vendredi 22 octobre 2021 - par C’est Nabum

Le ciel nous tombe sur la tête

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Aengus, maître du temps et des lumières.

 

Il y a si longtemps que nul ne pourra témoigner de ces évènements, par un étrange mystère, le même jour fut procréé et engendré Aengus ; celui qui se passa de gestation. Ceci se déroula au bord d'une rivière ; source de toute vie. Cet être, d'une mystérieuse beauté, aimait à commander aux oiseaux ainsi qu'à tous les autres animaux, aux forces naturelles et aux cœurs des humains. Tant que les druides eurent le droit de cité sur les rives de notre Loire, il vécut paisiblement sa vie de chantre de l'environnement.

 

Les années passèrent, de nouvelles croyances s'imposèrent. Les moines, les prêtres, les gourous et les brahmanes de toutes obédiences s'emparèrent des lieux sacrés des Celtes pour y dresser les prétentieux temples des nouvelles fois. Comme Aengus ne pouvait se résoudre à disparaître, il choisit de s'incarner, prenant l'apparence d'un humain, se fondant dans la masse pour n'en ressortir que par le truchement de ses créations.

Ainsi s'était-il assigné la redoutable mission d'ouvrir les yeux des mortels sur la beauté de la nature, la poésie d'un coucher de soleil, la magnificence d'une fleur, la splendeur d'un matin brumeux, la grâce de tous les êtres vivants Son message allait à rebours des croyances et des cultes : le paradis existe, il est sur terre, dans nos cœurs et devant nos yeux !

Au fil des époques, il prit bien des avatars, devenant tour à tour, poétesse, peintre, musicienne, chanteur, romancière, sculpteur, conteuse, fabuliste, plasticienne . On le retrouve, ou bien on peut la reconnaître ainsi, dans les habits de grands artistes qui ont chanté la Loire. Aengus, en effet, avait jeté son dévolu sur la fille Liger, afin d'honorer Lugus, le prince des lumières.

Ainsi naquit le mythe de l'éternité et de son représentant Aengus. Chaque fois que surgissait une œuvre qui emportait le cœur des humains, qui touchait au plus profond de l'âme, qui transcendait une réalité parfois sordide, on reconnaissait, derrière celui ou celle qui accédait à la grâce, l'influence du représentant de la beauté, de l'amour et du temps…

Tour à tour homme ou femme, Aengus n'avait de cesse de magnifier les arts pour chanter la splendeur de notre Loire. Il adoptait alors la forme artistique de l'époque, celle qui avait le plus de chance de toucher le plus grand nombre. Il se murmure qu'il se fit architecte quand les châteaux de Loire furent édifiés, qu'il devint graveur, qu'il chanta la magnificence d'une rose qui a déclose.

Aengus allait à travers le temps, sans cesser de déclarer son amour à la Loire. Il serait sans doute fastidieux d'établir la liste des noms célèbres sous lesquels, le temps d'une vie humaine, Aengus exprima son talent de bien des manières, sous bien des apparences. Hélas, les humains perdirent un temps le sens du sacré et du merveilleux, et Aengus se morfondit. Ce qui le fit sortir enfin de son marasme, ce fut une nouvelle manière de briser l'indifférence d'une société devenue trop matérialiste.

C'est ainsi qu'Aengus devint photographe de Loire. Il sillonne la rivière, traque les signes de la nature qui feront à nouveau entrer les individus au plus intime de la création, au plus splendide de la nature, au plus sacré de la beauté. Animaux, plantes, paysages, humains avec toujours en premier plan, la Loire ! Aengus n'a de cesse de guetter ces instants magiques et rares qui vous font entrer en communion avec les forces surnaturelles.

Pour se plier aux règles d'une époque vouée à la communication, il arpente la rivière, publie des livres, propose des expositions, offre des instants d'admiration et d'extase. Contempler son œuvre, vous permet de plonger dans l'incroyable magie de ce qui nous environne, de déchirer le voile de ce qui se dérobe à nos yeux, de découvrir les splendeurs de la nature.

Aengus ne goûte guère aux éloges s'ils ne s'accompagnent pas d'une prise de conscience collective du trésor dont nous avons hérité et qu'il nous appartient de transmettre en l'état. Dans pareil cas, il pourrait bien disparaître, se fondre dans la spirale temporelle, changer d'avatar ou bien se faire oublier des humains durant plusieurs générations. Il pourrait tout aussi se dissimuler quelques siècles dans ce puits sans fond que nous creusons dans notre paradis perdu.

Faites donc grande révérence à Lugus, honorez les lumières, l'art, la poésie et la nature. Brûlez l'argent, les honneurs et la vanité. Repoussez cette société de l'accaparement, du pillage des ressources, de la destruction des espèces, du souillage et de l'épuisement de la Planète. Par Toutatis, si vous ne percevez pas l'effroi de l'instant, si vous ne comprenez pas qu'il est urgent de tout changer, qu'il nous appartient de bouter ce système honteux et mortifère, c'est à désespérer de tout. Il n'est plus alors d'autres ressources que de vous faire tomber le ciel sur la tête !

Lumineusement sien.



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