lundi 6 mai 2013 - par José Gaillou

Transition énergétique en Guyane

Transition énergétique

Transition des mentalités

Nous sommes, dans ce mois de mai, vers la fin des débats de la transition énergétique impulsés par L’Etat via sa ministre de l’Ecologie sur l’ensemble des territoires de France et de Navarre.

S’agissant de la Guyane, la Région a organisé des tables rondes avec les partenaires et acteurs de la filière concernées afin de définir et de retenir nos besoins en terme d’énergie, tant pour les déplacements que pour l’électricité finale.

A travers l’association TUKUSI réseau citoyen, j’organiserai un débat citoyen sur le potentiel des énergies renouvelable de la Guyane. Nous le ferons, au Beaubourg, le 30 mai avec le GENERG. Dans ce domaine nous avons tous et toutes une grande responsabilité à partager et à maîtriser afin de trouver le meilleur compromis.

L’avis de la population sur l’urgence économique et écologique ne doit pas être absent du débat. Quelque soit son origine l’énergie fournit est de source naturelle, et nous vivons sur une planète limitée qui connaît désormais un processus d’épuisement de ses ressources.

« La terre, seule oasis de vie au sein d’un désert sidéral infini,...  » Pierre Rabhi

L’énergie conditionne le devenir d’un territoire mais les crises, économique, énergétique, climatique, que connaît actuellement, le monde nous obligent désormais à plus de sobriété. Le pétrole, par sa raréfaction, coûtera de plus en plus cher, même si SHELL découvre un gisement providentiel au large de nos cotes guyanaises. Plus il retardera son exploitation plus il dégagera des profits. Est-ce la cause de l’opacité de l'information autour des forages d’exploration. Car c’est là , la triste réalité de l’ère du profit et le seul intérêt de la multinationale, exempte de toute philanthropie. Il serait temps que la classe politique de la Guyane soit dans cette réalité. SHELL n'aime pas plus les Guyanais que les Nigérians.

En Guyane, comme un peu partout dans le monde moderne, le développement prôné par les gouvernants ne se conjugue qu’avec un productivisme exacerbé de l’exploitation des ressources extractives et par l’espoir de l’essor d’une activité industrielle. On veut nous fait croire que ce choix politique est le plus adapté au besoin immédiat du peuple sans que celui-ci ait été pour le moins consulté. 

Je publierai dans les semaines à venir un texte sur « La dette écologique et un nouveau paradigme en Guyane », une autre voie que celle qui conduit au précipice comme des moutons de Panurge, peut se construire avec un certain réalisme.

La problématique énergétique et sa dépendance, plus qu’ailleurs, commence à pénétrer nos consciences mais la doctrine française semble inadaptée à notre réalité d’insularité énergétique. Cette transition qui s’impose à la France est nécessaire mais plus qu’une transition elle doit être une véritable révolution des mentalités chez les Guyanais.

Notre territoire est inégalement desservi en service public de l’Energie. Les habitants de l’intérieur de la Guyane sont les plus mal lotis quand sur le littoral guyanais les douze communes connectées au réseau EDF n’ont pas à se soucier de la production de leur besoin en électricité.

Les dix communes de l’intérieur doivent fournir leur propre service d’électricité nécessaire au besoin vitale de leur population et au développement de leurs territoires. Ils ont été et sont encore aujourd’hui les oubliés de ce service publique de base, droit égal à chaque citoyens de la république française.

Sur les 16000 habitants du Maroni, 37% non pas accès à l’électricité.

Quand on prend l’ensemble des communes de l’intérieur c’est 40% de leur population qui ne peut se connecter au réseau communal d’électricité. Cela représente en gros 2000 familles.

D’autant qu’à cette pénible réalité se rajoute d’importantes contraintes budgétaires aux finances déjà fragiles de ces collectivités communales enclavées. Elles sont devenus ainsi des producteurs d’électricité, ce qui paraît totalement insolite quand à la politique de l’Etat, depuis De Gaule, et par solidarité, de permettre à chaque citoyen français de payer l’électricité au même prix, quelque soit son lieu de résidence. Mais à quel prix pour les communes isolées de Guyane ? C’est un système de péréquation tarifaire pervers. Pour 2500 habitants, ces communes isolées doivent dépenser 20 millions € pour la construction d’une centrale hybride. C’est très très très couteux pour les finances locales.

Du coup elles développent une forte dépendance au fuel. C’est 2,2 millions de litres par an que consomment les centrales thermiques de nos communes isolées et non reliées à un réseau. Imaginez vous les moyens de transports pour acheminer ces milliers, voire millions de fûts de gasoil pour leurs destinations finales ? C’est par avion, par hélicoptère et surtout c’est par pirogues sur les fleuves qu’ils sont transportés avec tous les risques d’accident humain et écologique.

Les consommations individuelles des foyers qui se fournissent par groupes électrogènes ne sont pas comptabilisées dans ces statistiques. Là, aussi on a connu des évènements dramatiques, notamment d’accident causant des morts par asphyxie, dû au gaz de ces groupes électrogènes.

Cette période de dialogue doit nous obliger aussi à dépasser le jeu des acteurs. L’explosion démographique est un des facteurs principaux dans l’analyse de la situation. Nous sommes face à une demande exponentielle d’électricité pour le résidentiel.

L’ADEME prévoit, sur le littoral, le doublement du nombre de logement en 2030 et pour l’intérieur le doublement de la consommation de fuel tous les 10 ans.

La priorité de nos efforts doit se porter sur la maitrise de l’énergie, avant d’envisager, pour le littoral, la solution ultime de construire un deuxième barrage hydraulique sur la Mana, voire un troisième sur l’Approuague. D’autres sources d’énergies hybrides doivent compléter l’offre dans les territoires enclavés. De toutes les façons nous n’avons d’autres choix que d’être imaginatif.

EDF souhaite responsabilité les citoyens et les entreprises sur les gestes simple d’économie d’énergie mais garde ses réflexes de producteurs en voulant anticiper le débat sur les barrages hydrauliques. Si ces barrages rentrent dans le champ des énergies renouvelables stockables et non aléatoires, je rappelle qu’au vu du dérèglement climatiques nous ne devons pas nous fiés à ces prévisions qui du coup deviennent aléatoires.

En périodes de sécheresse accentuées, ces infrastructures deviendraient obsolètes et ne pourraient répondre à la demande croissante d’énergie. Sans secours adéquats nous risquerons des délestages. Nous savons aussi que la topographie guyanaise, faiblement dénivelé, n’est pas favorable à une optimisation de ce genre d’ouvrages nécessitant du coup une surface immergée très importante en retenue d’eau pour une production d’électricité très en deçà.

Pour exemple, le barrage de Petit Saut, environ 350 km2 de retenu d’eau, ne produit que 113 mW. Le même ouvrage construit au Cambodge c’est 1200 mW.

Les pistes du GENERG, tendant à améliore le bâtit, grâce au éco construction semblent des plus réalistes à ce jour. Cette volonté politique couplée au scénario volontariste du PRERURE serait une véritable filière de développement de l’emploi endogène, 1065 emplois grâce aux énergies renouvelable et autant dans la filière de l’éco construction de logements.

La révolution énergétique souhaitée doit être impulsée par de la collectivité Régional, compétent pour le développement des énergies renouvelable et de la politique de la maitrise de l’énergie à travers son PRERURE. Il faut repenser notre développement et l’adapter à notre capacité d’autonomie énergétique.

Cette révolution des mentalités doit aussi s’opérer dans la gouvernance. Pour une opérationnalité immédiate il est nécessaire de reconsidérer le tarif d’achat de l’électricité fournit par les Enr, continuer à soutenir l’installation de chauffe-eaux solaires, veiller au respect de la réglementation thermique dans tous les bâtiments, appliquer une réglementation favorable au matériel éco performant. Il faut s’engager sur d’autre piste de production comme la thermo dynamique, les huiles végétales pour les sites isolées, accentuer la recherche dans les biocarburants de troisième génération.

Enfin j’évoquais lors de la table ronde des pistes sur la coopération, notamment sur des ouvrages transfrontaliers, la création de réseau inter national et la création d’une agence de l’énergie nécessaire à une politique plus cohérent et partagée entre acteurs et usagers.

Si le débat n’est figé et les décisions déjà arrêtées par le gouvernement pour la Guyane, je pense que ce moment de dialogue est une opportunité pour reconsidérer la situation des communes enclavées et réfléchir sur le mode de développement souhaité. Nous avons des potentialités évidentes et il nous appartient de croire à notre destin commun

N’oublions pas que les personnes vivant dans la précarité ne sauront faire des efforts supplémentaires, il nous appartient de gommer peu à peu ces inégalités et apporter une justice sociale plus acceptable.

C’est là toute la transition des mentalités que je nous souhaite pour la Guyane.

 

José GAILLOU

Réseau Citoyen



3 réactions


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 6 mai 2013 12:39

    Bonjour,

    vous dites : « L’explosion démographique est un des facteurs principaux dans l’analyse de la situation. » l’explosion démographique représente un potentiel d’énergie important, sauf si explose la consommation en parallèle. La solution passe par le local, sans réseau de distribution, et ces nombreux appareils qui se chargent solaire derrière une vitre. Ils sont plus chers, certainement, mais comment croyez vous que vivent les marins de tourisme qui fréquentent vos côtes ?

    Même français, chaque territoire nécessite de s’adapter à ses propres facultés, chez vous le grand gagnant, c’est le soleil, et en direct par exemple, un simple circuit d’eau sous verre sur un toit suffit à atteindre 70°, mettez cette eau sous pression, elle va bouillir et produire de la vapeur qui peut entrainer une turbine ou un alternateur 12v...

    Vous n’avez donc qu’à nommer un maire conseiller général plombier ferrailleur et hop !


  • Ruut Ruut 6 mai 2013 13:33

    les zones non couvertes par EDF ont une chance de pouvoir créer de l’énergie verte par autosuffisance locale.


    La non connexion au réseau vous permet de développer des habitations autonomes sans voir de comptes a rendre, profitez en.
    C’est une chance.


  • Cassiopée R 8 mai 2013 17:29

    En 2007, j’écrivais sans arrêt le climat l’environnement ect...c’était la rhétorique habituel. Après j’ai découvert Soleil Vert et la triste vérité de la poursuite de cette civilisation.

    Là voilà l’ Apocalyspe tant souhaité, c’est la mort par l’asphyxie pour les masses, par un climat trop chaud pour que la vie puisse se développer ou subsister, par la raréfaction générale pour les masses, par la pollution pour se nourrir ou s’hydrater,ect...

    C’est le développement jusqu’à l’auto-destruction et la mémoire d’un passé qui n’existe pas comme pour les anciennes civilisations dont seulement restent quelques vestiges avec de rares inscriptions.

    Que le sujet soit vu comme médiatique après de nombreuses mises en gardes tant mieux, mais la transition sera planétaire et nul forme de vie ne pourra respirer ou naître.

    Si le lobby vert existait il serait un arbre qui est envahi par une usine, et ne pourra plus produire d’oxygène pour la surface de vie. 


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