Pour mieux connaître le Castor
Portrait en creux
Le castor est le plus gros rongeur européen pèse entre 20 et 35 kg à l'âge adulte. Vieille de cinquante millions d'années cette espèce a traversé bien des vicissitudes dans son histoire. Il y a 7 millions d'années, des castors sont passés dans ce qui est aujourd'hui le Canada par l'Eurasie. Les deux espèces se sont séparées au point de n'avoir pas le même nombre de chromosomes et ne peuvent donc s'hybrider.
Le castor a travaillé sur les cours d'eau et les marais depuis des millions d'années, bien avant l'arrivée des humains. Avec ceux-ci, il connut des relations empreintes à la fois de bon voisinage puis au fil du temps d'une rivalité et d'une exploitation désastreuse. Pourtant dans les premiers temps de l'implantation humaine, Homo-sapiens tira profit des compétences du rongeur.
D'une part, il leur évitait de couper des arbres, ce qui était fort commode compte tenu des moyens dont ils disposaient et d'autres part, les travaux des castors sur les bandes fluviales furent très profitables en émondant des territoires gagnés sur les eaux. En ces temps lointains, castors et humains vivaient en bonne intelligence sur les mêmes sites. Leurs barrages constituaient des zones biologiques propices pour les chasseurs cueilleurs. De plus les marais constitués par les barrages des castors en s'asséchant devenaient par l'apport des sédiments des zones propices à l'agriculture naissante.
Puis les relations se sont dégradées jusqu'à mettre en péril au fil des siècles les populations de nos rongeurs sur les rivières d'Europe au point de voir poindre à la fin du XIX° siècle une quasi-disparition. L'animal était alors devenu une source de désagréments pour les cultures humaines mais aussi une proie recherchée pour de multiples raisons : fourrure, viande, castoréum, queue…
Il n'empêche qu'en dépit de cette traque intense, il a laissé trace dans les toponymies avec des noms de rivières dérivés de son nom gaulois, preuve de l'importance de sa présence pour les humains qui dans le même temps mirent en péril son existence. Les bonnes et les mauvaises raisons de lui faire la chasse attestent de la faculté de cet animal d'entrer dans notre imaginaire et nos croyances.
Il a trouvé place dans la mythologie avec Castor et Pollux tandis que l'animal est paré de nombreuses vertus qui en font un symbole fort notamment avec les albums du père Castor, le mouvement corporatiste des Castors pour construire des maisons et les films de Walt Disney. Ses comportements sociaux sont repris et vantés : sa fidélité, sa relation à sa progéniture, son occupation territoriale d'une zone fluviale. Le castor mettant en place des règles fortes de socialisation tout autant que des prouesses de technicité dans ses ouvrages.
On peut noter que sa popularité correspond peu ou prou à la période de sa presque disparition comme si un mouvement de regrets fut à l'origine d'une popularité presque posthume. Sa réimplantation fit alors ressurgir les griefs ancestraux et provoqua quelques difficultés chez les arboristes et les riverains.
Sa réimplantation dans la Loire en 1974 avec 13 individus donna des résultats spectaculaires puisqu'ils investirent tout le bassin versant et montèrent même sur la Seine par les canaux. Depuis peu, on peut remarquer une disparition relative d'une espèce souvent très discrète, due semble-t-il, aux silures qui ont trouvé dans le bébé castor un plat fort apprécié par ce monstre. D'autres facteurs s'ajoutent notamment avec l'arrivée d'espèces végétales invasives qui ne sont pas du goût du Castor.
Le castor trouva à son retour en pays ligériens un cousin américain qui n'a pas bonne presse. Les différences sont pourtant notables entre ragondin et castor et devraient éviter bien de regrettables confusions.
à suivre ...