jeudi 2 juillet 2009 - par Gaëtan Pelletier

Le capitalisme et son vert dilué à l’eau

Les affirmations du comédien Roy Dupuis selon lesquelles Hydro-Québec tenterait d’acheter l’appui des élus de la région de la Côte-Nord afin de mener à terme le projet de barrages hydroélectriques sur la rivière Romaine font bondir la société d’État.
 
La compagnie Hydro-Québec est une multinationale caractéristique du grand capitalisme, avec des intérêts à la fois au Québec et aux Etats-Unis. Son projet consiste, à partir de 2009, dans la construction de quatre barrages en vue de la production d’électricité qui sera vendue directement aux Etats-Unis, grand consommateur d’énergie (fossile ou naturelle). Ces barrages géants (certains devront atteindre 200 mètres de haut) anéantiront la plus grande partie de la rivière et du bassin qui en dépend. La forêt disparaîtra, ainsi que toute vie, et le résultat sera pendant longtemps la décomposition végétale et l’asphyxie de l’écosystème. La nation innue sera privée d’un seul coup de son lieu de vie. Le Monde J.M.G Le Clézio 
 
***
 
J’écoutais le premier ministre du Québec, Jean Charest, hurler que le projet de la Romaine était « vert ».
 
Depuis des décennies, à regarder la carte du Québec, on se nourrit de ce vaste territoire qu’est le Nord, et dont le seul intérêt consiste à en extraire les richesses.
Ne pas polluer en « bas » ne signifie pas qu’il n’y a pas de pollution en « haut » : on détourne les rivières, on détruit la faune, on achète les Innus, on brise leur mode de vie. Bref, on saccage.
 
Tout ce bassin nordique est une mine d’or, en termes d’énergie, pour les habitants vivant au Sud du Saint-Laurent, là où est concentrée la population.
 
Où est donc ce vert hypocritement écolo ? On râpe, on charcute, on griffe, mais en réalité, il n’y a rien pour le respect des nations. Et il n’y a toujours eu rien. Les peuples invisibles du Nord se sont fait voler en signant des traités à « l’alcool », ou à coups d’argent.
 
Et pour vendre aux États-Unis…
 
Vendez votre maison, vous n’aurez plus d’endroit où demeurer…
 
Des viols à répétition
 
 Reste qu’après des décennies de saccages, de filoutage, les Amérindiens, Les Innus, et bien de petites communautés amérindiennes sont en train de crever en essayant de se standardiser au mode de vie « américain ».
La « guerre économique » et ses charcuteries d’âmes est en train d’achever cette œuvre de continuité dans un viol de la différence depuis des siècles.
 
Après l’alcool, l’argent : des sans-abri « oubliés » au Nord
 
On n’a pas idée des dégâts faits aux Amérindiens… On n’a pas idée de ces peuples qui n’ont plus d’âme.
 
L’étude, qui a été menée durant une période de quatre ans auprès des services de la protection de la jeunesse dans la baie d’Ungava et la baie d’Hudson, fait également part des problèmes sociaux que le peuple inuit vit depuis les dernières décennies : violence familiale, consommation abusive d’alcool, toxicomanie, chômage, surpeuplement des logements et taux de suicide élevé.. Radio-Canada
 
Les peuples du Nord en sont rendus à n’être que des sans-abri dans un pays déboisé et déserté des animaux, et livrés à un mode de vie sédentaire… Les drogues vont jusqu’à inhaler de l’essence ou des pots de colle.
Dans la misère totale, on vend les meubles…
 
Après des décennies de misérabilisme, ils sont condamnés à vendre en se « ralliant ». Beau terme pour désigner une vente sous pression. Ils sont à bout. On les a usés. Ils n’ont plus rien, sinon que leur territoire à vendre.
 
Oubliez la dignité si chère à l’hypocrisie ornementale des fier-à-bras des États…
Le « sauvage » n’est qu’une bouchée de plus dans cette ère de manipulation.
Oubliez le phoque sur les banquises… Il y bien plus qui meut assommés et bulldozés, évidés, éventrés. Pour tenter de contrebalancer ce massacre, l’État Québécois envoie des travailleurs sociaux dépassés par l’ampleur des misères.
 
Rien ne va plus dans les services sociaux du Grand Nord québécois. Aux prises avec des cas de plus en plus lourds et à des ressources faméliques, une dizaine d’intervenants sociaux du Nunavik sont sur le point de craquer. Avec l’appui de leurs patrons, ils appellent Québec à l’aide. Grand Nord : la situation des enfants se dégrade
 
Le message de J.M.G Le Clézio s’est rendu jusqu’au Québec.
 
Elle parle de la fragilité de son peuple, que le projet condamne à mort », raconte-t-il.
Elle voulait aller jusqu’au procès, mais le procès n’aura pas lieu, comme vient de l’apprendre l’écrivain, la nation innue ayant décidé de se rallier au projet, « sous la pression des avocats de Hydro-Québec » et contre « la promesse d’une amélioration économique, d’emplois pour la jeunesse ». Cyberpresse, Québec Le Clézio
 
Non, le procès n’aura pas lieu.
Une vente de feu.
 
M. Charest, Premier Ministre est un ami de Sarko. Sarko et ses hémorroïdes
Mais ce n’est pas l’homme qu’il faut blâmer, c’est la manière de faire.
 
Tant qu’il y aura de ces caniches « quatrepattés », à genoux devant les systèmes financiers qui mènent ces marionnettes égotiques, on ne respectera rien… Sauf l’énorme bulle d’un moi déshumanisé.
 
C’est pour cette raison que les artistes existent : pour contrer ces paons dont l’éventail de leur vision se résume à leur queue que trop colorée.
Le capitalisme s’offusque… Ah ! Bon !
 
C’est comme ça que se perpétuent les animaux de « race » : à force de se croiser entre eux, ils finissent par devenir malades d’une consanguinité trop répétée.
Mais ils ont fière allure…
 
Sauf que cet ADN de sang bleu finit par étouffer et tuer les humains, les peuples, et la Terre.
 
Pour faire un tableau, un peintre, avec ce vert dilué à l’eau, en est rendu à une simple aquarelle où les couleurs s’enfoncent dans la terre engloutissant les humains.
 
Beau tableau !
 
 


1 réactions


  • Walden Walden 2 juillet 2009 14:09

    Merci pour cet intéressant article qui relate une information sensible pourtant peu reprise en France...

    Voilà qui rappelle la pharaonique réalisation du barrage des Trois-Gorges... où l’on voit que les intérêts du pseudo-libéral capitalisme financier occidental ne sont pas différents de ceux du centralisme d’Etat chinois, et se concluent toujours au détriment, et de l’intérêt des populations locales qui n’ont pas voix au chapitre, et de l’environnement.

    Voici hélas un nouvel exemple de « l’évidence des erreurs de choix du monde technocratique moderne » pour reprendre les mots - toujours très justes - de Le Clézio.


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