mardi 12 juillet 2016 - par chaalal moulay

Plaidoyer pour une meilleure orientation des financements de la protection de l’environnement destinés aux pays pauvres et en développement

Quels sont les modes de financements internationaux de l'environnement et du développement durable qui répondent le mieux aux besoins des pays en développement et des pays pauvres ? Financement de l'environnement ou financement de la lutte contre la pauvreté, quelle priorité pour ces pays ?

Le financement de la protection de l’environnement et du développement durable est assuré en premier lieu par les ressources nationales, en grande partie à travers les budgets étatiques, ainsi que des différents instruments économiques et financiers mis en place à cet effet. Cependant, en raison du coût élevé de la prise en charge de tous les problèmes de l’environnement, et de leur dimension globale, et plus spécialement à cause de l’incapacité des pays pauvres à trouver les ressources nécessaires, leur permettant de s’orienter vers ce choix ô combien difficile, qui doit se faire au détriment de la satisfaction de besoins vitaux beaucoup plus urgents, tel que la santé, l’éducation, et plus spécialement la lutte contre la pauvreté. Des cadres de coopération internationale ont été établis en vue, d’apporter un appui et un complément à l’effort local, sous forme de dons ou des prêts à des conditions concessionnelles conformément aux engagements contractés, qui émanent d'institutions financières internationales ou régionales ou qui s'inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de conventions internationales, à l’instar de la convention cadre sur les changements climatiques, la convention sur la diversité biologique, le Protocole de Montréal sur les substances qui appauvrissent la couche d'ozone, le protocole de Kyoto, ou tout simplement dans le cadre de l’aide au développement(APD). La mobilisation de ces financements nécessite un effort particulier, de la part des pays récipiendaires, généralement les pays pauvres ou en voie de développement. L’une des questions les plus délicates dans la mise en place de stratégies internationales, notamment la mise en œuvre des conventions en matière d’environnement et du développement durable, reste incontestablement le financement des actions, à savoir les ressources nécessaires à dégager, et les domaines d’intervention, par les pays développés ,et les instances internationales pour aider les pays à faibles revenus à participer aux efforts internationaux, tout en s’assurant que leur argent ne va pas servir à autre chose, ou va être détourné de sa destination, qui demeure une pratique bien ancrée dans la gestion des affaires d’une grande partie des pays pauvres ou en voie de développement. Les niveaux des aides, les modalités et mécanismes efficaces et susceptibles de réaliser les objectifs à travers ces financements, ne sont pas encore très élaborés ni qualitativement, ni quantitativement, et souffrent d’insuffisances, qui font que les efforts en la matière sont déployés parfois vainement. En effet les financements provenant de ces mécanismes, ne répondent pas généralement aux attentes des pays récipiendaires, et ne représentent en fin de compte qu’une infime partie des requêtes introduites par ces derniers pour la protection de l’environnement, en plus des conditionnalités posées par les donateurs et qui vont parfois en contresens avec le noble objectif auquel ils sont destinés. Nonobstant le niveau très faible de ces aides notamment celles provenant des fonds multilatéraux (notamment le fonds pour l’environnement mondial), et qui concernent généralement la préparation de communications, stratégies, plans nationaux, développement des capacités etc, qui sont d’ordre plus bureaucratique que technique, ces actions n’ont pas d’impacts directs sur l’environnement, et restent généralement au stade de documents, dont l’exécution demande des moyens beaucoup plus consistants que ceux réservés à leur préparation. Le financement par le biais des aides, dans le cadre de la coopération bilatérale semble être le plus approprié dans le cas de la protection de l’environnement, du fait qu’il n’engage en rien les ressources du pays destinataire, cependant cette forme de financement (aides), est caractérisée par son inefficacité, car les pays bénéficiaires ont tendance à la modifier, voire même à la détourner de sa destination initiale, en l’absence d’un contrôle rigoureux et continue de la part des donateurs, chose qui n’est tout de même pas facile à réaliser. Les prêts accordés par les institutions financières à l’exemple de la banque mondiale ou des banques régionales de développement ; et ce quelle que soit leur nature (à moyen ou long terme, à taux préférentiels, bonifiés ou non),qui non seulement, sont conditionnés par des exigences propres à la politique de la banque, engendrent des conséquences néfastes sur la situation financière des pays emprunteurs déjà très précaire en les encombrant encore plus de dettes, avec en prime des effets pervers sur leur croissance économique. L’impact sur l’environnement des investissements consentis dans ce cadre, est improbable et difficilement évaluable, Certains mécanismes issus des conventions et protocoles internationaux, même s’ils ne concernent pas directement les pays pauvres et les pays en développement peuvent leur procurer des avantages sur le plan environnemental et technique, à l’mage du Fonds Prototype Carbone prévu par le protocole de Kyoto, qui préconise la possibilité de dégager des unités de réduction des émissions (URE) cessibles de gaz à effet de serre (GES) par le biais d'investissements dans des projets d'atténuation du changement climatique, il peu s’avérer très intéressant dans le cas où les pays développés voudraient bien axer leur coopération sur le domaine de transfert de technologies, afin d’encourager ces pays à s’engager dans cette voie du mécanisme pour un développement propre (MDP) Cependant il reste un mécanisme, qui est de loin le meilleur et le plus approprié à la situation des pays pauvres et des pays en développement, et qui manifeste le mieux les bonnes intentions des pays développés à aider ces derniers à préserver leur environnement dans un état sain, qui consiste en la reconversion de leurs dettes en investissements verts, ce mécanisme joint intérêts économiques (allégement de la dette ) et intérêts environnementaux, il répond en outre très bien à la notion de développement durable, en faisant l’équilibre entre ses dimensions environnementale, économique et d’équité sociale. Il n’est un secret pour personne, que la majorité des pays développés détiennent des créances envers les pays en développement, et les pays pauvres, qui sont généralement classés dans la case des « créances douteuses », vu l’improbabilité de leur recouvrement, notamment celles détenues envers des pays pauvres, il est donc de leur intérêt de redonner vie à leur argent en l’investissant dans des projets verts (à l’exemple des projets de gestion des déchets, lutte contre la pollution industrielle, lutte contre la désertification, gestion de l’eau etc.) qui peuvent avoir des effets positifs à plus d’un titre, et s’avéreront à coup sur plus bénéfiques pour les deux parties. Concilier Protection de l’environnement et lutte contre la pauvreté, est une équation très difficile à résoudre, en l’absence d’une volonté internationale à éradiquer les causes de la pauvreté, et la lutte contre ses effets, dans ce cas, et en attendant que cette volonté se manifeste, il est tout à fait légitime pour les citoyens de ces pays de se poser la question si l’argent réservé à la protection de l’environnement, ne servirait-il pas mieux à satisfaire des besoins plus urgents, tel que la lutte contres les maladies et la faim, viendra ensuite l’environnement, et comme dit l’adage « ventre creux, n’a point d’oreilles ». car entre l’avantage future et incertain de préservation de l’environnement, et le besoin pressant d’assouvir sa faim, le choix ne se pose même pas.

chaalal moulay



3 réactions


  • Le p’tit Charles 12 juillet 2016 09:48

     Les pays pauvres et en développement ne servent que les riches...pas la peine de faire du misérabilisme à deux balles...Les pauvres resteront pauvres point barre... !


  • aglobo (---.---.5.10) 12 juillet 2016 17:22

    excellente analyse, les pays pauvres ont plus besoin de se nourrir que de suivre ces écolos a quatre,qui font de l’écologie un business très lucratif ,et font miroiter aux pauvre des lendemains enchanteurs.

    pour le premier commentaire, de quel droit vous déniez aux pauvre la possibilité de sortir de leur misère,de quel droit vous les condamner à rester pauvres toute leur vie , et sont ils d’ailleurs responsables de la situation dans laquelle il se trouvent, cherchez plutôt ce responsable près de chez vous cher monsieur.


  • Anthrax 12 juillet 2016 18:33

    @l’auteur


    Je crois - je suis même convaincu - que l’écologie est un souci de riche. Cela dit, la mise en place de la Grande Muraille verte en Afrique est un exemple de réussite d’un projet environnemental parce qu’il n’ a pas été imposé (ce sont les pays qui ont accepté de participer) et parce qu’il a démontré son utilité auprès des populations. Si l’on voulait vraiment aider le continent africain, il faudrait multiplier ce genre de projet désintéressé qui n’a qu’un but purement environnemental reconnu.

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