Les jachères fleuries : une nouvelle manière de respecter l’environnement ?
Vous avez déjà tous entendu parler de la jachère. Il s’agit d’une pratique de l’agriculture consistant à laisser une parcelle agricole en repos, c’est-à-dire sans l’ensemencer, pendant plusieurs années, afin de lui permettre de recouvrer sa fertilité, ou du moins sa capacité de production.
Aujourd’hui, en tout cas en Europe, la jachère a aussi pour but de contrôler la surproduction agricole. Elle est souvent imposée par des règlements européens stricts, notamment par la très controversée PAC. Cela peut aller même jusqu’à un paradoxe : une terre en jachère peut continuer à être une source de revenus pour l’exploitant, grâce à un versement de subventions !
La plupart du temps, une jachère se présente sous la forme d’une surface herbeuses non entretenue. Cela ressemble beaucoup à un champ à l’abandon dans lequel on aperçoit un mélange de mauvaises herbes et de restes disparates de plantes cultivées de colza, de tournesol ou d’autres céréales, par exemple.
Alors, il existe plusieurs formes de jachères. La jachère (jachère morte) toute simple consiste à laisser la terre se reposer en laissant faire la nature. Les graines des plantes déjà présentes dans le sol ou disséminées par le vent recolonisent spontanément le sol, et les équilibres se rétablissent avec le temps.
Mais il existe aussi des jachères cultivées. Pas n’importe quelle culture, toutefois. On introduit sur une parcelle destinée à la jachère des plantes améliorantes, comme le trèfle ou la moutarde, selon que l’on souhaite respectivement fixer l’azote dans le sol ou en limiter l’excès. Cette forme de jachère permet théoriquement de restreindre les amendements chimiques localement (sur la parcelle en question, mais pas forcément sur le plan national où la France apparaît comme un des champions du monde de l’utilisation d’engrais et de pesticides).
Depuis quelques années, on voit apparaître une nouvelle forme de jachère : la jachère fleurie. Il s’agit de plates-bandes vivement colorées, à la façon un peu des tableaux de Renoir, constituées d’un mélange de fleurs multicolores. Les variétés de fleurs ainsi semées sont, par exemple, des tournesols, lupins, pois de senteur, centaurées, gypsophile, cosmos, soucis, eschscholtzia... On peut trouver ces mélanges fleuris en boutique (Nature & Découvertes) ou sur le Net sur Jardins fleuris.
Au-delà de l’aspect esthétique de ce nouveau type de jachère, ces initiatives favorisent la biodiversité et offrent un refuge et des sources de nourriture, intéressants, à une faune variée : abeilles, araignées, papillons, et même petits mammifères ou oiseaux. Evidemment, on espère que ces jachères fleuries soient pratiquées de façon écologique. Car ce serait véritablement absurde que ces parcelles hautes en couleurs soient dopées aux pesticides et engrais. Par ailleurs, sachez que ces jachères fleuries n’en demeurent pas moins toujours des jachères, donc potentiellement rémunérées par la PAC à 25 euros pour 10 mètres linéaires.
C’est en faisant le tour du pays en mode balade digestive que j’ai eu l’agréable surprise de découvrir une jachère fleurie, à cinq cents mètres de chez moi ! Et effectivement, j’ai trouvé cela tellement original que, ni une ni deux, je suis retourné chez moi pour me munir de mon appareil photo, afin d’immortaliser ce spectacle de milliers de tâches fleuries sur cette jachère d’un nouveau genre, enchâssée au milieu de champs tristes de tournesols coupés. On devrait toujours avoir son APN sur soi.
Remerciements particuliers à David, du blog Empyrée, pour avoir pertinemment suggéré ce sujet.
Pour aller plus loin :
http://www.pacte41.com/jacheres.htm
http://www.futurinc.lautre.net/breve.php3?id_breve=477
http://sa27.free.fr/article.php3?id_article=7
http://www.univ-ubs.fr/ecologie/jacheres.html
http://www.jardins-fleuris.com/