L’ours polaire : l’ambiguïté de la politique Bush
Menacé par le réchauffement climatique, qui réduit la période durant laquelle la banquise lui est accessible, l’ours polaire d’Alaska pourrait bientôt porter toute l’ambiguïté de la politique environnementale de l’administration Bush.
En effet, la semaine dernière, le Service fédéral des pêches et de la vie sauvage (FWS) a débuté l’examen du cas du plantigrade des zones froides, "ours de mer", en vue de déterminer s’il doit désormais bénéficier de la protection de la loi sur les espèces en danger (Endangered Species Act). Une évaluation qui durera 60 jours, pendant lesquels l’Agence gouvernementale de l’environnement va s’informer sur la répartition des populations, leur habitat, les conséquences du changement climatique sur les ours et leurs proies, ainsi que sur les menaces potentielles représentées par le développement, la pollution chimique et le braconnage.
La situation de l’ours polaire semble bien critique. Alors que le plantigrade se nourrit de phoques et passe une grande partie de son temps sur la banquise, il pourrait bien être contraint de jeûner pendant une bonne partie de l’été. Déjà, des chercheurs ont enregistré des tours de taille plus réduits, des grossesses difficiles, une mortalité accrue des oursons. Le plus grand carnivore terrestre devrait, selon toute vraisemblance, intégrer rapidement la liste que le Grizzly a quittée il y a peu.
Mais si cette décision est prise, elle sous-entend que les Etats-Unis reconnaissent la réalité du bouleversement climatique, alors que certains experts de son administration soutiennent la thèse contraire. Les enjeux économiques qui en dépendent sont majeurs, et les projets énergétiques de Bush incompatibles avec la protection de l’habitat de l’ours blanc.
Aussi, si l’ours polaire était décrété espèce menacée, la position du Président américain n’en serait-elle que plus ambiguë. A moins qu’il saisisse cette opportunité pour changer son fusil d’épaule, et engager résolument les USA dans une inattendue ratification du protocole de Kyoto.
Tous les rêves restent permis, surtout les rêves américains.