Territoires à « énergie positive », un cache-misère
Ségolène Royal est définitivement la plus habile communicante du gouvernement. Les caisses de l’Etat sont vides, le projet de loi de transition énergétique est sur le point d’être sérieusement remis en cause par le Sénat, et la ministre arrive encore à donner l’impression que les choses progressent. La présentation le 9 février des « territoires à énergie positive » (« Tepos ») en est le dernier exemple en date.
Des « territoires à énergie positive » (« Tepos »), en soi l’expression est déjà trompeuse. Contrairement aux bâtiments à énergie positive (« Bepos ») qui produisent plus qu’ils ne consomment, ce n’est pas du tout le cas des Tepos. En fait, il s’agit juste d’une formule pompeuse pour désigner des collectivités locales qui ont entrepris des mesures liées à l’écologie (mobilité, bâtiment, agriculture, alimentation, énergie…).
Financements insuffisants
Concrètement, la ministre a annoncé que les 200 premiers « territoires à énergie positive » allaient recevoir une aide comprise entre 500 000 et 2 millions d’euros. A ce stade, le problème financier est déjà évident.
Premièrement, on renoue avec la vieille pratique du « saupoudrage ». Les aides sont disséminées sur tout le territoire, mais sans cohérence d’ensemble. Les projets financés sont en effet de nature diverse, et ne suffiront pas à relancer l’activité économique locale.
Deuxièmement, les aides de l’Etat doivent être financées par un fonds spécial pour la transition énergétique doté d’1,5 milliard d’euros. Or, l’origine des ressources de ce fonds reste encore assez obscure.
Mesures déjà programmées
De leurs côtés, les mesures d’accompagnement prévues pour les Tepos ne sont absolument pas nouvelles. Il est juste question que l’Ademe et les DREAL fassent leur travail ordinaire d’aide à la préparation et à la mise en œuvre des projets des collectivités locales. Autre mesure, le déploiement de compteurs intelligents est, lui, prévu depuis deux ans. Idem, pour les « concours citoyens » de sensibilisation à la maîtrise d’énergie, le bien-fondé de la démarche a déjà été validé dans plusieurs villes et régions de France.
Promesses très optimistes
Selon la ministre, ce programme « territoires à énergie positive » doit contribuer à créer 100 000 emplois d’ici à trois ans. En fait, Ségolène Royal mélange des choses qui n’ont rien à voir les unes avec les autres.
Effectivement, 10 000 emplois sont attendus dans l’éolien en mer, idem pour les compteurs intelligents, mais il s’agit de projets de dimension nationale. Les collectivités locales n’y sont pour rien. En fait, les seuls emplois qui pourraient vraiment bénéficier des projets « Tepos », ce sont ceux du BTP. Malheureusement, la faiblesse et la dispersion des financements ne vont pas encourager les PME et les artisans à investir et embaucher. C’est mal parti pour les 75 000 créations d’emplois promises dans ce secteur par la ministre.
La communication de Ségolène Royal risque de finir par se retourner contre elle. En multipliant annonces et promesses, la ministre génère des espoirs difficilement tenables. Ses projets ne sont pas mauvais en eux-mêmes, ils sont « seulement » très loin d’être suffisants pour atteindre les objectifs fixés.