Belgique : un gouvernement d’amateurs ?
Une nouvelle sortie malencontreuse du ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht (VLD), entraîne la Belgique dans un incident diplomatique avec la République démocratique du Congo. Kinshasa rappelle son ambassadeur dans un climat de vacance du pouvoir. Couronnement d’une semaine riche en hiatus, gaffes, crocs-en-jambe et quiproquos...
En déclarant, dimanche dernier sur RTL-TVI, qu’étant donné que la Belgique octroie (tous domaines confondus) environ 200 millions d’euros par an à la RDC, son pays avait « l’obligation morale » de prendre position sur ce qui s’y passe, Karel De Gucht a provoqué le rappel à Kinshasa de l’ambassadeur congolais « pour consultation » et la fermeture du consulat de la RDC à Anvers. Ce nouvel incident est à rapprocher du dernier en date, survenu à Kinshasa même, lors de la dernière visite officielle en Afrique centrale des ministres belges des Affaires étrangères, de la Défense et de la Coopération.
Terminer le travail
L’épisode met une nouvelle fois en lumière le flou peu artistique qui règne dans la politique menée par le gouvernement belge d’Yves Leterme. A peine l’incendie BHV était-il calmé que, déjà la semaine dernière, le ministre de l’Energie Paul Magnette (PS) avait suscité l’indignation de son collègue de la Coopération, Charles Michel (MR), après l’annonce « unilatérale » de son « Printemps de l’Environnement », une « matière transversale ». C’est que chez les libéraux francophones, on semble davantage préoccupé de « casser du socialiste » que de résoudre les problèmes de la nation. Didier Reynders, président du MR et Vice-Premier ministre, a d’ailleurs répété il y a quelques jours que sa principale préoccupation était de « terminer le travail » entamé lors des législatives de 2007 en renvoyant les socialistes, à la faveur des élections régionales de 2009, dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. On sait dès lors qu’il ne faut pas attendre de M. Reynders qu’il s’expose pour sauver un gouvernement bien éloigné de celui auquel sa victoire électorale de juin dernier l’avait fait rêver.
Un Premier en vadrouille
Ensuite, comment passer sous silence l’absence du Premier ministre Yves Leterme, mercredi dernier, lors du débat sur le budget 2008 en séance plénière à la Chambre ? Pour rappel, le budget fait partie des compétences du Premier, qui était ce jour-là en voyage en Slovénie. L’opposition, par la voix des députés Ecolo et Groen, a exigé sa présence et l’a obtenue, la séance étant reportée au lendemain alors que M. Leterme rappliquait dare-dare de Ljubjana. Ecolo ne manquait pas d’enfoncer le clou en soulignant que, tant qu’à voyager, M. Leterme aurait mieux fait de se rendre au Congo pour réparer les gaffes de M. De Gucht...
Rendez-vous le 15 juillet
Au rayon des initiatives approximatives, on notera encore le projet de circulaire de la secrétaire d’Etat en charge de l’Asile et de l’Immigration, proposant pour les régularisations de sans-papiers un « permis à points » aux critères virtuellement inaccessibles pour l’immense majorité des candidats à l’asile en Belgique. Autrement dit, un cadre légal déguisé en « code d’exclusion ». Enfin, pour couronner le tout, M. Leterme a réuni, vendredi, un « super conseil des ministres » afin de plancher sur des mesures en faveur du pouvoir d’achat. Les citoyens qui croyaient que le gouvernement travaillait à cette question depuis son investiture, le 21 mars dernier, en ont été les premiers surpris. Heureusement, quelques décisions concrètes ont été prises, dont il conviendra d’attendre les effets positifs sur le panier de la ménagère. Pour le reste, les ministres ont écouté des avis d’experts destinés à « établir une méthode » pour régler les problèmes socio-économiques et institutionnels d’ici au... 15 juillet. Conclusion : le concret, c’est pour plus tard ; les gaffes, c’est pour tout de suite.