mercredi 3 juin 2009 - par Michel Koutouzis

Foie ou mardi gras ?

Tandis que les partis politiques nous proposent une Europe qui peut, qui veut, qui stagne, que nous voulons ou ne voulons pas, une Europe faite pour nous ou pour les autres, les riches les pauvres les nantis ou les exclus, tandis qu’on nous propose de changer, de reformer de transcender ou de supprimer une Europe qui nous truande qui nous escroque ou, bien au contraire, nous protège (de qui ? de la guerre, de la dévaluation, de la tarentelle des monnaies, des nationalismes, de la perte de repères, de la foi), je mange du foie gras non homologué, délicieux, fabriqué par des paysans ayant l’âme rebelle, qui se prennent, par la force des choses et les directives lointaines, pour des distilleurs insoumis aux règles d’une prohibition tatillonne.

Je mange du fromage au lait cru clandestin, quel délice, accompagné de cailles hors saison, tombées du camion et pourtant à la chaire délicate. Que dire du vin du pays, sans label particulier et de ce sanglier bien musclé que, sous le regard amusé d’un couple d’écureuils, je digère péniblement non pas qu’il était lourd, mais plutôt généreux.

C’est ma manière à moi de faire de la politique, de me dire que je résiste à l’uniformisation, aux labels et autres règles d’harmonisation. Question harmonie, pour la bouffe je suis plutôt heavy metal. Voix à contre temps genre Rita Mistouko ou carrément fausses comme celle de Jean Louis Aubert. L’harmonie grandiloquente d’un Bocceli, je ne sais pas pourquoi, me pousse vers une léthargie indigeste, concernant le feu sanglier, bien sûr.

Bref, je suis un fan des règles de la Commission, elles me donnent un je ne sais quoi de frisson, un sentiment de liberté et de bravoure en sus du goût des cailles tombées du camion.

Ah ces règles, sur la vitesse, la taille des bananes, des filets, sur les cigarettes létales, que ferions nous sans elles, comment apprendrions nous à respirer librement, a faire l’apprentissage de la révolte, maintenant où il n’y a plus de famille, plus de service militaire, plus de règles sociales, autres que celles du politiquement et socialement correct.

Dans ce monde de plus en plus harmonisé et de moins en moins harmonieux, surgit soudainement du bosquet un sanglier, tel Hercule, mi civilisé mi sauvage, qui nargue notre fusil de chasse et notre civilité standardisée pour nous rappeler que si l’on veut nous enfermer indéfiniment dans un statut d’enfant gâté et poli, l’adolescence attend toujours en embuscade.



1 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 3 juin 2009 14:46

    les lois sont faites pour être contournées , c’est bien connu .........
    Les sangliers se foutent des glands qui nous gouvernent !  smiley


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