Foie ou mardi gras ?
Je mange du fromage au lait cru clandestin, quel délice, accompagné de cailles hors saison, tombées du camion et pourtant à la chaire délicate. Que dire du vin du pays, sans label particulier et de ce sanglier bien musclé que, sous le regard amusé d’un couple d’écureuils, je digère péniblement non pas qu’il était lourd, mais plutôt généreux.
C’est ma manière à moi de faire de la politique, de me dire que je résiste à l’uniformisation, aux labels et autres règles d’harmonisation. Question harmonie, pour la bouffe je suis plutôt heavy metal. Voix à contre temps genre Rita Mistouko ou carrément fausses comme celle de Jean Louis Aubert. L’harmonie grandiloquente d’un Bocceli, je ne sais pas pourquoi, me pousse vers une léthargie indigeste, concernant le feu sanglier, bien sûr.
Bref, je suis un fan des règles de la Commission, elles me donnent un je ne sais quoi de frisson, un sentiment de liberté et de bravoure en sus du goût des cailles tombées du camion.
Ah ces règles, sur la vitesse, la taille des bananes, des filets, sur les cigarettes létales, que ferions nous sans elles, comment apprendrions nous à respirer librement, a faire l’apprentissage de la révolte, maintenant où il n’y a plus de famille, plus de service militaire, plus de règles sociales, autres que celles du politiquement et socialement correct.
Dans ce monde de plus en plus harmonisé et de moins en moins harmonieux, surgit soudainement du bosquet un sanglier, tel Hercule, mi civilisé mi sauvage, qui nargue notre fusil de chasse et notre civilité standardisée pour nous rappeler que si l’on veut nous enfermer indéfiniment dans un statut d’enfant gâté et poli, l’adolescence attend toujours en embuscade.