mardi 11 août 2020 - par olivier cabanel

Lutter contre la solastalgie

La langue française s’enrichit chaque jour de nouveaux mots, prouvant par là qu’elle est encore vivante... le mot « solastalgie » est l’un deux, et il mérite le détour.

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit finalement d’une forme de dépression provoquée par le sentiment d’impuissance qui peut s’emparer de nous lorsque l’on voit notre planète en train d’être détruite, sans que l’on puisse agir pour l’empêcher... c’est en quelque sorte une forme de nostalgie qui s’empare de nous devant une catastrophe annoncée...

Etymologiquement on peut le décrypter ainsi : il vient du mot anglais « solace » (réconfort) et « algie » (douleur), et le médecin Alice Desbiolles, spécialisée en santé environnementale, résume ainsi le mot « solastalgie » : le mal du pays, c’est un pays que l’on quitte, alors que la solastalgie, c’est le pays qui nous quitte. lien

On doit ce mot à un certain Glenn Albrecht, un philosophe australien de l’environnement qui avait publié en 2007 un article sur le sujet, constatant la détresse que lui, et son équipe, subissaient devant les changements imposés à notre environnement.

Albrecht, longtemps professeur d’études environnementales à l’université de Newcastle, est aujourd’hui à la retraite, vivant dans une propriété baptisée « Wallaby Farm  », car ces marsupiaux s’y trouvent « comme chez eux ».

Il vient de subir les violents incendies que l’on sait, lesquels ont provoqué « la mort de millions d’animaux... et des milliards parmi les êtres vivants », comme il le dit lui-même.

Lui et sa compagne avaient prévu d’y cultiver longtemps leur jardin... mais le changement climatique a rendu le lieu invivable, et ils ont décidé de se rapprocher de l’Océan. lien

Et quid de ces 500 000 m3 de glace qui menacent de rayer de la carte un village italien situé au pied du Mont Blanc ? lien

L’heure serait donc au pessimisme ?....

Comment ne pas l’être quand l’on voit de quelle manière les lois destinées à défendre l’environnement, pourtant décidées, ne sont pas appliquées, ou plutôt sont détournées à coup de multiples dérogations.

Prenons en pour preuve la récente volonté du gouvernement d’autoriser de nouveau l’utilisation des pesticides cédant à la pression des producteurs de betteraves, et tant pis pour les abeilles... et les humains qui vont en subir le contrecoup.

Ici, on peut signer la pétition.

Interrogé par FranceTVinfo, le betteravier Xavier Laud, se plaint d’un certain puceron qui transmet à la betterave un virus qui lui donne cet aspect jaune, estimant qu’une partie de sa production sera perdue, et que seule l’utilisation du pesticide pourrait la sauver. lien

Déjà, en janvier 2019, Macron avait renoncé à sa promesse d’interdire le glyphosate en 2021, estimant que l’objectif de sortie « n’était pas faisable ».

Et pour s’excuser de ce revirement, il a déclaré : « il a été montré qu’il y avait des doutes... il n’y a aucun rapport indépendant, ou pas indépendant, qui a montré que c’était mortel  ». lien

Alors que le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) avait jugé que cette substance était probablement cancérigène, en la classant dans le groupe 2A. lien

Dans ce groupe, le CIRC établi ainsi la règle : « indication limité de cancérogénicité chez l’homme et suffisante chez l’animal »... (on comprend donc que, pour le CIRC, l’homme ne serait pas un animal ?... une décision qui aurait déçu Aristote). lien

Rappelons que le gouvernement Hollande avait décidé l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018...lien

Quid aussi de la volonté gouvernementale de continuer à privilégier le nucléaire, en faisant la promotion de la voiture électrique, et en décidant la construction de 6 nouvelles centrales nucléaires... les EPR.... même si la décision définitive ne sera prise en 2021... Mais qui peut penser qu’elle ne sera pas prise ? lien

En voulant faire croire que la croissance est compatible avec « une accélération écologique », le chef de l’état tente de voler la vedette aux écolos qui ont brillé lors des européennes, et aussi bien sûr aux municipales...

Mais les décodeurs sont passé par là, et ont tiré en janvier 2019 un bilan écologique de l’action gouvernementale suivant une méthodologie complète, portant sur une trentaine de grands enjeux environnementaux, et le résultat n’est pas en faveur de la macronie. lien

Son bilan n’est en effet pas très vert.

Prendre la parole devant un parterre d’énarques issus de la macronie, avec l’ultime précaution d’installer la tribune sur l’herbe verte du palais présidentiel ne suffit pas à passer pour un écolo. Lien

Alors comme l’écrit Jean-Paul Krivine, président de l’AFIS (association française pour l’information scientifique) : « le risque de récupération politique était évident », et du jour au lendemain, tous les partis du pays se sont parés de la couleur verte... en apparence bien sûr. lien

Prenons un peu de recul, car finalement les tergiversations de ceux qui gouvernent ne sont pas une nouveauté.

Ils fonctionnent comme des girouettes en fonction des évènements...sauf que nous sommes soumis au fameux « effet papillon » cher à Edward Lorentz, le célèbre mathématicien, effet que l’on a pu constater avec la pandémie.

Il était, probablement sans le savoir, le digne descendant d’Henri Poincarré, un autre mathématicien, qui au 19ème siècle avait pressenti que de toutes petites variations pouvaient avoir de grosses conséquences. lien

Or il a suffi de la rencontre entre une chauve-souris, et un être humain pour que soient confinés, du jour au lendemain, 4,5 millions d’êtres humains, mais aussi pour provoquer la chute brutale de quasi toute l’économie mondiale... et les effets de cette rencontre n’ont probablement pas dit leur dernier mot.

2 millions de chômeurs supplémentaires, et des faillites d’entreprises en cascade sont annoncées pour la rentrée en France. lien

Pourtant ce coronavirus n’a pas eu que des effets négatifs, car ce serait oublier que les émissions mondiales de CO² ont baissé de 8% pendant la crise... pour remonter probablement aussi vite un peu plus tard...

Ajoutons quand même qu’il faudrait 10 crises du coronavirus pour que l’objectif fixé par les accords de Paris, en 2015 soit atteint. lien

Et puis quid des 137 000 hectares de terres agricoles qui disparaissent chaque année dans notre pays... ? lien

Ce n’est pas tout, car les atermoiements du gouvernement au sujet du masque pourraient bien être à l’origine d’une révolte citoyenne, les français ne comprenant plus qu’un masque soit inutile en février, et indispensable en juillet, au point de l’imposer ici, et de n’en rien faire là.

Cerise sur le gâteau, ils commencent à être nombreux à s’interroger sur la légalité de telles décisions, à l’image de Frédéric Tahar, un citoyen qui a mis en difficulté trois pandores, lesquels voulaient le verbaliser pour avoir refusé de mettre le fameux masque.

Il leur a fait valoir que la loi primait sur le décret : en effet la loi (2010- 1192) interdit la dissimulation du visage dans l’espace public, alors que le décret veut imposer le contraire.

Or cette loi peut provoquer des peines d’emprisonnement et des amendes de 60 000 €. lien

Il rappelle aux gendarmes une notion essentielle juridictionnelle basée sur la pyramide des normes : « un décret n’abroge pas une loi : la loi stipule que je n’ai pas le droit de dissimuler mon visage dans les lieux publics... et si vous me demandez de mettre un masque, vous me poussez à l’illégalité ». a-t-il déclaré à des policiers médusés, et mis en échec. lien

Alors comment ne pas comprendre que la solastalgie s’empare de nos concitoyens ?

Plus grave, certains sont tentés de s’en prendre aux militants écolos, toujours porteurs hélas de mauvaises nouvelles... mais comme dit mon vieil ami africain : « si tu as la fièvre, c’est pas la faute du thermomètre ».

L’image illustrant l’article vient de terresacrée.org

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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