lundi 28 mai 2018 - par C’est Nabum

Nos rivières abandonnées

La peste urbaine

Je ne sais si le même phénomène s’est produit chez vous mais ici, les petites rivières qui vont se donner à la Loire ont subi bien triste sort. Elles avaient le malheur de déplaire à ceux qui pensaient leur cité sans la présence insidieuse, désagréable, dangereuse peut-être, d’un petit filet d’eau qui sillonne loin des préceptes de la géométrie qui affirment que le plus court chemin est la ligne droite. Pire encore, les pauvres rus faisaient obstacle au désir toujours plus croissant d’expansion humaine par l’édification de routes, bâtiments et espaces bétonnés.

Se couvrant ainsi de honte devant tant de griefs à leur encontre, les ruisseaux, maigres affluents de notre Loire, se sont enfouis sous terre, disparaissant à jamais à la vue des citadins, totalement oublieux de leur existence passée. Ils sont subi le sort de leurs désormais cousins aqueux, les égouts, devenant des flux d’immondices et de détritus ; la seule offrande que les humains sont capables de faire aux cours d’eau.

Les malheureux rongeaient leur frein, n’ayant plus le bonheur de jouir du spectacle de la nature, ni même de profiter de l’air pur (un vieux souvenir celui-là aussi). Ils coulaient à l’étroit dans des tuyaux au diamètre pensé d’abord dans un souci d’économie, se sentant méprisés et surtout largement déconsidérés. Il est vrai qu’avec toutes ces terres privées d’écoulement des eaux de pluie par le bitume, le béton, les pavés, les maisons et autres fantaisies urbaines, leurs niveaux frisaient la peau de chagrin.

La rébellion eut lieu pourtant il y a deux années de cela à pareille époque. Je m’en souviens parfaitement, j’étais à ramer sur la Loire et durant 21 jours, je reçus sur la tête, les cataractes du ciel. Que d’eau ! Que d’eau ! se seraient sans doute exclamés les égoutiers et autres responsables des flux souterrains. Mais qui donc pouvait les écouter ? À la surface, rien ne se passait vraiment, du moins pour le moment.

Quand une colère gonfle, il lui faut du temps avant que d’exploser. C’est souvent alors trop tard et les enfouisseurs de rivières allaient le découvrir à leurs dépens. Les eaux s’évadaient, se libéraient de leurs gaines, retrouvaient la surface et envahissaient les campagnes et les villes, sans distinction. Ceux qui avaient acheté une maison, découvraient avec stupeur, qu’elle était en zone inondable et désormais inondée. Quelle surprise !

Ce fut catastrophique d’autant que le canal d’Orléans, vieux canal oublié des responsables, se signala lui aussi par quelques débordements de grande ampleur. L’Orléanais était devenu un vaste cloaque, un marécage, une immense zone humide. On se désolait tandis qu’un expert de la chose ligérienne, prétendait devant les caméras complices de la télévision régionale que la crue était une fiction ; les sinistrés apprécieront !

Autoroute et routes coupées, zones isolées, maisons abandonnées, circulation paralysée, dégâts considérables, les rues et les ruisseaux avaient montré combien leur pouvoir demeurait intact malgré des années d’enfouissements et d’ignorance. Leurs noms apparaissaient enfin au grand jour : Retrève, Chilesse, Cens, Bionne, Égoutier. Puis la colère des dieux fut vite oubliée, seuls les assureurs se chargeant de minimiser les conséquences pour ne pas trop cracher au bassinet.

Depuis, tout le monde ou presque les a oubliés. Ils sont retournés dans leurs tombeaux de béton. Le pauvre Égoutier quant à lui, subit les pires traitements qui soient. Pollutions multiples et avariées, il a le malheur de couler sous des zones industrielles où la considération de la nature n’est pas la priorité. Il transporte tout ce qu’il convient de dissimuler pour finir par tout rejeter à la Loire, loin du regard des promeneurs.

Un homme ne cesse de se battre pour que la vérité soit faite, pour découvrir d’où proviennent ces écoulements blanchâtres qui font tâche d’huile dans la Loire, pour comprendre pourquoi tant de lingettes échappent à la petite station d’épuration installée juste avant son embouchure, pourquoi personne ne daigne lui répondre ? Il est vrai que c’est un marginal et qu’au royaume des décideurs, il convient de ne pas perdre son temps avec des êtres aussi peu présentables.

Alors, je vous invite à me répondre ici. L’Égoutier est-il devenu l’égout du dépôt de transports publics qui lave tramway et autobus chaque jour au dessus de lui ? Est-il victime d’autres entreprises voisines dont un pétrolier douteux ? Pourquoi les lingettes ne sont-elles pas stoppées par les filtres mis en place ? Quelle est la nature exacte de cette eau blanchâtre, visqueuse, nauséabonde qui se dilue dans la Loire ? Nous aimerions savoir et surtout Georges à qui vous avez toujours opposé un silence méprisant. Merci.

Ruissellement vôtre.

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28 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 mai 2018 11:03

    Eh oui, c’est dans ce moment que les grands feraient bien de se rappeler que même au sommet de leur tour, la nature aura toujours le dernier mot et qu’en méprisant les plus petits que soi ou la base, on risque bien de pencher les yeux vers le sol. Les petites rivières ou rus se feront fleuves et balayeront l’oligarchie (je ne sais pourquoi cela me fait « panser » à de l’huile de friture). bon ! pour les dégraisser définitivement il faut rajouter un peu de vinaigre. Et comme semble-t-il les vins semblent tourner au vin « aigre ».... J’espère Nabum que ce ne sont pas les images de votre région. La grèle nous rappelle toujours un peu le déluge. Les anti-macrons auraient-ils fauté ???? Peut-être le moment de relire Camus. Albert Camus naît à Mondovi (Algérie) le 7 Novembre 1913. Il est le second enfant de Lucien Camus, ouvrier agricole et de Catherine Sintes, une jeune servante d’origine espagnole qui ne sait pas écrire et qui s’exprime difficilement. comme quoi, les petits rus sont souvent à la source de grande rivières littéraires. Camus fait penser au bec des canards. Eux au moins ont cette qualité que l’eau glisse sur leurs plumes et leur permette ainsi de coucher leur remou sur le pare chemin des balises et des valises pleines de cris ou d’écrits.


  • foufouille foufouille 28 mai 2018 11:45
    en général, les fossés au bord des routes ne sont pas entretenus et il n’y a pas assez de haies autour des prés et champs donc l’eau n’est pas retenue.
    boucher les ruisseaux est aussi une très grosse connerie.


    • Paul Leleu 28 mai 2018 19:51

      @foufouille


      les bétonneurs subventionnés en niches-fiscales, associés à nos maires corrompus qui signent les permis-de-contruire, et les artisans heureux de trouver du boulot sans se poser de question... et en bout de ligne, des honnêtes gens escroqués... et parfois des catastrophes. 

    • C'est Nabum C’est Nabum 29 mai 2018 20:12

      @foufouille


      Les conneries, notre société aime à les multiplier à l’infini

  • nono le simplet 28 mai 2018 12:00
    le marais poitevin proche de chez moi et prés duquel je vivais à l’époque a subi dans les années 90 trois années consécutives d’inondations ... écluses en mauvais état, fossés et conches mal entretenus voire comblés par des riverains peu scrupuleux ... catastrophique ...
    suite à ses sinistres, le syndicat des marais mouillés a pu acheter des engins mécaniques pour curer les fossés et conches, les écluses ont été réparées, mécanisées et gérées par informatique pour les plus importantes ... chaque prévision de fortes précipitations est anticipée par des lâchers d’eau préventifs ...
    depuis les choses vont mieux mais il a fallu prés de 15 ans après les graves inondations de 1982 pour faire évoluer les mentalités ...

  • juluch juluch 28 mai 2018 12:22

    C’est juste une question d’entretien des ruisseau et aussi de ne pas faire n’importe quoi en urbanisme.


    en principe on ne construit pas prés des rivières ou ruisseaux, les Anciens le savaient....

    Campings par exemple....à proscrire !!!

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 mai 2018 12:27

      @juluch


      Les campings de la Loire doivent être dans un mauvais état,....

    • taketheeffinbus 28 mai 2018 12:36

      @juluch

      C’est faux, on peut parfaitement construire près des rivières et ruisseaux, hors sol.
      Les anciens adeptes du droit de moulin, en savaient quelque chose.

    • nono le simplet 28 mai 2018 14:00

      @juluch
      dans le marais poitevin, dont je parle plus haut, seules des maisons de construction récente ont subi des dégâts ... les vieilles fermes étaient sur une île, certes, mais les pieds au sec !


    • juluch juluch 28 mai 2018 14:56

      @taketheeffinbus

      Sur pilotis oui....mais pas de partout, quant aux campings prés de rivière...faut être stupide !

      toutes les années ou presque il y a des catastrophes, des morts et des Maires mit en examens.

    • C'est Nabum C’est Nabum 29 mai 2018 20:14

      @juluch


      Le n’importe quoi est la règle en la matière

  • taketheeffinbus 28 mai 2018 12:43

    L’autre point crucial qui n’est expliqué nul part aussi, c’est qu’en 2000 ans, la France a déforesté 50% de ses forêts, reconverties à l’agriculture. Une agriculture désormais pétrochimique, industrielle, mortifère, dont les sols sont à 95% morts, nécrosés.

    Dans la nature, l’eau est principalement retenue dans les sols par les champignons, de véritables éponges capable de retenir énormément d’eau, tandis que les racines des arbres qui creusent le sol jusqu’à la roche mère, ramènent celle ci dans les nappes phréatiques.

    Voyez donc, la méconnaissance totale de nombre d’agriculteurs qui pensent tout savoir et ne souhaitent pas se remettre en question, tout au plus laisseront il ça à la génération suivante, qui vont labourer leur terre, tuer la quasi totalité de la vie bactérienne, organique (insectes, lombrics...) à cause de l’exposition aux vents, au froid, les UV, et l’anaérobie provoquée lors du retournement, et l’érosion des sols, qui avec les saloperies chimiques nombreuses, vont se déverser dans les cours d’eau.
    Cours d’eau allègrement pompés pendant qu’on nous fait la leçon de la nécessité de couper l’eau du robinet quand on se brosse les dents, alors que cette terre devenue quasi imperméable faute de vie, ne va quasiment rien absorber, et que la majorité de celle ci par fortes chaleurs, va s’évaporer.

    Résultat, pour en revenir au sujet, des sols qui n’absorbent majoritairement plus l’eau, et certainement pas suffisamment, ne feront que faire empirer le phénomène, conjointement à la disparition des cours d’eau, les inondations seront de plus en plus fréquentes, et pire, passer son temps à entretenir les cours et faire des canaux n’est qu’un gaspillage de temps, d’argent, et d’énergie.

    La solution, c’est le reboisement, redonner des arbres aux champs et prairies, l’arrêt du labour au profit du semi direct sous couvert, exploiter les synergies de dame nature à son avantage, et ne JAMAIS, laisser un sol nu !

    De belles économies pour les paysans, et pour les collectivités, en temps, en argent, en énergie humaine et pétrochimique.




    • Dzan 28 mai 2018 19:03
      @taketheeffinbus
      Je vous plusse mille fois.
      P...n de maïs
      Chez moi, en Charente Limousine , combien de haies de bosquets arasés.
      Une rivière sauvage La Moulde, où l’on pouvait pêcher, des truites farios, anénantie par un barrage, uniquement fait pour l’irrigation.
      Sur les penchants, de la Charente avant le confluent avec la Moulde, des centaines d’Ha de maîs à la sauce Monsanto.
      Plus d’abeilles, plus d’oiseaux, plus d’insectes.
      En 2006 2 couples d’hirondelles, dans mon village, en 2014, 11couples, à ce jour 6.
      Quelle planète va t’on laisser à nos descendants ?

    • C'est Nabum C’est Nabum 29 mai 2018 20:14
      @taketheeffinbus

      Merci de le rappeler ici

  • zygzornifle zygzornifle 28 mai 2018 13:23

    Beaucoup de choses sont abandonnées car il n’y a pas de pognon a piquer , c’est pas comme les retraités .....


  • Jean Roque Jean Roque 28 mai 2018 23:15

     
     
    @ Gocho collabo de la destruction du pays ;
     
     
    26 m2 par seconde de bétonnage pour la surponte africaine importée par l’oligarchie mondialiste
     
    http://wwww.latribune.fr/actualites/economie/france/20111221trib000672707/c haque-seconde-26m-de-terres-agricoles-disparaissent-en-france.html


  • sls0 sls0 29 mai 2018 03:43

    L’eau a toujours raison.

    Les anciens en tenait compte.
    Quand on parle du lit d’une rivière, on parle de son lit de crue.
    Il faut chercher dans l’historique ou les traces laissées. Oui c’est chiant mais c’est comme ça.
    Les rêves de promoteurs, maires et particuliers n’y font rien.

    Si le Giec ne se trompe pas les crues centenales seront plus fréquentes, les gens le garderont en mémoire. S’il se trompe on se posera à chaque fois la question surtout si l’intérêt de quelques uns passe avant l’intérêt général.

    Chez moi avec les cyclones les rappels ne manquent pas mais les gens s’en foutent un peu et ont dios comme assurance. C’est des quartiers entiers qui sont détruits.

  • njama njama 29 mai 2018 09:02
    à 3’25
    « Alors quand il va pleuvoir sur un sol resserré, eh bien l’eau ne va pouvoir rentrer, et puis c’est l’érosion. Mais c’est plus facile d’accuser la pluie d’être responsable de l’érosion, des inondations, que de dire que c’est un système agricole qui a provoqué... puisque les inondations que nous avons en ce moment enfin depuis 20 ans, depuis 20 ans nous traversons les années les plus sèches depuis 3000 ans dans l’histoire de l’Europe, et jamais il y a eu autant d’inondations, c’est à dire que l’on a inventé avec la culture intensive les inondations en périodes sèches, ce qui est très fort, et les écologistes à l’heure actuelle se posent la question jusqu’où, à quel moment c’est l’humanité qui commencera à s’écrouler. »

    (4’18) revitalisation biologique des sols- Claude Bourguignon, ingénieur agronome

  • Macondo Macondo 29 mai 2018 10:05

    Bonjour. En amont, des « petites rivières qui vont se donner à la Loire », confortablement installé au pied de la source d’icelle où l’on voudrait que ceux qui la rencontrent ici aillent découvrir ses dimensions (à Blois par exemple), puis que les braves Citoyens du Loir-et-Cher voyagent en ce lieu (pas nombreux) pour se laisser conter l’historique querelle de clochers sur la position de sa source « véritable » ... Pour revenir à la réalité triste énoncée par l’innombrable majorité des Intervenants et apporter ma part de torchée à l’édifice délabré, je dirais que Pétrole & Béton sont deux bâtards prématurés engendrés par la coucherie d’une apocalypse syphilitique honteusement prépubère. Et même sa catin de sœur, Civilisation, est à fuir en courant, éperdument, au-delà même des ampoules. Plus de réseau ? Le prochain post prendra le courant !


  • Ruut Ruut 3 juin 2018 17:08

    Bof en France les responsables ne sont JAMAIS coupables. Alors pourquoi se soucieraient ils ?
    C’est comme avec le nucléaire, le jours où ça merdera, il sera trop tard.
    Mais il n’y aura encore personne de coupables, puis que pas de responsables.
    Par contre le citoyen qui ne met pas la bonne couleur, luis il trinque.


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