lundi 26 septembre 2011 - par Maxime Combes

Fonds Vert pour le Climat : la Banque mondiale et le secteur privé veulent leur part !

Annoncé à Cancun, la mise en place d'un Fond Vert pour le Climat n'est toujours pas effective. De multiples réunions de travail ont été organisées. Qui, au final, sont surtout l'occasion pour un certain nombre de pays, dont les pays européens, d'essayer d'obtenir un guichet pour que leurs entreprises obtiennent des financements sur des projets à réaliser dans les pays du Sud. Business as usual.

Au lendemain de la conférence sur le climat de Cancun (29 nov - 10 déc 2010), l'annonce de la mise en place d'un Fond Vert pour le Climat (FVC) a été présenté comme un véritable succès.

Il a été la base d'un unanimisme trompeur s'est répandu dans la presse de nos pays : les principales ONG et éditorialistes en saluaient le résultat. Alors que la conférence de Cancun, dont personne n'attendait grand chose, a surtout entérisé le fiasco de Copenhague, et qu'aucune réduction des émissions à la hauteur des enjeux n'ait été prise.

Publiquement, les pays dits « développés » avaient confirmé les 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour répondre aux besoins des pays en voie de développement, plus des financements à court terme de 30 milliards de dollars pour la période 2010-2012. Concrètement depuis, pas grand chose. Les sources de financement du fonds vert n'avaient pas été précisées, laissant la porte ouverte à une primauté de financements privés possiblement issus des marchés carbone. La gestion du fonds devait être confiée pour les trois prochaines années à la Banque Mondiale, institution internationale qui ne cesse d'accroître ses financements pour les projets d'extraction de pétrole et d'énergies fossiles.

Quarante membres d'un comité de transition travaillent depuis pour établir plus précisément les contours de ce Fond Vert pour le climat. Ils doivent aboutir à des propositions concrètes qui seront discutées et approuvées (?) à la prochaine conférence sur le climat, la COP-17 qui se tiendra à Durban (Afrique du Sud) du 28 novembre au 9 décembre. Ce comité a tenu sa troisième réunion du 11 au 13 septembre à Genève. Force est de constater que les désaccords sont nombreux (type de financements, structuration, articulation avec la COP, ec...) et certaines propositions inacceptables. Ainsi, le négociateurs américain, Mr Metcalf, souhaite que le secteur privé ait toute sa place dans la mise en place de ce fonds et qu'il dispose d'un guichet de financement autonome pour ses projets. M. Nick Dyer, négociateur du Royaume-Uni est allé plus loin indiquant que "la participation du secteur privé" est nécessaire pour "signaler au business que nous sommes sérieux".

A l'occasion de cette réunion de Genève, des associations, ONG et réseaux internationaux, s'alarmant du rôle promis aux financements privés, ont écrit aux membres de ce comité de transition afin de rappeler un certain nombre d'exigences :
  • Les contributions principales au fonds doivent être prévisibles, additionnelles et publiques et les fonds privés sont contraires aux buts et aux principes des financements pour le climat ;
  • Le fonds ne doit pas utiliser des instruments spéculatifs pour lever des capitaux sur les marchés financiers, y compris les marchés carbone : la volatilité actuelle des marchés boursiers dans le monde constitue un rappel clair que de tels outils ne sont guère une base pour une stratégie de financement stable et soutenable du fonds climat ;
  • Le fonds doit soutenir les programmes impulsés par les pays et son utilisation doit être déterminée par les pays en développement sur la base de processus de planification participative et souveraine.
  • le Comité de transition doit rompre avec le statu quo « business as usual » et s'engager sur une voie de transformation pour le développement soutenable et la résilience des communautés.

Ces exigences peuvent être soutenues en signant cette lettre destinée aux membres du Comité de Transition.

Afin d'imposer une pression citoyenne pour que ce fonds soit en conformité avec les principes de responsabilité historique, d'équité et de justice, qu'il soit alimenté à la hauteur de la dette climatique accumulée par les pays du Nord, et qu'il ne soit en aucun cas une nouvelle opportunité servant à enrichir les entreprises et financiers internationaux.

Maxime Combes, membre d'Attac France et de l'Aitec, et engagé dans le projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org). 

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Pour aller plus loin : 



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