mercredi 4 juin 2008 - par Le Taurillon

L’empereur Barrosso est-il nu ?

Aujourd’hui, c’est le Conseil européen qui nomme le président de la Commission européenne, à la tête de l’instance qui deviendra sans doute un jour l’exécutif de l’Union européenne.

Pourtant, ce poste de première importance est toujours bien éloigné des citoyens qui ni connaissent ni le rôle de ce président qui représente l’Union européenne (UE) partout dans le monde, ni le programme politique qu’il porte, car, dans les deux cas, ils n’ont jamais eu à les valider par leur vote. Comme dans le conte d’Andersen Les Habits Neufs de l’empereur, les citoyens européens doivent croire que le président de la Commission européenne a revêtu de nouveaux habits, alors qu’il est peut-être en réalité défait de sa légitimité et de son objectif.

Dans la vie de la démocratie européenne, le moment fort c’est le temps des élections du Parlement européen ; et pourtant nous voyons que chaque année la participation diminue un peu plus. C’est un fait, les citoyens européens ne voient pas le lien entre leur vote et ce qui se passe au niveau européen. Alors que traité après traité, le Parlement européen gagne du pouvoir.

Je me demande : comment défendre l’importance de la participation aux élections du Parlement européen quand dans un même temps celui qui est le visage de l’Europe est désigné sans avoir à passer par la case électeurs ? Actuellement, un citoyen ne connaît ni le programme que le parti politique majoritaire va mettre en place, ni le visage de celui qui en aura la charge.

Il est plus que jamais nécessaire de créer un lien entre le vote et son sens politique. Pour le moment, voter aux élections européennes est davantage un vote pour le projet européen dans son ensemble qu’un choix entre différents modèles pour l’Europe. Les élections du Parlement européen étaient un succès dans les années 80, mais si le projet européen veut conserver sa légitimité et sa crédibilité auprès des citoyens, il est nécessaire d’avancer vers une vraie démocratisation de l’Union européenne. En d’autres termes, les citoyens devraient avoir le droit d’exprimer leurs opinions, pas seulement pour dire s’ils veulent plus ou moins d’Europe, mais également pour dire quelle Europe ils veulent et qui doit diriger le projet européen.

On peut pour ce faire établir un lien entre les résultats des élections du Parlement européen avec celle du président de la Commission européenne. Le Traité de Lisbonne examine déjà cette option ; le président de la Commission sera élu par le Parlement européen sur proposition du Conseil européen « en tenant compte des élections du Parlement européen ».

L’UEF et d’autres partenaires ont lancé la campagne www.quel-est-votre-candidat.eu qui demande aux partis politiques de désigner leurs candidats à la présidence de la Commission européenne. Les candidats devraient être connus avant les élections et présenter le programme de leur parti à tous les citoyens européens. La majorité du Parlement européen nouvellement élu élirait alors le nouveau président de la Commission européenne, créant un lien d’autant plus fort entre les deux institutions, et améliorant la responsabilité et la légitimité du président de la Commission.

Si le président de la Commission européenne et son programme politique sont liés aux élections du Parlement européen, nous aurions pour la première fois de l’Histoire un vrai débat européen dans les campagnes nationales. C’est d’une nécessité cruciale pour la démocratie européenne si nous voulons augmenter la participation aux élections européennes.

Sans une légitimité acquise grâce aux voix des citoyens lors des élections européennes, le président de la Commission européenne sera faible face aux autres institutions que seront le nouveau Parlement européen et le Conseil européen. De ce fait, les citoyens sont les seuls qui, avec leur vote, peuvent habiller de tissus neufs le président de la Commission.

Si nous manquons cette opportunité et laissons notre empereur déambuler à travers l’Europe et le monde nu de la légitimité du peuple, le jour où quelqu’un fera remarquer qu’il ne porte pas d’habit, il sera sans doute déjà trop tard pour la démocratie européenne.

Voir en ligne : Signez www.who-is-your-candidate.eu !



6 réactions


  • mandrier 4 juin 2008 13:21

    Votre "Europe" -malgré la propagande- ne respire pas la "démocratie"... Ce n’est qu’une sorte de système totalitaire en cours de constitution par une oligarchie : cela ressemble à un IVeme Reich" en pire !


  • Gzorg 4 juin 2008 14:49

    @L’auteur

    Je conçois votre amour de l’Europe, je le respecte, mais je vais vous apprendre une grande nouvelle :

    - La démocratie , c’est déjà fini pour l’europe !

    C’est mort un soir de 2005 quand le peuple a dis "non" et que l’Europe a répondue "toi je te chie dessus et ton bulletin je me torche avec" !

    Vous pouvez esperer modifier/admonester/denoncer/interpeller ..bref faire ce que vous voulez une majorité de Français et de citoyens Européens savent déjà que le Roi est nu et que c’est un gros dictateur ploutocrate.

    La seule question qui importe maintenant c’est quand et comment sortir au plus vite de cette Europe !

    Et va falloir faire vite parce que de l’Italie à la Flandre en passant par la Roumanie ou la France ceux qui vont bientôt apparaitrent comme des sauveurs façe au monstre Européen sont loin d’être des gentils démocrates ..eux !


  • Laurent_K 4 juin 2008 15:40

    "Si nous manquons cette opportunité (...) il sera sans doute déjà trop tard pour la démocratie européenne." Désolé (et ce n’est pas qu’une forme littéraire, j’aurais vraiment aimé que ce soit autrement) mais c’est déjà trop tard. Cette Europe s’est déjà assise sur la démocratie à quatre reprises -à chaque fois qu’un référendum ne donnait pas le résultat escompté- et c’est quatre fois de trop. Et si vous lisez les textes européens dans le détail, les pouvoirs du Parlements sont vraiment ridicules par rapports à ceux du conseil et de la commission.

    Je ne prends malheureusement pas de grands risques en prédisant que les élections européennes verront triompher le parti de l’abstention et donc une poussée des extrêmistes. Cette Europe va donc continuer encore plus de s’enfoncer dans la malhonnêteté, le mensonge le plus éhontée (ça ne la gêne pas de donner des leçons de démocratie... aux autres), la corruption et les atteintes aux libertés. Je ne sais pas si vous avez vu le projet européen sur l’immigration qui prévoyait jusqu’à 18 mois de rétention administrative pour simplement décider si on gardait ou expulsait un immigré ou celui plus récent sur l’autorisation de logiciels espions pour lutter contre le piratage. Moi ça m’inquiète quand des gens osent proposer ce genre de choses. Surtout quand ils se prétendent nos représentants.

    Comme le dit Gzorg, la question est de savoir comment sortir de cette Europe. Comme je continue de penser que l’Europe est le meilleur avenir pour notre continent, je rajouterai "en sortir pour éventuellement essayer de relancer l’Europe démocratique" mais après ces trahisons, ce sera dur.


  • Alpo47 4 juin 2008 17:56

    à l’auteur,

    Et l’idée ne vous a jamais effleuré que tous ces "manquements" que vous énumérez, étaient voulus, de manière à confisquer le pouvoir aux citoyens ?

    Je vous cite : "... dans la vie de la démocratie européenne, un moment fort est celui des élections...". Nombreux seront ceux qui, à vous lire, vont s’esclaffer de rire ... ou de rage.

    L’europe en construction est une dictature en marche...

    europe de m.... !


  • Emmanuel W 4 juin 2008 19:06

    Les élites hexagonales ont réussi à nous convaincre malgré-elles que le Vénézuela, par le choix qu’a eu son peuple de refuser la constitution proposée par Chavez, est en fait plus démocratique que la France.

    La fracture se creuse, on ne se laissera pas abuser bien longtemps.

     


  • FYI FYI 5 juin 2008 11:56

    Personne ne parle des tendances du vote du référundum en Irlande !

    Je constate tout de même qu’on a fustigé la France lors de son refus d’accepter la "soumission" des peuples lors du référundum de 2005 (en tout cas plus que sur nos compatriotes hollandais) pour une oligarchie fascisante. En effet, ne nous ont pas dit que la France sera moins forte, moins en clin à peser sur les décisions de l’UE de Bruxelles, et pourtant, que remarquons nous ?

    Les anglais ne sont même pas dans l’euro alors que pratiquement tous les hauts postes des commissaires européens sont des anglais ou à tendance anglo-saxonne.

    Je ne sais pas pour vous, mais il y a un sentiment de désinformations inquiétantes et inavouables.

    Une Europe des peuples, oui, une europe oligarchiques à l’image de l’OMC ou autres organisations dit internationales, les peuples qui ont eu la parole, ont répondu NON.


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