi d’un « processus créateur (celui que nous vivons en ce moment) qui correspond au vouloir-vivre de l’humanité ». Il a beaucoup insisté sur notre relation à la nature au contact de laquelle : « Nous donnons un épanouissement à notre propre nature ».
Pas vu le service d’ordre
L’ambiance était bonne, détendue… pas vu le service d’ordre, pas vu une pub, ça repose ! Aucune tension, jamais, celui qui se prend au sérieux on l’a pas vu non plus…on était dans la détente. Edgar Morin met la « convivialité » telle qu’abordée par Yvan Illich au centre du propos. Aux Amanins samedi dernier c’est là qu’on était, dans la convivialité, la simplicité, le sobre… donc quelque part, le profond. Les prestigieux intervenants étaient très abordables, aussi j’ai pu réaliser une petite interview d’Edgar Morin dans laquelle il nous dit son idée de l’EE. Ça vaut le détour : éducation à l’écologie, à la vie, à la complexité, réduction de la place des centres et des hiérarchies, place aux initiatives… La voie est tracée. Voilà, c’était juste quelques lignes comme ça (qui en laisse trop de côté) pour partager ce moment étonnant et pourtant si évident. Plus de 1000 personnes sont là venant au contact de quelque chose qui fait sens dans le corps social, des paroles, des personnes, un lieu sur lesquels on peut s’appuyer pour l’action.
A bientôt aux Amanins et ailleurs.
RG