jeudi 21 juillet 2011 - par Laurent Herblay

Europe : folie française et technocratique contre responsabilité allemande

Aujourd’hui a lieu un nouveau sommet européen pour finaliser le second plan pour les créanciers de la Grèce et l’euro. Heureusement, il semblerait que l’Allemagne ait réussi à imposer une participation des créanciers privés, contre l’avis initial de la BCE et de la France.

L’Allemagne a raison !

Cela fait maintenant un mois que le gouvernement allemand et la Bundesbank mettent la pression sur leurs partenaires pour faire contribuer le secteur privé au second plan grec. En effet, les plans actuels sont avant tout des plans à destination des créanciers de la Grèce, qui permettent jusqu’à présent le remboursement intégral des créances d’Athènes. Pour ce faire, les autres pays européens empruntent de l’argent et le peuple grec doit subir une austérité sauvage.

Du coup, il apparaît comme totalement justifié et complètement normal que les créanciers participent à l’effort collectif. Cela est d’autant plus logique qu’en absence d’accord, la Grèce ferait défaut et ne rembourserait pas les prêts qui lui ont été accordés. En outre, les institutions financières empochent de grosses primes de risque et il paraît plus que légitime qu’elles assument une partie de ces risques en compensation de ces énormes bénéfices.

En fait, ne pas faire contribuer les institutions financières serait moralement inacceptable. Quelque soit le jugement des agences de notation, il serait scandaleux que les peuples paient la note sans que les créanciers ne soient mis à contribution. En ce sens, la position intransigeante de l’Allemagne est parfaitement justifiable. Elle l’est d’autant plus que l’Allemagne est le premier contributeur et que l’Europe lui demande des centaines de milliards.

L’irresponsabilité française et technocratique

A l’opposé, la France et les bureaucrates de la BCE ou de la Commission semblent toujours prêts à engager des centaines de milliards d’argent public pour venir à l’aide de ces pauvres créanciers, sans même leur demander la moindre contribution. Une telle position est d’autant plus hallucinante que les « technocrates apatrides et irresponsables » de Bruxelles et Francfort ne sont jamais les derniers pour demander des sacrifices aux peuples européens.

Bref, avec eux, il y a deux types d’argent public. L’argent public à destination des peuples, dont il faut absolument contenir la dépense. Et l’argent public à destination des créanciers des pays en difficulté ou des banques, à disposition de manière quasiment illimitée, comme l’ont illustré les mécanismes d’aide au secteur financier pendant la crise de l’automne 2008 ou encore les engagements colossaux pris par la BCE depuis la crise, comme le dénonce justement Der Spiegel.

Bien sûr, les agences de notation refusent tout défaut ou même toute restructuration de la dette grecque. Mais il est révoltant de voir la BCE et la Commission défendre sans la moindre nuance les intérêts de la finance sans sembler penser une seconde aux intérêts des peuples. On voit où ces bureaucrates placent l’intérêt général européen et cela montre surtout qu’il serait suicidaire de continuer de confier à ces fonctionnaires les clés du pouvoir en Europe.

Malheureusement, la France a apporté une grande contribution à ces politiques supranationales et ne servant que les intérêts de la finance. Heureusement que l’Allemagne bloque depuis quinze mois toute nouvelle dérive. Merci Berlin ! Merci Angela ! Tenez bon !



15 réactions


  • Roosevelt_vs_Keynes 21 juillet 2011 15:03

    Pendant ce temps, certains savent prendre du recul, et le Glass-Steagall progresse...


  • Le vénérable du sommet Le vénérable du sommet 21 juillet 2011 15:49

    L’Allemagne a aidé les pays du sud à s’endetter voire les y a pousser. L’Allemagne veux bien de l’Europe pour son intérêt seulement comme les autres pays d’ailleurs. L’Allemagne est, contrairement à ce croient nos journaleux ridicules, dans une merde noire, au moins autant que le France et peut être pire. Il y a encore beaucoup de chose à dire ... alors parler d’une Allemagne responsable est carrément abuser !!
    En règle générale, je ne suis pas d’accord avec Kerjean et même souvent diamétralement opposer. Mais là, je lui donne raison, et j’ai la même impression que lui : L’Allemagne renoue avec ses anciens démons, et je ne parle pas seulement pour le domaine économique ou financier.

    Moi, j’ai une explication plausible sur la position allemande. Les plans d’aide précédents ont permis de sauver les banques allemandes. Ouf c’est fait, que les autres se débrouillent maintenant ...




  • POUR UNE FOIS QUE J ATTALI A RAISON....FAISONS LUI PLAISIR UN FOND FEDERAL D ENTRAIDE ET UN MINISTERE CEE DES FINANCES...AUSSI ....UNE ARMEE ET DES AFFAIRES ETRANGERES CEE....ET VITE NOS DEPUTES CEE BULLENT TROP...N ONT AUCUN CHEF...
    VAN ROMPUY ET SA COLLEGUE....SONT NULS..


  • jak2pad 21 juillet 2011 16:58

    Article intéressant et qui ébauche une vision assez nette de ce qui peut arriver ( ou plutôt : va bientôt se produire).

    Bien sûr que l’Allemagne a raison, et je trouve que l’argument consistant à lui demander jusqu’à la fin des temps de racheter son honneur perdu, est assez stupide.
    Le dernier SS est mort de vieillesse, et l’Allemagne est peuplée de ses petits-enfants.
    Ils travaillent et gèrent leur pays, ce qui est assez rare en ces temps, surtout en Europe.

    Pourquoi devraient-ils au nom de je ne sais quelle culpabilité historique continuer ad vitam eternam à subventionner des pays qui gaspillent et trichent sans arrêt ? (et je ne parle pas trop de la Grèce, en ce moment)

    Il sont mis la main à la poche en de nombreuses occasions, et il me semble qu’ils en ont assez. Cela devait arriver un jour ou l’autre.

    Ce qui va arriver ? je vais vous le dire : dans quelques mois, la France, notre grand et prospère pays, va affronter le même type de situation que celle où se débat la Grèce actuellement.

    C’est inévitable en cas de gabegie généralisée et continuelle, et quelque part ce ne sera que justice.
    Mais d’ici là, peut-être que la gauche sera passée....nous allons vivre un grand moment de solitude !


  • suumcuique suumcuique 21 juillet 2011 18:48

    l’Allemagne est le premier contributeur et que l’Europe lui demande des centaines de milliards.

    Des milliards, que, pour une part, l’Allemagne emprunte sur les marchés.


  • iris 22 juillet 2011 10:09

    vite un président allemand pour mettre del’ordre dans l’europe !!
    ces allemands disciplinés -économes - obeissants -travailleurs pas trop payés pour que l’industrie tourne bien-


    • Robin des Voix 22 juillet 2011 12:31

      En attendant , ce sont des entreprises Allemandes qui ont partagées les dividendes de leur reprise économiques parmi les salariés  !

      Audi par exemple (6000€ de prime annuelle a TOUS ses travailleurs)


    • iris 22 juillet 2011 14:35

      les clienTs d’audi ont aussi payé !!


  • kéké02360 22 juillet 2011 10:42

    le nabot n’en a plus pour longtemps, l’euro n’en a plus pour longtemps, l’europe n’en a plus pour longtemps , le système ultralibéral n’en a plus pour lontemps .............

    Un conseil s’il vous reste quelques économies en banque, surtout si vous êtes au Débit Agricole ( banque qui a spéculé sur la dette Grèque en se portant garant ) courrez vite les retirer car les portes des banques resteront bientôt fermer pour rupture de liquidité .... smiley

    Bon courage smiley


  • latortue latortue 22 juillet 2011 11:00

    la dette Grec de 350 milliards d’euros, une première aide de 110 milliards d’euros apportée par le Fonds européen de stabilité financière en mai 2010

    un nouveau plan d’aide de 160 milliards pour sauvez la Grèce hier le 21 juillet

    mais elle est de combien cette dette si on enlève les aides 110+160=270 il reste 80 milliards ou alors 270 milliards ne servent qu’a payer les intérêts de la dette qui sont énormes ,c’est une dette ou un gouffre ,ou alors tout ça est un effet d’annonce qui n’a pour seul but d’empêcher les agences de notation de dégrader les pays France Portugal Irlande Grèce Italie Espagne pour éviter une dégringolade en chaine par des défauts successifs de ces pays ,et par la même un effondrement de l’euro que dis je effondrement une destruction de l’euro et par la même de l’Europe .Je pose simplement la question je ne suis pas économiste et j’aimerai comprendre .


  • 65beve 65beve 22 juillet 2011 11:32

    Bonjour,

    Savez vous qui est l’actuel président de l’Europe pour 6 mois ?
    Merkel ?
    Sarkozy ?
    On ne voit ni n’entend que ces deux là.
    L’Europe ; quelle Europe ?

    PS ;
    je sais bien que c’est le Président Polonais qui dirige l’Europe.

    cdlt


  • Laurent Herblay Laurent Pinsolle 22 juillet 2011 11:50

    @ Kerjean


    Attention, je ne dis pas que tout ce que fait l’Allemagne est bien mais simplement que dans toutes les propositions qui étaient sur la table, celles de l’Allemagne étaient les meilleures. Angela Merkel a eu raison de demander aux banques de participer au plan (il aurait été choquant que ce ne soit pas le cas) et elle a eu raison de demander une restructuration de la dette grecque. En outre, elle a évité la folie d’un doublement du fonds européen ou des euro obligations.

    Ce n’est pas de l’arrogance. L’arrogance et l’irresponsabilité, c’est quand Attali demande un fonds de 2000 milliards à mon sens.

    @ Roosevelt

    Cela progresse mais il y a encore beaucoup à faire et il faudra d’autres réformes.

    @ Le Vénérable

    Je ne suis pas d’accord. Pensez-vous qu’il aurait été plus responsable de ne pas imposer aux banques une contribution ni de restructurer la dette grecque ou encore de donner quelques centaines de milliards de plus aux technocrates de Bruxelles ?

    @ Tous ensemble

    Mais ces fonds et ces euro obligations n’ont qu’une destination : rembourser les créanciers. Je suis assez surpris de voir le PG demander une solution qui consiste à assurer le remboursement des banques !

    @ Jak2pad

    Merci. A priori, l’Espagne et l’Italie passeront avant nous, et là, ce sera la fin car les montants ne seront plus du tout les mêmes.

    @ Iris

    Plutôt retour à une Europe des nations...

    @ La Tortue

    Très juste. Cela semble totalement aberrant. Le point est que si le domino grec tombe, alors l’ensemble de la zone euro risque de s’effondrer. D’où le fait que l’on puisse y mettre tant d’argent (en substituant la majorité des créances privées par des créances publiques, ce qui fait que quand il y aura un défaut plus important, ce sont les contribuables qui perdront...)

    @ 65beve

    Très juste.

  • Marco07 22 juillet 2011 12:03

    Tout ça pour éviter une faillite qui serait bénéfique au peuple dans quelques années, et au passage en profiter pour imposer plus de libéralisme (sur les populations, les banques elles, ont le droit à un programme plus socialiste qu’il n’en existe actuellement dans les partis politiques Français).

    Au prochain, la même chose arrivera et la contagion sera de rigueur. Certains y voient un laxisme du budget, une population qui vit au dessus de ses moyens... Moi j’y vois la main invisible du libéralisme. Ce monde aurait dû connaître la prospérité, la santé, la richesse (pas seulement financière, tout est relatif, la richesse niveau temps de travail et possibilité de loisirs/voyages), l’éducation et la paix, le tout conforté grâces aux évolutions technologiques. En toute logique, on devrait continuer à travailler autant, voire moins et autant voire moins longtemps, les travailleurs étant remplacés peu à peu par des automates, des ordinateurs et la productivité globale étant accrue, mais tout le contraire s’est produit, il faut travailler plus pour coller aux objectifs du sacro-saint pourcentage.

    Tous ces objectifs sont mis de côtés, le seul objectif international est de nourrir le cancer de la finance crée de toute pièces par une oligarchie qui s’en fout plein les poches.

    L’enfer est pavé de bonnes intentions.

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