samedi 3 août - par Nicolas Cavaliere

La Matière, l’Espace et le Temps

Objets du présent.

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Il est communément admis par les scientifiques qu’une étoile qui se situe à tant d’espace de distance ne renvoie son signal qu’au terme d’un certain passage dans le temps, ne laissant à l’œil lointain qu’une trace de son passé. Si nous appliquons le même raisonnement à n’importe quel évènement dont l’œil humain est le percepteur, cela signifie en pratique que cet évènement a toujours lieu dans le passé. Que chaque évènement a toujours lieu avant son observation. De là, nous pouvons en déduire que le plus proche un objet sera de nous, le plus le vécu de sa présence sera au présent, dans un rapport réciproque où l’observation cesse enfin et où l’agir apparaît. C’est dans le contact physique que la réaction est la plus forte, que le temps imprime sa marque autrement qu’à ce passé archivé sans cesse qui constitue le socle culturel de notre civilisation globale.

Considérons trois modalités de contact physique : l’amour et la lutte surviennent entre des êtres qui se reconnaissent réciproquement comme des êtres. Le corps s’y exprime pleinement, dans son éternité, c’est-à-dire dans l’éternité de sa matière, d’une matière qui ne fait pas que l’environner et de laquelle il tire parti pour assurer sa survie, de cette matière universelle qui le constitue et fait de lui un vivant ou un inerte au même titre que tout ce qui se meut, repose ou flotte. L’amour se maintient, ne serait-ce que pour ses propriétés ludiques, quant à la lutte, elle est désormais pleinement ludique. Pour battre son adversaire, utiliser une arme à feu maintient la distance et fait de lui un souvenir du passé. Les fantômes se contentent d’appuyer sur la détente. Sauf à se croire plus vivant que les autres et à vouloir lâchement pénétrer chaque corps avili d’une longue lame de poignard, dans l’iniquité la plus crasse.

La troisième modalité est le toucher simple, qui relie l’être à l’objet. La société de consommation a été bâtie sur l’illusion qu’un objet offert par un être cher ou un proche membre de la famille a autant de présence que l’être cher ou le proche dont le souvenir est contenu dans l’objet. Le développement des relations affectives est allé de pair avec la massification de la production, avec sa standardisation. Le téléphone portable est l’aboutissement de ce processus. Voilà un objet que l’on touche sans cesse, qui nous met en rapport potentiellement avec l’ensemble du monde, qui nous lie sans cesse à nos amis, notre famille et notre entourage professionnel. Le transfert d’électricité du doigt vers l’écran donne l’illusion d’un agir autant que d’une puissance d’agir, alors que l’énergie qui fait l’objet de l’échange est étrangère au porteur. Pour autant, l’idée d’une obsolescence de l’homme est incongrue, cet écosystème est le sien, il découle de ses inclinations. Certes, le volume de messages transmis aujourd’hui pourrait initier le roman épistolaire le plus long jamais écrit, mais ces échanges sont aussi véritables que les objets que nous produisons en vue de leur diffusion.

Reste que la possession physique d’un sujet ou d’un objet, le sujet étant dès lors ramené à un objet, est le plus sûr moyen de vivre le temps le plus fort, le plus vrai, le plus proche du présent, le plus éloigné du passé tout-puissant et le moins en avance sur le futur (sur la mort). Pour sanctifier ce savoir implicite, la société humaine a inventé la propriété en droit. Être propriétaire, avoir, c’est vivre le temps au présent, y compris à distance, par la procuration des lois. Le mariage de ce point de vue n’est pas différent de la propriété plus courante d’une maison ou d’une voiture. Une société qui abandonne ses prétentions à la propriété et qui ne valorise plus le mariage devrait être celle qui vit le plus au présent, et pourtant… Il doit exister une résistance collective à vivre le présent pleinement, car depuis que nos outils nous le permettent, le souvenir envahit la mémoire de ces outils au point de devenir immédiatement disponible par la grâce d’un enregistrement photographique ou cinématographique, mais il lui est unanimement refusé une persistance qui viendrait empêcher l’écoulement du temps, quitte à sacrifier le sens des évènements dans leur flux horizontal ou dans leur défilement vertical. Et bien entendu, le souvenir s’en échappe transformé, trahi. La vérité empêche de jouer, elle rend malade.

Tout se passe comme si la finalité de l’invention humaine devait être l’accès absolu à la mémoire, c’est-à-dire à l’image. L’outil terminal serait-il simplement un écran ? On devinera un changement de civilisation le jour où la culture se passera d’images, et donc également des mots, ou à tout le moins les mettra en retrait pour se rapprocher du monde, de la seule vérité.

Les mots sont les premières images. Les noms sont les premiers souvenirs. On se rappelle d’abord de soi-même parce qu’on nous a donnés un nom, parce qu’on nous a qualifiés, substantivés. Que demeurerait-il d’identité sinon dans cette maison-cerveau ? Nous sommes les objets d’un présent qui nous enferme dans le verbe d’un autre que nous faisons chair, quand bien même cette chair aurait toute latitude à s’exprimer dans le présent absolu d’une errance de contact en contact qui porte toute sa signification en elle-même, qui advient et revient comme un berceau s’épuisant à balancer entre deux murs qu’il cogne doucement.

Le seul langage universel se passera de mots, il s’en passe déjà et lutte contre les livres du passé. La perte des moralités traditionnelles est inévitable. Une dizaine de commandements, un seul même, ne saurait enfermer la passion et le crime dans les profondeurs de l’âme humaine. Le corps est une surface qui doit s’exprimer coûte que coûte. Par l’amour ou par la rage, la préférence ne lui appartient pas. Rien ne sera dit ou écrit qui pourra influencer quoique ce soit. Seul ce qui sera fait ou vu pourra dévier ou faire taire, dans la limite des angoisses que nous infligeons à ce qui nous entoure, c’est-à-dire à ce que nous sommes. L’autoritarisme est inévitable.

La matière est à la fois une image éloignée et un temps qui nous étreint. En nous armant d’un revolver ou d’un téléphone portable, nous ignorons ce qui vibre sur nous pour ne plus contempler ce qui fait du bien ou du mal. Nos distances prises avec la matière, nous suivons un sentier programmé par notre passé de mots et d’outils, de magiciens nous devenons de simples formules. Pétrifiés dans les principes, passionnés de nouveauté, soucieux de ne pas abandonner ce qui pourrait être utile de notre mémoire passée, impatients de réaliser table rase, la cohérence de ce qui se présente à nous ne nous fait plus réagir. On confond la multiplication des défis et la multiplication des records. On ne perçoit plus la répétition des images. La diversité du monde est un spectacle en soi qu’il suffit d’admirer avant qu’il ne soit trop tard.

Pour apprendre à faire et à voir, le regard sur ce qui nous constitue, sur ce qui nous relie au reste du vivant, projette son omniprésence. La connaissance que nous avons du monde ne découle que de ce point de vue que nous engageons sur lui. Les jeux d’enfants reprendront le dessus quand les adultes auront grandi.



28 réactions


  • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 3 août 09:58

    Comprenne qui pourra.


    • Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 3 août 15:36

      @Francis, agnotologue

      Pour vous éclairer, mes lectures ces derniers temps sont « L’Ethique » (Spinoza), et l’Ecclésiaste (à cause de Baudrillard).

      Ce texte a été inspiré par cette phrase de Baudrillard : « Tous les mouvements qui ne jouent que sur la libération, sur l’émancipation, la résurrection d’un sujet de l’histoire, du groupe, de la parole sur une prise de conscience, voire sur une ’prise d’inconscient’ du sujet et des masses, ne voient pas qu’ils vont dans le sens du système, dont l’impératif aujourd’hui est précisément de surproduction et de régénération du sens et de la parole » (dans « Simulacres et Simulation » p.129).


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 4 août 09:58

      @Nicolas Cavaliere
       
       cette phrase de Baudrillard cité hors de son contexte ne m’inspire pas grand chose.
       
       Mais si je peux apporter ici une idée qui va bien, je dirai que l’inconscient ne mémorise pas le ’’temps’’. Et pour cause. J’écris ’temps’ mais je devrais dire durée ou chronologie.
       
      cf. https://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/voyage-dans-la-notion-du-temps-102133#forum13453207
       
      ps. Bien noter qu’il n’y est pas question de voyages (pluriel) dans le temps, mais de voyage (singulier) dans la notion (sic) du temps. Nuance donc.


    • Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 4 août 20:37

      @Francis, agnotologue

      C’est la toute-dernière du chapitre « L’implosion du sens dans les media » au sein du livre. Baudrillard y parle de la proposition de McLuhan « le média est le message », un message qu’on consomme, une information qui ne fait que passer, comme le mauvais temps.

      J’essaierai de regarder cette vidéo à l’occasion. Pour ce soir, j’ai un film avec W.C. Fields, j’ai besoin de rigoler un peu.


  • ETTORE ETTORE 3 août 11:17

    Intéressant comme point de vue....Pour certaines parties !


  • amiaplacidus amiaplacidus 3 août 14:24

    Je n’appelle pas cela de la masturbation intellectuelle, mais de la masturbation pseudo-intellectuelle.

    L’auteur est coutumier du fait.


    • Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 3 août 15:37

      @amiaplacidus

      Merci, ça fait déculpabiliser. La prochaine fois que je me la touche, je me dirai aussi que ce n’est que de la masturbation pseudo-corporelle.


  • riemann66 riemann66 3 août 14:36

    Bonjour Nicolas Cavaliere,

    Lire avec attention votre texte, le relire encore sans rien y comprendre me démontre une fois de plus à quel point nous sommes seuls dans nos têtes, quand nous sortons des sentiers battus. Je comprends mieux pourquoi, quand j’essaie de partager avec d’autres mes propres explorations, je ne reçois au mieux qu’une totale indifférence. C’est par exemple le cas pour ce genre de texte « http://lambdaway.fr/workshop/index.php?view=noosphere », dont l’avenir prévisible est à l’ombre, dans un tiroir poussiéreux. Je vous souhaite plus de chance.

    Pour en revenir à votre titre « La matière(énergie), l’espace et le temps » il me semble qu’il manque un élément important si l’on veut décrire les interactions entre les hommes et l’Univers : c’est l’Information, au sens de Shannon/Brillouin. Je pense que la mise en évidence de la dualité opérative entre un « Univers Matériel » et un « Univers Informationnel » en interaction constante est un passage obligé pour avancer dans notre compréhension de l’Univers Total. Pas si loin des philosophies orientales, le TAO et son couple Yin/Yang. C’est du moins ce que j’explore en solitaire dans cette page http://lambdaway.fr/workshop/index.php?view=noosphere et quelques autres, et votre avis m’intéresse.

    Respectueusement.


    • Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 3 août 15:59

      @riemann66

      Si le temps est un antécédent, il ne peut y avoir d’information. Il y a des manifestations du temps et c’est le récepteur qui y trouve son compte en « information » selon les préférences qu’il met en œuvre. Je récuse complètement la machine et les mathématiques comme outils ultimes de compréhension du monde, bien que j’en reconnaisse l’efficacité à ses résultats en terme de confort pour notre espèce, notre très minoritaire espèce qui prend un peu trop de place. Je n’en peux plus de cette mise en boite systématique, de cet étiquetage permanent. Typologiser c’est un peu insulter le vivant.

      Je ne cherche pas à sortir des sentiers battus, ni à me faire comprendre. J’essaie juste de laisser mon regard prendre l’ascendant sur ma pensée et de traduire ce regard en mots (qui sont forcément du commun). L’effort donne forcément un résultat confus, parce que le regard n’est pas tout à fait « au point ». Et au fond, ça me va, chercher est plus intéressant qu’écrire.

      Nous ne sommes pas seuls, parce que nous écrivons ou dialoguons avec des éléments communs, mots, chiffres, théorèmes. Le langage réduit l’incommensurabilité naturelle (pas autre chose que l’expansion de la matière et sa « diversification »).


    • riemann66 riemann66 4 août 06:07

      @Nicolas Cavaliere
      Vous difes « Typologiser c’est un peu insulter le vivant. » mais ne pas le faire c’est prendre le risque de tomber dans des discours incontrolables. Selon B.L. Whorf « Les langages portent la pensée et en déterminent les limites. » et c’est bien la force et la limite de toute formalisation. A nous de l’utiliser au mieux.


    • Enki Enki 4 août 09:55

      @riemann66

      Oui, c’est vous qui avez raison : matière, énergie, information devient le triptyque.

      La transformation de l’information comme simple fait (c’est vrai, c’est faux par rapport au réel) en système fonctionnel (Claude Shannon) a contribué à l’émergence de l’informatique. Maintenant, c’est le numérique qui conduit les machines : le système d’informations conduit le hardware, ou la matière.
      C’est au point que « le paradigme de l’information » advient chez les physiciens. « It from bit » : John Wheeler soutient que la matière et l’énergie sont des expressions de l’information, y compris pour l’Univers. Les encodages informatiques (inpout) qui commandent les « prises » organisationnelles (outpout) peuvent être comparés aux lois physiques, (en tout cas en physique générale), telles qu’elles sont advenues au cours de l’histoire du l’Univers.

      On sait déjà depuis Einstein que la matière et l’énergie sont des états convertibles : c’est écrit dans son équation E=MC2. 
      On sait la phrase Tesla : Si vous voulez trouver les secrets de l’univers, pensez en termes d’énergie : fréquence et vibration. Ou le paradigme de l’énergie par dessus celui de la matière.
      Dans les diverses branches scientifiques, l’on constate que l’une des conditions à la création de conscience est l’accumulation des informations, intriquées en systèmes.
      Différents scientifiques s’interrogent maintenant si ce n’est là que réside la conscience de l’Univers (John Wheeler, David Shalmers, Giulio Tononi, Léonard Susskind, Seth Lloyd, etc... ).

      En taoïsme, c’est le 3, le « San Bao » que l’on peut traduire en Français par : « Les trois trésors ». Ce sont le Jing (essence, de toute matière comme de tout les matières), le Qi (énergie vitale, bain énergétique, toutes les énergies), et le Shen (esprit). Le San Bao est un principe de base à la médecine chinoise, à l’explication des choses, et correspond au triptyque matière, énergie, information comme explication de l’Univers.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 4 août 10:21

      @Enki
       
       ’’Le San Bao est un principe de base à la médecine chinoise, à l’explication des choses, et correspond au triptyque matière, énergie, information comme explication de l’Univers. ’’
      >
      Je dirais même plus : matière, énergie, information sont une seule et même chose, et cette chose c’est l’Univers.

      Le temps et l’espace n’en sont que des contenants virtuels.


    • Enki Enki 4 août 10:58

      @Francis, agnotologue

      Oui, c’est le Wuji, le 1, tout est dans tout. 
      Le 2 est le Yin Yang qu’on connaît.
      Le 4 est le Si.
      Le 5 est le Wu Xing.
      Etc...

      Ces symboles taoïstes sont des combinatoires à l’existence des systèmes, quels qu’ils soient, biologiques ou non. Il n’y a pas de hiérarchie en soi, puisque toutes les combinaisons sont nécessaires les unes aux autres.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 4 août 11:46

      @Enki
       
       oserais-je dire que le troisième contenant virtuel, c’est la conscience ...
      Aussi difficile à définir que les deux autres par le fait précisément qu’ils ne sont que virtuels, intangibles : l’espace pour la matière, le temps pour les processus, la conscience pour l’information.
       
       Au sujet du temps que notre inconscient ignore , quelqu’un peut-il me dire pourquoi la plupart des vidéo sur Youtube notamment  ne sont pas datées ? L’internet serait-il une sorte d’inconscient sociétal ?


    • Enki Enki 4 août 12:59

      @Francis, agnotologue

      Concernant l’espace et le temps, c’est relatif, oui, ce que vous souleviez à votre message précédant. Ce sont des cadres de références. On naît tout frais tout neuf et on finit tout ridé et rabougri. Il y a bien du temps, ou une durée, peu importe le mot ici, qui permet de mesurer. C’est bien une réalité, tout n’est pas faux en soi non plus, sinon on n’accroche rien pour comprendre quoi que ce soit. Mais on a beau marcher, l’horizon est toujours au même endroit, s’il n’y a pas d’obstacle de relief. Il y a une même étendue spatiale depuis l’horizon, même si elle change dedans, et le temps ne fait rien à l’affaire avec cet horizon.
      Et on sait qu’en MQ, le temps et l’espace tels que l’on connaît, ça devient n’importe quoi et on s’y perd au causalité.
      En fait c’est plus fertile de partir de la matière, de l’énergie et de l’information en les considérant comme des « choses » : états, ou éléments, ou aspects, peu importe le mot ici. Et regarder tout ce qui se passe avec ça à tous les niveaux.

      Concernant la conscience, si vous me me demandez si c’est le Shen du San Bao : c’est là qu’il faut la ranger, oui. Ça ne définit pas la conscience, mais on peut dire que c’est dans le Shen que ça se trouve.
      Les gréco-romains avaient décomposé l’humain en trichonomie, avant que le christianisme l’ai réduit en dichotomie. Il y avait notre corps, en immanence, notre esprit, en dehors, transcendance et notre âme en intersection : l’anima, où se trouve le psyché et notre conscience. On retrouve les trois parties, mais avec une configuration un peu différente du Shan Bao.
      Maintenant, les physiciens, neurologues, et naturalistes explorent les possibilités de conscience à partir des capacités à accumuler et intriquer des informations (dont la capacité de mémoire).


    • riemann66 riemann66 4 août 17:47

      @Enki
      Merci pour votre intervention. En accord avec ce que vous rappelez, du fait que l’énergie et là matière soient des états convertibles, j’aurais tendance à ne retenir que l’énergie et donc ne considérer que le seul diptyque [énergie,information] comme outil d’explication de l’Univers. Cela me permet d’établir un lien avec le lambda_calcul, lui-même basé sur le couple [abstraction,application], que j’ose comparer au couple [Yin,Yang] du TAO. D’où quelques élucubrations déjantées dans ces pages wiki http://lambdaway.fr/workshop/index.php?view=relativite_complexe , http://lambdaway.fr/workshop/index.php?view=noosphere et quelques autres en lien. Comme quoi, mettre en forme (en équations) des idées ne les met pas systématiquement en cage, comme le redoute Nicolas Cavaliere...


    • Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 4 août 20:24

      @riemann66

      Je le redoute parce que je vis à une époque où l’orthographe est sanctifiée, où l’Etat verrouille l’évolution de la langue en bloquant son apprentissage par l’octroi de la note et la délivrance du diplôme. Au prochain article, si j’ai plus de courage, j’inventerai des mots. Et j’en profite pour vous encourager à faire de même.


    • Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 4 août 20:33

      "Je dirais même plus : matière, énergie, information sont une seule et même chose, et cette chose c’est l’Univers.

      Le temps et l’espace n’en sont que des contenants virtuels."

      @Francis, agnotologue

      Vision très statique de l’Univers.

      Je mets le Temps au-dessus de tout ce qu’il contient. La Matière est à l’usage (au non-usage aussi) du Temps. Le Temps crée l’Univers mais n’est pas l’Univers lui-même. La Matière est l’Univers, mais son Energie lui vient du Temps. Rien de virtuel donc pour moi dans le Temps.


    • Enki Enki 5 août 06:21

      @Nicolas Cavaliere

      Je mets le Temps au-dessus de tout ce qu’il contient.

      C’est un peu comme si vous constatiez que la Joconde est faite avec un cadre, d’ailleurs tous les tableaux sont encadrés, donc c’est le cadre qui explique la peinture C’est stérile, en rester là empêche de comprendre ce qu’est la peinture et ses raisons.
      Le temps et l’espace comme des réalités immuables, c’est fini. Ça date de Newton. Non seulement c’est relatif, mais cela ne tient plus en MQ, ce ne sont pas l’espace et le temps qui aident à comprendre ce qu’il se passe dedans.

      +@niemann66
      Je comprends le diptyque de rienmann66 énergie + information. L’information oriente vers la question de l’origine de L’Univers, de ce qui l’a formé. Mais je garde mon triptyque, car on peut considérer que les matières sont les créations, l’œuvre de l’Univers. Peut-être que dans d’autres univers, il n’y a que du chaos, aucun cosmos (ou que du désordre, aucun ordre, ou encore que de l’entropie, aucune néguentropie). Or nous, nous sommes des matérialisés, qui constatons en nous même et autour de nous qu’il y a des choses, des ordonnancements, organisations. Notre intelligence permet de constater que l’Univers à la sienne.
      En outre le Big Bang est ce qui a formé l’Univers (en l’état de ce qu’on sait). Avec nos possibilités de penser, ou peut penser que l’Univers a commencé (a « commencé » selon nos capacités de cognitives), par la matière, et par contre qu’elle était très pauvre en information, puisque ce n’était que chaos. Un trou noir est-il fait de matière ? Peut-être plutôt d’énergie mais aussi une condensation, un écrasement extrême de matière, correspondant au Jin taoiste, et sachant qu’énergie et matière sont des convertibles.
      Donc le tryptique est utile et fertile. Et que ce soit matière + esprit + information, ou Shan Bao Jing + Qi +Shen, peu importe la chaise sur laquelle on se pose pour y penser.


    • riemann66 riemann66 5 août 08:03

      @Enki
      Je suis d’accord pour le triptyque, [matière,énergie,information], tout à fait compatible avec le un diptyque d’opérateurs [énergie,information] auquel on ajoute la « matière » sur lequel ce diptyque opère. La matière peut être vue comme input et output des opérateurs information & énergie assimilables aux opérateurs abstraction & application du lambda-calcul, ou au Yin & Yang du TAO.. « Au commencement était le Verbe. » Et tout se finira en mots.

      Je développe dans cette page http://lambdaway.fr/workshop/index.php?view=elan_vital_commentaire si vous avez le temps. A quoi ça sert ? Dans mon cas à calmer certaines angoisses existentielles comme ici http://lambdaway.fr/workshop/index.php?view=nostalgie

      Merci encore pour vos commentaires.


    • Eric F Eric F 10 août 13:49

      Bof, l’espace est un contenant, la matière est le tangible, le temps n’est que le déroulement des phénomènes qui affectent la matière. Dans un univers totalement inerte, pas de temps, la flèche du temps ne démarre que quand il se passe quelque chose.
      Avec les mathématiques, rien n’empêche de modéliser des dimensions supplémentaires extra-spatiales pour les caractéristiques ou informations (affecter une dimension à la masse ou à la charge) ou inverser le temps, en SF aussi.


  • jjwaDal jjwaDal 3 août 16:30

    Le titre m’a fait penser à une réflexion sur ce que nous croyons savoir sur ces trois sujets, grossière erreur. Assurément ces concepts pour un physicien ne sont clairement pas ceux contemplés par un philosophe.
    Notre logique même, si Cartésienne qu’elle se croît (croyait) toute puissante, peut facilement être prise en défaut par la réalité qui doit toujours avoir le dernier mot.
    Nous restons des enfants qui jouent avec des concepts qu’ils ne comprennent pas réellement. Je ne serais pas étonné que nous ne soyons pas bien différents de nos lointains ancêtre pour qui le ciel était le royaume de Dieux bienveillants ou terrifiants.
    La matière et l’information semblant être des fonctionnements on peut supposer une parenté sous-jacente à découvrir, mais ce n’est assurément pas les philosophes qui en seront capables.
    Aucune philosophie n’aurait pu accoucher de la théorie quantique par ex et ce n’est que le début « de nos ennuis », je le soupçonne.
    La nature profonde de ce que nous prenons pour la réalité est d’ailleurs devenu discutable sous un angle inédit, à savoir que nous voyons bien qu’avec des ressources informatiques suffisantes on pourrait simuler dans une mémoire artificielle, un monde avec des lois physiques ad hoc, une matière ad hoc et les manifestations physiques en découlant très similaires à ce que nous prenons pour un monde réel.
    Nous avons bien trop de jouets avec lesquels jouer, au point qu’on peut se demander ce qu’on a fait pour mériter autant de cadeaux.


    • riemann66 riemann66 4 août 06:11

      @jjwaDal
      Vous dites « <base href="https://www.agoravox.fr/">Assurément ces concepts pour un physicien ne sont clairement pas ceux contemplés par un philosophe. » et c’est bien là le problème. Merci pour votre intervention.


    • Jean Keim Jean Keim 4 août 08:31

      @jjwaDal

      Les pensées se manifestent par ‘’paquets’’, la concentration qui est des pensées focalisées sur un sujet, nous isole ; l’attention ralentit le flux des pensées, le retour d’une pensée particulière détruit l’attention : attention, effondrement de l’attention, une pensée qui en appelle d’autres, tout ce processus me semble comme l’onde et les corpuscules de la mécanique quantique.

      Je ne suis pas assez savant pour le développer, mais Il est probable que des philosophes antiques aient perçu ledit processus... sans lui donner des attributs quelconques à l’instar de la physique moderne.


  • Jean Keim Jean Keim 4 août 08:10

    Il y a des contradictions dans votre article, c’est ce qui lui donne de l’énergie.

    Vous avez écrit : « Être propriétaire, avoir, c’est vivre le temps au présent... »

    Et plus loin : « Une société qui abandonne ses prétentions à la propriété... devrait être celle qui vit le plus au présent… »

    Il est perceptible que penser est une activité récurrente qui nous fait vivre dans le passé, la pensée actualisant un savoir puisé dans une mémoire, sans savoir pas de pensée et donc pas de temps, le temps et l’espace qu’il occupe est le produit de la pensée, leur persistance donne une consistance illusoire à l’ego.


    • Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 4 août 09:39

      @Jean Keim

      Entre les deux phrases, il y a un développement, et j’y parle de cette illusion induite par le droit. La première phrase parle de la propriété par contact direct, la seconde de la propriété en tant que régime (j’ai un document certifié par notaire, je suis propriétaire - cela relève d’une convention que le vol ou le squat viennent interroger). Multiplier le contact direct, c’est-à-dire l’accès aux choses, n’induit pas forcément d’être propriétaire en droit, voilà où je voulais en venir, dans une tentative d’explication de la permanence du régime de propriété (parce que justement la propriété « légale » d’un objet potentialise sa jouissance au présent). Ce n’est pas une contradiction, c’est simplement le désavantage d’utiliser le même mot pour signifier deux concepts différents - et c’est ce qui donne de l’énergie, peut-être, au texte.

      Je ne suis pas du tout d’accord avec votre conclusion « cartésienne » qui induit qu’une fois le sujet éteint, ou une espèce éteinte, l’espace et le temps disparaissent avec lui (eux). Ou alors l’ego est universellement consistant, chaque être vivant avec son petit ego apportant une pierre à un ego plus grand que lui qui est l’entièreté de l’existant. Le raisonnement est juste que l’on postule une matière « Zéro » ou « Une » au démarrage. Mais à ce moment-là, si le monde entier est « ego », on ne peut pas dire que l’ego soit illusoire, cela revient à faire du monde un terrain de jeu plutôt que de savoir, et à abandonner la responsabilité devant le futur. Mais comme le dit le sage, il y a un temps pour tout.


  • Jean Keim Jean Keim 4 août 12:02

    Merci pour votre commentaire.

    Je n’ai pas écrit qu’une fois le sujet éteint, ou une espèce éteinte, l’espace et le temps disparaissent avec lui (eux), ce qui disparaît est un mode particulier de perception du temps.

    Quand à l’ego il est simplement le résultat de savoirs emmagasinés dans des mémoires.


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