jeudi 8 octobre 2009 - par Francesco Raiola

Berlusconi tête baissée. Qu’en est-il de son avenir ?

M. Berlusconi n’est pas primus super pares (comme ses avocats ont dit), mais primus inter pares.
 
Et maintenant ? Qu’en est-il de la carrière politique de M. Berlusconi, le Président du conseil italien ?
 
Hier, comme tout le monde le sait à présent, le Lodo Alfano (la loi qui assurait l’immunité judiciaire aux présidents des chambres du parlement, le Président du conseil et le Chef de la République) a été rejetée par la Cour Constitutionnelle (9 votes contre 6).
 
Avec cette décision deux procès vont reprendre : le procès Mills, où il est accusé de corruption : d’avoir versé 600 000 dollars à l’ancien avocat britannique Mills pour obtenir de lui un faux témoignage et le procès Mediaset où il est accusé de faux bilan et d’appropriation indue dans le cadre de l’achat de droits télévisés.
 
Et deux autres procédures pourraient déboucher sur des procès. La situation semble délicate.
 
Et la réaction de Berlusconi ne s’est pas fait attendre, en accusant les juges (« Ils sont communistes »), la gauche et le Président de la république (« Nous savons bien de quel bord il est »), jusqu’à ouvrir, encore une fois, une crise institutionnelle.
 
Depuis longtemps toute la presse mondiale parle des scandales qui ont frappé Berlusconi, ses fréquentations un peu discutables, ses procès encore ouverts et toute l’Italie était en train d’attendre le jugement qui est arrivé hier soir. Les juges ont affirmé que le Lodo va à l’encontre de deux lois de la constitution : la 3 qui dit que tout le monde est égal devant la loi et la 138 qui dit que, dans ces cas, il faut une loi constitutionnelle et pas ordinaire.
 
« Vous verrez de quel bois je me chauffe », c’est une attaque tête baissée contre tout le monde, même si il avait dit à tous ses fidèles d’attendre, il a continué l’attaque d’hier soir pendant un programme politique sur la Rai 1 et le Gt sur la Radio publique.
 
« La presse est à 72% de gauche », et en parlant de Napolitano, le Président de la République, il dit « Nous savons bien de quel bord il est », et il annonce qu’il n’ira pas seulement dans les tribunaux, mais aussi dans « les radios, à la télé dans les journaux », et trouve même le temps de se moquer d’une parlementaire, en jouant sur sa beauté. « Ces choses me donnent du punch, elles le donnent à tous les italiens. Viva Berlusconi ».
 
Avant le jugement le leader de la Ligue du Nord, M. Bossi, avait dit, hier dans l’après-midi, qu’il était prêt à réclamer le soutien du peuple, et c’était même l’idée d’un des plus fidèles amis du Président du conseil, M. Cicchitto.
 
Repubblica dit qu’une des idées est de « repartir avec la réforme institutionnelle de la Cour Constitutionnelle, avec la séparation entre le ministère publique et les juges. Et ils pensent à un décret d’application de loi pour anticiper les normes de la réforme d’un procès pénal, pour faire sauter le procès Mills » où il est accusé de corruption.
 
Le Président de la camera, Gianfranco Fini (Pdl), a apporté son soutien au président du conseil même s’il a dit qu’il faut respecter la cour et Napolitano.
 
Les réactions du monde politique italien et de la presse internationale sont très nombreuses.
 
Toute la droite est avec lui, par contre la Gauche demande sa démission, avec les déclarations de Di Pietro (Italia dei valori), qui dit vouloir obtenir des élections anticipées. « Des délires inqualifiables » sont les mots du Secrétaire du Pd, le principal parti de gauche. Le Président du group Pdl au Sénat dit, pendant une interview sur un canal de la tv commerciale que « la cour est une section des parties des gauches ».
 
Le Times, qui n’a pas été tendre avec Berlusconi ces derniers mois, dit que « Berlusconi devrait démissionner ». Et même ici en France la presse en fait les gros titres  : Le Monde dit que le "Premier ministre" italien est « "champion mondial" des persécutions judiciaires » pendant que Libération titre « Berlusconi en péril ».
 
Ne reste plus qu’à suivre le déroulement du scénario pour les semaines à venir.
 


9 réactions


  • Arnes Arnes 8 octobre 2009 16:41

    Quelle belle réaction républicaine de la cour constitutionnelle italienne !

    A part les républiques bannanières, il n’y a plus que dans l’état français que le monarque républicain est hors du champ de la justice, sauf pour attaquer tous azimuts alors que lui même est inattaquable. Ceci n’est relevé par aucun journaliste !


  • raymond 8 octobre 2009 18:05

    « Depuis longtemps toute la presse mondiale parle des scandales qui ont frappé Berlusconi, »non non et non
    leur vie de virus (included NS) est transparente dans la vraie info
    le corps sait de quoi il est malade mais il n’y a plus de medecins....................


  • kako 8 octobre 2009 21:46

    L’Occident est en pleine décadence ; des gens sans honneur, des rustres et des grossiers personnages dirigent les supposées démocraties occidentales, qui se sont transformées depuis longtemps en républiques bananières. Quelle différence entre la Lybie, le Gabon et la France de Sarko ? ou entre l’Italie de Berlu et les nombreuses républiques bananières d’Asie, d’Afrique ou d’Am-sud ? Aucune, sinon des différences géographiques. Mais les modes de fonctionnement sont les mêmes.


  • goc goc 9 octobre 2009 02:29

    Attention qu’on ne s’y trompe pas, cette affaire pourrait bien être le symbole d’une nouvelle forme de dictature « douce » celle consistant a faire tout ce qu’on veut avec arrogance et mepris, pour les citoyens et pour la justice

    que ce soit par des individus aussi ridicules que Berlusconi ou notre nabot national, mais aussi avec des tony Blair ou Barroso.

    Et que dire de cette mascarade de vote pour obliger les européens a « choisir » le traité de Lisbonne ersatz de la constitution européenne.

    Bref si le mafieux rital ne se retrouve pas en taule, alors on pourra craindre pour notre avenir, car ne vous leurrez pas, ce que berlusconi fait, nabot 1er le fera aussi et peut-etre en pire !!


  • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 9 octobre 2009 02:35

    Un pas de plus vers la remise en question de l’État de droit. Ce n’est pas la première fois que Berlusconi risque de lancer le bal ou nous danserions tous. 


    http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/11/133-burlesquonie/

    Le clivage archaîque de l’italie entre deux factions qui ne cherchent pas un compromis est un scénario de guerre civile. Nous allons voir si l’appartenance à l’Europe va imposer un arbitrage ou si l’on ira vers une affrontement.

    Pierre JC Allard



  • Christoff_M Christoff_M 9 octobre 2009 04:00

    Les italiens ont encore une justice ce n’est pas notre cas...

    Nos juges se trouvent mutés déclassés ou mieux convoqués comme témoins comme Van Ruymbecke en France... les affaires quand à elles se reportées indéfiniement par une smala d’avocats de riches payés à prix d’or pour faire capoter la justice, reporter à sine die, ou aboutir à un non lieu suite à vice de procédure...

    Encore une fois la démographie française sent mauvais et elle sent d’autant plus mauvais que sous Sarkozy, les égouts financiers sont pleins, et qu’il fait mieux que ses prédécesseurs, pour enterrer les affaires ou faire désigner des têtes de turcs !!


  • Christoff_M Christoff_M 9 octobre 2009 04:12

    marrant cette Europe qui donne des leçons de morale au reste du monde et qui a du mal à gérer ses tares, qui fabrique des potentiels dictateurs en puissance, avec un grand sentiment d’impunité...

    Je suis monsieur bling bling et j’ai des amis financiers puissants ou grands industriels...
    Que serait Sarkozy sans Lagardère, Bouygues et Bolloré, Drucker ou autres... n’y a t il pas quelque chose de génant quand on sait les diverses affaires politico financières enterrées depuis la prise de pouvoir de notre duce français....

    Les juges remis en cause, les amis dans les médias et un frère à la direction d’un grand fond de pension américain, la promiscuité entre milieux financiers et tete de l’état avec la smala d’avocats d’affaires désignés à des hauts postes par Sarkozy, et de proches à la tete des médias ou de l’industrie devient tout aussi génante...

    consultez le site de Denistouret et vous aurez de tres bon comptes rendus sur les affaires françaises en cours !!! profitez en bien avant que ce site édifiant soit condamné au silence, comme Dieudonné enfin condamné par l’état sarkozyen, démontrant bien ou sont les appuis et les « amis », Tapie au club med et on ne pourra plus avoir de doutes sur la smala mise en place par Sarkozy, qui a dépassé depuis longtemps la ligne jaune de la démocratie....


  • JoëlP JoëlP 9 octobre 2009 12:01

    Merci pour cet article, c’est sympa de venir de ce côté des Alpes nous faire partager les joies de la politique spectacle à l’italienne.

    Espérons que cette fois Berlusconi boira le bouillon et qu’il laissera tous ses partisans et soutiens de cette farce dans le cirage car si Bossi devait le remplacer on irait de Charybde en Scylla... avec Fini ce ne serait guère mieux.


  • Marcel Chapoutier Marcel Chapoutier 9 octobre 2009 15:51

    Il serait temps que cette crapule se retrouve face à ses turpitudes et à ses juges. Mais on ne sait pas si cela va suffire pour que cette caricature de dirigeant politique soit enfin devant des juges. Populisme, collusion avec la mafia, démagogie, achat de témoins, non respect permanent de la liberté de presse et d’opinion, vulgarité, affairisme, escroqueries diverses et variées, coups tordus, combinazione un summum dans la vie politique italienne pourtant riche en la matière. 


    Chez nous on se prend à rêver qu’un Pasqua et ses nombreux congénères moins folkloriques que lui mais tout aussi spécialistes en coups tordus soient aussi rattrapés par leurs passés plus que sulfureux et rendent des comptes devant la justice...Hélas il est à craindre que ce ne soit jamais le cas, tant le couvercle sur les dessous cradingues de notre belle république a tendance à s’épaissir avec le temps...

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