mercredi 6 août 2008 - par plotinus

Exp’eau Saragosse 2008 : vers une prise de conscience européenne ?

En Espagne, se déroule actuellement l’exposition internationale 2008 consacrée à l’eau et au développement durable, dans une ville dont une certaine presse estime qu’elle sortira ainsi de l’anonymat, alors qu’il s’agit de la cinquième ville d’Espagne... Saragosse est pourtant reconnue comme « ville économe en eau par les Nations Unies », dans une péninsule encline à la pénurie d’eau...

Inauguré le 14 juin par le roi d’Espagne Juan Carlos, en présence du président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et autres personnalités internationales, l’évènement, courant jusqu’au 14 septembre, a accueilli plus de 40 000 visiteurs le jour de son ouverture. La « plus grande fête de l’eau sur terre » est au départ une « folie » , devenue « un miracle espagnol ». Le site de 25 hectares, entièrement bâti pour l’occasion - véritable démonstration architecturale comme le sont bien souvent les expositions internationales - devrait être parcouru par 6 à 8 millions de visiteurs - pour la modique somme de 35 euros - qui devraient ressortir « grandis » de ce « grand évènement culturel », qui se veut aussi scientifique que pédagogique. Pari gagné puisque l’exposition est qualifiée de « ludique, technologique, méditative ». Temps fort de celle-ci : la « Tribune de l’eau » durant laquelle devraient se succéder « plus de 2000 experts internationaux ». Bouquet final : la signature d’une « Charte de Saragosse », le 11 septembre 2008. Une date risquant pourtant de détourner les regards vers d’autres horizons, desservant ainsi l’exposition et surtout les messages de gestion durable de la ressource en eau qu’elle véhicule...

Concrètement, l’exposition accueille, outre l’Union européenne et les Nations Unies, plus d’une centaine de pays, représentant cinq continents... Il est regrettable de constater « une participation limitée de l’Afrique » à une période où certains parlent d’« africanisation de l’Espagne ». Ceci dit, la majorité des pays participants disposent de « leur pavillon », de leur jour de gloire... Visite officielle des chefs d’Etats, en délégation avec des représentants de leur gouvernement, sans oublier les industriels, partenaires, Suez et Veolia pour la France par exemple. Entre démonstration de projets achevés et en cours, dans les domaines de la gestion de l’eau, du dessalement de l’eau de mer, de l’approvisionnement des peuples en eau... Le folklore et spectacles marquant la célébration laissent place à des échanges... diplomatiques, et commerciaux... « La Chine compte bien renforcer ses relations privilégiées avec l’Espagne ».

L’expo est évidemment une vitrine des politiques publiques menées par divers acteurs en matière d’accès à cet « or bleu », qui pourrait bien devenir au cœur de nombreux conflits, comme l’a rappelé le président algérien Bouteflika, si besoin il en était. Evènement stratégique donc, où contacts, partenariats, collaborations bilatérales ou internationales sont espérés et favorisés. L’exposition entend être le lieu d’« un grand dialogue international sur les enjeux de la gestion de l’eau. Un lieu de débat pour les acteurs politiques et socio-économiques ». Les Français, plus concis, utilisent le terme désormais générique de « Grenelle », à échelle mondiale. Précisons ici que « 220 ONG se sont regroupées pour animer El Faro, le pavillon des initiatives citoyennes qui milite pour la reconnaissance de l’accès à l’eau comme Droit de l’Homme. »

Lieu de pèlerinage - le Vatican a aussi son pavillon ! - ou destination touristique, l’évènement est marketé comme le « bon plan » de l’été, pour les scolaires, les jeunes, et les moins jeunes... Plus sérieusement, ce « colloque » dédié au sujet ô combien sensible de l’accès à l’eau potable (défi du millénaire selon les Nations Unies qui prévoient le lancement d’une Agence consacrée à l’eau), à peine perturbé par le sort des « milliers de personnes » venues des quatre coins du monde, qui travaillent en souterrain et « ne voient pas la lumière du jour », ou par les routiers espagnols, grognant contre la flambée du gazole - souffre de « sous-médiatisation » au grand dam des experts de tous horizons.

En parallèle, à 80 km de cette exposition universelle sur le thème de l’eau et du développement durable, dans la même province d’Aragon, devrait prochainement voir le jour un « Las Vegas » espagnol dans le désert des Monegros, projet décrié par de nombreux environnementalistes... Un sacré paradoxe.



3 réactions


  • Krokodilo Krokodilo 7 août 2008 10:38

    Effectivement, il y a un paradoxe à vopir une telle exposition alors que l’Espagne a développé des cultures sous serres à grande échelle très consommatrices d’eau, au point qu’ils voulaient en ahceter à la France en la faisant venir en continu par canalisations ! Sans parler des pesticides et de la contamination de leurs nappes.


    • vin100 20 août 2008 22:44

      Ou c’est que t’as vu que la culture sous serre était fortement consommatrice d’eau.
      Il n’y avait pas les serres, l’évaporation serait infiniement plus forte.
      L’espagne est devenu le maraicher de toute l’europe, ce qu’ils consomment en eau la bas, c’est autant ici que nous ne consommons pas parce que de toute façon le soleil étant gratuit mais plus généreux chez eux, nos couts de fabrication ou de culture sont forcément plus élevés.
      Donc la tomate que tu manges toi et moi et bien il vaut mieux la produire en Espagne, qu’en France ou au Maroc si l’on veut financer notre bonne vieille Europe et en final ton niveau de vie.

      L’espagne et et particulierement l’Aragon sont des régions de désert.
      Cela n’a rien à voir avec une mauvaise utilisation de l’eau chez eux.


  • vin100 20 août 2008 22:18

    Enfin un article d’un Ambertois.
    Je connaissais le grand Plotin ou Plotinus, Philosophe des premiers siècles, et le grand Vialatte du dernier. Je ne sais des deux, duquel vous tenez car votre article est un peu brouillon, à l’image de cette expo somme toute assez décevante.
    D’ailleurs et je le regrette, elle fait un bide :
    Prévue pour accueillir 75 000 visiteurs par jour elle ne dépasse guère les 45 000.
    Peu d’articles dans les journaux en France ou à l’étranger, même si est vrai qu’il ne faut pas comparer exposition internationale et exposition universelle comme le fut celle magnifique qui s’était tenue en Andalousie il y a quelques années.

    Le sujet etait assez limitatif mais l’objectif etait immense.
    Donner une vision de la ville du 3eme millénaire et de son rapport a l’eau.
    Il aurait fallu un visionnaire pour concretiser un tel pari et je crains que cette expo n’est été en fait définie par quelques copinage politique sans grande vision, sans grand projet.
    La fameuse tour de l’eau se résume à une ascension de 22 étages au moyen d’une rampe circulaire pour aboutir dans un lieu fermé et étouffant ou s’étale un café qui vous délivre la bouteille salvatriceà 2 €.
    Vive les marchands du temple.
    Quid de la vue magnifique et gratuite sur la Sierra et la ville que nous aurions peut être pu contempler de cette hauteur !

    Que faire par la suite de ce batiment qui se résume à deux spirales de circulation ???
    Tout est a l’avenant hormis les jardins non finis qui eux seront plus tard un petit eden pour les riches.

    Je ne suis pas un gauchiste égorgeur de patron au contraire mais une fois de plus la logique à courte vue de l’argent s’est imposée.

    Vous dites"vitrine des politiques menées".
    La plupart des stands etaient soit des annexes de chambre du commerce ou des souks de kermesses pour qui voulait acheter des bibelots.
    Les stands affricains sombraient dans le pédago à trois sous que l’on auraient conçu par un instituteur voulant nous faire la leçon.... Non merci.

    Décevant et surtout attristant, un rendez vous manqué.....
    Dommage et immence gachis.
    Sans doute une fois de plus le green wasching à encore frappé.
    Les missionnaires de l’écologie, nouvelle religion culpabilisante et anxiogène qui ne dit pas son nom peuvent peut être se frotter les mains, aprés tout, cela sera encore le contribuable qui payera.


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