mardi 28 avril 2009 - par Céphale

La bataille du charbon en Grande-Bretagne

Le charbon est une ressource naturelle importante pour la Grande-Bretagne, mais les centrales électriques à charbon menacent sévèrement le climat. Le point sur la bataille entre les écologistes et les compagnies du secteur énergétique.

Le ministre de l’Energie britannique, Ed Miliband, a annoncé que la Grande-Bretagne ne construirait pas de nouvelles centrales électriques à charbon tant que 25% du CO2 rejeté par ces centrales ne sera pas capté et enfoui à partir de 2010, l’objectif devant passer à 100% en 2025. C’est une petite victoire pour les écologistes.

Le gouvernement britannique a décidé de mettre en chantier quatre "clusters" de centrales électriques, dont au moins quatre seront à charbon, produisant au total 2,5 GW. Ils seront situés l’un à l’embouchure de la Tamise, deux autres au bord des rivières Humber et Tees, sur la côte est de l’Angleterre, et le quatrième en Ecosse.

Selon les prévisions, la capture et le stockage du CO2 devraient coûter de l’ordre d’un milliard d’euros par centrale à charbon, ce qui augmenterait considérablement le prix de l’électricité. Le gouvernement et les compagnies du secteur énergétique qui ont en projet de nouvelles centrales à charbon sont à la recherche de sources de financement.

Ed Miliband a déclaré hardiment que la Grande-Bretagne se prépare à devenir le leader mondial de la technologie du charbon propre dans les 50 prochaines années, en tête des industries qui réduisent les émissions de CO2 afin de combattre le réchauffement de la planète. Le charbon est la source d’énergie fossile la plus polluante, mais il fournit au moins le tiers de la production mondiale d’électricité. « En prenant la tête de cette révolution, nous pouvons bénéficier du gain massif qu’elle laisse prévoir. Nous avons besoin de donner le signal du mouvement. Il est juste que notre pays conduise vers une économie à faible émission de CO2. Le changement doit commencer maintenant. », a-t-il dit.

Les écologistes se sont joints à la Confederation of British Industry pour soutenir cette initiative du gouvernement britannique. « Ed Miliband donne des signes de bonne volonté face à la résistance des responsables de Whitehall et leurs collègues. Parmi tous les ministres, c’est le seul qui lance un défi aux sociétés énergétiques, en exigeant qu’elles prennent enfin au sérieux le changement climatique. Jusqu’à l’année dernière, toutes les décisions concernant l’énergie ont été prises par des ministres fatigués, esclaves de fonctionnaires rétrogrades. On commence à voir l’intention d’un véritable leadership. », a déclaré John Sauven, le directeur de Greenpeace UK.

Il a ajouté : « Des questions très importantes restent sans réponse. Les spécialistes de l’environnement craignent que les émissions de gaz par les centrales à charbon ne réduisent à néant les efforts pour préserver le climat en Grande-Bretagne dans les années à venir. Pour chaque tonne de CO2 qui sera capturée et enfouie à partir des nouvelles centrales à charbon, le gouvernement semble satisfait que trois tonnes soient lâchées dans l’atmosphère avant les années 2020. Tant qu’on n’aura pas la garantie absolue qu’il est interdit aux nouvelles centrales à charbon de balancer des quantités massives de CO2, notre campagne de protestation va continuer. »

Selon Miliband, on ne peut pas exiger dès maintenant la capture et le stockage du CO2 à 100%. C’est impossible techniquement. Il faut d’abord que la technologie soit expérimentée à grande échelle. « Si les nouvelles centrales à charbon ne peuvent pas être propres, l’échec sera dramatique. », a-t-il dit.

Les écologistes britanniques ont lancé une campagne de deux ans contre les nouvelles centrales à charbon très polluantes, en s’attaquant particulièrement à un projet de nouvelle centrale EON à Kingsnorth dans le Kent. La compagnie allemande a soumis au gouvernement britannique les plans d’une centrale classique, aussi polluante que les précédentes. Elle a obtenu son accord.

Source : guardian.co.uk
 


6 réactions


  • krolik krolik 28 avril 2009 14:01

    C’est bien pour cela que James Lovelock, un fondateur historique de l’écologie, est passé pro-nucléaire.

    @+


    • Olga Olga 28 avril 2009 15:48

      D’ailleurs il s’est même porté volontaire pour stocker les déchets radioactifs dans son jardin et les surveiller de très près au cours des prochains millénaires... smiley 


  • Chromino Chromino 29 avril 2009 00:01

    Le choix du charbon, soit pourquoi pas, mais quelles sont les réserves de charbons ?


  • Céphale Céphale 29 avril 2009 00:42

    @Chromino

    La Grande-Bretagne extrait actuellement 10 MT (millions de tonnes) en Angleterre, 4 MT au Pays de Galles et 8 MT en Ecosse. Elle importe environ 40 MT.

    Des réserves importantes existent encore en Angleterre et en Ecosse. Elles pourraient être exploitées dans des conditions économiques acceptables.

    http://www.bgs.ac.uk/mineralsuk/minequar/coal/home.html


  • Marsupilami Marsupilami 29 avril 2009 09:34

    @ Céphale

    Article intéressant, merci. En Europe il y a aussi le cas de la Pologne, dont 95 % de l’électricité provient de l’exploitation du charbon. Alstom essaye de moderniser ces centrales à charbon polonaises pour les rendre moins polluantes, mais on est encore très loin d’un hypothétique « charbon vert »

  • Céphale Céphale 29 avril 2009 12:05

    Rêvons un peu. Le charbon est une source d’énergie fossile plus abondante que le gaz et le pétrole. La Chine, l’Inde, et même l’Europe (un énorme gisement sous la Mer du Nord) en ont des quantités considérables. Il y en a pour plusieurs siècles. Mais arrivera-t-on à l’utiliser sans polluer la planète ? Pas de réponse pour l’instant.


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