vendredi 28 juillet 2017 - par Michel Gay

Loi de transition énergétique : attention au virage !

 La coûteuse sortie de route de l’Allemagne dans son « virage énergétique » (« Energiewende » en allemand) devrait alerter les parlementaires français. Il ne faudrait pas aboutir au même désastre.

La coûteuse sortie de route de l’Allemagne dans son « virage énergétique » (« Energiewende » en allemand) devrait alerter les parlementaires français. Il ne faudrait pas aboutir au même désastre. L’électricité y est deux fois plus chère qu’en France pour les particuliers, la consommation de charbon, de méthane et les émissions de gaz à effet de serre sont en hausse, et leur réseau d’électricité est fragilisé.

La loi de transition énergétique (LTE) comporte trois objectifs : 1) sécuriser nos approvisionnements, 2) contribuer à la lutte contre le changement climatique, 3) être plus compétitif pour améliorer l’emploi et la croissance.

Mais elle comporte aussi des objectifs politiques qui n’ont pas été soumis à une analyse économique, comme la réduction de 50% des émissions de carbone en 2050. Ils supposent de gigantesques financements et impliquent une importante dégradation du niveau de vie.

Quelques « belles âmes » ont fait croire aux Français qu’ils faisaient une bonne action pour la planète en réduisant de 90% les émissions de carbone du système électrique européen. C’est un chiffre qui sonne bien et fort. Mais, en réalité, cet effort herculéen diminuera seulement de 0,9% le carbone néfaste dans l’atmosphère. En effet, la production électrique française est déjà décarbonée à 90%, et elle représente seulement 4% de nos émissions globales de carbone. Plus de mille milliards d’euros vont être gaspillés en Europe pour, au final, repousser le réchauffement climatique de trois mois au maximum sur 50 ans…

Pour aboutir à cette absurdité, la Commission européenne a commis deux erreurs pendant ses travaux :

- La première a été de se laisser bercer par la musique des mots sans évaluer les bénéfices de la mise en œuvre de ses préconisations.

- La deuxième, a été de mettre en place deux trains de directives qui se télescopent : 1) D’un côté, il y a une politique de libéralisation des marchés européens de l’énergie (la même que celle mise en place pour les « télécom »). Elle possède sa logique : la concurrence et le consommateur sont au centre du dispositif. 2) D’un autre côté, et en même temps, il y a la directive européenne de 2008 sur le climat qui revient à multiplier les subventions sans aucune limite de coût. Elle place le producteur d’énergie renouvelable au centre du dispositif (et pas le consommateur) en lui donnant tous les moyens de produire les énergies les moins compétitives sous prétexte qu’elles sont vertes.

Ainsi, la Commission européenne dit d’un coté : « vive la concurrence » en privilégiant les consommateurs et les prix bas et simultanément et, d’un autre côté, « tout ce qui est vert doit être subventionné jusqu’à devenir compétitif dans 30 ou 40 ans ». Ces deux politiques sont contradictoires.

L’erreur fondamentale est de ne pas avoir appliqué une véritable analyse économique et de s’être laissé hypnotiser, comme souvent, par des mots séduisants : on « décarbone », on « sauve la planète », on va vers « un monde meilleur » grâce à « une politique ambitieuse ». Mais, en réalité, nos décideurs ne font pas l’effort de mettre en parallèle la dépense et le résultat escompté. Ils engagent les Européens, et donc les Français, dans une impasse.

Des lobbies puissants gravitent autour des énergies « vertes » dans le but d’obtenir des subventions pour les éoliennes et les panneaux photovoltaïques. Le consommateur et le contribuable paieront, même si, comme l’a déclaré le précédent Président de la République François Hollande à la télévision le 7 novembre 2014 :« Ca ne coûtera rien puisque c’est l’Etat qui paye » (! ?)

La France a aussi accumulé des erreurs dans l’élaboration de cette transition énergétique européenne. Elle a déjà une énergie décarbonée comme le sera peut-être l’énergie allemande en… 2050. Au lieu de dire « nous avons un avantage compétitif. Que les autres prennent exemple sur nous et nous rattrapent », nos décideurs ont considéré que tout le monde devait s’imposer le même effort sans égard pour le niveau déjà atteint !

Notre réseau électrique, interconnecté au réseau allemand, absorbe les énormes perturbations dues aux erreurs d’outre Rhin dans le développement disproportionné des énergies intermittentes (éolien et photovoltaïque). La faute à qui ? L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), nos hommes politiques et « Bruxelles » vont bientôt se rejeter « la patate chaude ».

Dans les cabinets ministériels, des ombres discrètes ont fait prendre une décision délirante aux décideurs européens : la division par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 (dit le « facteur 4 »). Elle aura un résultat insignifiant à l’échelle de la planète mais elle peut saborder notre niveau de vie. Qu’on divise par quatre ou par dix nos émissions de carbone en 40 ans retardera peut-être le réchauffement climatique mondial de quelques semaines ! Il faut dire la vérité et cesser de se laisser griser par la musique des mots.

Engager des centaines de milliards d’euros pour des objectifs politiques incantatoires et économiquement mal définis est une folie aux conséquences sociales dangereuses dans un pays qui s’étripe pour une allocation familiale rabotée et des congés parentaux diminués.

Influencés efficacement par des experts autoproclamés et des idéologues, quelques politiciens irresponsables concoctent aux Français un avenir faussement décarboné, faussement radieux et hors de prix.

Attention au virage !…



13 réactions


  • zygzornifle zygzornifle 28 juillet 2017 10:42

    devrait alerter les parlementaires français. Il ne faudrait pas aboutir au même désastre .....

    Mais le désastre sera encore pire car nous avons des lapins crétins au pouvoir depuis des décennies, plus ils sont nuls et incompétents voire totalement nuisibles plus ils ont une chance d’êtres élus et les écolos sont encore pire que la pollution qu’ils combattent , ce n’est pas en taxant aveuglément quitte a précariser toute une tranche de la population que l’on combat ce qui se passe, l’intelligence et la clarté d’esprit ferait parti du monde politique on le saurait depuis bien longtemps .....


  • Plus robert que Redford 28 juillet 2017 11:34

    Voilà un article qui exprime clairement ce que je ressens confusément depuis pas mal de temps, mais sans avoir les arguments pour l’exprimer.

    Ces problèmes de transition énergétique sont colossaux, car nous avons construit au fil des 50 dernières années des infrastructures énormes, sommes engagés (probablement à tort, mais c’est fait !) dans le nucléaire dont l’extrême dangerosité nous a sauté à la figure par deux fois déjà, sans que nous n’en tirions les conséquences, et, pardessus tout, restons accro au pétrole comme le junkie à sa seringue...

    J’avais déjà subodoré l’escroquerie écolo-éolo-photovoltaïque à la lecture d’une spécialiste pas vraiment baisante et difficile à lire, mais ô combien éclairante sur le sujet : Gail Tverberg, dont je vous conseille dans cette liste l’article sur « Les calculs de l’EROEI sur le solaire et le photovoltaïque » :

    http://lesakerfrancophone.fr/?s=Gail+Tverberg

    Au delà des effets de manche de nos (ir)responsables politiques n’ayant pour but que de patiner la boboïtude dans le sens du poil, les décisions prises ne seront surement pas les bonnes (y en a-t-il d’ailleurs ?) et quoi que l’on fasse, l’arrêt des conneries sera sonné quand nous percuterons le mur des inepties accumulées patiemment en un petit siècle ! Ca sera probablement sanglant !


    • Le421... Refuznik !! Le421 29 juillet 2017 09:10

      @Plus robert que Redford
      Comme je le dis tout en ne le souhaitant pas, une bonne petite catastrophe à la centrale du Blayais avec la montée des eaux, avec à la clé une population déplacée voire irradiée, seul ce genre de « fait divers » refera prendre conscience aux imbéciles que même les pyramides d’Egypte finissent par vieillir...
      Gouverner, c’est prévoir.

      Une simple photo aérienne de nos villes la nuit explique combien la vanité et la peur conjuguées nous amènent à des comportements stupides.
      Même ma voisine, à l’écart de la ville, voulait un éclairage public devant chez elle.
      J’aurais dis d’accord, à condition que ce soit elle qui paye l’installation et la consommation, ainsi que l’entretien du poteau.
      Là, tout de suite, ça calme !!
      Un exemple parmi tant d’autres...


    • mmbbb 29 juillet 2017 10:08

      @Le421 Vous avez oublié une méteorite , un avion un missile . Il est vrai que le risque est moins grand en Mongolie interieure ou il n y a pas d hopitaux à alimenter des TGV a faire rouler et des usines comme les acieries , Quant a l Allemagne c est un pays industrialise ( chimie Bayer le plus grand groupe mondial apres avoir racheter Monsato par exemple ) , les allemands ont le culte de la bagnole ( voir l usine de WW ) et nous taille des croupieres en agriculture Fermes des mille vache elevage de porcs 20 000 betes . Quant aux centrales thermiques elles tournent 24 h sur 24 h. et avalent des champs entier de lignites Donc l Allemagne comme la France a aussi des infrastructures a pourvoir Par ailleurs l ’equivalent de la Cour des comptes dans ce pays a publie un rapport sur le cout exorbitant de cette fameuse transition ecolo Les allemands ecolo ? Quant aux barrages, faites une priere afin qu ils ne cedent pas en France ou dans d’autres pays en Chine par exemple le barrage des trois gorges Ce serait du beau travail ! 


    • mmbbb 29 juillet 2017 10:27

      @Plus robert que Redford Sur le plateaux du Larzac, et en Aveyron les ecolos se sont opposés a l implantation des éoliennes https://reporterre.net/En-Aveyron-alternatifs-et-citoyens-s-opposent-aux-eoliennes-industrielles
      Les éoliennes offshore c’est pareil , les bonnes ames s offusquent de la détérioration du paysage et par ailleurs ce projet ne tiendrait pas ses engagements http://www.economiematin.fr/news-eolien-parc-saint-brieuc-bretagne-calcul-estimations-fed-butre
      Quant aux panneaux solaires, il faudrait des hectares de foret si nous voulions devenir independant selon une etude rapportée par Science et Vie


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 28 juillet 2017 11:46

    UNE LOI DE L’ARNAQUE ! 

    «  »« La loi de transition énergétique (LTE) comporte trois objectifs : 1) sécuriser nos approvisionnements, 2) contribuer à la lutte contre le changement climatique, 3) être plus compétitif pour améliorer l’emploi et la croissance.

    Mais elle comporte aussi des objectifs politiques qui n’ont pas été soumis à une analyse économique, comme la réduction de 50% des émissions de carbone en 2050. Ils supposent de gigantesques financements et impliquent une importante dégradation du niveau de vie. »«  »

    LA NATURE REFUSE L’HYPOCRISIE HUMAINE !!! Jamais la prospection pétrole et gazière n’a atteint une telle frénésie : Même les deux pôles Nord et Sud ne sont plus épargnés : Heureusement que le « processus » est bien enclenché ! De la banquise et des glaciers, il ne restera même pas de quoi confection un glaçon pour une dose de Pastis !

    Un marchand de sable est plus honnête que votre commerçant d’Ushuaïa !


  • HELIOS HELIOS 28 juillet 2017 12:07

    Alléluia... nous allons éradiquer le vilain carbone !... vite où est le chéquier que je signe.... la mort de la voiture et la liberté de circuler !


    PS : il y en a une qui doit être heureuse, on va peut-etre limiter la vitesse sur les autoroutes pour que ne meurent plus les 44 piétons supplémentaires décédés cette années aux centre-villes.

    Au fait, on parle bien de conflit d’interet en ce moment... que fait le mari de Chantal Perrichon ?

  • wesson wesson 28 juillet 2017 12:15

    Il y a aussi une autre tuile très sérieuse qui menace l’Allemagne sur son énergie : les sanctions Américaines contre la Russie.


    C’est en effet le plus gros importateur de Gaz en Europe, 90% de sa consommation, dont 40% venant de la Russie. 

    Le plan étant de fournir du GNL à toute l’Europe, tout en interdisant la fourniture par la Russie ou l’Iran. C’est le but véritable des sanctions Américaines. 

    Combien de terminaux gaziers l’Allemagne dispose ? zéro, elle n’en possède aucun. 

    « ah mais oui, mais elle peut en construire, comme celui de Klaipeda en Lithuanie »

    Excellent exemple : Ce terminal prévu pour fournir 90% des besoins des 3 pays baltes culmine en fait à 30% d’utilisation. En cause : les pipelines qui en sortent sont à leur capacité maximale. Ainsi la Lituanie continue à acheter plus de la moitié de son gaz à la Russie, l’Estonie en achète 70% et la Lettonie n’as tout simplement pas reçu un seul m3 de ce terminal gazier. 

    Pour que l’Allemagne puisse se convertir au LNG Américain, il lui faudrait non seulement construire des terminaux gaziers de taille gigantesque, mais également toute l’infrastructure de pipeline propre à pouvoir les exploiter correctement et amener le gaz au consommateur final, sans qu’ils n’aient les stockages souterrains que la France possède par exemple.

    Ais-je aussi mentionné que en dehors de tous ces problèmes d’infrastructure, le prix du LNG est entre 30% et 50% plus cher ? 

    Bref, c’est un véritable test pour les Allemands. Si ils ne résistent pas aux USA, ils vont au devant de problèmes énergétiques vraiment très sérieux. 

    Hors, la croissance, c’est surtout la mise à disposition d’une énergie bon marché. 

    • alinea alinea 28 juillet 2017 15:13

      @wesson
      Et puis elle n’est pas sortie de l’auberge avec ses stocks de déchets nucléaires qui s’enfuient à tout va de leurs anciennes mines de charbon qui s’éboulent et s’inondent !!


  • Francis, agnotologue JL 28 juillet 2017 13:06

    ’’Engager des centaines de milliards d’euros pour des objectifs politiques incantatoires et économiquement mal définis est une folie aux conséquences sociales dangereuses dans un pays qui s’étripe pour une allocation familiale rabotée et des congés parentaux diminués.’’

     
    Et qui est prêt à céder pour une bouchée de pain à l’Italien Fincantieri, les Chantiers navals de Saint-Nazaire : ’’66,6 % des parts de l’État français pour 79,5 millions d’euros ! Cinq fois moins que ce qu’on a donné à Tapie…’’
     


  • boudboud 28 juillet 2017 15:24

    les gagnants dans cette transition énergétique, direct énergie , énergem, énercoop etc, sans l ouverture aux marché ,ils n’existeraient pas , ils n’auraient pas bénéficiés de la loi nome ( 25% énergie électrique produite en france vendu à un prix très favorable , loi votée par nos députés) rachat de l énergie photovoltaique et éolien à un prix très intéressant pour le producteur , rien d’étonnant que le coût de l électricité a augmenté très nettement depuis 2007 , sans compter la taxe d’acheminement .


  • sls0 sls0 28 juillet 2017 19:07

    Si quelqu’un annonce que dans 30 ans on retourne un siècle en arrière coté confort ça risque de faire des mécontents.

    C’est depuis les années 70 que l’on sais qu’on va dans le mur coté ressources et surtout le pétrole.
    Quoi qu’on fasse on va dans le mur et il faut se préparer à lever le pieds.
    Annoncer aux gens qui faut se préparer à dérouiller et qu’il vaut mieux chercher ailleurs passe mal, transition énergétique passe mieux et fait moins peur.
    Dans les années 80 un collègue me parlait de son fils qui s’orientait vers des études à profil écolo et qu’il s’inquiétait.
    Je lui ai répondu que l’Allemagne très réactive s’y prépare et qu’elle imposera ses normes pour avoir des débouchés économique.
    L’Allemagne est encore plus forte aujourďhui et impose ce qui lui est bénéfique, un peu de peinture verte sur l’emballage et l’Europe suit.

  • jipebe29 jipebe29 29 juillet 2017 10:42

    Cette politique climat-énergie est complètement absurde pour trois raisons :

    1) Elle considère que le CO2, quelle que soit sa source, a une action mesurable sur la température, alors qu’il n’y en a AUCUNE preuve scientifique (nombre d’observations et de publications scentifiques récusent cette hypothèse)

    2) Elle oublie que la part des émissions anthropiques n’est que de 5% environ, selon le GIEC (rapport AR5, page 471, figure 6.1 : http://imagesia.com/echanges-co2_10hg0 ). Cette information capitale a été mise sous le tapis dans le résumé pour les décideurs, document « idéologique », sans aucune valeur scientifique.

    3) Elle est incohérente : pour réduire nos émissions de gaz satanique, elle favorise outrageusement les EnR intermittentes, censées avoir un bilan carbone vertueux, alors que leur bilan carbone est mauvais, car il faut en soutien permanent des centrales thermiques pour équilibrer le réseau de transport, et qui fonctionnent en discontinu, ce qui augmente leurs émissions. Pour avoir un bilan carbone vertueux, les deux seuls moyens sont l’hydraulique et le nucléaire.


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