mardi 17 avril 2007 - par Gonzague

I’m a German Man in New York

Innocemment découverte sur Internet, une vidéo provoque un scandale aussi bien en Allemagne qu’aux Etats-Unis. La Bundeswehr dans une tourmente récurrente.

Nul doute que les défenseurs des droits de l’homme américains et allemands se réjouiront de la charmante découverte que fit le magazine allemand « Stern » sur Internet. Ces organisations de défense verront en effet dans la mise en évidence des méthodes d’entraînement militaire allemand une preuve qu’Internet, loin d’isoler les gens dans une espèce de cocon irréel et confiné, est bien au contraire un outil fabuleux grâce auquel, sans vouloir plagier l’ex-premier gendarme de France, tout devient possible, en ce qui concerne la circulation sans tabou des informations notamment.

L’histoire commence il y a quelques jours, lorsque le Stern met en ligne une vidéo amateur montrant un officier allemand de la Bundeswehr lors d’un entraînement de routine dans une forêt germanique quelconque. L’officier considérant, peut-être à juste titre, que ladite forêt n’avait pas grand-chose de redoutable, ordonne à un soldat dans un touchant moment de complicité virile de faire abstraction du décor bucolique qui les nimbe pourtant, et il lui somme de s’imaginer être dans le Bronx, lieu réputé peu sûr, même en Allemagne. Parabole certes étrange (Pourquoi le Bronx ?), mais à la frontière du saisissable. Les choses auraient pu en rester là.

Mais, emporté par une satisfaction sordide, fier comme un enfant dont le premier tour de magie fonctionne, l’officier en question se met en tête de poursuivre sur sa lancée, et il assène un "trois Afro-Américains viennent d’insulter votre mère de la manière la plus vulgaire qui soit !" Il laisse entendre au jeune homme qu’il faut leur tirer dessus, et que, ce faisant, il (l’officier) souhaitait entendre résonner dans ce décor assez surréaliste un « Motherfucker » tout aussi appuyé qu’enjoué. Le jeune homme a l’air perturbé, voire incrédule, mais il s’exécute.

Tollé aux Etats-Unis et en Allemagne. Des excuses sont exigées sur le champ de bataille par le maire du quartier, Adolfo Carrion. Le défenseur des droits de l’homme Al Sharpton qualifie de « scandaleuse  » la décision de prendre des Noirs pour cible virtuelle.

La Bundeswehr n’a pas encore véritablement réagi. Elle présente le fait comme un cas isolé. L’Histoire lui donne malheureusement tort.

Cette vidéo a été tournée en 2006. Au mois d’octobre de la même année, déjà, l’armée allemande avait fait les gros titres des journaux outre-Rhin. Des soldats s’étaient amusés, dans une région d’Afghanistan, à faire des châteaux de cartes et des pâtés de sable. Rien de bien grave dans tout cela, si ce n’est que la matière première desdites œuvres était des crânes humains. En 1997, une autre vidéo montrait de jolies mises en scène à Schneeberg (Saxe) d’exécutions sommaires et de viols, le tout agrémenté de propos antisémites et racistes.

Une première question est à présent de savoir qui a mis cette vidéo forestière en ligne. Le Stern a simplement indiqué qu’il l’avait « découverte sous le titre : Bundeswehr motherfucker  ». Qui a filmé est une seconde interrogation, qui en amène une autre : combien d’autres vidéos circulent encore sur Internet, bandes qui pourraient, un tant soit peu, montrer et démontrer comment les armées se comportent. Les images du service militaire en Russie ont fait le tour du monde. Celles de l’armée allemande le boucleront également. A quand les vidéos françaises, anglaises ou américaines ? Une seule chose est certaine : ce n’est pas parce que les vidéos ne sont pas là que les traitements, actions ou propos qui y sont filmés n’existent pas.




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