lundi 16 janvier 2012 - par jlhuss

Fin des hypocrisies

Le vendredi 13 aura été effectivement jour de chance pour notre pays (vous avez bien lu !) qui se voit dégradé par Standard § Poor's. Enfin ce triple A mythique et véritable leurre est à la poubelle. Bonus, cette remise à niveau dont la nécessité devenait évidente compte tenu des déséquilibres financiers et productifs, tombent en pleine campagne électorale et forcera donc tous les candidats a rentrer enfin dans une vraie discussion, sur les vrais dossiers. La sauvegarde du AAA ne sera plus un échappatoire ; il va falloir s'exprimer clairement et ne plus se cacher derrière des faux semblants.

En premier lieu il n’est pas juste de dire ou d’écrire que les agences de notation sont les responsables de tous nos maux ; elles ne sont que des thermomètres, des outils au service de ceux qui prêtent afin qu’ils connaissent les risques encourus. En second lieu, enfin l’Allemagne est maintenant en première ligne et seule en zone euro de manière évidente. Angela Merkel va devoir abattre ses cartes européennes et en particulier on ne tardera pas à savoir si l’Europe du nord tient toujours à se considérer solidaire de l’Europe du sud. La réponse pourrait bien être NON. Les choses seront claires. Dans un premier temps la baisse de l’euro servira les pays exportateurs (l’Allemagne en particulier), mais une crise trop profonde diminuera le potentiel « clients » et le jour approche ou l'autisme allemand quant à l'organisation de la BCE va se faire sentir pour les Allemands eux-mêmes. Ensuite, une information est passée presque inaperçu : les banques ont suspendu les négociations avec la Grèce sur les modalités de la restructuration de sa dette publique, et ont laissé entendre qu'elles pourraient revenir sur leur engagement à en effacer volontairement une grande partie : l'acharnement thérapeutique n'est jamais bon. Pour revenir au AA+ avec perspective négative Français, politiquement la « nouvelle » n’est bien sûr pas bonne pour le Président en exercice. Nicolas Sarkozy avait trop fait de cette présence au tableau d'honneur, un enjeu majeur, presque personnel. Il va lui falloir tourner cette page et inventer lui aussi les propositions pour un avenir à envisager à la lumière de cette nouvelle donne. François Hollande, muet à l’annonce de cette nouvelle « notation » a raison de ne pas se réjouir car la tâche devient pour lui également très difficile. Comment faire rêver ; comment promettre des dépenses, comment dessiner une nouvelle organisation européenne ? Autant de révisions délicates à opérer, de changement de pied nécessaire. L’exercice est difficile pour un adepte du compromis tant il est vrai que les décisions doivent être assez radicales et bien souvent douloureuses. Le grand discours de la « lutte contre les banques » sera insuffisant. Sa réaction différée à cette nouvelle donne d'ailleurs l'image de l'embarras, "la bataille de Nicolas Sarkozy pour garder la note AAA à la dette de la France "a été perdue" [...] "C'est une politique qui a été dégradée, pas la France", affirme-t-il dans une déclaration solennelle depuis son QG de campagne à Paris. Certes ! Mais il ajoute immédiatement qu'il n'avait "jamais fait des agences de notation la référence ultime pour juger les politiques conduites par les États, et encore moins par le nôtre". Comprenne qui pourra ?

Nicolas Sarkozy peut par ailleurs argumenter sur le thème "j'avais raison de proposer la rigueur", même s’il ne l’a pas véritablement fait. Il va pouvoir se ruer sur les propositions du PS, les désignant comme clairement irréalistes. Les seuls qui peuvent triompher dans un premier temps, sont Mélenchon d’un côté et Le Pen de l’autre avec également un Bayrou se targuant d’avoir toujours alerté sur l’ampleur exagérée de la dette des Etats. A ce titre Jean Arthuis, l'un des soutiens de Bayrou peut déclarer "Cette perte du triple A, c'est peut-être ce qu'il fallait pour créer un électrochoc." La campagne présidentielle, qui sombrait dans l'anecdotique, va peut-être enfin aborder les véritables enjeux. Nos concitoyens étaient depuis bien longtemps persuadés de l'issue ; ils savent qu'ils vivent à crédit ; ils ne supportaient plus les faux-semblants. Ils espèrent entendre enfin un langage de vérité en particulier sur la réforme totale de l'organisation européenne, sur la mise à mort définitive du fédéralisme impossible.

Le Blog



5 réactions


  • Francis, agnotologue JL1 16 janvier 2012 10:46

    Bonjour jlhuss,

    Oui, Nicolas Sarkozy avait trop fait de cette présence au tableau d’honneur, un enjeu majeur, presque personnel. Il comptait probablement sur son charisme pour séduire Angela Merkel.

    Mais l’Allemagne n’est pas le France, et Mme Merkel n’est pas président de la cinquième République. Sarkozy a manqué de lucidité par péché d’orgueil.


  •  c est un vendredi 13 que sarko et son fils jean (1ère année°) ont loupé 6 fois le passage en 2ème ANNEE DE DROIT

    POVRES CHOUCHOUS


  • Robert GIL ROBERT GIL 16 janvier 2012 11:05

    Il est désormais bien loin, le temps des certitudes. L’économie, jadis moteur de la construction du « bloc » occidental, en est devenue le talon d’Achille. Alors que de nouveaux acteurs attendent de s’affirmer sur la scène internationale, le repère planétaire qu’est l’Occident s’enfonce dans une crise dont les répercussions sont encore imprévisibles. Une chose est sure : elles seront incommensurables. Derrière l’agonie de l’euro, dont l’aggravation continue augure un final dramatique, se dessine une autre crise, plus profonde. Vingt ans après celle de l’URSS, une nouvelle chute se dessine : celle du monde occidental tel qu’on l’a connu jusqu’à présent....
    Voir :
    http://2ccr.unblog.fr/2012/01/14/la-fin-des-certitudes/


  • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 16 janvier 2012 13:34


    Le vrai débat, c’est celui de l’illégitimité de la dette.

    Et de l’asservissement par la dette.

    Nous avons le choix :
    ° Un audit de la dette. Une répudiation totale ou partielle. Le retour d’une certaine moralité.
    ° La guerre civile, des comités de salut public et des cordes pour les banquiers.

    Vous croyez que c’est juste une plaisanterie ?


  • Jason Jason 16 janvier 2012 18:00

    Je suis obligé de me répéter :

    Tout ça ne serait que risible si les populations et leurs gouvernements n’étaient pas pris en otage par les soi-disant marchés.

    Mais la punition était prévisible. On (mais qui est ce fameux « On » ?) a donné aux instituts financiers des bâtons pour nous flanquer une bonne râclée.

    Il suffisait simplement de ne pas permettre la mise sur le marché secondaire (ou de la rendre très difficile) des titres de dettes souveraines pour arrêter la spéculation. En clair, d’interdire la spéculation sur ces dettes. Et pour l’interdire ou la rendre très difficle, il fallait fabriquer des instruments d’emprunt nouveaux et se départir des idées reçues. Mais ça ..... il aurait fallu avoir d’autres gens que les crétins auto-satisfaits qui nous entourent.

    Et tout ce cirque n’existerait pas. Mais, personne n’y a pensé. Et maintenant, c’est l’omelette à la sauce AAA. Bon appétit.


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