jeudi 28 novembre 2013 - par Enjeux Electriques

Quel avenir pour les éoliennes françaises ?

Avec la dynamique actuelle, la France n’atteindra pas son objectif d’installer une capacité de 20 GW sous forme d’éoliennes terrestres d’ici 2020. C’est le constat du bilan prévisionnel 2013 de l’équilibre offre-demande d’électricité. De plus, plusieurs polémiques ont écorné l’image des éoliennes ces derniers temps. Le ciel semble donc s’assombrir pour cette énergie. Pourtant, après deux années de morosité, les signaux positifs existent.

Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

A la différence du mirage des petites éoliennes pour les particuliers, les projets de dimension industrielle sont en bonne voie. La France a, cette année, assoupli le dispositif légal (fin de la règle des cinq mâts…) pour la construction de ce type d’équipements, dégageant la voie aux projets terrestres. Surtout, la mise en chantier des premiers grands champs éoliens offshore le long des côtes françaises pourrait constituer la locomotive dont la filière a besoin. Alstom, qui vient d’inaugurer en Belgique la plus grande éolienne maritime du monde (170 mètres de haut), a ainsi décidé d’implanter sa fabrique d’éoliennes géantes à Cherbourg.

Le financement public des éoliennes a du plomb dans l’aile…

Cette dynamique est cependant remise en cause, depuis quelques mois, par la Commission européenne qui a émis de sérieux doutes sur la compatibilité des subventions françaises à l’éolien avec le droit européen de la concurrence. En France, la CSPE (la taxe qui finance les prix d’achat garantis pour les énergies renouvelables) fait aussi régulièrement grincer des dents, d’autant plus qu’elle est appelée à augmenter considérablement à court terme.

Ce problème du financement n’est pas franco-français. L’Allemagne vient d’appuyer sur la pédale de frein, révisant très nettement à la baisse ses ambitions en matière d’énergies renouvelables. Les éoliennes terrestres et maritimes sont ainsi les premières visées. 

C’est dans ce contexte que la Commission européenne (dont l’objectif est tout de même de porter à 20% la part des énergies renouvelables en 2020) planche sur de nouveaux moyens de soutenir l’éolien sans que les Etats y laissent leur chemise. Deux solutions sont principalement évoquées :

  • Les producteurs d’électricité renouvelable vendent au prix du marché mais reçoivent une prime garantie. Ils n’ont dès lors plus intérêt à produire quel que soit le cours de l’électricité comme c’est aujourd’hui le cas (on a ainsi vu pour la première fois apparaître des prix négatifs en France en 2013).
  • Les usagers sont contraints d’acheter un quota d’électricité verte. Par contre, ils choisissent de quelle source renouvelable l’électricité provient, de sorte que c’est logiquement la plus compétitive qui devrait être privilégiée.

… mais les initiatives citoyennes ou privées offrent de nouvelles perspectives

Au moment où le régime d’aides au secteur pourrait être profondément modifié, de plus en plus de collectifs citoyens se créent pour financer des éoliennes de grande dimension. Manière pour les riverains de s’approprier ces projets, ces financements citoyens correspondent tout à fait à la logique des quotas sur lesquels travaille l’Union européenne.

De même, de grandes entreprises comme Volkswagen ou BMW ont bâti leurs propres éoliennes pour approvisionner leurs usines allemandes. Pour l’heure, l’autoconsommation n’est pas valable en France, car il est plus intéressant de vendre l’électricité verte que de la consommer soi-même. Mais si le système des prix garantis disparaît, l’autoconsommation pourrait devenir avantageuse grâce aux coûts d’utilisation quasi nuls des éoliennes (une fois la construction payée, le vent est gratuit).

L’éolien français est à un tournant. Le rythme actuel des constructions d’éoliennes n’est pas suffisant pour atteindre l’objectif de 2020. Par contre, les nouvelles manières de financer sont à même de pérenniser le secteur en lui donnant une meilleure assise économique. On peut dès lors espérer qu’au-delà de 2020, les éoliennes deviennent une solution énergétique viable.

 



16 réactions


  • Croa Croa 28 novembre 2013 10:11

    L’erreur en France a été de laisser l’investissement capitaliste s’emparer du besoin. Les projets ont donc prit une orientation n’ayant rien à voir avec l’intérêt public contrairement à ce qui s’est passé dans les pays du Nord de l’Europe où les projets étaient portés par des collectifs citoyens.

    Exemple d’inconséquence française.


  • claude-michel claude-michel 28 novembre 2013 11:00

    heu....aucun sur le long terme...ça coûte trop cher a EDF d’acheter cette électricité... !


  • unandeja 28 novembre 2013 13:26

    Tant mieux si nous n’atteignons pas les objectifs du mirage eolien...l’eoliens c’est quoi.

    - une énergie produite faible
    - un bilan carbone négatif (entre la fabrication, l’entretien, le démentèlement, ça produit + de carbone que ça n’en économique)
    - une capacité de production limité
    - un chose qui gêne fortement les résidents (soit parl e bruit, soit par l’esthétique même si personnellement j’aime assez l’esthétique d’une éolienne).

    ....qu’on développe plutot l’énergie marémotrice.


  • LE CHAT LE CHAT 28 novembre 2013 13:31

    Avec tous ceux qui brassent de l’air et ceux qui nous pompent l’air dans notre pays , c’est vraiment un secteur durable .....


  • Roberton 28 novembre 2013 14:10

    Comparons ce qui est comparable. Le parc allemand de production d´électricité renouvelable PV et éolien c´est 60 Gw pour 75 Twh de production, le nuc Français 63 Gw pour 410 Twh de production. Ainsi la moitié de la puissance installée fournit Outre-Rhin 1/7 de la production ; en France les 3/4... La différence s´explique par l´intermittence : les capacités de production renouvelable fonctionnent 1200 heures par an pendant que les capacités nucléaires tournent à plein régime, 6500 heures par an. Pour assurer l´alimentation du réseau en continu afin de répondre à la courbe de demande il faut mettre en place des capacités de production classiques, à base de combustibles compensant les périodes creuses de production des énergies intermittentes.(au moins 20 milliards d´euros/an pour la France si on remplace le nuc par les renouvelables, très bon pour la balance commerciale !!!!) C´est la production par les centrales au charbon, ou au lignite épouvantablement polluant ; ou au gaz naturel importé en grande part de Russie créateur de dangereuse dépendance. Et le coût de l´occupation de l´espace foncier, 4000 kilomètres de lignes électriques à haute tension pour équilibrer les productions sur le territoire ; des milliers de kilomètres carrés mobilisés par les panneaux et les mâts.

    L´injection à grande échelle dans les réseaux électriques d’une électricité dont la valeur d’usage est incertaine pose des problèmes techniques et économiques inédits. Enfin, le kW nucléaire est au minimum 50 fois moins cher que celui des fossiles en importation. (900 Millions d’euros en uranium pour plus de 60 milliards des fossiles). Donc les 55 milliards pour mettre à niveau les centrales ne sont rien en comparaison avec l´augmentation des importations dû aux renouvelables. Exemple, l´Espagne a 20.000MW d’éolien et a dû installer 15.000MW au gaz et grâce à cela importe pour 6 milliards d’euros de gaz, le Japon est aussi devenu déficitaire pour les mêmes raisons après Fukushima. Est-ce que la France peut encore se permettre d´importer 20 milliards supplémentaire par an en fossiles pour remplacer le nuc par des renouvelables ?

    Finalement, ce que personne ne dit, avec la diminution et la fin des fossiles, est que vous ne pourrez pas extraire, transporter et transformer les matières premières sans elles. Tout s´arrêtera en même temps, transports, construction civile, agriculture, communications etc.., car tout est interdépendant même l´énergie électrique. Retour en 1800, avant la révolution industrielle dans une vingtaine d´années. La transition est un débat qui ne mène nulle part à cause des ordres de grandeur que n´atteindrons jamais les renouvelables.


    • Croa Croa 28 novembre 2013 17:50

      « Enfin, le kW nucléaire est au minimum 50 fois moins cher que celui des fossiles en importation »

       smiley Moi rien comprendre  smiley


    • Roberton 28 novembre 2013 19:29

      Je compare le prix des combustibles que nous importons en fonction de leur production en kWh électrique, pas du coût des centrales ou de leur fonctionnement.


    • cardom325 cardom325 29 novembre 2013 08:39

      tu comprendras , cher Croa, quand une centrale nucléaire t’ explosera à la gueule, tu te diras qu’il aurait peut être mieux fallu brasser du vent


    • Croa Croa 29 novembre 2013 09:38

      Je sais cela, hélas : Il y a une centrale nucléaire à 40 bornes à vol d’oiseau de chez moi et je serre les fesses !

      C’est le discourt de Roberton que je ne comprends pas.


    • Roberton 29 novembre 2013 23:41

      Croa, le problème est financier, pour remplacer le nuc Français par des renouvelables il faut investir 100 milliards (éolien et photovoltaïque) + 50 milliards de thermoélectriques à gaz ou charbon dû à l´intermittence et acheter en plus tous les ans 20 milliards en énergies fossiles, bonjour les impôts et le doublement de la facture de l´énergie électrique. Un peu plus de dettes, de toute façon la France n´a déjà plus les conditions de payer les anciennes !!!!! Au minimum 10.000 morts en plus grâce à la pollution, après le diesel, l´amiante et le nuc, on pourra choisir de quel cancer on veut mourir. Nous sommes dans une impasse !!!!


    • mimi45140 30 novembre 2013 00:19

      @ croa


      Excusez moi la thyroide ne se trouve pas a cette entrée .

  • ZenZoe ZenZoe 28 novembre 2013 14:58

    Quel avenir ? Plombé j’espère !
    Quelle horreur tous ces mâts dans des paysages autrefois magnifiques, et ce bruit de soufflement qui occulte tout le reste.
    Remarquez, c’est pareil pour les champs de panneaux solaires.
    C’est vraiment ça le progrès, transformer la beauté des paysages en laideur stérile ?


  • antonio 28 novembre 2013 16:32

    Les éoliennes ? Une arnaque de la plus belle eau...
    Nous sommes l’un des pays les moins ventés..
    Elles nous reviennent très cher.
    Elles défigurent le paysage.
    Elles enrichissent quelques margoulins bien en cours.

    Elles méritent de disparaître...


  • lloreen 28 novembre 2013 17:59

    Il faudrait vous mettre à la page, parce qu’ au 21ème siècle il y a d’ autres moyens que les éoliennes..

    http://www.youtube.com/watch?v=jIKdmXq2TQI


  • cassandre4 cassandre4 28 novembre 2013 18:03

     Avec une façade maritime de 5800 km exposée à tous les vents, la France dispose d’un potentiel énergétique phénoménal, qui ne sera jamais exploité par manque de volonté politique, tant qu’il restera un litre de pétrole, où un gramme d’uranium sur la surface de la planète. (bien sur, entre les mains de groupes privés, qui dépensent des milliards en lobbying tous les ans)
     Faisons aussi l’impasse sur le réseau fluvial, et les quatre estuaires (4 centrales marémotrices potentielles)
     Ne parlons pas non plus des centaines (voir des milliers) de km² de toiture aptes à produire du photovoltaïque, et on aura une bonne idée du gâchis perpétré par nos grosses têtes qui profitent des largesses des lobbys sus mentionnés.
     N’imaginons pas, non plus, qu’un quelconque organisme soit subventionné pour faire de la recherche (sérieuse) dans des domaines, qualifiés « d’exotique » comme la fusion froide, l’optimisation de la production d’hydrogène etc..etc (liste non exhaustive) et ne nous faisons surtout pas d’illusion, non plus, sur la volonté de l’industrie automobile, (impliquée jusqu’à l’os, dans l’industrie pétrolière) à rechercher et exploiter des énergies propres et renouvelables, (la voiture électrique, qui est leur « crédo » ne faisant que déplacer le problème !)
     Par contre, pour ce qui est de financer l’énergie nucléaire, (surgénérateur de 2,3,4,5,X génération, ITER, et compagnie) voies de recherche qui, in fine, aboutissent à un cul-de-sac (dangers incalculables, coûteux (démantèlement), et production de déchets ingérable), mais qui a le gros avantage d’assurer « la gamelle » à un troupeau de mandarins de cette discipline, et bien sur, à AREVA, très prodigue de ses largesses !

     Donc aucun avenir, ni pour l’éolien, ni pour rien d’autre d’ailleurs, le libéralisme forcené nous maintiendra dans l’obscurantisme aussi longtemps qu’il lui sera possible de le faire, çà m’apparais on ne peut plus clairement.
     Les quelques chercheurs indépendant (autofinancés) qui sont parvenu à un quelconque résultat, et l’ont fait savoir, l’ont payé très cher, cette constatation se vérifie dans tous les domaines que ce soit l’énergie, la physique, la cosmologie, la médecine, et tant d’autres.

     C’est démoralisant !
     


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 28 novembre 2013 22:57

    En France il manque une vrai volonté d’investir dans les énergies alternatives voire les éoliennes.

    Un rapport mettait en relief le poids écrasant du soutien au nucléaire par rapport à celui accordé aux énergies renouvelables : le soutien aux énergies renouvelables ne représentant qu’entre 1 et 4% du soutien apporté au nucléaire.

    Vous avez cité le modèle allemand des éoliennes :
    En Allemagne on à installé beaucoup de champ d’éoliennes au nord mais sans y prévoir la construction de nouvelles lignes électriques terrestres pour le transport de l’énergie vers le sud du pays ... Du coup ses champs ne sont pas exploitables et la facture pour l’énergie non produite, car non vendable, est présenté aux abonnées qui payent une surtaxe. Dans cet exemple on voit bien qu’il ne s’agit pas d’un problème technique ou de rendement des éoliennes mais d’un problème politique. Il n’y à pas de coordination entre les différents acteurs de la transition énergétique en Allemagne !

    Un exemple :

    — début de citation —
    Ces éoliennes ne peuvent pas utiliser le courant qu’elles produisent pour leur propre consommation. Cette énergie est normalement fournie par le continent, mais il manque 15 km de câble à haute tension pour être relié à la terre ferme. Lors des plongées exploratoires, des bombes britanniques ont été découvertes au fond de l’eau. Elles rouillent là depuis la Seconde Guerre mondiale et il faut les désamorcer avant de commencer les travaux. Or, il y a très peu de sous-marins capables d’accomplir ce travail délicat, et tous sont réservés jusqu’au mois de février 2014. source
    — fin de citation —

    L’Allemagne à aussi fait le choix de soutenir son Industrie qui elle bénéficie des tarifs alléchantes.  La grande majorité de la facture pour les investissements est donc supporte par des foyers, donc les particuliers qui ont vue grimper leur facture de plus de 30% en quelques années !

    Ce n’est pas l’énergie éolienne qu’il faut mettre en question mais le planning voire la gestion par les hommes.

    Il y à des régions en Europe ou l’énergie éolienne est couronné par des succès. En Navarre par exemple, région au nord de l’Espagne 70% de l’électricité consommé provient des énergies solaires et éoliennes ! Vidéo à regarder

    Puis il existe des pistes prometteuses pour stocker le surplus des énergies renouvelables :

    Vidéo :: Hydrogène et méthane pour stocker l’énergie éolienne

    Grâce à l’invention d’un chercheur Japonnais ont peut facilement augmenter le rendement des éoliennes par le facteur 3 ...


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