Europe : l’énergie au cœur des débats
L’institut français des relations internationales (Ifri) a publié le mois dernier une note intitulée L'Europe et l'Énergie : un contrat à refonder d'urgence. A la veille des élections et en plein conflit ukrainien, la question de l’énergie revient au cœur des débats. Entre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES), et la sécurisation des approvisionnements, les préoccupations de nos dirigeants ne font pas toujours le choix de l’efficacité… Depuis le succès de la coopération de la CECA, de nombreux textes ont été votés sans pour autant parvenir à atteindre nos ambitions communes.
Dans la note rédigée par Cécile Maisonneuve pour l’Ifri, deux grands axes sont tracés par la spécialiste de l’énergie en vue d’améliorer les politiques européennes sur le secteur. D’abord, il convient selon elle de « resituer la politique énergétique dans son environnement international et de remettre la question des coûts au cœur de la décision politique ». Ensuite, la normalienne considère que « la politique énergétique européenne doit conserver son objectif de long-terme de transition énergétique mais en revoir la trajectoire ». A la suite du dernier rapport du GIEC, Patrick Criqui, économiste spécialiste des politiques climatiques insiste : « pour stabiliser le réchauffement de la planète à 2°C, les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 40 à 60 % d’ici 2050 »
A cet égard, le rapport d’information sur la mise en œuvre du paquet énergie-climat de 2008 en France, réalisée par le comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée Nationale est riche d’enseignements. En effet, le député Jean-Jacques Guillet souligne par exemple « que la France dispose d’un mix énergétique parmi les moins carbonés du fait de la place qu’occupe le nucléaire ». Cette analyse est d’ailleurs confortée par le journaliste des Echos, Pascal Paugam qui rappelle qu’à présent « aucun des objectifs fixés par la politique énergétique européenne n'a été atteint : loin de diminuer, les émissions de gaz à effet de serre se sont accrues dans certains pays, du fait du retour en grâce du charbon ».
Tandis que le choix du mix énergétique reste la compétence des Etats, les partenaires européens ne doivent pas s’interdire tout commentaire sur le choix de leurs voisins. C’est du moins ainsi que le député Jean Bizet envisage l’Europe de l’Energie. Le 21 mai dernier, lors de la présentation de son rapport sur la coopération énergétique franco-allemande, il fustige notamment un choix effectué de « manière unilatérale et un peu brutale au lendemain de Fukushima », finalement soldé par « 30 milliards d'euros qui sont payés par le consommateur allemand ». D’après le parlementaire, cette décision politique représente « l'antithèse de l'Europe de l'énergie » alors que la sécurité des approvisionnements n’est toujours pas garantie. Pire, les achats massifs de charbon à un prix relativement compétitif n’a été permis que grâce à la révolution des gaz de schiste américains… 67 ans après le plan Marschall, la vieille Europe reste donc toujours aussi dépendante de son oncle d’Amérique…